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der grüne Affe - Page 150

  • La rue des Chats

     

    Verdures et sentier.JPGCarte postale hideuse séparée en deux parties, représentant dans un sens, puis dans l'autre, une rue bien connue des touristes : la Rue des Chats, que j'ai prise en photo moi-même. La carte est coupée d'un montant vertical couleur bois où s'incruste en lettres rouges le nom de la ville : Troyes. La carte elle-même présente sur ses quatre côtés un liseré noir de quelques millimètres de largeur. En bas, de part et d'autre de l'ouverture, quatre silhouettes félines semblent contempler leur territoire, deux par deux. A gauche, les chats sont de profil, le premier baissant la tête en profil perdu, l'autre exactement détouré, hiératique et familier.

     

    Les deux queues vont au devant l'une de l'autre, sur le sol. A droite, le premier chat ramène sa queue contre son arrière-train et l'on n'en voit que la pointe. Le dernier chat s'est ramassé, calmement, et l'on distingue bien ses deux oreilles dressées, ainsi que celles de son vis-à-vis ; les autres n'en montrent qu'une. Mais il reste peu de chats dans cette rue assez passante. La légende au verso précise qu'elle était close, comme beaucoup de rues au Moyen Âge, d'une grille à chaque bout. L'époque n'était pas favorables aux déambulateurs nocturnes ! Les encorbellements de la première vue, à gauche, éliminent la trace du ciel, et les chats de jadis n'avaient sans doute aucun mal à passer d'un immeuble à l'autre d'un léger bond sur les toits.

     

    Ce qui frappe c'est l'échelle de bois, horizontale, qui semble servir d'étai entre deux murs , assez mal entretenus : ils se rejoignent sans doute en une étroite ogive, que la perspective ne permet pas d'apercevoir. Plus loin, la lumière montre un angle de mur gris clair, indiquant une bifurcation, un changement de nom. Au niveau du sol, nous apercevons un pavage de part et d'autre d'une rigole centrale, soigneusement conservés et restaurés depuis le Moyen Âge. Les bornes accolées aux murs, nous disent obligeamment les notes du verso, empêchaient que les essieux des roues n'endommageassent les parois. A droite, les étais sont situés beaucoup plus haut, l'espace semble plus étroit, au point qu'on pouvait se serrer la main d'une fenêtre à l'autre – mais cette époque ignorait le shake-hand.

     

    Tout va aussi en se rétrécissant vers l'arrière-plan, les bornes sauf les deux premières n'apparaissent pas, mais l'on aperçoit mieux les colombages, en haut à gauche, et les empilements e briques entre deux montants de bois, sur la droit. D'autre part, nous voyons que l'ogive ne se referme pas, barrées par les planches d'étai, à demi-obstruée par le dispositif en potence qui permet à l'encorbellement supérieur de prendre appui sur les poutres verticales du rez-de-chaussée, dont la première présente de profondes crevasses ligneuses. La prise de vue décale le mur de gauche et celui de droite, si bien que le spectateur se figure, en contre-plongée, que les deux angles d'entrée ne se font pas face exactement, d'autant plus qu'il voit bien par-dessous la disposition des planchers saillants sous l'encorbellement du premier. Tout cela est bel et bon, mais ne nous empêche pas une fois de plus de déplorer ces cartes postales représentant plusieurs vues à la fois en une marqueterie très commode pour le touriste qui veut résumer, mais assez frustrante pour l'amateur de rêves et d'unité.

     

     

     

  • Albéric Second, "La vicomtesse Alice"

     

     

    Le charmant jeune homme affublé du nom d'Albéric Second ne figure pas dans le dictionnaire, fût-ce le Larousse en 15 volumes, et ne fournit qu'une mince matière à l'article de Wikipédia (pub) : l'on y apprend qu'il vit le jour dans la bonne ville d'Angoulême au début de l'avant-dernier siècle, comme Lucien de Rubempré, poète désastreux choyé par Balzac dans ses Illusions perdues. Albéric second se flattait d'avoir été le modèle de Balzac, mais la ressemblance s'arrêtait au lieu de naissance, peut-être aussi à la médiocrité du talent : mais avant d'étudier le titre prometteur de La vicomtesse Alice, précisons que ce beau garçon présente sur la gravure en ligne l'aspect d'un éternel jeune vieux beau, à jamais entre deux âges bien que mort avant la cinquantaine, comme tout tuberculeux du XIXe siècle qui se respecte : cheveux blonds longs, sales et raides, habits élégants mais fatigués, air suffisant voire enflé de platitude.

     

    Tout cela n'est que pure calomnie, mais il faut bien que j'étale mes insuffisances de chroniqueur obscur : tout chez Albéric Second suppose le bidon, le trucage, le mondanisme à l'œuvre et l'intrigue journalistique (tel était son métier). Sa Vicomtesse Alice représente exactement le snobisme cultivé du temps de Louis-Philippe, où Balzac régnait dans sa gloire. Son empreinte s'exerçait encore à plein chez les romanciers de 1873, soit aux débuts de la Troisième république, où l'on sentait déjà poindre la décadence fin de siècle ainsi que l'apogée qui souvent l'accompagne : affèterie, langage fleuri, toilette soignée, conventions sociales extrêmement fortes. Et langue française en son meilleur état, élégante, raffinée, maniérée, aristocratique et fragile. 

    Tomates et courgettes.JPG

     

     

    Société strictement cloisonnée donc, pas plus d'ailleurs que la nôtre malgré tout ce que nous lisons, où la simple apparition d'un jeune homme fugitif et dépenaillé dans la loge d'opéra de la Vicomtesse Alice interrompt le sextuor qui déclame sur scène : les chanteurs en perdent la mesure, et tous les lorgnons du parterre sont braqués sur cette loge prestigieuse, où se dissimule un fugitif mal habillé, mal chapeauté, mal chemisé. La vicomtesse a renvoyé l'employé qui voulait virer ce malotru, et à présent elle le sent respirer derrière elle, caché dans les rideaux et plein de reconnaissance, car on l'a sauvé de la police vraisemblablement. La vicomtesse Alice s'ennuie : après son veuvage (car on mourait vite, surtout après avoir épousé à 60 ans une jeune femme de 20), sa tante lui avait présenté un autre homme, rondouillard, portant beau, plus âgé lui aussi, mais en réalité parfaitement ruiné : la vicomtesse a du flouze.

     

    Seulement, passer d'un vieillard à l'autre ne plaît pas du tout à la jeune vicomtesse, qui aimerait bien se faire aimer pour elle-même. Or «il y a loin de la coupe aux lèvres » aurait dit Musset, et les obstacles ne vont pas manquer de proliférer entre ces deux jeunes personnes que tout sépare ; d'abord, la jalousie, puis les traîtrises du prétendant, qui verra s'échapper celle qui pourrait rétablir sa fortune. Ensuite, les magouilleurs qui vont faire perdre de l'argent à tout le monde et s'enrichir eux-mêmes sur la misère des braves gens. Surtout, le fait que ce jeune homme mal fringué sorte de l'asile psychiatrique d'où il s'est évadé. Mais ne l'aurait-on pas mis à croupir dans cet établissement pour l'éliminer ? Sa mère, elle aussi veuve d'un vieux riche, s'est retrouvée défigurée par un acident de feu d'artifice ; elle a placé tout son argent chez un nommé Cardot, vieux renard qui l'escroquera (rien qu'à lire sa description zoologique, le lecteur comprend tout de suite qu'il dépouillera la veuve et l'orphelin).

     

    Tout est donc joué, et surjoué : les refus coquets et agacés de la vicomtesse, les allures brusques de sa tante qui pense avoir bien fait de lui présenter un beau noble, le sort du jeune fou qui n'est pas fou mais immensément pauvre et amoureux d'avoir été sauvé de la police, la saloperie des calomniateurs, et surtout, l'éternel milieu de grands bourgeois qui singent la noblesse fauchée mais si distinguée : tels étaient les héros obligatoires des romans de gare de ce temps-là, héritiers frauduleux des rois, des marquises et des grands aventuriers du XVIIIe siècle : Casanova, Turcaret, Cagliostro et autres. Société interlope, cloisonnée disions-nous, mais en apparence ; le grand sport étant de s'encanailler dans les bouges pour ouvrier en buvant du gros rouge, ou bien de commettre d'horribles mésalliances, qui s'arrangeaient toujours en fin de roman : soit le bel inconnu pauvre était en réalité un riche, coup de théâtre, soit on lui trouvait un titre bien ronflant à imprimer sur sa carte de visite.

     

    Vous l'avez compris, ce n'est pas chez Albéric Second qu'il faut chercher autre chose que des conventions et des clichés, mais qui plaisaient furieusement, de même que le cinéma de nos jours doit obligatoirement comporter une scène de baise, de préférence homosexuelle. Le style lui-même présente une élégance raffinée mais usée jsuqu'à la corde. Et nous comprenons l'accueil plus que frais dont furent gratifés les Misérables de Victor Hugo, avant le grand virage misérabiliste de Zola ou de Maupassant, lesquels soit dit en passant savaient aussi fréquenter les salons, et les mettre en scène dans leurs écrits. Et puis, Albéric a de l'humour. Il court dans toute sa prose un parfum de second degré, d'autopastiche, l'air de n'y pas croire tout à fait, comme chez Musset justement qui se moque amèrement du romantisme tout en restant le plus grand et le plus authentique représentant du romantisme français.

     

    Les personnages sont en place, les ressorts de l'intrigue tendus, le roman théâtral peut se dérouler pour le plus grand bonheur des ménagères de moins de 40 ans (à 50 elles en faisaient 65 d'aujourd'hui), sans grandes surprises et dans le bon ton sucré le plus gratifiant. Le lecteur peut se montrer agacé, passer rapidement sur des péripéties usées, mais l'historien lit avec intérêt ce documentaire sur l'imagination de 1873 contemplant de loin les dernières sociétés monarchiques de France : la bourgeoisie brille de tous ses feux, l'aristocratie scintille de ses dernières paillettes, et mon grand-père Eugène, futur chef de gare, met le nez à la fenêtre de mon arrière-grand-mère...

     

  • Fragment d'histoire mondiale

     

    Revenons au concret, qui est notre point d'appui d'action : Globalement, le groupe Aditya Birla est : 

    En hommage à Zurbaran.JPG

     

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    Un groupe du secteur des métaux, parmi les fabricants les plus rentables au monde d'aluminium et de cuivre. Hindalco-Novelis est la plus grande entreprise en laminage d'aluminium. C'est l'un des plus grands producteurs d'aluminium primaire en Asie, avec la plus grande fonderie de cuivre en un seul lieu 

     

     

     

    Nous devons ces renseignements à Wikipédia. 400 milliards de dollars US, cela compte, cela donne du travail, cela pollue sans doute sans scrupules. Notre livre date des années 70. L'Inde est en pleine croissance, fortement inégalitaire. Dans l'incapacité où nous sommes de mener à bien le moindre raisonnement concret, nous nous rabattons sur la métaphysique et la philosophie dite d' « effarement » : un émerveillement effrayé sur les mécanismes obscurs du monde, menant à la parole, « effaré » signifiant paradoxalement « privé de parole ». Nous ne faisons plus que décrire, ce que peuvent nous reprocher certaines personnalités progressistes. Mais notre incapacité à lutter, ou plus exactement, plus vaniteusement, notre incapacité à vaincre, à nous en tirer avec les honneurs, nous entraîne dans les sentiers aveuglants de la pensée généralisatrice, dite « abstraite », où nous ne sommes pas plus capables de nous diriger : soit la lutte mécanique, soit la progression à l'aveuglette, et la même soumission au néant, mort obscure ou mort lumineuse.

     

    Que faire ? Chto sdiélatch ? disait Lénine. Que faire, non en général, mais maintenant ? Tout dépend : a-t-il utilisé la forme générale, diélatch, ou la forme préfixale déterminée ? À l'ouvrage : ces industriels « possèdent la majeure partie des moyens de production de leur pays », et l'on ne voit pas comment il pourrait en être autrement - « et, de ce fait, accaparent l'essentiel des ressources nationales ». Notre auteur, Pierre Thibault, semble le déplorer. Il est conservateur, profère des énormités comme le « goût de l'effort personnel » devant immanquablement provoquer l'essor enfin du Tiers Monde, mais profondément démocrate. Il se montre bien renseigné : « En Colombie, 2,6 % de la population absorbe 40 % du revenu national ».

     

    Leur accaparement concerne donc non seulement les moyens de production, mais aussi la consommation. Ce qui est logique dans une perspective capitaliste, mais ne satisfait pas les penchants humanistes. Nous retombons toujours sur les schémas dualistes ; « au Gabon, 1 % de cette population dispose même de 56 % de ce revenu ». Qui dit consommation dit revenu, bien sûr. Nos premiers pas dans les considérations économiques (faisant partie malgré ses adorateurs des sciences modestement humaines) nous haussent au niveau d'un lycéen de seconde. Macte animo, generose puer ! « au détriment de la masse des producteurs réels (fermiers principalement) ; » lesquels ne pourraient vivre en autarcie, sans système d'échanges, sans transports par exemples, ou sans commanditaires, lesquels imposent souvent la monoculture.

     

    Nous nous demandons alors : quand aurons-nous fini de passer notre bac ? de nous émerveiller (voir plus haut) devant les rouages les plus élémentaires du monde ? Devant l'alphabet ? Préférant toujours amorcer une infinité de choses, plutôt que d'en mener une seule à bout ? Fascinés par l'eschatologie, qui est méditation sur l'origine et la fin, la naissance et la mort, donc la finalité ? C'est finalement très commode : ignorer d'où l'on vient, où l'on va, quel beau prétexte pour ne rien

     

    faire. Ou alors, aider les autres à survivre et comprendre : puisque l'auteur déplore les inégalités ! « le revenu de ces derniers (les fermiers), déjà réduits par des impôts trop lourds et fort souvent par de mauvaises récoltes, est en outre fréquemment hypothéqué plusieurs années à l'avance du fait de la lourdeur exorbitante du loyer de l'argent », entendez des intérêts. Les capitalistes, fonciers ou industriels, ont-ils besoin de ces impôts pour investir ? Une répartition plus équitable entraverait-elle pas la croissance ? Faut-il croître, ou stagner dans le bonheur ? Devons-nous construire, ou brouter ?

     

    Et si nous construisons, pourquoi ? Et si nous ne faisons que jouir sans progresser, serons-nous heureux, serons-nous acomplis ? devons-nous absolument aboutir quelque part, et plus haut ? Est-ce qu'il ne fait pas partie de notre nature humaine de vouloir progresser ? Vers un point x ? vers (tant pis, j'ose) Dieu ? Ô les jolis cubes coloriés que voilà ! Et nous critiquerions Le puzzle philosophique ? À septante ans moins deux, notre héros tentait ses premiers pas dans le raisonnement ! Vieillard en couches-culottes ! Car le rire est aussi un but, et le propre de l'homme ainsi qu'on nous le rabâche : rire, progrès, raison ; c'est une trinité. « Pratiqués dans tous les pays du Tiers-Monde, les prêts usuraires, calculés sur la base d'intérêts composés » (ne pas se gêner...) « atteignent des teux variant entre 35 et 75 % dans l'Union indienne » : est-ce encore le cas ?

     

    Faisons-nous reculer l'injustice ? Complétons la trinité par le sens de la justice.

     

  • Je fais mon petit avantageux...

     

    Lorsque sa mère est morte, tous les collègues et moi-même voulions assister aux funérailles ; ce connard de Sellong... Il y avait là-bas un directeur adjoint de grande qualité, dont j'ai tout oublié, tant il était souple et bon, humaniste. Je ne me souviens hélas que de ce connard (je persiste et je signe) de Sellong, juste capable de masquer de la main ses appréciations, « que je n'ai pas besoin de connaître », avant de me faire signer ma feuille de notation. Si vous saviez tout ce qu'on peut forcer à faire, quand on est un petit maître auxiliaire tout jeune et tout frais. Il m'engueulait, le Sellong, de ne m'être pas présenté après cinq semaines de grève de la SNCF – trente-cinq jours d'absence tout de même : « On n'entre pas dans mon établissement comme dans un moulin ». Qui refuse que j'aille, j'y reviens, aux obsèques de Mme Dudon : « Je ne vais pas, ricanait-il, mettre un panneau sur mon établissement fermé pour cause d'enterrement ». Froid, sec, péteux, petite moustache, excessivement veule, comme tout chef d'établissement qui se respecte...

     

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    Je me trouvais dans la salle aux ordinateurs. Derrière moi, huit femmes, mon métier étant féminisé à mort. Ce grand fendard de Carfini entre dans mon dos. Il sexe-clame niaisement : « Ouh là là ! Huit femmes ! » J'hésitais entre plusieurs formulations : « Qu'est-ce que tu veux que ça me foute ? » me semblait grossier, “...que j'en fasse” : incorrect, car on n'emploie pas “en” pour des êtres animés - je me suis décidé à retardement pour un faiblard  “Qu'est-ce que tu veux que j'en aie à faire ?” - qui me permit tout de même de percevoir, sorti des minces lèvres d'une de nos pimbêches : “Si c'est pas malheureux d'entendre ça...” La pimbêche en question filait paraît-il le parfait amour avec le nommé Carfini. Elle avait une tête de faux-jeton typiquement féminine. Bonne chance, Carfini...

     

    Je me suis toujours demandé comment une si belle femme à l'air si chafouin, si vicieux, pouvait avoir besoin de faire l'amour avec un homme, alors qu'il était si clairement lisible sur son visage que trois branlettes par jour devaient pourtant largement lui suffire... Je m'avisai trop tard, plusieurs semaines après, que j'eusse pu donner libre cours à ma grossièreté en m'exclamant: “Et alors ? Faut qu'je bande ?” Au moins, c'eût été drôle... enfin... Ou mieux encore : « Eh bien quoi ! Huit femmes et huit chaises, ça ne fait jamais que seize meubles ! » Mentionner Rinaud, qui tenait absolument à faire prononcer son prénom à l'anglo-saxonne, Braïce, au lieu de Brice (nous étions bien avant Dujardin) : Zinnia, collègue de géographie au long nez en couteau, lui fit observer que nous n'étions pas en Angleterre, et maintint sa prononciation à la française.

     

    Sur quoi, renchérissant moi-même, je m'appliquai quelque temps à prononcer son patronyme à l'anglaise : « Raïnowd ». Je fus le seul à trouver ça drôle. C'était d'ailleurs souvent le cas... Il m'en revient de plus en plus : Bossuet (« Monseigneur », évidemment), dont j'ai défoncé le pied d'un coup de talon pour m'avoir décerné je ne sais plus quel adjectif (de nos jours, cela me vaudrait trois jours de garde à vue sans pisser) ; son père est venu. C'est le fils qui s'est pris la raclée du siècle à la maison, parce que j'avais demandé de mon ton le plus patelin à son père : « Dites-moi, M. Bossuet, quelle est donc la profession de votre femme ? -Secrétaire, pourquoi donc ? - Parce que dans mes cours j'entends sans cesse votre fils s'exclamer « Putain de ta mère ! » - alors je me posais des questions... » Je crois que le fils Bossuet n'a pas pu s'assoir de quinze jours pleins.

     

    Le même, parlant à tout propos de « sodomie » en cours de musique, ce qui malgré Saint-Saëns n'a qu'un rapport lointain avec la matière, se vit infliger une rédaction sur ce même thème, afin de bien évacuer, une bonne fois, cette obsession. Nous nous sommes passé entre nous en salle des profs un torchon rédigé dans un français infâme truffé de fautes d'orthographe (l'émotion sans doute) sur la sodomie, d'où il ressortait qu'une telle pratique, après tout, pouvait apporter un certain renouvellement dans la vie conjugale, et contribuer à son équilibre...

     

     

     

     

     

    Garçons turbulents indifférents, à peu près beaux

     

    St-Léon (2012/ 2013) Lemanche, Denousautres, Méditerra, qui répétait son nom dans une extatique litanie, Rédora (qui réussit à se faire lever une punition, sa mère étant venue m'agiter ses bijoux et ses nichons sous le nez).

     

     

     

    Garçons turbulents, et que je n'aime pas

     

    Bouillon des Champs, noir, à qui j'ai fait ranger « ce torchon » (le drapeau américain) (c'était la guerre du Vietnam) (on m'en a beaucoup admiré). L'épicier arabe m'appelait « chef ». Moi, jamais je n'oserais appeler qui qui ce soit « chef » (malgré mon gendre qui m'a dit que tous « ces gens-là » nommaient « chef » les personnes qui leur semblaient sympa). Il m'a toujours semblé à moi que c'est l'expression du plus grand mépris, et il m'est arrivé si souvent de prendre publiquement des airs de chien battu que je me demande pourquoi les autres en ont ainsi profité, au lieu de m'avertir fermement de reprendre, sur les traits de mon visage, mes esprits et ma dignité.

     

  • Signification de Hanouccah

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    LE PETIT LIVRE DES GRANDES FETERS RELIGIEUSES - EDITIONS DU BORD DE L"EAU

     

    SIGNIFICATION DE HANOUCCAH

     

    Cette fête, de la “re-dédication” (du temple), symbolise la victoire sur les ténèbres. Mais elle a trop souvent tendance, aux yeux des traditionalistes, à se substituer à celle de Noël, pour les enfants qui vivent dans un milieu chrétien. C'est aussi en raison de cette proximité dans le calendrier qu'elle est bien plus célébrée qu'autrefois... Cependant les familles hésitent à s'afficher comme juives en exposant la “hanoukia” sur le pas de leurs portes...

     

    Hanouccah est donc historiquement la première confrontation à une réelle menace d'absorption, d'assimilation d'ordre culturel. Ce n'est pas ici l'extermination, mais l'assimilation qui menaçait déjà en effet en ces époques antiques l'identité juive. Les Juifs s'étaient approprié tout un mode de vie exclusivement hellénique, afin de se faire accepter. La culture hellénique était le modèle dominant. Athènes célébrait la puissance du génie humain, la splendeur du corps, le plaisir des yeux, mais aussi la corruption. Si la famille sacerdotale des Macchabées ne s'était pas révoltée, incitant à prendre les armes, le judaïsme eût été en grand péril de disparaître.

     

    Aussi les petites lumières de la hanoukiah, dans leur isolement, symbolisent la communauté juive unie dans l'obscurité, au-delà des conflits, pour tenir tête à l'adversaire commun. Le Hallel (“chant de grâce”) manifeste la joie du peuple juif et sa reconnaissance envers les miracles de Dieu. Les Juifs n'auraient garde d'omettre, tous les ans, la célébration de Hanouccah. En effet, les docteurs de la Loi ont dit : “Si toutes les fêtes sont supprimées un jour, la fête de Hanouccah continuera à être célébrée avec joie dans nos maisons et nos cœurs seront illuminés par ses lumières.” Tandis que la ménorah s'allume à l’intérieur, et de jour, la hanoukia s'allume vers l'extérieur, et de nuit, depuis notre monde intérieur et spirituel vers le monde extérieur et matériel. Les flammes de Hanouccah évoquent la valeur morale, les sentiments nobles et constants que l'âme juive puise au sein de la Torah.

     

    C'est ainsi que depuis 165 avant l'ère commune, cette fête rend régulièrement hommage aux héroïques martyrs de la foi et de la culture juives : fête de la lutte contre l'assimilation, question toujours essentielle dans la conscience de la judéité : harmonie ou identité ? Dernièrement encore, les autorités éducatives d'Israël ont très mal pris l'initiative de certains lycéens, qui voulurent fêter Hanouccah en utilisant nombre de symboles chrétiens, pour faire plaisir à leurs camarades chrétiens. Aux États-Unis, certaines familles "mixtes" ou assimilées garnissent des Hanukkah bushes (buissons de Hanoukkah, bien proches des arbres de Noël...) et s'échangent des “happy choliday” avec le “het” de “hanouccah”, voire des “chrismukkah ») – aimons-nous tous, “Dieu reconnaîtra les siens...”

     

  • La fin de l'Espagne

     

    La brèche.JPGC'est la fin. À Hendaye, en Franfrance, je me fais remplir au bar une bouteille d'eau. Les serveuses me toisent, comme pour me dire Nous sommes des serveuses, mais faudrait pas nous prendre pour des connes. Nous condescendons à vous remplir votre bouteille. La France en effet, ce beau pays où tout le monde râle, sans que je fasse exception à la règle. Où chacun se dégoûte de sa situation sociale, et s'imagine que tout est pire qu'ailleurs. Je rentre au bercail, au-devant des visites à faire, à rendre, et des indifférents qu'il faut flatter. Au monastère de Labastide-Clairence, j'assiste à une cérémonie chrétienne parfaitement chiante, en totale opposition avec les mascarades de Tafalla : sous une lumière blafarde tombant d'un toit transparent, vingt moines blanc crème psalmodient a capella de mornes et méditatifs versets.

     

    Assistance recueillie, jusques et y compris les enfants. Une boîte se tient à ma disposition, dans un vestibule, pour les intentions de prières. J'écris : "Seigneur, à chaque fois que je fais le bien, j'en attends une récompense. Aidez-moi à découvrir le véritable sens du don de soi".