La rue des Chats
Carte postale hideuse séparée en deux parties, représentant dans un sens, puis dans l'autre, une rue bien connue des touristes : la Rue des Chats, que j'ai prise en photo moi-même. La carte est coupée d'un montant vertical couleur bois où s'incruste en lettres rouges le nom de la ville : Troyes. La carte elle-même présente sur ses quatre côtés un liseré noir de quelques millimètres de largeur. En bas, de part et d'autre de l'ouverture, quatre silhouettes félines semblent contempler leur territoire, deux par deux. A gauche, les chats sont de profil, le premier baissant la tête en profil perdu, l'autre exactement détouré, hiératique et familier.
Les deux queues vont au devant l'une de l'autre, sur le sol. A droite, le premier chat ramène sa queue contre son arrière-train et l'on n'en voit que la pointe. Le dernier chat s'est ramassé, calmement, et l'on distingue bien ses deux oreilles dressées, ainsi que celles de son vis-à-vis ; les autres n'en montrent qu'une. Mais il reste peu de chats dans cette rue assez passante. La légende au verso précise qu'elle était close, comme beaucoup de rues au Moyen Âge, d'une grille à chaque bout. L'époque n'était pas favorables aux déambulateurs nocturnes ! Les encorbellements de la première vue, à gauche, éliminent la trace du ciel, et les chats de jadis n'avaient sans doute aucun mal à passer d'un immeuble à l'autre d'un léger bond sur les toits.
Ce qui frappe c'est l'échelle de bois, horizontale, qui semble servir d'étai entre deux murs , assez mal entretenus : ils se rejoignent sans doute en une étroite ogive, que la perspective ne permet pas d'apercevoir. Plus loin, la lumière montre un angle de mur gris clair, indiquant une bifurcation, un changement de nom. Au niveau du sol, nous apercevons un pavage de part et d'autre d'une rigole centrale, soigneusement conservés et restaurés depuis le Moyen Âge. Les bornes accolées aux murs, nous disent obligeamment les notes du verso, empêchaient que les essieux des roues n'endommageassent les parois. A droite, les étais sont situés beaucoup plus haut, l'espace semble plus étroit, au point qu'on pouvait se serrer la main d'une fenêtre à l'autre – mais cette époque ignorait le shake-hand.
Tout va aussi en se rétrécissant vers l'arrière-plan, les bornes sauf les deux premières n'apparaissent pas, mais l'on aperçoit mieux les colombages, en haut à gauche, et les empilements e briques entre deux montants de bois, sur la droit. D'autre part, nous voyons que l'ogive ne se referme pas, barrées par les planches d'étai, à demi-obstruée par le dispositif en potence qui permet à l'encorbellement supérieur de prendre appui sur les poutres verticales du rez-de-chaussée, dont la première présente de profondes crevasses ligneuses. La prise de vue décale le mur de gauche et celui de droite, si bien que le spectateur se figure, en contre-plongée, que les deux angles d'entrée ne se font pas face exactement, d'autant plus qu'il voit bien par-dessous la disposition des planchers saillants sous l'encorbellement du premier. Tout cela est bel et bon, mais ne nous empêche pas une fois de plus de déplorer ces cartes postales représentant plusieurs vues à la fois en une marqueterie très commode pour le touriste qui veut résumer, mais assez frustrante pour l'amateur de rêves et d'unité.
Commentaires
La rue des chats, c'est une ruelle où passent les chats, c'est pratique pour eux et peut être pour les hommes car les voitures n'ont pas le droit d'y circuler.... Chez moi, c'est la terrasse des chats, ils y passent, certains entre midi et 2 h, d'autres en fin de matinée. C'est tellement tranquille (car soleil le matin) qu'ils sont habitués. Mais mon mari les chasse s'il les voit... Bon dimanche.