Proullaud296

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

der grüne Affe - Page 153

  • Pro Marcello

     

    Le champ d'honneur.JPG

    Le Pro Marcello de Cicéron devrait se prononcer à l'italienne, ça aurait de la gueule, mais, selon nos philologues, il se prononce [Markello], et nous dirons, nous autres Français, au nominatif, Marcellus. De plus, il y en a deux, cousins germains, Caïus et Marcus. Mais pour les distinguer, l'un est un ami de César, l'autre un ennemi de César. Être ennemi de César, cela signifie montrer de l'amitié pour Pompée, républicain, magouilleur, prétentieux, plein de morgue, fourbe professionnel, et retournant sa veste chaque fois qu'il le faut, bref, la vraie bête politique. Or ce Marcus, ennemi de César, lui ressemblait. C'est curieux n'est-ce pas comme on déteste ceux qui ont finalement le même caractère que soi.

     

    Cicéron était dans le même cas. Il choisit d'évoquer, du haut de la tribune, ledit Marcus, prorépublicain. Cicéron aimait la République, le Sénat, tout ce qui était sincère et légal. Or, il s'était vite rendu compte que le champion de la République et du Sénat, Pompée, ne valait pas grand-chose en tant qu'homme : bouffi d'orgueil, ne rêvant que d'écraser son adversaire sous le poids des procès, un type assez puant. Et Cicéron, malgré son républicanisme, aimait beaucoup César. Et réciproquement. L'avocat va donc remercier César d'avoir pardonné à Marcus Marcellus, un pro-Pompée, qui a préféré ses convictions républicaines personnelles à son indine représentant, faisant donc passer les convictions avant les sentiments personnels.

     

    Cicéron a fait le contraire : il s'est rendu compte que le vilain candidat dictateur avait de la valeur, tandis que le gentil républicain, Pompée, n'était qu'un vil blaireau à la fin de sa carrière. Vous suivez bien la tactique de Cicéron ? Il défend un homme qui a conservé ses convictions, devant César, auquel il s'est rallié en soupirant comme une fiancée qui aime bien les grosses brutes. Comme ça, si le Marcellus vient faire ronron aux pieds de César, il aura suivi le même itinéraire que Cicéron ! Et Cicéron pourra dire : "Vous voyez bien ! Il n'y a pas que moi qui ait changé d'avis !" Ô combien tout cela est confus !

     

    On dirait l'intérieur d'une âme humaine, tiens. Le discours, vous n'en entendrez pas une miette, car le sort m'a mené jusqu'au seuil, nec plus ultra, c'est-à-dire "et pas au-delà". Les discours de Cicéron m'ont toujours fait ronfler. Ce ne sont que longues périodes et balancements interminables, agrémentés d'arguments bidons, de mauvaise foi recouvrant la bonne foi ou l'inverse, de grandes envolées, de flatteries absolument immondes, car après la langue de Cicéron, les culs étaient bien propres. Et puis il me ressemble trop, voir plus haut – flagorneries mises à part bien entendu, eh, faut pas exagérer non plus. Mais pour les valses hésitation, les recroquevillements pas courageux en attendant que ça se passe, "qui des deux j'aime le mieux, papa ou maman", là, oui, je me retrouve bien, mais je ne suis pas le seul. Tel est le drame des intelligences supérieures (Cicéron, bien sûr, Cicéron...) qui cultivent la démocratie : ils sont déchirés entre la médiocrité, parfois, souvent, des représentants de ladite démocratie, et l'allure, le panache, des représentants du pouvoir personnel. Et voilà, sans aucun rapport avec la choucroute, comment de sincères démocrates, amoureux du peuple et de ses valeurs, en arrivent à se rouler admirativement aux pieds d'un Staline, d'un Mao, d'un Castro. Entre gens supérieurs, n'est-ce pas...

     

    Nous ne parlons ici que des pourris de la tête, évidemment. Nous proposons une grille de lecture un peu élémentaire, mais qui n'a jamais été bien explorée à mon avis, et pas seulement parce qu'elle est nulle, mais parce qu'elle plongerait bien des gens dans l'embarras. De plus, Cicéron fut également courageux. Il est même mort de façon violente, parce qu'il s'était opposé au successeur de Jules César, mais après s'être réjoui de la mort de César (encore un qui s'aperçoit que le pouvoir, même d'un homme admirable, rend autoritaire, rend injuste, et fait perdre la tête à grands coups de poignards dans le buffet). Ah, si seulement César avait été un dictateur débonnaire, ou si les Républicains s'étaient montrés dignes, comme Caton !

     

    Mais Caton manquait de souplesse. Au début, oui, César, avant de devenir maraud, s'était montré clément : le nommé Marcellus avait voulu le débarrasser de son proconsulat des Gaules, en accordant même le congé à son armée conquérante. "Viens César, à Rome, tout seul, comme ça nous pourrons te mettre en procès avec toutes les casseroles que tu te trimballes, et sans armée, tu finiras dans les chicanes et peut-être même en prison, gnak gnak gnak". César dit "Non", franchit le Rubicon et marche sur Rome. Il vainc celui-ci, il vainc celui-là. Vous savez ce que c'est, vous autres Français moyens, quand un vainqueur vainc, on se précipite à ses pieds, "J'étais avec l'autre mais je ne le ferai plus".

     

    César, bienveillant avec ses compatriotes (avec les Gaulois, c'était une autre paire de toge), faisait les doux yeux de Raminagrobis : "Relève-toi mon enfant, va et ne pèche plus". Et les autres se relevaient les yeux humides, chantant les vertus de ce méchant si modéré, qui interdisait par exemple à ses soldats de circuler en armes dans les cités qu'il venait de reconquérir. Clémence louée partout, peut-être, sûrement même, manœuvrière, mais qui finissait par devenir sincère. Mais ceux qui ensuite revenaient en arrière n'avaient plus droit à l'indulgence. Cicéron, qui avait des relations amicales avec César, se méfia, puis relâcha sa méfiance. Il rentra chez lui, car il n'avait rien fait de trop grave, Pompée s'était fait un peu décapiter par les Egyptiens (il était courageux dans la fuite), mais ses fils combattaient encore en Espagne, et César, décidément partout à la fois, leur taillait croupières et culottes.

     

  • Souvenirs et pensées à deux balles

     

    Elle m'avait confirmé que l'on pouvait dire, éventuellement, en allemand « es wird gekommen ». Simplement à prendre sans énervement. Il m'aurait suffi de si peu d'autorité. De distance. De calme. East-Side, nasillarde, que j'essayais de persuader qu'il n'y aurait pas toujours des guerres. J'étais exaspéré. Mais elle avait raison. Abrusović me disant “Vous n'êtes même pas capable de faire taire une bande de gamins”. Du coup je l'avais puni, lui, pour lui montrer, justement... Abrusović : “Je sais que vous me prenez pour un abbruttitch”. Il tenait absolument à la bonne prononciation de son nom : Abrouzovitch... Devenu écologiste.

     

    .

     

    Filles silhouettes

     

    Beretti paraît-il, « Sheila », quoique je ne m'en souvienne que très vaguement. Ou plus exactement je crois m'en souvenir. Nous ne nous sommes pas « impressionnés » en ce temps-là, malgré nos prétentions respectives à l'extrême originalité. Jaunet (qui a dit « Mais tu es folle» à une camarde qui se prenait une baffe de ma part pour avoir raillé mon pantalon rouge) ; je servais ainsi caricaturé de cible dans un lancer style « jeu de massacre ». Les ballons à crever étaient arrivés avec un retard énorme, juste avant la séance. J'étais bourré comme un coing, et des parents auraient dit « Ce sera ça, ton prof ? » La fille Guinche, ou Guiselli, qui refusait d'avoir du poil et se le coupait. Monde et Toulemonde : “Tout le monde m'emmerde !

     

    - Mais Monsieur, je n'ai rien fait !” J'ai eu quelqu'un d'autre qui s'appelait Toutlemonde, à Grénolas - brune et maigre, peut-être ? ...même famille ? - qu'est-ce que j'essaie de rattraper, comme de l'eau entre les doigts ? jamais je n'aurais voulu avoir vécu cela. Je ne reconnais plus le paysage. Tous mes grands sages ou singes allant répétant : « C'est toi qui as choisi, tu devais bien trouver ton avantage à mener ta vie de la sorte. » Assurément, ô Grands Hommes. Simples perroquets de la doxa du moment, qui paraîtra si étrange à nos archéologues. Mais ce choix, voyez-vous, personne ne s'en rend compte. Et lorsqu'on s'en avise, il est infiniment trop tard. Se dire que l'on a choisi sa destinée, jusqu'en ses détails fâcheux et humiliants, c'est une pure et simple vue de l'esprit.

     

    Une grosse ficelle. Je dirais même que c'est de la philosophie de comptoir en zinc ; nous sommes tous désespérés de devoir mourir. Alors, pour ne pas sombrer dans le désespoir, nous inventons que nous avons voulu tout cela. Et nous nous glorifions de nos moindres bourdes. Rien à voir avec la noble stature d'un Nietzsche et de l'Absurde Eternel Retour – tout juste de la petite monnaie petite-bourgeoise. J'avais même un jour en classe outrageusement célébré les cimetières : « Au moins, tout est en ordre. Pas d'astuces tortillées. Pas de justification de la vie, tout le monde à la même enseigne, une dalle, deux dates, bien carrées, bien alignées. Comme ça au moins on le sait, comment ça se termine. Ah, le désir d'être aimé, je t'en foutrais, de l'amour, allez tous au trou, que ce soit bien net. Et la vie n'est que de la merde ». Etc, etc... L'un de mes élèves alors de murmurer : « Si c'est pas malheureux d'entendre ça... » Les jeunes gens se suicident volontiers ; je n'aurais pas dû me laisser aller - memento mori. Rien ne tient devant cela.

     

    Nos penseurs à deux balles s'arrêtent juste à tant, à la couche de vérité qui les arrange - sociologie, politique, psychanalyse – c'est plus commode. A moins que ce ne soit la mort, le néant, la solution de commodité. Mais ils deviendraient fous, mes semi-sociologues, autant que moi si je me détournais de ma commode fascination, si j'entrais dans l'incommensurable jungle du relatif et de l'actif. La vie de tout le monde. Sans oublier – soupapes ou coups de sonde ? - les excursions vers Dieu, qui est l'incommensurable folie par excellence – juste par bouffées - « j'ai choisi ce que je suis » dit Porcher- tronche blême de bonne sœur du Vide... Alors j'émiette mon passé, qui est tout ce que j'ai, complaisamment. Suant de narcissisme n'est-ce pas. Je me souviens de l'Eurasien Tran-Anh, buvant mes commentaires sur Malraux, prenant des notes jusque pendant cet oral même du bac.

     

     

    Flanc de nef.JPG

    Sa beauté, son intelligence, avaient dû m'exalter. Encore une drague inconsciente et risible ; tel collègue et moi n'en sommes-nous pas venu à nous étreindre par les doigts lors d'une conversation exaltée dans la salle des profs ? N'avait-t-il pas pourtant voulu me présenter le grand écrivain Jean Brenaud : « C'est un homosexuel » - EN-CORE ! ai-je hurlé – cri du cœur. Aussitôt de baisser la voix, comprenant que sa vocation (« J'aime présenter les gens les uns aux autres » - ne réussirait pas son coup avec moi.

     

     

     

    X

     

    Je me rappelle dans ce même oral du bac ces imbéciles à têtes de garçons qui ne voyaient rien de musical dans Baudelaire ou Apollinaire. « La musique ? » répétaient-ils d'un air bovin. « La musique ? » En vérité, un nombre immense de professeurs de lettres ne connaissent pas leur métier. Forcément : ils se conforment en tout point aux instructions du ministère...

     

     

     

    X

     

  • Tous les noms zontété changés




    8 décembre 2045
        Point de départ zéro. Les Athéniens sont dans la merde. Rien à foutre ou plus grossièrement peu m'en chaut. Ce sont toujours de petites magouilles mesquines, des demi-mesures, style gouvernement de Jospin. La France est une mémé paralytique. La Grèce est toujours pleine de gnignis, de gnagnas, de renversements d'alliance, de ceci et de celà. Jamais pu encaisser l'histoire de la Grèce, un ramassis de petites mesures et de coups d'épingles.
        L'histoire romaine, c'est franc, c'est carré, une conquête, un massacre, une révolte, un massacre, et vogue la galère. Est-ce que je plaisante ? je ne crois pas ou à peine. Ma mémoire rechigne. Je sors de la "Constitution d'Athènes" d'Aristote, c'est chiant au possible. Quant à la vie quotidienne, je suis effrayé de son manque de rigueur : pas de massacre, rien de franc ni de brusque.
        Et puis Julie est rentrée de ce qu'elle appelle "son boulot", soit une journée à Beauséjour avec ses amis peintres. Je ne lui ai même pas demandé ce qu'elle avait dessiné, de toute façon c'est toujours un peu la même chose, ces croquis de nus sont très austères et je ne sais pas toujours très bien que dire. Nous nous racontons plus ou moins nos journées puis nous nous isolons à nouveau pour bouquiner, nous vivons comme beaucoup de couples plus à côté l'un de l'autre qu'ensemble véritablement.
        En fait ce que nious souhaitons serait un fusionnisme analogue à celui de la famille autrefois, mais il paraît que cela serait mauvais. Moi je n'ai jamais beaucoup aimé le monde extérieur, et quand je me plains de mes emmerdements, je pense à la mort qui viendra tout apaiser, et sans cinéma cette pensée me soulage. Rien n'est grave, tout finira. Quoique. Je suis banal.
      

    Cintres et coupoles.JPG

      C'est à cette banalité que veulent me renvoyer avec rage tous ceux qui me trouvent encombrant : "Tu es comme les autres finalement". Evidemment, connards. Qui vous dit le contraire ? Tiens, me voilà remonté. Je fonctionne comme ça : je m'invente un adversaire, et je me mets à ferrailler. Même pour les articles littéraires, je me figure être le seul qui aime, mettons, Marguerite Duras.
        Et il y a des connes pour s'offusquer de ce que je me gendarme. Bon : c'est un mode de fonctionnement. Tiens : cet après-midi, comme ce matin d'ailleurs, j'ai fait un cours d'histoire sur la deuxième république et le Prince-Président. C'était intéressant. j'ai besoin d'agresser les jeunes filles pour leurs doigtés qui se répètent un peu plus souvent qu'à leur tour.
        C'est vrai quoi, la légende de la pureté des jeunes filles m'a toujours exaspéré. Je me souviens de la jouréne du 8 décembre 1962, il y a 36 ans. J'ai noté dans mon carnet que j'avais tenu la main d'une fille pendant dix minutes, pour la première fois. A dix-huit ans ! ils sont bien plus avancés de nos jours. Elle s'appelait T. L., cette conne. Et nous avons échangé du courrier quelques semaines ou mois, et cela s'est interrompu parce que je l'engueulais : quel effet cela fait-il d'être une fille ?
        Ou quelque chose d'approchant. En fait ça ne fait aucun effet du tout. Je voulais qu'elle me communique un secret qu'elles n'ont pas. Je me figure que c'est tellement mieux de pouvoir  se branler, se gouiner, se faire sodo, en passant inaperçues, mais je ne veux pas non plus passer d'une prison à une autre, de la masculinité à la féminité.
        Je suis sûr en fait que c'est encore moins drôle d'être une femme que d'être un homme. Après T. L. fut E.P., dont  je disais pis que pendre à ma mère, qui répondait : "Ne dis pas tant de mal d'elle, si ça tombe elle va devenir ta femme". Ce qui fut fait, et ma mère fut bien embêtée. Je ne sais donc que ressasser mes radotages passés ?
        Souvenir : celle qui avait dit "Oh que c'est bête" au théâtre La Bruyère, quand j'avais dit à propos dd'une gabardine en équilibre sur le rebord du balcon : "Si ça tombe ça ne tombera pas. - Oh qu'il est bête !" - avec rage bien éduquée, car n'est-ce pas on vient ici pour écouter Terzieff, pas pour écouter des conneries. J'espère qu'il aime bien rigoler, celui-là, et il détient un de mes manuscrits depuis trois ans je suis sûr.
        Les revues pour le théâtre se cassent la gueule à peine parues, c'est cher, et les théâtreux sont fauchés. Je vais aller répéter pour la nième fois mon "Banquier anarchiste" de Pessoa, sans le moindre enthousiasme, parce qu'il me fait chier, le metteur en scène, avec ses exigences impossibles à remplir.  impossibles à remplir. Il en est du théâtre ce qu'il en fut pour les femmes, les études, la célébrité : tout le monde sait très bien me dire ce qu'il ne faut pas faire, ce qu'il aurait fallu ne pas faire.
        Mais pour ce qu'il aurait fallu faire, bernique. Plus personne. Tout devient d'un coup très mystérieux, et Brojagnac lui-même n'arrive pas à me donner le moindre procédé que ce soit. Il en est réduit à se rabattre sur un "instinct", un "feeling" - pourquoi pas la destinée ? Me voilà bien avancé. Pour en revenir au théâtre, j'ai bien envie de faire mes efforts minimums, moi je ne sais pas ce qu'on me veut, il rpessent un "grand acteur" en moi, mais ne sait toujours pas comment le mettre au jour.
        Je sais en  tout cas qu'il n'y a aucun rapport entre les efforts qu'on fait et le résultat qu'on obtient. Telle est du moins mon expérience de vie, meine Erfahrung.  Et quand je me plains de mes emmerdements, je pense à la mort qui viendra tout apaiser, et sans cinéma

     

  • Après la dernière

     

    Chantier.JPGAdieu. Adézats Poželskie Maïakovnié mbolod. A nouveau retirer boudin Dauburne Šklavalod. Edzbordollem à lire à haute voix simple feuille diarrhée rat qui ronge. Eliminer le n° 4, représenté deux fois. Puis l'ouverture épanimée de flombe St Dante Fanti Dantec bis bald. Apourmiéné boire sans doute et puanteur intestinale, coise de boiron semblard de bilbetdequet. A quoi ressemble sans histoire Croix sur Vie l'étouffante envie de tuyaux salamandre après l'orage Vergincit de Ste Eutropine, jamais jamais Carole ensanglantée que la terrasse s'effondre et l'étagère incohérente somnolence lueurs blafardes rat qui ronge 2 fois.

     

    Jermain Alastair Ektoplesmil, absence de réflexion rat qui ronge. Empalfe-moi bon zé gaôthé boudgimiguier. Bientôt reprendra le temps des abeilles. Nous irons moins vite. Passé le temps des embrassades je retrouve ma solitud epremière et mes lentes articulations théâtrales. Il n'y a plus de chapeau dans les vestiaires, chacun se congratule et s'agglutine au bar, et tous sont capables d'accomplir ce que j'ai fait. La modestie à la fois détruit et construit. Le relatif est un abîme, bien plus que l'absolu spontanément familier. Mais j'avais besoin d'un masque. Il me fallait pénétrer. Pour être logique, ne plus signer, seul l'homme médiéval créait dans la sincérité, dans l'humble imitation de son Dieu, et l'émergence de l'individualité s'il est faste à l'égalité devient néfaste à qui se prétend au-dessus de tous, et s'aperçoit avec terreur et pis, ennui, que sous lui s'est creusé un abîme où il disparaîtra aussi bien que s'il eût été une foule de Bourguignons ou d'Armagnacs.

     

    Mon Dieu l'on vivait donc en ce temps-là, et déjà l'individu mourait. Toujours cet horrible mystère de l'à quoi bon de la multiplicité donc de la création, et je sais pourquoi le rat ronge, il veut sortir de sa cage et sait parfaitement malgré les vastes dimensions qu'il découvre qu'il s'y trouve enfermé, l'homme dans sa folie de représentation éprouve le besoin de revoir sous ses yeux la condition du rat en cage, tant il est vrai qu'il n'a à faire que de se contempler, encore et toujours seule merveille et seule horreur de la création, résolvant ainsi la question de Dieu. Que fait l'être s'il ne se contemple, et tire de cette contemplation la pulsion même de créer, en une intercation triangulaire et figurant fort bien le Mystère si simple de la Trinité. J'écris sur la planchette de ma loge après avoir tissé pousi déployé deux masques, ceux du langage incompréhensible et de la métaphysique ressentie mais de bazar, car après l'épuisement de ces munitions une chose me manque et seule, c'est à savoir le public incessamment sollicité par l'enfance de fils unique sans autre lieu, déménageant sans cesse, que les Parents. Alors qu'ils me voient tous et viennent me chercher.

     

  • Les grands de ce monde

     Richelieu fut informé au lendemain de la mort de Marillac" fraîchement décapité donc. "Le Coigneux, s'étant brouillé avec son maître, lui avait déjà fait savoir que, grâce à la mise en gage des pierreries de Madame, le prince rassemblait environ cinq mille hommes, rebut de l'armée espagnole, et que le marquis de Valençay, gouverneur de Calais, se disposait à livrer la place à Marie de Médicis" – mère du roi.

     

    "Jamais le Pouvoir n'eut des réflexes si prompts. Le Roi en personne courut immédiatement à Calais, renvoya Valençay et l'exila. Le Cardinal, tout en préparant une nouvelle expédition, obtint de Mme de Chevreuse qu'elle écrivît à son amant, le duc de Lorraine, pour le ramener dans le droit chemin. Il s'occupa ensuite de Montmorency, comme les cerises, qu'il avait fort ménagé jusque-là en souvenir de leur ancienne liaison.

     

    "Malheureusement le vainqueur de Veillane jugeait dérisoire les honneurs que le ministre croyait lui prodiguer. Il était le chef d'une Maison que la faveur de plusieurs rois, puis les guerres civiles avaient grandie jusqu'à en faire une des maîtresses tours de l'édifice féodal. Point de région du royaume en laquelle il ne possédât des terres. Il était premier baron chrétien, duc et pair, maréchal et, naguère encore, amiral de France. Sa gloire le suivait partout. Une véritable Cour l'environnait à Montpellier, à Pézenas, à la Grange-aux-Prés, à Chantilly enfin (comme la crème) où la délicieuse duchesse, Félicité des Ursins (Orsini), cousine de Marie de Médicis, protégeait les poètes empressés à la chanter sous le nom de Silvie" Bromasseurmarchepatalédoigts. "Henri IV avait été son parrain.

     

    "L'évêque d'Albi dont le frère, l'abbé d'Elbène, était un des plus anciens conseillers de la Reine-Mère, cherchait à le persuader que, s'il contribuait à renverser l'homme rouge, il aurait enfin au Conseil du Roi une place digne de lui. Ses discours ne restant pas sans effet, l'abbé vint de Bruxelles sous un déguisement, apporter au duc des tentations précises." Un vrai roman feuilleton, mais pour de bon.

     

    Calanque à Ratonneau.JPG"Montmorency ne se laissa pas convaincre d'emblée. Richelieu l'avertit des soupçons qui pesaient sur lui et le pressa de les dissiper. Le duc protesta de son loyalisme, mais la révolte s'amplifiait à travers le Languedoc et son attitude ne paraissait pas nette.

     

    "Au contraire, celle de Charles IV de Lorraine ne permetait aucun doute. Le Cardinal agit dans les deux sens à la fois. L'armée française se remit en marche vers la Lorraine, tandis que le marquis des Fossés, gouverneur de Montpellier, recevait l'ordre d'arrêter le gouverneur du Languedoc au cours de la représentation d'une pièce consacrée à la bataille de Veillane.

     

    "Charles IV, fort effrayé, obligea Monsieur" (Gaston) "à quitter ses états et à entrer immédiatement en campagne. Cette précipitation risquait de tout faire manquer. Aussi Gaston marquait-il "une profonde mélancolie" lorsqu'il pénétra en Frane à la tête de ses troupes. Il envoya cependant à sa mère un message martial et lança un appel contre le ministre "perturbateur du repos public, ennemi du Roi et de la Maison royale". C'était une fois encore le signal d'une guerre civile, la sixième en quinze ans !

     

    "Cela n'arrêta nullement Louis XIII et Richelieu. En six jours ils arrivèrent aux portes de Nancy et obtinrent la capitulation de Charles IV qui dut abandonner Stenay," ville de naissance de mon grand-père ce dont vous n'avez rien à foutre, "Jametz et le traité de Clermont-en-Argonne (traité de Liverdun). La solution de continuité entre le territoire français et Verdun était supprimée" (Verdun cessait d'être une enclave française). Mais nous rendions Bar-le-Duc.

     

    "Le marquis des Fossés réussit moins bien. Ses préparatifs ayant donné l'éveil, il ne put mettre la main sur Montmorency. À la suite de quoi Richelieu revint à la méthode douce. Le capitaine des gardes du gouverneur, Soudeilles, était venu lui parler de l'affaire des Elus. Le ministre le chargea de donner un nouvel avertissement à son maître et de l'exhorter à la fidélité. Soudeilles s'acquitta le mieux possible de sa mission. Il dit :

     

    - Qui voudrait se déclarer pour un jeune prince qui se laisse trahir par ses favoris et qui a déjà plusieurs fois abandonné ceux qui avaient tout sacrifié pour lui ?" - pensant à Gaston, frère cadet. Et la suite ? Je laisse cela aux fouineurs qui se lanceront dans le Richelieu d'Erlanger, lequel n'a pas oublié que l'Histoire est constituée d'histoires, et non pas seulement de statistiques sur le prix du sel au XVIIe siècle ou les contrats de corporations sous Colbert. Rétablissez-donc, Messieurs en costume trois-pièces n'ayant jamais vu les baskets d'un élève, les programmes d'histoire dans leur ancienne façon, et vous verrez que nos jeunes têtes brunes la retiendront bien mieux, et cesseront plus tard de dire des conneries avec leurs bulletins de vote. Amen.

  • Rêves

     

    Je partage le lit d'une femme qui ressemble à la fois à la petite fille de L'exorciste et à la sœur aînée de Muriel. Ses dents sont très proches de ses lèvres, qu'elle porte serrée en forme de petit mufle. Ses jambes sont couvertes de tavelures plus ou moins lépreuses, très raides et remuant sans cesse dans le lit. Elle semble avoir envie de faire l'amour et moi aussi, elle alterne aguicheries et rebuffades. Quant à moi, mon désir n'étant tout de même pas irrésistible, je me flatte de parvenir au moins à des fins partielles, car j'ai grande envie de l'apprivoiser. Elle grogne terriblement. Quand je m'éveille, eh bien, c'est ma femme qui ronfle...

     

     

     

    60 05 22

     

    Avec Brigitte Joseph, ancienne élève, plus jeune, dans une chambre gratuite à dominante bleue d'un gîte pour pélerins. Nous nous sommes seulement caressés car je suis impuissant, mais à la satisfaction des deux. Cette chambre jouxte une cathédrale où j'aimerais rejoindre un groupe de touristes religieux enthousiastes devant une chapelle interne à saint Antoine de Padoue, des gens entrent et sortent par des portails étroits. Quelqu'un nous précise que les chambres sont réservées aux retraitants, il sera difficile de la réutiliser. Brigitte m'entraîne vers la sortie, et après une montée assez boueuse nous parvenons à un bistrot plus ou moins privé. Devant une amie, B.J. me dit que jusqu'à la fin du dîner que nous avions pris la veille elle était vraiment avec moi ; ensuite, je l'aurais étourdie avec des plaisanteries incessantes.

     

    Je réponds, prenant l'amie à témoin, que je n'ai malheureusement le choix qu'entre devenir ennuyeux ou devenir bouffon. Pas de remède.

     

     

     

    Bel immeuble.JPG60 05 24

     

    Décide d'aller voir seul un match de foot contre une équipe d'Angleterre qu'il faut absolument avoir contemplée dans ses œuvres... La foule est considérable dans les entrailles du stade : ceux qui s'en vont, ceux qui arrivent. Je dépasse une ancienne élève (14 ans) qui me sourit, et c'est une autre qui me précède. Dans les gradins se vendent les tickets (prix : 6€50). J'ai sur moi deux billets de 10 000 AF. Le vendeur me dit : "Rangée 12, il faut jeter l'éponge après telle porte." Je parviens à une salle aux fauteuils de luxe, sans visibilité, où les gens attendent, face à des écrans luxueux – mais je n'ai pas payé pour voir un match à la télé ! Je retourne auprès du vendeur : "Tant que vous ne m'aurez pas conduit vous-même jusqu'à ma place je n'y arriverai pas". Il le fait. C'est un emplacement d'où l'on ne voit rien du tout, d'autres s'en plaignent. Un voisin entre en conversation. Je lui demande d'où vient la chanson Père Dupanloup. Il me répond qu'il a connu ce joueur, qu'il a joué avec lui, qu'il a récolté une grosse cicatrice à la lèvre supérieure (de près, c'est impressionnant).

     

    Il avait sur ce camarade composé une chanson qui ensuite le rendit célèbre, il m'en montre les paroles, très élogieuses, mais pas comique du tout. Et comme je veux lui demander de quelle façon tout le monde en est venu à ces autres paroles grotesques, il se détourne en se retenant de pleurer : "Excusez-moi". Ses pleurs me gagnent à moitié et je réponds : "Je suis navré". Mais il ne faut pas se faire remarquer. Or, les gradins s'ébranlent, nous voici tous dans un wagon automatique , devant rejoindre un emplacement d'où nous pourrons voir le match. Tantôt le train s'arrête, tantôt il repart, mes compagnons de voyage ne semblent pas inquiets, j'aurais bien envie de déconner mais il faut se fondre au groupe.

     

    La chaleur est étouffante, ma montre marque 2h1/2 et le match ne commence qu'à 3h : peut-être, enfin arrivés, trouverons-nous un "chauffeur de public" – pour l'instant, c'est bien guindé. Majorité de mecs habillés de blanc, très musclés.

     

     

     

    REVE LONG ET TOUFFU DU 31 05 2060

     

     

     

    Lors des préparatifs d'un grand repas de fin d'année au Lycée d'Aspartang, Blronzo et un autre installent des lustres dans la grende salle de réception. Ils sont juchés sur des échelles. Bronzo ne cesse de dire des horreurs sur moi, que je suis lâche et traître. Il ne sait pas que d'en bas j'entends tout. Je décide, profondément vexé, de ne plus jamais lui adresser la parole de toute la soirée. Il me fait consulter un correcteur pour me faire expliquer trois erreurs graves dans une version grecque d'agrégation. Il y consent, avec des notes qu'il tient à la main. J'ai confondu avec un autre, de façon étourdie, le verbe "empoisonner". Puis le raout se déroule. Des discours ont lieu, un bal terminal.

     

    Pour éviter cela, je me réfugie dans des toilettes aux parois réfléchissantes, où grouillent des enfants des deux sexes qui courent partout. Certains me regardent avec curiosité, et voudraient même jouer les voyeurs. Quand je reviens dans la salle, tout le monde mange, il y a là plus de cent personnes. Je quitte ces lieux avec mélancolie en fredonnant du faux Nino Rota, et le dis à un jeune collège sympathique marchant à côté de moi : je suis en retraite, mais avais besoin lui dis-je de me renseigner sur une version grecque. Mmes Corral, Verdon et Dessonu se plaignent de l'ambiance détestable du repas, Boussachon n'a pas cessé d'accaparer toute la conversation, et de plus, ce n'étit jamais elles qu'on photographiait.

     

    Pour une fois qu'il ne s'agit pas de moi... Pour regagner Bordeaux, je prends dans ma camionnette Mme Dessonu et sa petite fille. Cette dernière doit maintenir une tige de métal graisseux qui ballotte debout près de son siège, ce n'est pas très commode. Avec son mari, Mme Dessonu née Klapfenstein s'installe à l'arrière. Le retour s'effectue de nuit, heureusement, le parking du lycée n'était pas fermé derrière son portail grillagé. Des coureurs nocturnes visiblement ivres ou drogués s'exercent imprudemment sur la route, ils sont en shorts rouges, ils proviennent d'une base militaire toute proche où l'on a la bouteille facile. Puis un autre s'abat presque sous nos roues ; je n'ai rien pour le soigner, mais d'autres, derrière nous, s'arrêtent pour lui porter secours.

     

    Une 4L débouche en zigzaguant d'un chemin forestier. Mme Dessonu n'est pas rassurée. Passé le rond-point, nous faisons escale dans un grand café. Ma passagère et sa famille boivent un soda à une table ; son mari prendra le relais, il est venu à sa rencontre dans un véhicule en bien meilleur état que le mien. C'est très bel homme aimable et cultive, ressemblant à Scipion Emilien. Je ressens à faire sa connaissance un certain malaise de nature raciste, car il est marocain. De plus un autre collègue également maghrébin s'est assis à côté de nous. Pour repartir, seul, je rejoins mon véhicule. D'abord, je cours à pied, un aller-retour, sur une tombe de poète occitan aux mentions effacées, il mourut en 1917, sa tombe mal entretenue porte la mention de ce qu'il fut, dans sa langue. À ceux qui m'observent, par manière de plaisanterie amère, je dis que c'est ce qui m'attend, et encore, au mieux. Mon véhicule se trouve bien coincé entre un scooter et un pilier, à l'étage. Comment sortir ? Il est possible de se dégager par une savante manœuvre latérale, il faudra redescendre en marche arrière par des escaliers plats, de la hauteur d'un entresol. Ici, ma femme m'accueille gentiment car elle était inquiète.