Proullaud296

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der grüne Affe - Page 157

  • Drague homo

     

     

    Crèche sèche.JPG

    Comment vivent-elles ? À quel avenir rêvent-elles toutes deux ? Quelles sont leurs techniques de masturbation ? ce sera pour toujours leur plus grand plaisir. Au bar le rock plein pot. Un jeune homme vient s'assoir, me demande si je suis espagnol. Je suis un extranjero. Lui aussi, marocain. Tous pédés. En français d'abord, hésitant, nous gueulant les phrase par-dessus la table et les cannettes, que j'enfile, vite, vite. "Je ne te dérange pas, Bernard, au moins ?" - mais si mais si, les voyages pour moi sont tout ce qu'on veut sauf des rencontres, pour les conneries qu'on peut se dire. Si tu veux faire des rencontres, tu n'as qu'à mettre le nez dans ta rue. Ici, c'est entre paumés. La pitié nous aiguise les regards. Je mobilise – il mobilise ? - toutes les ressources de l'art dramatique pour bien montrer que non seulement je ne suis pas dérangé, mais qu'il m'est infiniment agréable de l'l'avoir rencontré, que je n'attendais que lui, dans ma misérable solitude - l'autre se pique au jeu, me révèle qu'il récolte les melons, ici, en Espagne – ses semblables, ses frères, mort de rire. Il me paye un autre bar, me dit de ne pas parler espagnol, parce que je ne dis que des conneries, le barman bouffi nous regarde à travers son apathie, nous tend même la main au-dessus du comptoir, bières, toilettes, bières, toilettes.

     

    Mon ami autoproclamé admire à présent tout ce que je dis. Au troisième bar, il m'assène ses malheurs ; on le prend pour un voleur, "le barman d'avant, je voyais bien qu'il pensait tiens le Marocain qui va encore se faire un touriste", je mange un plat de poisson frit qu'il tient absolument à m'offrir, c'est imbouffable, quelle veine j'ai eue de rencontrer un être humain, et dans la rue piétonne, de bar en bar, nous titubons, en nous entrechoquant l'épaule et la hanche – tu vois, je ne l'ai pas volé le Français – je n'avais rien dit, proteste le premier barman, c'est toi qui te fais encore ton cinéma – mon Marocain s'appelle Mardi, le Béni. Autant dire Benoît. Il me dit "Je pars le premier, toi ensuite".

     

    Mais qu'est-ce qu'il s'éternise. Nous échangeons nos adresses, moi je lui donne, pas fou, celle de mes vacances – devenue depuis la mienne en vrai, pourvu qu'il ne vienne pas se repointer. "Tu ne veux pas aller encore dans un bar ?" - cette fois-ci, le drapeau est mis, c'est une boîte à tantes. Je décline : "Il faut que j'aille dormir dans ma caisse" – bien me garder de révéler qu'elle est stationnée là, au coin. "Va-t'en Bernard, va-t'en, je ne peux plus supporter tes yeux" – je les ai écarquillés, fixes et perçants, surexcités de fatigue, de sueur dans les sourcils, exténués d'incessante concentration artificielle – la Joie des Rencontres en Voyage – l'ami Mardi voulait faire le fou, mais sans aucun scandale, modérément.

     

    Moi je ne connais pas de milieu : ou la police, ou la philosophie. Et Dieu sait que nous avons philosophé. "Tu demanderas où est Untel ; celui-là, c'est un ami – tu comprends ? Un vrai, pas de ceux qui jouent l'amitié pour te débiner par derrière" – tiens, ça s'appelle "débiner" ? Nous revoyons, à l'extérieur, les mêmes filles en jupes courtes, peinturlurées sur toute la gueule, hors du monde – "Bien sûr que j'aime les femmes, Bernard ; on les aborde ? - Pour leur dire quoi ? Tu te figures peut-être qu'elles ne vont pas comprendre pourquoi on les aborde ?" Toujours été comme ça, parole : tous ces faux-semblants, ces tourne-autour-du-pot, pour en arriver là, une fois sur cent, que dis-je, cent... au bûcheronnage quadrupède, cul à cul à péter comme des ânes dans la canicule. Elles repartent toutes fières sans doute d'avoir fait bander deux ivrognes par 38°, l'Espagne est en marche mon pote, les femmes se libèrent, qu'est-ce que tu crois, le doigt dans la fente jusqu'au poignet, les hommes ça voit le mal partout, si Mardi est pédé (j'en suis sûr) c'est parce que j'ai repéré les suspensions de voix, la cassure que je connais par cœur dans les conversations où le dragueur d'hommes se demande avec mille pincements s'il osera ou non se révéler. Je ne supporte plus tes yeux Bernard. Ils étincellent de fatigue et d'extrême embarras. Va t'en, va t'en, ou ça va dégénérer. Le poing dans la gueule. Ne joue pas trop avec les mots, Bernard. J'aimerais, et je n'aimerais pas. Oui par les yeux non par la bouche. Tourner le premier coin, rejoindre vite l'abri surchauffé, refermer sur soi les battants arrière. Le rideau couvre l'avant, quiconque passe voit mes pieds – Mardi me découvrirait, me défoncerait jusqu'à la gueule. À deux heures les enfants crient toujours, pissons : c'est un renfoncement de mur. Juste en face au premier survient au balcon un gros balèze, jambes écartées les poings dans le short, bien décidé à m'engueuler aux premières gouttes. J'ai fait ça plus loin, sous la lumière aveuglante d'une rue étroite, contre un mur de crépi qui m'arrose tout le tibia. Et dès cinq heures, premiers pas de touristes, premiers vélos très mous des prolétaires de l'aube.

     

    Alors j'ai dégrafé le rideau, escaladé le siège avant, et, dans ma crasse, repris la route. Le soleil a levé sur tribord son gros œil rouge et menaçant. Très longue étape vers le pôle en évitant Aranjuez où je vis chier de dos naguère un petit brun sec ; éviter Madrid par Gétafé, haut lieu de la Guerre d'Espagne. Sur l'Atlas une écharpe rouge enserre la capitale, frontières de districts, autoroutes numérotées qui de çà de là me renvoient au Pardo : Via prohibida, culs-de-sac successifs, jeep de flics en faction devant le portail blanc, Campo Militar, je décampe au premier tibia kaki descendu sous la portière, Madrid abrupt à l'horizon sur ses ravins pelés, sur babord en contrebas trois bergers, des moutons, hors d'âge.

     

  • Sur les cabanes de Souccoth

     

    Le jardin public sous la pluie.JPGLa cabane présente dans le toit des ouvertures, afin de nous mettre plus évidemment encore sous le regard de la divinité. Le caractère provisoire de cette construction nous enseigne aussi à ne nous attacher à rien de matériel, car notre existence à nous aussi est provisoire ; la vie terrestre n'est qu'un épisode - d'où la lecture du livre de l'Ecclésiaste... C'est Dieu qui est notre seul abri. Notre maison de briques et de pierre ? Elle aussi périra. Tel est le sort commun bien sûr de toute l'humanité, mais plus particulièrement du peuple juif, qui a souvent dû, au cours de son histoire, déménager en catastrophe, mener une vie errante et dépourvue de sécurité matérielle. Or seuls Dieu et la Foi sont éternels – ce qui doit nous rassurer sur notre sort. Les croyants voient dans le caractère provisoire et incessamment renouvelé de cet habitat, symbole de la perpétuelle diaspora du peuple juif, une occasion de se réjouir de l'immortalité du peuple élu, qui résiste à tout.

     

    Se trouve conséquemment sollicité le sentiment de fraternité à l'égard de tous les errants de la terre, et de tous ses passagers. Tout hôte doit être traité avec bienveillance. Le non-juif est le bienvenu. La fraternisation juive implique un rapprochement avec les autres nations. Lorsque le temple était débout, l'on sacrifiait 70 taureaux, symbole des “70 nations”. Et cependant, Souccot est peut-être la seule fête qui n'a pas été récupérée par le monde chrétien. (Pessah fut rapproché de Pâques, Chavouot de la Pentecôte, Pourim du Mardi Gras, et même Hanouka de Noël. Mais la fête de Souccot reste à la fois fraternelle et spécifiquement juive.)

     

    Sur le plan personnel, il s'agit de se ramener soi-même progressivement dans un sentiment d'amour et de reconnaissances universelles ; progressivement en effet, car nous devons considérer nos faiblesses et ne pas nous désespérer de n'être pas des saints. Il ne s'agit donc pas d'une illumination surnaturelle qui nous transporterait dans un état extatique : “Un juif admet les épreuves d'une vie fragile et il continue” - l'amour de Dieu lui aussi “sait attendre”.

     

    Le temps de Souccoth doit être mis à profit pour retrouver le chemin de notre intériorité, dans le calme, et le sentiment de cette présence divine en chacun de nous.

     

  • Le fascisme, au moins, c'est franc.

     

    Pas de chance, Thibault, encore toi, qui nous gonfle sérieusement avec les dégrèvements fiscaux qui peuvent faire varier la contribution directe ou indirecte de l'Etat de 30 à 70 p. 100 du coût e la construction ce qui est le cas en Allemagne fédérale. On s'en fout. Le texte date du début 71. C'est la loi du genre : sitôt que l'on veut descendre, en histoire, aux temps d'aujourd'hui, l'on débouche sur des pensums concernant l'économie, la finance et autres joyeusetés. Je me souviens d'un horrible épais volume sur l'Histoire de l'Autriche, qui expédiait à toute vitesse et dans la plus inextricable confusion les âges héroïques et médiévaux, qui sont tout de même l'essentiel de l'âme germanique, et s'épanchait en pages extasiées et interminables sur les derniers développements de la Caisse d'Epargne (Sparkasse) et l'expansion considérable des pantoufles Meinl...

     

    J'espère bien que j'ai foutu ce livre à la poubelle, encore n'en suis-je même pas sûr. Il en sera peut-être de même de ce volume sur Le temps des contestations, ou plutôt, je le fourguerai à ces bibliothèques de plein air disposées près des mairies ou des églises, où les personnes à mobilité réduite, entendez les clopineux, viennent se réapprovisionner en victuailles intellectuelles. Les fameux ouvriers qui s'intéressent tant à l'économie. Enfin, l'Etat est également amené à intervenir dans le domaine de l'enseignement. Détails suivent. Ce serait en effet impeccable, si ledit Etat ne tenait compte hélas de la sottise des emballements collectifs pour imposer des leçons entières sur le féminisme (“Encore !” ont soupiré les filles) ou la protection de la Nature , prout, gaz à effets de serre.

     

    Je deviens contre l'éducation obligatoire. Qu'on ne fasse donc plus redoubler ; la sélection interviendra beaucoup plus tôt, et je laisse au peuple tous les Miochel Drucker, Patrick Sébastien et Jean-Marie Bigard, plus mon cul et six kilos de moules, pour qu'ils se goinfrent bien de conneries à s'en faire péter la ceinture, et pendant ce temps-là, nous autres, loin de la populace, nous pourrons nous livrer aux délices de la culture et de la littérature. Et quand la grosse masse se remuera un peu trop, on lui enverra des flics et du pognon. Encore faudra-t-il que les journalistes ferment leurs gueules, ainsi que les oppositions : par exemple, les militants de gauche qui exigent pour les Roms des emplois (mais pas dans leurs entreprises), des logements (mais pas en face) et une scolarité (mais pas dans leurs écoles).

     

    Le fascisme, au moins, c'est franc. Il le fait d'abord, l'Etat, pour assurer la promotion sociale et le renouvellement des élites sur la base des seules aptitudes intellectuelles et manuelles. Des bibliothèques se sont constituées sur de simples phrases de cet ordre. D'abord, la promotion sociale, certes, mais de ceux qui le désirent seulement. Les autres, que l'on n'aura pas fait redoubler depuis la sixième et qui encombreront (autre possibilité, hélas !) les classes de terminales de leur analphabétisme chahuteur, à dégager. Il est question ici en effet de “promotion sociale” et pas de “promotion friquière”. Le renouvellement des élites ? Bien, monsieur Thibault ! Un gros mot ! Encore faut-il voir plus haut que des journalistes aboyeurs n'aient pas écrasé l'Education nationale sous leur fatras de critiques négatives et de dénigrement systématiques desdites élites, sous prétexte qu'elles ont commis des erreurs et se vautrent tant soit peu dans une certaine conscience de leur valeur - dans leur prétention, soit... Tous les ans, à la rentrée, c'était le même tintouin en pages de couverture des magazines : l'école ne sert à rien, des tas d'élèves quittent le système scolaire sans avoir de diplôme (traduction : sans en avoir foutu une rame), l'école répercute les oppressions sociales, j'en passe et de plus calomnieuses ; et à présent, ces semeurs de vent se scandalisent de récolter la tempête, et titrent sur “la violence à l'école” ! Et que je me voile la face, et que je hulule en me tordant les bras ! Mais braves ploucs, qi vous n'aviez pas passer quarante ans à tirer sur les profs à pleines bordées vos haines et votre bave, nous n'en serions pas là et chacun respecterait le savoir. Mais revenons à ces bonnes intentions européennes : il le fait aussi (l'Etat) afin de four nir à l'économie les cadres scientifiques et techniques de plus en plus qualifiés et de plus nombreux que requiert cette dernière à tous les échelons de la hiérarchie professionnelle. Ah çà, on ne l'a surtout pas oublié.

     

    Il n'y en a même plus que pour ceux-là. Les élèves abandonnent en masse les études littéraires pour se ruer sur les fausses sciences économiques, autant dire l'astrologie. L'économie vous dis-je, le poumon, le poumon ! Ensuite, ces braves économistes, scientifiques et techniciens nous vont prônant, le ricanement à la bouche, l'abolition de toute formation culturelle, en particulier musicale et artistique, parce que “ça ne sert à hhhhien” ! Et l'on voit tenez-vous bien le doyen de telle faculté décréter que dans toute son académie, on supprimera le latin et le grec parce que personne ne veut plus s'y diriger, et que les professeurs coûtent trop cher ! J'espère que les diplômes nouveaux mélangeant le grec et l'économie vont bien marcher...

     

     

    La vache bleue.JPG

    Il n'y a pas que des cons à côté de moi, ce qui m'a toujours surpris (humour évidemment, connard). Quelle idée, mais quelle idée franchement, d'avoir voulu “populariser” la culture... Autant apprendre aux poissons à naviguer dans l'espace... Cette intervention se manifeste d'abord par la prolongation de la scolarité jusqu'à quinze ans en Grande-Bretagne depuis 1947 (loi Butler de 1944), jusqu'à seize ans en France depuis 1965 (réforme de 1959). Précisions devenues poussières. Evidemment (revenons, “rebondissons” comme on dit sottement, sur l'anathème prématurément proféré contre les “techniciens” de tout acabit, injustement accusés de crétinerie épaisse) : abandonner toute formation concrète ou administrative plongerait le pays dans une forte récession comparable à celle des Byzantins, qui avaient abandonné leur commerce et leur défense aux mercenaires vénitiens ou pisans, se réservant les discussions théologiques ; ils s'étaient mis des voiles sur les yeux, et se sont réveillés bien égorgés par les Barbares...

     

    Alors, vive la science quand même.

     

  • Le fascisme, au moins, c'est franc.

     

    Pas de chance, Thibault, encore toi, qui nous gonfle sérieusement avec les dégrèvements fiscaux qui peuvent faire varier la contribution directe ou indirecte de l'Etat de 30 à 70 p. 100 du coût e la construction ce qui est le cas en Allemagne fédérale. On s'en fout. Le texte date du début 71. C'est la loi du genre : sitôt que l'on veut descendre, en histoire, aux temps d'aujourd'hui, l'on débouche sur des pensums concernant l'économie, la finance et autres joyeusetés. Je me souviens d'un horrible épais volume sur l'Histoire de l'Autriche, qui expédiait à toute vitesse et dans la plus inextricable confusion les âges héroïques et médiévaux, qui sont tout de même l'essentiel de l'âme germanique, et s'épanchait en pages extasiées et interminables sur les derniers développements de la Caisse d'Epargne (Sparkasse) et l'expansion considérable des pantoufles Meinl...

     

    J'espère bien que j'ai foutu ce livre à la poubelle, encore n'en suis-je même pas sûr. Il en sera peut-être de même de ce volume sur Le temps des contestations, ou plutôt, je le fourguerai à ces bibliothèques de plein air disposées près des mairies ou des églises, où les personnes à mobilité réduite, entendez les clopineux, viennent se réapprovisionner en victuailles intellectuelles. Les fameux ouvriers qui s'intéressent tant à l'économie. Enfin, l'Etat est également amené à intervenir dans le domaine de l'enseignement. Détails suivent. Ce serait en effet impeccable, si ledit Etat ne tenait compte hélas de la sottise des emballements collectifs pour imposer des leçons entières sur le féminisme (“Encore !” ont soupiré les filles) ou la protection de la Nature , prout, gaz à effets de serre.

     

    Je deviens contre l'éducation obligatoire. Qu'on ne fasse donc plus redoubler ; la sélection interviendra beaucoup plus tôt, et je laisse au peuple tous les Miochel Drucker, Patrick Sébastien et Jean-Marie Bigard, plus mon cul et six kilos de moules, pour qu'ils se goinfrent bien de conneries à s'en faire péter la ceinture, et pendant ce temps-là, nous autres, loin de la populace, nous pourrons nous livrer aux délices de la culture et de la littérature. Et quand la grosse masse se remuera un peu trop, on lui enverra des flics et du pognon. Encore faudra-t-il que les journalistes ferment leurs gueules, ainsi que les oppositions : par exemple, les militants de gauche qui exigent pour les Roms des emplois (mais pas dans leurs entreprises), des logements (mais pas en face) et une scolarité (mais pas dans leurs écoles).

     

    Le fascisme, au moins, c'est franc. Il le fait d'abord, l'Etat, pour assurer la promotion sociale et le renouvellement des élites sur la base des seules aptitudes intellectuelles et manuelles. Des bibliothèques se sont constituées sur de simples phrases de cet ordre. D'abord, la promotion sociale, certes, mais de ceux qui le désirent seulement. Les autres, que l'on n'aura pas fait redoubler depuis la sixième et qui encombreront (autre possibilité, hélas !) les classes de terminales de leur analphabétisme chahuteur, à dégager. Il est question ici en effet de “promotion sociale” et pas de “promotion friquière”. Le renouvellement des élites ? Bien, monsieur Thibault ! Un gros mot ! Encore faut-il voir plus haut que des journalistes aboyeurs n'aient pas écrasé l'Education nationale sous leur fatras de critiques négatives et de dénigrement systématiques desdites élites, sous prétexte qu'elles ont commis des erreurs et se vautrent tant soit peu dans une certaine conscience de leur valeur - dans leur prétention, soit... Tous les ans, à la rentrée, c'était le même tintouin en pages de couverture des magazines : l'école ne sert à rien, des tas d'élèves quittent le système scolaire sans avoir de diplôme (traduction : sans en avoir foutu une rame), l'école répercute les oppressions sociales, j'en passe et de plus calomnieuses ; et à présent, ces semeurs de vent se scandalisent de récolter la tempête, et titrent sur “la violence à l'école” ! Et que je me voile la face, et que je hulule en me tordant les bras ! Mais braves ploucs, si vous n'aviez pas passé quarante ans à tirer sur les profs à pleines bordées vos haines et votre bave, nous n'en serions pas là et chacun respecterait le savoir. Mais revenons à ces bonnes intentions européennes : il le fait aussi (l'Etat) afin de four nir à l'économie les cadres scientifiques et techniques de plus en plus qualifiés et de plus nombreux que requiert cette dernière à tous les échelons de la hiérarchie professionnelle. Ah çà, on ne l'a surtout pas oublié.

     

    Il n'y en a même plus que pour ceux-là. Les élèves abandonnent en masse les études littéraires pour se ruer sur les fausses sciences économiques, autant dire l'astrologie. L'économie vous dis-je, le poumon, le poumon ! Ensuite, ces braves économistes, scientifiques et techniciens nous vont prônant, le ricanement à la bouche, l'abolition de toute formation culturelle, en particulier musicale et artistique, parce que “ça ne sert à hhhhien” ! Et l'on voit tenez-vous bien le doyen de telle faculté décréter que dans toute son académie, on supprimera le latin et le grec parce que personne ne veut plus s'y diriger, et que les professeurs coûtent trop cher ! J'espère que les diplômes nouveaux mélangeant le grec et l'économie vont bien marcher...

     

     

    La vache bleue.JPG

    Il n'y a pas que des cons à côté de moi, ce qui m'a toujours surpris (humour évidemment, connard). Quelle idée, mais quelle idée franchement, d'avoir voulu “populariser” la culture... Autant apprendre aux poissons à naviguer dans l'espace... Cette intervention se manifeste d'abord par la prolongation de la scolarité jusqu'à quinze ans en Grande-Bretagne depuis 1947 (loi Butler de 1944), jusqu'à seize ans en France depuis 1965 (réforme de 1959). Précisions devenues poussières. Evidemment (revenons, “rebondissons” comme on dit sottement, sur l'anathème prématurément proféré contre les “techniciens” de tout acabit, injustement accusés de crétinerie épaisse) : abandonner toute formation concrète ou administrative plongerait le pays dans une forte récession comparable à celle des Byzantins, qui avaient abandonné leur commerce et leur défense aux mercenaires vénitiens ou pisans, se réservant les discussions théologiques ; ils s'étaient mis des voiles sur les yeux, et se sont réveillés bien égorgés par les Barbares...

     

    Alors, vive la science quand même.

     

  • Je vais être méchant ouh là là

     

    3 juillet 2046

     

    Enfin j'ose être haineux. Enfin j'ose déverser tout ce que j'ai sur la patate. J'ai rompu le dernier cordon ombilical, je veux dire celui qui m'unissait au PDG, celui qui ne permettait rien mais qui se permettait tout. Et qui aurait bien voulu me réduire au silence. "Je n'ai plus le temps de te lire." Impossible de lui faire dire ce que c'est que les activités très exactes de PDG.

     

    Monsieur fait le mystérieux. A présent je sais que mon créneau c'est la Méchanceté. Et sans le faire exprès. Le jour où je vais me déchaîner sur les femmes, ça fera rouvrir des camps de concentration, qu'on appellera des "camps de prostitution". J'en arrive à ne plus trop blâmer l'islam. En fait non. Mais quand on voit à quel désastre on en est parvenu à présent que les femmes peuvent choisir leurs partenaires !

     

    Tout est toujours pour les mêmes mecs, et les autres ils peuvent se la brosser. "Tu ne sais pas t'y prendre" : depuis que j'ai quatorze ans j'entends ça. Alors les autres, eux, ils savent tous s'y prendre ? Il leur suffit d'ouvrir leur braguette pour que les femmes tombent comme des mouches ? Les mouches, peut-être, les femmes, non. Ce n'est sûrmeent pas de la bite de bois, mais de la langue de bois, oui.

     

    Alors comme ça, tas de cons, je suis le seul mec de France, de Navarre et de Gibraltar à ne pas savoir m'y prendre? Il y a quelque chose qui cloche, là. Il ne faudrait pas tout de même me prendre pour tout à fait con en mathématiques... Sur des millions et des millions de mecs, je suis le seul...? Allez tous vous masturber. De toute façon quand je vous vois "vous y prendre", je ne suis pas fier de vous.

     

    Et le pire, c'est que ça marche. Il y a effectivement des gonzesses qui couchent avec ces débiteurs de fadaises, que dis-je, ces remueurs de couilles... C'est là un des nombreux exemples de ce que je vais désormais écrire. J'ai un soutien sûr en Ginette Ledahu qui me dit carrément quand c'est mauvais ou quand c'est bon, qui fait photocopier mon "Singe Vert" quand c'est bon.

    Nef nilotique.JPG

     

     

    Et qui me laisse, elle, libre accès à la Toile (le Web, en français).

     

    Hier, à une heure du matin, je ne m'en souviens plus. Je sais qu'on annonçait une température de 35°, et qu'en me levant j'ai aéré toute la maison. Je sais aussi que ma Dulcinée n'a pas mis le nez hors e son lit avant 9 h 1/4. Elle est sous "Prozac" depuis je ne sais quand, c'est depuis janvier que ça ne va pas, les nerfs lâchent devant le vide de la vie et le manque de reconnaissance.

     

    Le matin, ("Chers Parents" !) - j'ai travaillé. Je suis allé poster mon manuscrit à Laurent Terzieff, ce qui ferait hurler de rage un PDG, qui prétend qu'un "trou du cul" comme moi ne peut accéder aux hautes sphères. "Qu'est-ce que tu représentes, toi, hein ? pfff ! Moâ je représente les yaourts Zigouigoui, des Efforts, du Hârgent que j'ai investi." Moi je suis CDWF et je t'emmerde.

     

    Toujours est-il que Terzieff m'a adressé un mot à la plume de sa main ("la plume de sa main", pas si inexact pourtant). Il n'avait pas reçu voici trois ans un manuscrit que j'avais adressé au Théâtre La Bruyère si j'ai bonne mémoire. Il me demande de réitérer mon envoi et se confond en excuses - lui, Terzieff. Tu vois, PDG, les Grands savent rester humbles. J'avais écrit à son adresse. Anne l'avait suivi, et m'avait dit d'écrire là, mais j'étais encore dans ma période masochiste.

     

    A présent, je mords, et Terzieff va recevoir mon paquet de pièces de théâtre. Je fais des projets comme "Perrette et le pot au lait". Je me vois déjà en train de "faire une italienne" avec Laurent, ou de tourner avec lui. Il me dira ce qu'il pense de mes productions, car lui a le temps de me lire. Lazare dans le temps avait il est vrai obtenu des pages d'appréciation d'Yvonne de Bavoir, qu'il m'avait montrées.

     

    Et tel auteur "autoédité" avait bien obtenu l'approbation de Giscard d'Estaing pour je ne sais plus quel ouvrage sur un sujet militaire je crois... Au retour de la poste, j'ai assisté au départ d'Annie pour la piscine. Puis j'ai mangé, de deux tranches de poisson congelé. Puis, à 2 h 15, je suis parti pour Andernos. La dirlo et nous autres profs de français et de philo, nous devions nous mettre d'accord pour les classes à attribuer à chacun de nous.

     

    Ce sont des histoires à la Lauzier. Dada veut les premières L, tous les ans. Mais c'est mon tour. Et j'ai bien fait savoir que je ne les lâcherais pas, m'abritant derrière le chef : "Bête et discipliné". prendre ? Il leur suffit d'ouvrir leur braguette pour que les femmes tombent comme des mouches ? xxx60 05 26 xxx

     

     

     

  • Démolition sans preuves

     

     

     

    Il n'y a pas à déféquer : sur ces antennes, on aime Malicorne et Manset, on vous les ressort chaque semaine, et Marie-André itou. Mais on n'aime pas, mais alors pas du tout, Jacques Roubaud, et on vous le fera savoir dans notre "apparat critique". En revanche, que vous aimiez ou non notre feuilleton, il faudra bien que vous l'écoutiez, fût-ce d'une oreille distraite... A présent, retroussons nos manches, astiquons nos massues : nous avons un vieil étrillage à concocter, ce qui manque de charité, mais point d'excrément. Jacques Roubaud a commis un troisième volume des aventures d'Hortense, "L'exil d'Hortense", roman, chez Seghers. Vous me direz que de n'avoir pas lu les deux premers ne m'a pas permis de me faire un jugement.

     

    Et moi je dis a contrario : heureusement que je m'en suis dispensé. Ce troisième sera mon dernier. Hortense est une femme, bien que son prénom provienne de saint Hortensius, évêque. Sa vie à elle se passe beaucoup moins chastement. Son excuse est qu'elle aime... Nous supposons que le modèle en fut Caroline Chérie. Soit. Mais Caroline fait rêver. Hortense fait chier. Hortense est trop visiblement la créature de Roubaud, vieux et chauve amateur de chats, que je hais. Roubaud par-ci, Roubaud par-là, prend un malin plaisir à intervenir en tous lieux en tous temps, déflaubertisant le roman, faisant exprès qu'on n'y croie pas. Il multiplie les parenthèses, se commente, glose son commentaire, et se livre à la critique exégétique de sa glose (n'ayez pas peur, ça ne mord pas), ce qui pourrait être facétieux, et tenir lieu de contrainte oulipienne certes ("parler sans cesse de soi sans contrainte"), si tout n'était si lourd et si plat comme l'épée de Charlemagne.

     

    Le préjugé consiste à estimer qu'un défaut s'abolit s'il est dénoncé, puis si l'on dénonce sa dénonciation : vous me suivez toujours ? Eh bien pas du tout : si je vous dis que je suis con, ce n'est nullement une preuve que je ne le suis pas. Si je répète "C'est agaçant, hein ?", même si vous riez (deux fois, mais pas trente, monsieur Roubaud), ce ne sera pas moins agaçant. Si vous répétez 500 fois "Je connais la manière d'emmerder les gens", vous les emmerderez par le fait même de la répétition. Nous savons bien où le Sieur Roubaud a puisé son illustre domaine : dans la lettre Q, comme Queneau, lequel utilise sans cesse de telles astuces. Même si je n'apprécie pas toujours le grand Raymond, lui est toutefois reconnu sans ambages une extraordinaire finesse, un humour de sourire derrière la moustache, bref, une culture. LA PRINCESSE MAUVE www.anne-jalevski.com

     

    La princesse mauve.JPG

    Mais Roubaud en fait une tonne au gramme. Seuls des exemples tirés des pages multiples de 47 pourront vous convaincre.

     

    / Lecture de la p. 94 /

     

     

     

    ...or il se trouve que précisément ce passage, comme tout passage, fournit matière à abondance de commentaires. Voilà de la littérature professorale (de maths, soyons précis), destinée donc KOKO mentaires. Il en est des passages de Roubaud comme des femmes : infectes en général, elles sont toutes intéressantes à l'unité. Nous reconnaissons bien sûr un dialogue platonicien, une allusion à la pluralité des mondes si bien illustrée par H.G.Wells, un ton postvoltairien, voir un soupçon de Rabelais, par les ânes volants. Fort bien : monsieur le Prof, quelle culture ! Ce serait encore mieux (coup de pied de l'âne justement) si les personnages avaient quelque épaisseur.

     

    Monsieur Roubaud ne veut pas qu'ils en aient, afin de parfaire un antiroman par contre-pied : au point que les amoureux d'Hortense, le bon et le méchant, sont le même en deux personnes. Ah mais ! ...mais on s'ennuie. Rien de plus balourd qu'un homme d'esprit qui veut être homme d'esprit. Voici un exemple particulièrement pesant d'humour étudiant ;

     

     

     

    / Lecture de la p. 141 /

     

     

     

    C'est très intéressant à relire. Mais Queneau en mettrait dix lignes. Roubaud, quatre pages. Lourdes comme un pied de la tour Eiffel. Peu importe qu'on ne connaisse pas la suite de l'histoire. Nous connaissons ces procédés de lourdeur feinte et de repoussement de l'intrigue. Mais en croyant faire lourd, Roubaud fait lourd. Il écrit, mais ce n'est pas un compliment, comme on écrit à dix-huit ans. Ça ne me fait plus rire. Plus même la présence de l'auteur.

     

     

     

    / Lecture de la p. 188 /

     

     

     

    Ces paragraphes paraissant pour la huitième fois, le lecteur avait parfaitement deviné qu'il s'agissait de l'auteur, en personnage du livre, intervenant avec son commentaire dans la destinée des héros, dont il prétend en cours de route ne rien savoir puisque le roman n'est pas fini, voyez l'astuce. L'ennui est que l'auteur ne se révèle qu'à la huitième fois, alors qu'il aurait encore pu surprendre à la quatrième. Deuxième degré dira-t-on, non: lourdeur encore. Nous avons omis tout ce qu'un "prière d'insérer" n'eût pas manqué de mentionner, comme la "richesse d'imagination" qui fait déboucher les héros en pleine intrigue de Shakespeare, ou la "culture", ou la "jonglerie" ; tout cela, Roubaud eût pu le faire.

     

    Mais il se trouve qu'il gâcha tant de belles possibilités que nous n'avons pas énumérées ou à peine effleurées. Notre compte rendu ne rend pas compte – ha ha ! et si je vous le refaisais, le coup, à chaque coup, re-ha-ha ! - des astuces de composition, de langage ou autres, pour l'excellente raison qu'il ne veut pas vous allécher, lecteurs, car toutes ces promesses ne vous sont pas tenues. "Qui ne sut se borner...", etc., et nous nous bornerons donc là, tout simplement parce que L'exil d'Hortense nous a paru si long à lire. Profitez bien du reste de l'émission, et si vous n'avez pas chez vous deux payes d'agrégés, dispensez-vous d'acheter pour 98F foutus en l'air L'exil d'Hortense, de Jacques Roubaud.