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der grüne Affe - Page 155

  • Grand bébé

    27 mars 2046
        Je reviens d'une rude épreuve ; avoir accompagné Anne à son examen d'entrée aux "Indépendants". Elle crevait de nervosité. Je me demande ce que ce sera quand je devrai paraître sur une scène de théâtre, car c'st décidé : il n'y a plus à reculer, à tergiverser - j'interprèterai le rôle du "Banquier anarchiste" de Pessoa le 25 mai 1999 très précisément. Mon metteur en scène s'appelle Stéphane  qui ne me séduit pas du tout physiquement, mais "là n'est pas la question".
        Nous essayons d'entrer en relation d'amitié, mais cela prend difficilement, en raison d'une différence de tempérament, d'âge peut-être quoiqu'il emploie volontiers des acteurs amateursplus vieux. La réalité est que je suis totalement blasé quant aux rapports humains, tout est tellement attendu... Pardons : il m'a révélé une chose, c'est qu'il était fanatique de "Sève" (?), un comique de bas étage qui raconte l'histoire de la femme qui fait le grand écart et qui ne peut plus se relever parce que "ça fait ventouse".
        J'hésite : que dois-je faire ? me conformer au "politiquement correct", ou jouer aux originaux avec Stéphane? je suis effrayé parfois par l'impertinence des questions que je me pose : ainsi j'ai donc besoin de savoir ce qui convient, dans le sens du conformisme comme dans celui de l'anticonformisme, pour me décider en faveur de telle ou telle opinion ?
        Déjà je m'étais rendu compte de cela à propos de la fameuse grève des lycéens : que va-t-on penser de moi ?  Tel est mon critère. Réponse : va de l'avant, accepte ta tare, demeure indécis, pense à la fois tout le bien et tout le mal possible de cet individu, révise ton opinion sur Stéphane dont tu es loin d'avoir fait le tour, et si tu veux publier ces pages, transcris-les à la troisième personne.
        Je viens de taper à la machine un poème "imité de La Fontaine" - quelle prétention ! à offrir à Lippa, qui paraît-il aime les vers libertins. Ce sont les Terminales qui me l'ont dit. Un exemple : ce que j'écris ici même, que je me figure très décousu, ne l'est pas en fait, parce que je ne traite finalement qu'un sujet - celui de la reconnaissance. Une peintre, un écrivain, un comique de scène, un comédien amateur - toujours moi - et son metteur en scène, lui-même auteur à ses heures, cherchent à être reconnus.
        Toujours penser à Bruckner, qui perdit tant de temps à raboter ses symphonies, et sur les intégrales duquel on se rue à présent. Bref ! je suis bien content d'avoir échappé à cette journée, car Annie semble satisfaite, quoique empreinte d'une grande méfiance, et sur le point de s'aigrir. J'ai malheureusement déteint sur elle à ce sujet. Il faudra aussi que je mijote une petite intervention téléphonique en direction de Bradaguin, avec tout bien rédigé sur une feuille que j'aurai sous les yeux.
        Ces petits aide-mémoire ne servent guère, car je compte en effet sans la capacité de rebondissement de l'interlocuteur, mais ils me permettent peut-être d'éviter le pire, qui est le balbutiement, même devant celui qui fut mon meilleur ami avant de devenir celui qui freine des quatre fers pour que je ne connaisse surtout personne qui puisse me promouvoir. J'ai vu chez M.Tu vas te redresser, salope.JPG un vaste tome à tout jamais indigeste de je ne sais quel poète mort assassiné à 47 ans dans sa cave.
        Et qui était-ce ? merci, Polac, d'avoir pensé à tous ces milliards d'êtres humains disparus sans laisser de traces, alors que moi aussi j'eusse pu filmer n'importe quoi d'un air mélancolique et me prétendre dépositaire de je ne sais quelle mélancolie si humaine ; Polac disait que dans un sens il avait triché, car il aurait pu aussi bien nous montrer des réunions joyeuses et constructives entre amis.
        Je n'ai connu personne par le biais de la télé, moi, je n'ai pas animé "Droit de réponse", et cela, disons-le honnêtement, parce que je n'aurais jamais eu le sang-froid pour résisterà ce climat de pagaïe toujours plus ou moins agressive. Oui, il y a des êtres supérieurs, disons supérieurement maîtres de leurs nerfs, alors que trop souvent j'ai cru affirmer ma personnalité de "grand nerveux" en me mettant à accentuer une crise et à pousser des mugissements.
        Ce sont bien mes parents, n'est-ce pas, une fois de plus, qui m'ont fait croire que si je m'énervais trop, "je deviendrais fou" ? Donc je suis passé pour un fou à mes propres yeux, il ne fallait pas se masturber non plus, mais cela, c'est déjà plus banal. Cela me rappelle Hölderlin, ce malade, qui ne résistait pas aux fatigues du métier de précepteur, parce que sa principale mission croyait-il était d'empêcher son jeune élève de se masturber !
        Il allait même jusqu'à dormir dans un lit à côté de celui de son pauvre élève, afin de se réveiller, voire de le réveiller régulièrement afin qu'il ne se touchât pas l'Organe ! Pauvre gosse ! rendez-vous compte, à treize ans ! rendez-vous compte, à 17 ans ! rendez-vous compte, à 54 ans ! ...je le dirai à mes élèves, tiens, ça les fera rire. Et je ne change toujours pas de sujet ! il s'agit toujours de se faire reconnaître, ou de se reconnaître.
        Le journal d'Amiel me tenterait bien aussi, ma parole. Et celui des Goncourt. Pour ce dernier d'ailleurs, j'ai le feu vert demon financier, Annie, qui m'y a enfin autorisé depuis 1987 - douze ans !  Si nous devions attendre en effet d'être en fonds pour faire des frais (360 F) nous pourrions encore attendre douze autres années. Ne s'est-elle pas payé pour son Noël une histoire de la sculpture à plus de 700 balles ?
        En fait, nous jouons une comédie.

     

  • Les amants de Patagonie

     

     

    La gonzesse aux citrons.JPG

    Isabelle Autissier n'est pas seulement célèbre pour s'être retournée sous son bateau en pleine mer, ni pour avoir été la première femme à boucler un tour du monde à la voile en solitaire, mais pour avoir écrit, puisqu'il est ici question de littérature, L'Amant de Patagonie, détenteur d'un prix, ce qui n'est pas d'ailleurs la première fois. Evoquer la Patagonie, c'est aussitôt rappeler Qui se souvient des hommes de Jean Raspail, où l'on déplore la disparition des peuples indiens de ces lointaines et frigorifiantes contrées. Lanzmann écrivit pour sa par Le lièvre de Patagonie, qui parle aussi de bien d'autres choses, mais nos trois auteurs s'accordent avec bien d'autres sur la véritable fascination, sur l'inguérissable envoûtement dont souffrent ou bénéficient tous ceux qui sont venus, à la voile ou autrement, dans ce pays balayé par le vent, autour d'Ushuaïa, dont Isabelle Autissier déplore d'ailleurs l'orthographe stupidement anglo-saxonne, et qu'elle transcrit à la française, O-u-c-h-o-u-a-y-a.

     

    L'avantage de relire les dernières, puis les premières pages d'un livre, comme une Torah, est de rapprocher l'incipit de l'explicit, et d'expliquer, réciproquement, la fin et le début l'un par l'autre : Isabelle Autissier imagine une fille d'Ecosse, orpheline de mère, élevée à la dure mais dans l'amour paternel par un jeune veuf avec son petit garçon : elle court les landes, garde et voit tondre les moutons, cavalcade dans le vent, et se fait persuader par un pasteur, lorsqu'elle est devenue jeune fille, de s'embarquer à la fin du XIXe siècle en tant que gouvernante auprès de colons épris d'aventures lucratives. Au début, ces Européens, dont on ne voyait pas la peau, dont les hommes avaient le visage mangé de longs poils de barbes, et qui s'estimaient infiniment supérieurs, ne voient que des sauvages qu'il s'agit d'abord de vêtir, mon Dieu quelle horreur d'aller ainsi cul nu, de contaminer par les germes de ces vêtements bourrés de petits microbes ravageurs, puis d'évangéliser, afin de vite vite les rendre coupables d'exister, voire de baiser en plein air ce qui est vomitif ma chère.

     

    Pas question de se mêler à ces sauvages, qui n'ont jamais froid, qui puent sous leur épaisse couche de graisse de phoque, et dont l'intelligence se réduit à l'instinct de naviguer parmi les passes, les chenaux, les tempêtes de ce coin rébarbatif : on pourra toujours les faire trimer dans l'exploitation agricole, enfin, les moins bêtes, ce qui ne sera pas facile, car ces gens-là ne sont jamais pressés ; ignorant jusqu'à la notion de bénéfice et de rendement. Quant elle arrive là, Emily, dite Emmie, partage les préjugés de cette famille de pasteurs éleveurs. Elle frémit de voir des museaux si sales et si repoussants, si laids, et se garderait bien de s'éloigner des bâtiments de planches autour desquels hurlent les coups de vent, de peur de se faire violer, car tous ne connaissent pas les Evangiles, dont la lecture empêche absolument les viols, comme nous le constatons tous les jours sous nos latitudes. Mais ne vous en faites pas, avec le Coran, ça ira mieux. Bref ! L'héroïne sympathise peu à peu avec les Indiens, se fait courtiser par le fils de cet autre pasteur antarctique, et surtout, s'apprivoise avec ce pays, dont le livre d'Isabelle Autissier fait le premier personnage. Dès qu'elle l'évoque en effet, le lecteur est littéralement envoûté. Qu'elle s'éprenne peu à peu de cet Indien et le suive par amour malgré la désapprobation de son entourage, qu'elle en conçoive un enfant, Lukka, c'est peu de chose, pour nous, à côté des descriptions lyriques, même mystiques, de ces montagnes d'où descendent sans cesse d'imprévisibles rafales, de ces arbres tordus et vaillamment redressés contre l'acharnement météorologique.

     

    L'héroïne en vient à s'éloigner du temple, à se dénuder, à s'enduire de graisse protectrice, à nager dans l'eau glacée, à pêcher au harpon ou à la main, mais le père de son enfant se fait massacrer dans une embuscade tendue par des Européens, qui ont eu peur, et se sont montrés agressifs. L'histoire nous raconte comment elle s'est repliée dans sa communauté d'origine, comment elle a respecté le plus possible la nature et la façon de vivre indigène de son fils, comment elle a désespérément tenté de raccommoder ce qui ne pouvait jamais l'être, car son cas demeurait exceptionnel : les autres Européens ne pensaient pas plus loin que le cul de leurs moutons et leur cubage de bois de charpente à expédier dans l'autre hémisphère pour construire d'autres navires de conquêtes.

     

    C'est pourquoi le fils métis rompt avec sa mère, qui n'a fait qu'une année de tourisme indigène, comme il le lui lance à la face, alors que lui, Lukka, se sent purement indien, dépossédé, prêt à la lutte armée contre les colons envahisseurs, et condamné à mort par les autorités argentines qui se sont mêlé d'annexer le pays de ses pères. Il s'évadera pour l'Afrique du Sud, où se déroule aussi l'un des épisodes les moins glorieux de la colonisation. Mais Emily, pour sa part, mûrie, vieillie, épuisée par une vie de combats contre les préjugés raciaux, et les épreuves personnelles, décide de rester en Terre de Feu : le pays l'a ensorcelée, lui a révélé des vastitudes internes et panthéistes d'où nul ne pourra plus la faire chuter sur le sol des Blancs, pourris de combats cupides et de violences entraînant la violence en retour de certains colonisés.

     

  • Retour sur Pessah

     

     

     

     

    PESSAH

     

    le passage” (par-dessus)(anglais : passover”) (français : la Pâque juive)

     

    -zmann hérouténou, “le temps de notre libération”.

     

    • hag ha matzot “fête des azymes”

     

     

     

    GENERALITES

    Chambre d'hôtel marseillaise.JPG


     

    Les fêtes de la Pessah sont également célébrées durant huit jours, à partir du 15 du mois de nissan. C'était également une fête “de pèlerinage” (à Jérusalem). Il s'agissait de fêter le printemps, au moment de récolter l'orge.

     

    Historiquement (même si l'Histoire demeure à ce sujet dubitative) et religieusement, Pessah commémore la sortie, pour le peuple hébreu, de son esclavage d'Egypte.

     

     

     

    DATES

     

    Le calcul de la date de Pessah reste primordial, car c'est d'après elle que l'on fixe la célébration de plusieurs fêtes.

     

    2011 : du 16 au 21 avril

     

    2012 : du 7 au 13 avril.

     

    En “galout” (terre d'exil), on célèbre cette fête avec une particulière intensité les deux premiers jours.

     

     

     

    LITURGIE

     

    A partir du second séder, on commence à compter sept semaines, à l'issue desquelles se célébrera la Pentecôte juive ou “Chavouoth”. On se rend quotidiennement à la synagogue, pour remercier Dieu de la libération accordée au peuple juif. L'assistance récite le hallel (“la louange”) : les Psaumes 113 à 118, le 114 évoquant en termes explicites la sortie d'Egypte, il y a environ 3500 ans. De plus en plus d'historiens remettent en cause l'existence réelle de cet épisode ; nous répondrons que depuis le temps qu'Israël célèbre Pessah, elle lui a en quelque sorte conféré une réalité interne, à tout le moins symbolique. Les dogmes de toutes les religions sont susceptibles d'interprétations variées. “Etre juif”, dit à peu près le philosophe Memmi, “c'est aussi partager en commun un certain imaginaire”, une certaine culture.

     

    Le Cantique des Cantiques fait également l'objet d'une lecture solennelle en raison de la célébration du printemps qui y figure. Dans les synagogues ashkénazes, le “yizkor, ou “office de commémoration », se lit en public le dernier jour de la fête.

     

    COUTUMES, FESTIVITES

     

    La Haggada (ensemble des textes rabbiniques, surtout palestiniens, fondés sur la Torah) rapporte les exégèses et les interprétations homilétiques des rabbins de l'Antiquité. C'est l'origine même de la vie littéraire juive. Elle relate cette miraculeuse délivrance ; c'est le manuscrit le plus abondamment recopié, reproduit à travers les âges. Ce récit constitue en effet le fondement de la conscience juive. C'est une fête familiale, autour d'une table abondamment servie ; tous les convives tient à disposer d'un texte sacré bien à lui, afin de participer activement au rite.

     

    Afin que le repas du séder soit préparé de façon rituelle, chaque membre de la famille se livre à une minutieuse recherche à travers la maison ou l'appartement : il ne doit pas y subsister la moindre parcelle de levain, d'où un nettoyage complet (certains dissimulent les miettes dans dix sachets de papier – que les enfants doivent retrouver !) Ces débris peuvent être détruits, voire fictivement vendus à un non-juif... Il est parfaitement permis de consommer du riz, quoique les juifs marocains, traditionnellement, s'en abstiennent. Les ustensiles de cuisine en contact avec le haméts devront être “cachérisés” - par l'eau bouillante ou par le feu. Pour les resquilleurs : il ne suffit pas d'aller habiter pendant la fête à l'hôtel ou chez des non-croyants... Les obligations de Pessah ne sont levées que si l'on est absent de chez soi depuis au moins trente jours !

     

    La famille dispose au milieu de la table une coupe de vin, sur laquelle on récite la bénédiction du kiddouch ; elle est appelée “coupe d'Elie”, le prophète, précurseur du Messie, étant censé venir participer à cette purification de la maison. Personne ne verrouille la porte, pour accueillir celui qui se présentera : “Celui qui a faim”, disait-on en Tunisie, “qu'il vienne”. Tout un scénario immuable pourra alors se dérouler, en quinze étapes ou “montées”, scandées par quinze psaumes. Comme il est particulièrement détaillé, mieux vaut se procurer un exemplaire du Choul'hane aroukh (“la table dressée”), qui résume l'ensemble des prescriptions, que l'on trouve dans toutes les librairies juives.

     

    Toute nourriture comportant du levain est appelée “hamets” (pain, gâteaux, pâtes alimentaires) ; en effet, le soir de l'Exode, aucune famille n'avait eu le temps de faire lever le pain que chacune se cuisait personnellement, mais emporta la préparation telle quelle, sans adjonction de levain. On ne doit donc pas en consommer durant les huit jours de Pessah.

     

    Noter que les fils aînés, ainsi que tous ceux qui veulent les rejoindre dans cette coutume, doivent jeûner en souvenir de la tristesse provoquée par la mort des premiers-nés d'Egypte, dernière des plaies du même nom, après laquelle Pharaon autorisa, bien malgré lui, les Hébreux à quitter leur terre d'exil.

     

  • Mon protecteur est un serial killer

     

    Je lui oppose le massacre de Longrupt, perpétré par PAZIOLS. Elle dit que c'est un de plus. Je dis : « Massacre de civils. Par un fou que je connais.  - Je ne tiens pas compte des massacres privés ; qui parle de cela ? » Je lui fais tenir le vieux journal que je conserve dans un tiroir. Il passe, inaperçu, dans ses mains au henné. Je suis le seul encore à me pencher sur le sort du meurtrier blond, à soupeser la terreur de son acte. Abinaya demande posément comment je l'ai connu. Je brode. Je ne suis pas si réservé qu'on croit. Quand elle est repartie, des tirs nourris écrasent les Quartiers de l'est, c'est à présent que je n'y suis plus, j'envie nos héros qui meurent glorieusement.

     

    Je me suis renfoncé au cœur des pièces intactes. Sur un sofa obscur je repasse ces jours si richement exposés, si brefs ; j'ai plus connu d'humanité qu'en neuf mois de lectures. J'entends encore étouffés par les pièces intermédiaires le tir déchirant des canons de montagne, je pense à la Zurichoise paralysée dans sa chambre d'hôtel. Il faut pourtant que je retourne parmi les hommes. Et je rêve aussi d'un pays rasé ; un vaste parking. Tous les matins la population serait conviée à l'exercice. Paziols me bat froid ; il fait irruption au Palais, il est véritablement devenu fou : il croit à l'action.

     

    Le voilà qui m'entraîne en ville. J'avais juré que non. Sur le ventre il tient son pistolet-mitrailleur constamment braqué. Je sais qu'il existe des guerriers qui baisent. Il veut tirer la couverture à lui. Il compte sur le meurtre, comme il est naturel (fondation d'une secte de haschischichin?) Il expose son projet avec sérieux. Il cite Spinoza. « Depuis le temps qu'ils m'appellent Paziols-le-Fou ! » J'ai connu cela : je vidais mon chargeur sur les chèvres. Cette nuit, des appels terribles m'ont réveillé : mon Père mort – me réclamait. C'était un rêve. Sur les quais les canons s'échangent de grosses merdes d'acier. Je retourne à l'abri. La vie devient sérieuse. Ne pas oublier que tout bilan se dérègle à le faire.

     

    Je reviens à ma peau ; voilà une bonne résolution. Je commande un plan neuf de la ville à ma domesticité : qu'ils me tracent exactement les délimitations de zones – j'en ferai photocopie pour Abinaya. Quant ils me le remettent, mes chaouchs ont tracé à l'ouest un grand « quartier des fous », tenu par Hamri « le Rouge », l'ancien Directeur de l'asile de Damas. Mais moi, j'ai Paziols. Plus au nord, l'hôtel de Touled et ses « moslims » loqueteux ; au sud-est, le quartier chic aux avenues blanches : Palais Présidentiel, Hôpital où mourut mon père. Il m'est apparu désormais, il me parle : je comprends mal qu'il soit resté alerte aussi longtemps qu'il ait vécu, tirant les cartes et composant d'inquiétants aphorismes ; depuis qu'il a disparu (je n'ai pas vu son corps) il vient de nuit, sous un bonnet à la Daumier, portant des couches anti-énurésiques.

     

    Façade et ombre.JPG

    Il me paraît plus sensé encore. Paziols, c'est vrai, me plaît davantage. Mais il est creux. Mystérieux aussi, comme l'action, comme le meurtre, le meurtre seule action possible. Tuer des membres de sa famille..., des gamins de village... - quel enfantillage ! Il y a mieux à faire : « Paziols! - Me voici ! “Que penses-tu des factions de Motché ? - Tous terroristes ; quand je les aurai tous dézingués je reviendrai chez moi. Tuer pour la guerre : pas de mérite ! Ça gâche le métier... Le meurtre est affaire de famille.” Comment m'y retrouver. Mourir pour la patrie est un si digne sort / Qu'on briguerait en foule une si bell e mort / Mille l'ont déjà fait, mille pourraient le faire / Mais contre un autre soi tourner son propre fer ... - je voudrais citer tous ces vers où j'apprends, ironie ! qu'il est plus noble de tuer les siens que ses ennemis - “amoureux de Paziols” ? Quel excès... Nous ne voulons rien compromettre, lui et moi – je l'entreprends sur la morale, pour la forme.

     

    - J'ai tiré au hasard, dit-il ; les uns de ma famille, les autres non. Il m'apporte de vieux journaux : “Qui parle encore de moi ? ...je sortirai en ton nom du Palais. Passe-moi la liste, pour les courses.” Il trouve encore à manger. Je fouille dans son filet, à la recherche d'une tête,d 'un genou. Cela nous fait éclater de rire. “Pour qui travailles-tu, Paziols ? - Pour Hamri. - Mais tu restes à l'est, avec moi ! - Je traverse tout ce que je veux.” Il me dit que la veille il a repéré un touriste : il se baladait les mains dans les poches et la gueule en l'air. Tout le monde le voyait. “Personne n'a visé. Trois Arabes l'ont cerné. Il répondait par des vannes, il ne sortait même pas ses mains de ses poches. A la fin il s'est pris un coup de crosse, alors il s'est dégagé, il a saisi un canon de revolver à main nue, le coup lui est parti dans la paume, il a chouré le pistolet, il a flingué tout le monde, il s'est barré par un trou de mur, il a rejoint des miliciens qui le couvraient en rafales, à tout hasard - “et c'est comme ça qu'il a choisi son camp” dit Paziols. Le lendemain j'apprends que cet homme s'est réfugié dans le nord du pays, près de Louqsoum – ici Paziols s'embrouille, jamais il ne m'avait autant parlé, bientôt c'est moi qui lui demanderai de ne plus se confier.

     

    A la télé de fausses grosses blondes damascènes agitent leurs seins sous des bonnets résille. Paziols et moi fumons devant l'écran comme un vieux couple, il ne quitte pas son PM.sur ses genoux Tous les matins il part à la guerre comme au boulot. Le soir, il pend son casque à la patère et me lance : “Qu'est-ce qu'il y a pour dîner ce soir, chérie ?“ Je le soupçonne de me tromper. “Mais non” dit le tueur. Le lendemain il m'apporte des fleurs dans une douille – et un gâteau – un gâteau! - puis il m'équipe : “Tu ne descendras pas la colline comme la première fois, les bras ouverts, les mains percées. Je vais te donner une arme définitive. Prends-en soin. “ Je me force à rire : tant de simplicité !

     

    Paziols cligne de l'œil : “Attends.” Il porte sur lui, dans une poche intérieure de treillis, toutes les photographies de ses victimes. “Quelques jours avant le drame”, dit l'article. Ce sont des

     

    enfants qui, ayant joué, pourrissent ; des vieux, qui n'avaient plus grand-chose à faire , des gros ; un instituteur, une mariée : “Ma sœur”, dit Paziols. Je lui demande s'il retournera là-bas, dans les Vosges ; il me répond qu'il n'a plus personne à tuer. Que les Druses sont descendus occuper le village, qu'ils tirent à vue – les Druses ? ...il déménage. “Il n'y a plus un insecte vivant.” Je redemande les photos, trop vite vues, je fouille les regards - désespérément creux - où je cherche en vain la peur.

     

    ILS SONT MECONNAISSABLES. Et je ne peux connaître les gens qu'à travers leur peur.

     

  • Pline le Jeune

     

    Pline le Jeune fait partie de ces auteurs que personne ne lit plus, sauf les Italiens, pour qui le latin reste obligatoire. Il écrivit des livres de lettres, parmi lesquelles, dans le 9e, à son ami Calestrius Tiro, celle qui vient en cinquième position, intitulée par les traducteurs "Le tact dans l'administration". Il s'agit de celle de toute une province, et non de ces amoncellements de paperasses obstruant toute forme de raisonnement. "Vous êtes dans la bonne voie", écrit-il, Egregie facis, (car je m'informe, ajoute l'auteur) et vous devez continuer à relever votre justice aux yeux des gens de votre province à force de tact." La distinction de Pline est évidente. Il n'en demeure pas moins qu'en latin, comme en hébreu contemporain, tout le monde se tutoyait, du haut en bas de la hiérarchie sociale.

     

    Le tact correspond en latin à humanitate ; ces mots impliquent le respect du justiciable. "Ce tact consiste principalement (praecipua pars est) à lier amitié avec tout ce qu'il y a d'honorable et à s'attirer l'affection des petits sans cesser en même temps d'être agréable aux grands." C'est une devise de grand seigneur. L'amitié s'entend de la reconnaissance mutuelle à l'intérieur d'une même caste ; il y a les gens distingués, puis les "petits", les minoribus, qui n'auront le droit que de manifester leur "affection". Car les gens du peuple sont bien humbles, ils aiment, avec reconnaissance, mais on ne saurait les tirer de leur place en leur accordant une considération excessive.

     

    L'organisation sociale est donc légitime, cependant, nous ne devons pas montrer d'attachement aux classes inférieures. Soyons bons avec les animaux. Et pour notre part, ne blâmons pas trop vite, et demandons-nous quelle classe sociale nous évitons le plus possible. "Beaucoup, au contraire, ajoute Pline, craignant de trop accorder au désir d'être apprécié des puissants, se font une réputation de maladresse, sinisteritatis, et même de méchanceté." Ils ne veulent pas passer pour des flatteurs. Ce n'est donc pas l'humanitas, le tact, la mesure, le bon goût, qui les inspirent, mais la crainte de leur propre servilité. Montesquieu parlerait d'honneur aristocratique. L'honneur consiste à se faire apprécier par les Grands, mais par son mérite, non par les flatteries.

     

    Bouddhas comme à la parade.JPGC'est là toute une mesure, un idéal de noblesse, non seulement de titre, mais d'esprit. Nous sommes sous le règne de Trajan, l'un des meilleurs empereurs de Rome. Et si bien des hommes affichent une balourdise proche de l'agressivité envers leurs supérieurs, c'est qu'ils ne se sentent ni capables de ressentir, ni tenus de singer, les nobles sentiments ni les belles manières de ces derniers. Ils oscillent entre le haut et le bas. Ils sont moyens, ce qui est le plus inconfortable de tout. Ils sontjaloux. Ils prennent leur médiocrité pour du respect de soi-même, et se tournent vers le bas peuple, vers les vulgaires. Ils soutiennent les mauvais instincts du peuple, ils s'acoquinent avec ceux qui vdoudraient bien, justement, s'élever, vers la partie des petites gens qui prennent conscience des inégalités sociales. Ils appuient leurs revendications, non pas pour les élever, mais pour détruire la couche sociale actuellement supérieure, et lorsqu'ils les auront renversés, à supposer qu'ils y parviennent, les médiocres joueront les chefs, diront : "C'est moi qui vous ai sortis de là, et vous devez à présent m'obéir".

     

    Sans aller aussi loin dans les sous-entendus, Pline se contente de rappeler certaines règles de comportement, l'extérieur noble et distingué se communiquant aux âmes par une sorte de douce capillarité. Ce n'est pourtant pas difficile : imitez les Grands, reconnaissez votre médiocrité, tâchez de ne pas la montrer. "Ce défaut, vous en êtes bien éloigné, je le sais. Mais je ne puis m'empêcher de vous donner des éloges qui ressemblent à des avertissements (...)" - qu'est-ce à dire ? Pline possède-t-il un ascendant sur son ami ? Une quelconque autorité administrative ? Ressent-il un certain effort de la part de Calestrius Tiro ? "...sur ce que vous avez su si bien garder la mesure (eum modum) pour maintenir les différences qui séparent les classes et les dignités..." Insinue-t-il que tel n'aurait pu ne pas être le cas ?

     

    Ou mieux, que la corde raide est étroite en cet exercice d'équilibre, et qu'il ne faut jamais se relâcher d'un instant dans l'exercice de cet art difficile ? Ne faudrait-il pas dépasser l'injonction de caste, le perpétuel rappel de son propre rang - condition sine qua non de son maintien, pour faire de ces compliments l'encouragement même d'un compagnon de cordée à un autre, sur l'itinéraire escarpé de l'élévation ? "quand tout cela est confondu, bouleversé, mêlé, rien n'est plus inégal que cette inégalité même". Toujours se souvenir du dictateur Marius, qui se tourna vers les petits parce qu'il avait été humilié par les grands. Ceux-ci ne doivent pas mépriser les petites gens, mais ne doivent pas non plus, par leur attitude rogue, décourager les moins nobles d'entre eux.

     

    L'aristocratie doit se montrer solidaire, que l'on soit au sommet de l'échelle ou sur un échelon intermédiaire. Ainsi, l'échelle reste stable, la pyramide harmonieuse, la cordée solide, si l'on veut multiplier les métaphores. C'est toujours, en définitive, l'apologue de Ménénius Agrippa, la parabole des membres et de l'estomac : l'estomac nourrit les membres, qui travaillent pour alimenter l'estomac. Et tout est en ordre. Le peuple admet très bien l'inégalité, pourvu qu'elle ne s'accompagne pas de mépris ni n'arrogance. Il semble que le concept d'égalité, aequalitate, consiste bien moins en ce nivellement que proclament (sans y croire) les démagogues, qu'en un sentiment de dignité, de reconnaissance mutuelle : chaque barreau de l'échelle compte, la base soutient la pyramide sans en être écrasée. Les guerres civiles de Rome avaient tant bouleversé l'ordre social que l'édifice avait croulé. La puissance des grands veille sur l'égalité, garantit la dignité de tous. Mais c'est chose bien utopique. 

     

     

     

  • Ce macchabée disait (longtemps après Dumas, mais bien avant le caviar...)

     

    Couché dans mon cercueil, reprenant peu à peu mes esprits, sentant les quatre planches, n'étouffant

     

    pas - comme j'aurais dû les entendre, ces battements de mon coeur, et comme il est étrange de ne

     

    rien entendre...

     

    Impossible. Tétra. Plus la tête. Par la fente la lueur d'un cierge - défaut de capitonnage - mes

     

    héritiers ne m'ont pas très bien encapitonné - un tic de ma bouche a fait glisser le linceul de mon

     

    visage - j'ai chaud, très chaud - soudain je me sens soulevé: le coup discret du Chef de Marche sur

     

    le bois près de l'oreille, les six hommes au pas lent, de vagues pleurs chuchotés troublés de temps à

     

    autre par un sanglot plus perçant - ils s'imaginent nous transporter doucement. Dignement. C'est

     

    faux.

     

    Ils nous heurtent aux portes. Ils jurent dans l'escalier en colimaçon par-dessus la boule de rampe -j'ai le mal de terre. Puis le corridor, le perron râpé (je reconnais chaque marche, passager cette fois

     

    de mon véhicule) - trottoir. Ma boîte enfournée dans une autre boîte, déposée sur la plate-forme. Pas

     

    de grand air, pas de cheval, pas de dais : à présent, les héritiers veulent poser le cul sur des coussins

     

    pour suivre leurs morts.

     

    Je sentais les relents de pétrole, j'entendais les hoquets du moteur qui s'étouffe en seconde. Puis un

     

    ronron fade mêlé à la chaleur distillée par les vitres du corbillard, étalant sur le cercueil une rosace

     

    diaprée. Enfin je suppose. Si j'avais réduit ma consommation de clopes, je me serais prolongé de

     

    trois mois ; je ne serais pas mort en plein mois d'août... Revivre ? je tords le nez. Le corbillard

     

    s'arrête devant Saint-Firmin. La porte arrière bascule, je suis tiré, hissé. A la résonance, j'ai reconnu

     

    l'église.

     

    Un piétinement de moutons derrière moi. Des chaises qui raclent, des nez qui reniflent. Mes nausées

     

    reprennent : un boiteux pour le tangage, et un pédé qui tortille - proportion d'homos dans la

     

    profession ? Un cierge se renverse. Petit affolement sous le plancher, puis - mouvement d'ascenseur

     

    - le catafalque - un requiem chanté ! Je n'en crois pas mes oreilles. Ils doivent être drôlement

     

    débarrassés... Allez donc "prodiguer des largesses"' à des héritiers. On va me laisser longtemps là-dedans?

     

    Je vais attraper un chaud et froid. Il ne faut pas éternuer. Collecte. Qui peut être venu ? Au bruit,

     

    une cinquantaine de personnes. C'est peu. C'est beaucoup. Bon Dieu ce que cet enfant de choeur

     

    chante faux. C'est le petit Haffreddi. Sale Juif. J'espère bien que ma femme, ma fille et les trois

     

    frères Fiouse auront de la peine un jour - allez au trou le Bernard ! et bloum, bloum, les mottes de

     

    terre... "Il est mieux où il est" - pourquoi pas. Un Dies Irae à présent ! C'est qu'ils réussiraient à

     

    m'effrayer, ces cons. Surtout que la voix de l'enfant de chœur filerait la colique à un squelette. Mon

     

    prof de biolo disait : "On porte son squelette à l'intérieur de soi. ..."Mes os sont liquéfiés par ta

     

    -colère ô Seigneur... - Psaume CIII et des poussières... "Devant ce cher cercueil..." Je crois bien.

     

    Plus cher que ce qu'il y a dedans - eh! Père Monnard, tu dois t'en foutre éperdument : une âme en

     

    plus pour le serial killer, là-haut ! "Douloureuses circonstances..." "Coup imprévu..." - j'ai dit : «

     

    Faites-le entrer, si ça ne me fait pas de bien, ça ne me fera toujours pas de mal !" Alors ils m'ont

     

    foutu l'Extrême Onction.

     

    Ah curé, curé, qu'est-ce qu'on aura rigolé ensemble, avec tes putains de bondieuseries Mais

     

    aujourd'hui je n'ai plus le cœur à rire, un Kyrie, un Pater, c'est le Paradis garanti sur facture, que je

     

    sois damné si j'y coupe ! Mais alors pourquoi suis-je toujours allongé là-dedans, 2m x 0,60 - même

     

    que malgré le rembourrage ça commence à devenir dur ... Au lieu de répondre il m'encense la

     

    charogne - pense-t-il "Fichu métier", ou pense-t-il vraiment "Au pouvoir de l'Enfer arrachez son

     

    âme, Seigneur"? Trajet jusqu'au cimetière. Ils enlèvent la femme de sur ma caisse. Elle m'étouffait.

     

    Puis on m'enterre. Je regrette les funérailles d'antan, les vraies grandes bouffes grecques, le chant

     

    XXIV de l' Iliade, on donnait des jeux, on savait rigoler à l'époque.

     

    Puis plus rien. Les petits éboulis de terre qui se tasse. Des chuintements. Le calme plat. Je suis

     

    vraiment coupé du monde. Je suis mort, à présent, véritablement mort. Enfant, ma mère

     

    m'emmenait choisir le tissu d'un nouveau costume ; à peine sorties des lèvres, les voix s'étouffaient

     

    dans les rames d'étoffe - des voix voilées - à présent c'est la terre qui pèse sur mes lèvres, le tissu de

     

    la terre sur le couvercle, il le défoncerait, m'envahirait comme une trombe, emplirait ma bouche et

     

    mes yeux. Un jour le marbrier me chargera de ses quintaux de pierre...

     

    Combien de quintaux pour un tombeau ? Un tombal, des tombeaux. Je voudrais crier. Fuir. Quelle

     

    folie ! Que peut-il m'arriver de plus, à moi mort ? Quelque chose me dit que des risques subsistent...

     

    Je frissonne. La terre, la terre... Oh ! comme je regrette d' être mort! Et je pensai : « Peut-être que je

     

    suis vivant. Qu'on m'a enterré vivant. Pourtant mes muscles ne répondent plus. Peut-être vais-je

     

    mourir vraiment. Je perds connaissance. Un bruit de voix qui me réveille. La voix vient d'en haut.

     

    Ma tatie, au Paradis ? Dialogue animé : "Personne n'en saura rien ! - Il n'en est pas question

     

    Madame. - Il est bien là, j'en suis certaine ! voyons, quelques coups de bêche... - Le règlement... - Je

     

    ne vais tout de même pas perdre un chapeau de ce prix-là! - Je ne peux pas rouvrir une fosse... - Et

     

    qu'est-ce que je vais mettre pour la communion de sa fille ? »Je devine le geste impuissant du

     

    fossoyeur. ...Vais-je passer l'éternité sous le chapeau de ma tante ? Long silence. Puis un grattement

     

    sur le bois. J'essaie de me tourner - " il est sous la terre une taupe géante qui fore les cercueils..." -un chuchotement indicible : « Eh... a... an... ou...? » Je m'entends dire :

     

    - Qui êtes-vous ? - Etes-vous bien ? Vous - sen - tez - vous - bien?" Une voix sépulcrale, encombrée

     

    de parasites - la mienne, un bourdonnement : "Le satin m'étouffe. » - Remuez légèrement. Vous êtes

     

    nouveau. Un mort de fraîche date - vous ne tarderez pas à vous habituer. C'est le mort d'à côté qui

     

    vous parle. Je vous ai entendu enterrer. Vous verrez, c'est sympa ici, on sait s'organiser - il y a des

     

    cimetières où on s'emmerde, mais pas ici. Il y a de l'animation.LA LONGUE SILHOUETTE BLEME www.anne-jalevski.com


    La longue silhouette blême.JPG