Proullaud296

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

der grüne Affe - Page 115

  • Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

     

    La cage d'escalier triangulaire.JPG

    Jonas Jonasson, « Jonas fils de Jonas » écrivit dans la première décennie de notre millénaire un conte philosophique de haute volée, intitulé Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, nous dirons même son centenaire. La couverture présente un très vieil homme très droit et revêche, dans un grotesque Babygros de couleur rose, avec la tête de porc en acrylique à ses pieds, plus, on ne le remarque pas d'abord, un bâton de dynamite bien méché dépassant d'une pochette côté droit. D'où l'on conclut provisoirement que ce vieillard ridicule possède de quoi surprendre, voire se défendre. Vous ne vous êtes pas trompé : cet homme, que les infirmiers de l'asile ont ainsi affublé, veut échapper à la célébration dérisoire qu'il pressent, avec discours, fanfares et beuveries au yaourt fraise.

     

    Comme un vulgaire pape interprété par Piccoli, notre centenaire se défile et prend la route, non pour assister aux cérémonies du débarquement, mais pour quitter cet établissement bien intentionné qui l'a confit dans la guimauve. S'en suivront deux fils d'aventures parallèles, celles des diverses rencontres peu recommandables qu'il a faites après son évasion comme dans Le lièvre de Vatanen et autres Petits suicides entre amis, de Paasilinna, et celles qu'il a connues dans son passé mouvementé : l'homme, prénommé Allan, s'est en effet toujours trouvé là aux bons moments de l'histoire. Sans se faire remarquer, muni simplement d'un sens aigu de l'observation et de l'opportunité, il a sauvé la vie de Franco, participé à l'invention de la bombe atomique, à la victoire de Mao-tsétoung, toujours l'homme qu'il faut là où il faut, the right man in the right place. Et puisque nous en sommes aux références, mentionnons aussi Le brave soldat Chvéik et La vingt-cinquième heure de Virgil Ghiorgiu, bien que notre héros ici suédois sache toujours, quant à lui, se sortir des situation les plus périlleuses par des entourloupettes plus explosives les unes que les autres.

     

    Nous oublions encore ce film où, grâce à d'astucieux montages, tel héros apparemment peu doué du cerveau se trouve en contact avec tous les grands personnages de l'histoire du siècle, par ordre chronologique ; c'est donc bien à partir de la littérature existante, mais sans le faire exprès, là est le génie, que l'on parvient à composer une histoire pleine d'humour et d'imprévus : Allan possède de sérieux atouts : un manque total de préjugés moraux ; une confiance non moins totale en son simple bon sens et en son intérêt immédiat, advienne que pourra pour les autres. Une fausse naïveté qui inspire confiance, sous une apparente balourdise. Un véritable don pour assimiler des rudiments de toute langue étrangère, et attirer la sympathie en offrant ou en recevant des pots fortement alcoolisés qui l'ont maintenu en forme jusqu'à son centenaire. La vraisemblance gâcherait tout. Ce doit être rocambolesque, le monde doit être parcouru, en avion, en bateau, à dos de chameau de la Chine à l'Afghanistan. En des chapitres alternés, notre bonhomme contemporain déjoue toutes les tentatives de la police suédoise pour remettre la main dessus, afin de le réincarcérer dans son asile de vieux avec les meilleures intentions lénifiantes du monde. Hélas ! Les bourrins de Suède sont aussi sots que les bourrins de n'importe où, et se farcissent un écheveau de déductions absurdes, c'est-à-dire bien trop logiques pour l'imagination délirante de notre auteur. Allan se trouve mêlé à toutes sortes d'histoires de gangsters, de fugitifs, de cadavres découpés dans des valises, d'explosifs bien sûr, d'une éléphante de cirque prénommés Sonia qui défèque sur la gueule d'un homme armé qui glisse et se fait assoir dessus dans la merde, ce qui ne laisse pas beaucoup de restes. A chaque fois, Jonas Jonasson prend bien soin de souligner que le héros n'a jamais fait exprès, n'a jamais eu en vue que son intérêt ou son amusement le plus naïf, provoquant d'immenses évènements de la façon la plus disproportionnée, sans jamais revenir s'enfermer dans une institution bêtifiante représentant le conformisme le plus étroitement suédois disons occidental.

     

    Jamais plus vous ne traiterez un homme âgé de Papy après avoir vu de quoi se montre vaiment capable un centenaire dépourvu de muscles. Un film en fut tiré : ne le manquez pas, et prêtez l'oreille à ce qui va suivre. Fin du chapitre 11, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et début du chapitre 12, en 2005, en Scandinavie. Prêts ? Partez : « Finalement, les trois révolutionnaires avaient renoncé à rallier Allan à leur cause et s'étaient résignés à le considérer comme un bon camarade, pas du genre à pleurnicher pour un petit flocon de neige. Il monta encore dans leur estime » (n'oubliez pas qu'il n'est alors que quadragénaire) « quand il mit à profit une période d'oisiveté due à l'attente de meilleures conditions climatiques pour fabriquer de l'alcool à partir de lait de chèvre. Les trois révolutionnaires ne comprirent jamais comment il s'y était pris, mais le lait se transforma en eau-de-vie bien corsée, grâce à laquelle le temps parut moins long et ils eurent moins froid.

     

    « Au printemps 1947, ils étaient enfin arrivés sur le versant sud de la plus haute chaîne de montagnes du monde. Plus ils approchaient de la frontière iranienne, » celle de leur patrie, « plus nos trois compagnons s'enthousiasmaient en parlant des desseins merveilleux qu'ils avaient pour leur pays. Leur était venue de chasser tous les étrangers de la terre iranienne. Les Britanniques avaient soutenu pendant des années le shah corrompu et c'était impardonnable. Mais quand le shah en avait eu assez d'être sous leur coupe et avait commencé à se révolter, les Anglais l'avaient tout simplement destitué et avaient mis son fils à sa place. Cette situation rappela à Allan Song Meiling et son mari Tchang Kaï-Tchek et il se dit que les grands de ce monde avaient une drôle de conception de la famille. » - quant à la politique, notre antihéros l'a définitivement foutue aux oubliettes, avec tout ce qui se termine par « -isme » ou « -iste ».

     

  • Mazarine Pingeot

     

    Le chien calme.JPG

    Les vociférations, à la lettre, hystériques, de Mazarine Pingeot face à Zemmour déshonorent non pas son père, ni même l'image de la femme, ce qui n'a rien à voir ici, mais la notion de débat elle-même. Inonder son adversaire d'insultes à pleins tombereaux sans même lui laisser l'occasion de proférer une syllabe ravale cette hyène aux pires débordements du cerveau reptilien et laisse présager, dans un avenir très proche, une époque où l'on égorgera, en France, les gens, juste en fonction des opinions non pas même qu'ils professent, mais qu'on leur suppose au milieu des hurlements de haine. C'est là une ignominieuse confusion avec la furie des pitres, sur scène et obscène. Le comportement indigne et déshonorant de Mazarine laisse hélas prévoir le retour des épisodes les plus sanglants de nos Guerres de religion, où chacun prônait la fraternité chrétienne et l'ouverture aux aûûtres, pourvu qu'ils fussent très exactement du même avis que soi. Il devrait lui valoir un bannissement perpétuel du moindre plateau télévisé. Dans la même foulée, je propose aussi l'éviction polie mais irréversible du prétendu meneur de débat, qui se réjouit de déverser sur les ondes le puant fumier de ce qu'il ose nous présenter comme un débat démocratique. Quant au coup de pied de l'âne Cohn-Bendit, qui ose établir un parallèle entre le succès de Zemmour et celui de Mein Kampf, il ne mérite même pas le mépris, mais le plus profond silence - pour le coup, nuit et brouillard. Le seul à conserver sa dignité, dans cette affligeante exhibition, c'est encore Eric Zemmour, dont je suis loin de partager toutes les opinions, mais à qui je tiens à témoigner ici mon plus profond respect.


     

     

     

     

     

     

  • La chambre de Véra et les gros chats d'Athènes

     

    61 07 10

     

    Redescendons de la chambre de Véra au deuxième étage de la rue Leupold, elle vient d'accoucher. Nous fait promettre d'adopter son chat, noir et blanc, cf. publicité « Félix ». Nous devons nous rendre à un récital de poésies organisé par des profs, dans notre petite auto noire. Annie conduit, l'auto se renverse, je m'affole et dis vouloir m'y rendre à pied car nous bloquons toute la situation. Enfin tout se remet vertical et notre ami l'électricien peut tourner à gauche avec sa camionnette. Nous parvenons à un théâtre de quartier. Je m'égare dans une impasse construite, me mets à y hurler de désespoir. Deux chiots féroces me poursuivent, le propriétaire a bien du mal à les rappeler.

     

    Il y a queue pour le récital ; je reconnais Rinder, une élève de Vienne ; je me suis mis, dans la chambre de Véra, une kippa qui dépasse sous un chapeau haut-de-forme ; le préposé aux billets, chauve, en porte une aussi ; j'effleure des lèvres sa calvitie, nous échangeons un chalom bien que nous soyons le soir. Annie a du mal à retrouver son billet. À l'intérieur, le parterre est vide mais le balcon rempli. Un premier chanteur arrive (melon et papillotes) ; la musique couvre sa voix : il se rapproche de la rampe et fait ses efforts, les sons qu'il émet deviennent plus graves. Le texte est de Jacques Brel : Quand on n'a que l'amour... Mais le récital s'interrompt tout de suite : déjà l'entracte ? Je cherche évidemment un endroit pour pisser, d'abord dans la rue Leupold, mais tout a été repeint par le propriétaire, et l'appartement demeure inaccessible. Je trouve alors une salle de bain abandonnée (mais je n'ai pas d'appareil photo...) figure une vasque où je dois pisser en évitant de me faire surprendre.

     

     

     

    61 07 13

     

    Mon père m'emmène à scooter voir une maison qu'il m'a achetée sur un terrain extrêmement pentu à la sortie de Montauban, avec traces de vigne. Le terrain est très allongé, ancienne voie de chemin de fer. Je me retrouve dans un train qui fonce, mais qui finit par s'arrêter. Dans la maison une débauche plus ou moins homo : un type s'envoie une chaise, BHL pérore, je me retrouve au lit avec trois gouines, c'est très étroit, je me suis couché sur l'une d'elle. Elles nous donnent (à tous?) des sacs à provisions. Je m'habille, en essayant de renfiler mon pantalon sans exhibitionnisme. On peut accéder à la maison par en haut, à partir d'un pont routier urbain.

     

     

     

    Vitrail entrevu.JPG61 07 25

     

    Anne et moi devons loger chez un couple de jeunes instituteurs savoyards. Ils habitent au sommet d'un village en côte, déjà vu dans un autre rêve. Ils ont une charmante petite fille avec laquelle je converse. Le mari me ferme mon téléphone portable. Anen regagne notre chambre, je redescends. La femme corrige des cahiers. L'homme a laissé un texte en prose travaillée, où peu à peu le sujet devient financier. Il a emprunté chez Bouygues, qui lui dit que c'est bien beau de prendre, mais qu'il faut aussi se disposer à rendre. Le téléphone, que je récupère, délivre un message oral semblable au texte que j'avais lu, tandis que la femme, aux longs cheveux blonds, se pressait un peu contre moi, assis, en train de lire.

     

    À ce moment, je ne sais quel véhicule interne m'amène vers le bus du village, lequel se prolonge plus que je n'aurais cru. La porte de l'église déserte est grande ouverte. En remontant la pente, je lis à terre une rédaction sur cahier, d'une petite fille qui raconte ses rêves de voyage. J'en découpe deux pages que je rapporte chez mes logeurs, puis le redescends avec des plantes séchées entre les pages pour que l'autrice de ces lignes les retrouve ; ce n'est pas la fille de mes hôtes. Le soir, dans le noir, sur l'herbe et les feuilles mouillées, je pisse sans être vu, rue Romain Rolland.

     

     

     

    61 07 31

     

    J'étais à Athènes, en groupe. Nous montions une ruelle en impasse, au bas de laquelle se trouvait une cour. Anne et moi sommes restés en derniers, les autres ont rejoint en barque une frégate invisible pour continuer leur voyage. Une partie du mur s'effondrait. Je la repousse pour la remettre en place. De là-haut, par une lucarne, le paysage est splendide. Pas moyen de redescendre sur les rochers en contrebas. Une fille se faufile par un trou dans la pierre, remonte dans les sous-bois clairs, revient nous rejoindre. D'un autre trou sur ma gauche montent les accents d'un bouzouki. Toute une famille vit à côté, elle nous invite par leur fenêtre ouverte, tous s'installent à côté de nous sur le balcon qu'envahit la marée.

     

    Musique constante. La vieille mère voit deux billets de 20€ qui dépassent de mon foutoir de revues. Je ne veux ni vin ni fromage. Mon français maladroit n'est pas toujours compris. S'il y a un tremblement de terre, un touriste, resté avec nous, affirme que nous serions tous écrasés. Il se dégage une paix profonde ; partout des enfants, des gros chats.

     

  • Fantômes, Arudy

     

    FANTÔMES 52 05 16

     

    De nouveau seul, hurlant, secret, rempli, vide, évanescent.

     

    Ombre humaines (...) avec nous vivez

     

    Venus, issus de l'ombre, à l'ombre allés, procession, loin de moi, près de moi

     

    Lire la suite, échevelée lyrique. Hibiscus et carrelage.JPG

     

    Jolies Ténèbres, fille décomposée gagnée par l'hyperesthésie qui mange ma vie sépulcrale

     

    Je fais tout ce matin

     

    ARUDY 07 08 2052

     

    Ce que j'ai devant les yeux participe à la fois du charme et de la hideur banale : il faut bien que les villageots vivent, se développent : « Parking du foirail », « espace vert »(chiens interdits) où je me suis posé sur une table en bois. Mais les alentours en entier sont un espace vert... D'où mes « états d'âme à deux balles » (bon titre...) - exemple : une planche de ma table porte l'inscription suivante au marqueur « Ce que je pense d'une certaine bande de filles qui traînent à Arudy : censuré-censuré », etc. (sur tout lepourtour de la planche de tablier). Encore un souffrant de quinze ans qui s'aperçoit avec douleur que d'être une fille, ou un garçon, ne se vit pas du tout de façon semblable...

     

    ...Et que cela fait tant de mal aux uns comme aux autres. J'ai donc en face de moi, bien en vue à gauche d'un portail de bois, une poubellette en plastoque vert et blanc, où figure dans un rond une silhouette noire indiquant le geste à faire : jeter ses déchets dans ladite poubelle, en abyme. Le portail est orné d'un panneau dont je vois l'envers, précisant une interdiction aux chiens. Je l'ai poussé en arrivant, tout en disant : « ...pas aux juifs, je peux entrer ». Il suffit d'émettre à haute voix une énorme sottise, dans l'espoir qu'un habitant d'ici l'ouïra, pour s'en marrer, ou s'en scandaliser. C'est cela, les états d'âme à deux balles... De l'autre côté de ce portail s'étend un petit parking de 30 places au tiers garni.

     

    Voici un chien qui tourne autour de moi, bravant les interdits. Il ne porte pas d'étoile jaune et gratte le sol dans mon dos. Un congénère aboie derrière moi. Ma foi je conserve mes madeleines pour ne pas l'encourager. Le voilà reparti en tenant un vieil os. Le portail s'est refermé derrière lui ; qui a dit que j'étais inapte aux rencontres ? L'herbe est bien verte, bien entretenue, des pâquerettes retardataires la parsèment ainsi qu'un papier de bonbon contemporain. Plus 2 mégots à main droite. Ce qui heurte à présent la vue, quinze mètres devant moi et « à deux heures » comme disent les aviateurs, c'est une petite tortue de bois découpée, sur le dos, montée sur ressort. J'imagine d'ineffables gargouillis puérils.

     

    Derrière moi à 17h un système de toboggans et d'agrès. Toujours à droite deux bancs verts, que j'ai successivement essayés, supputant les éventualités de l'ombre (le ciel est couvert), avant de venir m'étaler ici : paquet de madeleines, bouteille et sac en plastique. A ma gauche une borne-fontaine verte au robinet de cuivre d'où je ferai couler de l'eau pour nettoyer mes grolles. Le vent se lève, il faut tenter de... rattraper mes feuilles, et tout autour règne une clôture. J'entends et je voisdéfiler sur le trottoir une vingtaine d'enfants de maternelle qui se tiennent par la main. Leurs maîtresses (pas d'hommes pour les enfants ! tous des pédophiles (les hommes...) !) les font entrer dans des bâtiments scolaires jaune pâle. Dieu merci ils ne sont pas venus ici. Trois filles de treize ans poussent la porte : la « bande de filles » des inscriptions ? Elles passent près de moi dans la plus bienfaisante indifférence, parlant d'argent de poche et de grands-mères. J'écris comme Chateaubriand, disait Mme de Staël (je crois) sur mon île déserte, en plein milieu de tout Paris (d'Arudy).

     

    Elles se sont assises « à 6h », sur un banc choisi sec. Je crois qu'elles essayent plus ou moins les toboggans (« Je suis un peu grande, non ? »). Le long de la clôture, à l'intérieur, une succession d'arbres de tailles et d'espèces diverses : un conifère à aiguilles blanchâtres et dégoulinantes, un arbuste mal défini et mal taillé. La poubellette donc, le portail, un bouleau (à ce qu'il semble) auprès duquel trône l'envers d'une stèle vaguement commémorative de je ne sais quel club sportif, la tortue jaune à carapace verte sur son ressort, un autre conifère (...ou un prunus ?), et le deuxième banc vert. C'est tout. De quoi se taper une petite Nausée à deux balles.

     

  • Grandeurs et avanies d'un professeur décadent

     

    Je me souviens aussi de cet ambassadeur tout frais nommé qui estimait tout à fait légitime, normal, que les parents voulussent contrôler l'enseignement assigné à leurs enfants...

     

    Laissez-les donc chez vous. Ensuite, faites donc jouer vos brillantes relations pour leur trouver un emploi... Que tout cela semble lointain, insignifiant ! M. Sansonnet de Beulac n'est pas intervenu contre moi : sa fille lui a dit « Ah non, écoute, pour une fois qu'il y a un prof qui nous fait marrer, tu vas lui foutre la paix ». Sa gueule ensuite quand il me revoit aux réunions du P.S.... D'autres viennent protester parce que j'ai dit queleur fils avait pissé sur la porte, à peine virés ; je dis à MmeNochame, principale : « Ecoutez, je n'ai pas vu sortir la pisse de... » - elle m'interrompt avec écœurement – mais, au moins, elle mecroit.

     

     

    Mme Gerond m'enjoint avec une profonde et sincère émotion de ne plus mettre en cause dans mes propos le corps des jeunes filles, je lui prendre la main pour calmer ses tremblements. Son mari reste assis à côté d'elle. Sa fille a fait le pari de ne plus se frotter - elle le confiait à l'oreille de ses camarades – pour redevenir une petite fée très pure, et me sauver ! ...de quoi ? A Lyon,la mère vient me regarder sous le nez, stupéfaite que nous puissions nous rencontrer en d'autres lieux qu'en ce collège... Mme Passouvant se plaint que je n'aime pas sa fille (évidemment : dans les devoirs elle parle comme sa grand-mère, des hommes dont il faut se méfier, et autres vérités stupides...) Elle n'a pas voulu rapporter les copies de sa petite-fille, parce que, devant elle, je les lui aurais violemment transformées...

     

    Mon leitmotiv : « Ça arrive, mais pas souvent ».

    Angle de la rue Leberthon.JPG

     

     

     

     

    X

     

     

     

    Une abrutie vient se plaindre parce que « selon [moi] » Demis Roussos a perdu six kilos, en se faisant circoncire... j'aurais dû dire : « détartrer »... Il y a vraiment des parents qui n'ont que ça à foutre. Mme Diablet, furieuse que je révèle à sa fille des choses «qui devancent son programme d'éducation sexuelle ». Silence pesant de ma part, voire féroce ; la mère finalement se fait les demandes et les réponses (je n'ai pas dit un mot !) et repart en furie contre sa fille « insolente » qui s'est fait engueuler à la maison ! ...je ne suis pas conscient de mes grimaces, c'est tout. Quant au cousin, il m'avait sorti « qu'est-ce que vous voulez que j'en aie à foutre de vos passés simples, moi tout ce que je demande c'est de conduire des camions. » - A quoi ça sert d'apprendre à lire, M'sieur, me sortait un autre, puisqu'il y a des bandes dessinées ? »....

     

     

    C'étaient nos dernières impressions sur les pauvres petits jeunes que les méchants profs empêchent de travailler.

     

    X

     

     

     

     

     

    Le père Colas me demande d'arrêter mon cinéma : lui aussi est dans l'enseignement. Mais je continue mes postures de cuistre... Quand c'est un autre enseignant qui consulte pour les difficultés de son enfant, qu'est-ce que je peux bien lui dire ?... “Comment puis-je améliorer l'orthographe de mon fils ? - Si vous n'y arrivez pas vous-même, cher confrère... » Ankara, encore : Buhar Beyqui se marre parce que je gueule contre son fils, excellent élève, pour l'avoir confondu avec Buhran, complètement farfelu, devenu par la suite militant gay paraît-il... Plus je gueule, plus le père se fend la gueule. L'avocat Müzisvenme convainc de ne pas faire redoubler sa fille malgré son 5 de moyenne, parce qu'elle est pourrie par sa mère, et que c'est lui à présent, Müzisven Efendi, qui aura la garde de sa fille...

     

    L'année suivante, elle passe à onze... Elle se fait baiser par un type qui la méprise : elle est « comme une planche » (kaleup ghibi...)

     

  • Brigitte Bardot, Bardot -

     

     

    « Moi vivante, on ne touchera pas aux phoques français » : Brigitte Bardot s'indigne, à bon droit malgré les plaintes des pêcheurs de la Manche. Pêcheurs contribuant selon elle aux massacres animaliers de toute espèce et de toutes les espèces, à l'obsession de la grande bouffe de ces humains cruels consommateurs de viande, de poisson, d'agonies animales. Et bien-pensants de ricaner : n'y a-t-il pas d'autres causes plus nobles, plus utiles à l'homme, et ne faudrait-il pas plutôt se préoccuper des bébés morts de faim ou des vieux qui crèvent sur leurs paillasses que des chevaux maltraités ou des cochons arrachés aux abattoirs ? Nous répondrons par une anecdote significative, comme toutes les anecdotes : des passants posaient la même question à cet éleveur qui recueillait chez lui les vieux chevaux hors d'usage, pour leur faire passer leurs derniers jours au sein d'abondantes prairies. Et l'éleveur de répliquer : «Que faites-vous donc vous-mêmes pour les vieux miséreux ? - Rien, ce n'est pas à nous de faire cela, l'Etat est là pour les secourir. - Eh bien, laissez-nous prendre soin des chevaux en fin de vie. » Nous ajouterons une citation de Tolstoï : « Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des guerres ». C'est un lieu commun de rappeler que celui qui ne respecte pas les animaux ne respecte pas l'être humain. Il me sera rétorqué « habitudes alimentaires » et « mise en cause d'intérêts planétaires considérables ». Arguments de peu de poids. Certains se font végétariens. Ils ne peuvent plus supporter d'avoir de l'agonie dans leurs assiettes. Brigitte Bardot est aller rejeter un énorme poisson dans la mer, puis l'a payé au poissonnier ; des langoustes, aussi, destinées à se faire cuire toutes vivantes ; un crabe, dernier survivant du bassin.

     

    Elle passe pour folle et pire, pour ridicule. Elle fait arrêter à Gorizia, près de la frontière italienne, des camions où le bétail étouffe, sans eau ni nourriture, dans des camions infernaux en métal surchauffé : moutons, chevaux épouvantés, auxquels on refuse la moindre aération. Le scandale continue. Les abattoirs et les mauvais traitement continuent, et nous bouffons tout cela, car notre ventre est un dieu. On lui sacrifie des bûchers entiers de vaches prétendues folles ou de moutons prétendus tremblants. Nous venons paraît-îl de découvrir la viande fabriquée avec des cellules-souches, ce qui reviendrait très très cher et augmenterait encore la pollution : pourquoi pas, tout est possible à la science, et certains disent « hélas », car j'écris ce texte le 6 août et le diffuse le 9, soit les dates d'Hiroshima et de Nagasaki.

     

    Brigitte Bardot, très handicapée parmi la foule aimante de ses animaux, ne s'est pas dispensée pour autant de soulager discrètement de nombreuses misères humaines, à titre individuel, mais ne porte pas l'ensemble de l'humanité dans son cœur. Elle s'en explique dans ses Mémoires, que nous aborderons la semaine prochaine, mais aussi par Un cri dans le silence que nous allons évoquer. Les deux livres ne font pas double emploi : celui-ci la représente dans son domaine, entourées de bêtes de tout poil, amoureuse du vent, des abeilles et des plantes, farouchement isolée de ces foules qui l'acclamaient tout en lui crachant dessus. Pour moi, Bardot était une putain, puisque ma mère ne cessait de le répéter : à 16 ans, on écoute sa maman. Non, c'était une femme libre, la première, disaient les journalistes, enfourchant le second dada : gâteuse des animaux, dada numéro un, libératrice de la femme (en montrant son cul), numéro deux. Elle incarna ceci, cela, « liberté de ton », « provocation », « jouant avec son corps plus qu'avec sa tête », ânonnant ses textes de sa voix exaspérante, changeant de partenaire au gré de ses fantaisies ou de ses amours, vous connaissez la chanson.

     

    Troisième cheval, toutes ces déceptions de la bête traquée, fusillée par les objectifs et les flashes, obligée de se déplacer dans l'obscurité, de vérifier chaque fente de volet, de sortir camouflée. Tout cela développa une misanthropie hargneuse et parfaitement incurable. Elle se donne libre cours ici. Généralisations abusives. Râlades perpétuelles de vieille peau aigrie. Dada numéro quatre. Tout le monde est moche, tout le monde est con. Plus de curés, plus d'instituteurs, plus de valeurs, trop de parasites, trop d'étrangers, racisme, front-nationalisme, dada numéro cinq. Difficile d'écrire ou de penser quoi que ce soit d'original sur Brigitte Bardot, représentante parfaite de la pensée petite-bourgeoise et du style d'article de journal dit féminin, féminin con précisons.

    Frise.JPG

     

     

    Pourtant nous ne voudrions pas céder à cette méthode journalistique de bas étage, consistant à chercher l'étiquette, « fasciste » ! « raciste ! » « crétine ! » pour juger ensuite du produit en fonction de l'emballage et de l'étiquetage. Il est difficile de sortir des lieux communs quand on ne nous présente que des lieux communs : tout fout le camp, tout le monde vit sur le même modèle, tout le monde bouffe de la merde, lit de la merde, pense de la merde, regarde une télé de merde (pléonasme), admire des chanteurs et des artistes de merde. Plus emmerdant, pour rester dans le scato : les syndicats prennent le public en otage avec des grèves de merde, le personnel de service a trop d'exigences et demande des salaires trop élevé, les infirmières sont un peu bronzées avec des fesses un peu trop grasses, et certains éprouvent un grand plaisir à trancher la carotide de leurs moutons (les chrétiens massacrent leurs dindes, mais on n'en parle pas) (il est vrai que si chacun devait abattre lui-même les animaux dont il se nourrit, il y aurait un peu moins de consommation de viande ; mais c'est faux, Brigitte, les sacrificateurs de moutons les mangent ensuite, et dans nos campagnes, je me souviens bien d'avoir bouffé des lapins que j'avais vu tuer puis écorcher par ma propre grand-mère, et sans états d'âme). Il suffirait d'ôter quelques phrases par-ci par-là, comme un embarrassant éloge de Robert Brasillach quand même, lequel dénonça nommément des juifs sous l'Occupation, avec indication de leur domicile ; ou des âneries sur les danses modernes qui ne seraient que des gigotages (on pisse sur scène aussi maintenant, et on boit son urine dans une éprouvette). Chacun de nous peut dénoncer les absurdités de nos civilisations, leurs lâchetés, leurs cruautés.

     

    Mais la manière n'y est pas. L'humour est plat. Le style relâché