Proullaud296

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

der grüne Affe - Page 169

  • Le bombardement de Tolède

     

    La roquette heurte la vasque et pète. Un certain Halis, client de l'hôtel, dit « L'Espagnol », retient soudain à la main sa mâchoire, et partout comme de juste retentissent les cris, s'épaissit la poussière, et Zoubeïd est indemne, le standardiste a éclaté, les poutres de la véranda se sont tordues. Les pots de fleurs sont ravagés. Les vitres au pied du mezzanine forment une pyramide, entourée par des corps saupoudrés d'éclats de verre. La rampe en faux bois présente de profonds éclatements, et des veines de pierre grosses comme un poignet, tandis que les marches, sur trois mètres, ont sauté. La vasque enfin, creusée en entonnoir jusqu'au centre de la cave, où saigne à gros bouillons la conduite d'eau. Je suis évacué. Je sens tout le pourtour de mes paupières moucheté de particules de verre. Serai-je en lieu sûr à l'hôpital ? Le troisième jour, au premier étage, un infirmier m'a remis un message, « de la part de [mon] fils ».

     

    « Comment est-il ? - L'œil n'est pas atteint. - Mon fils viendra m'achever. - N'ôtez pas le bandeau. Je vous lis sa lettre. - A qui adressée ? - L'adresse en blanc. » L'infirmier lit en souriant : « Article Premier : Mort aux Pères. » Suivi d'autres paradoxes, habituels aux adolescents. « D'habitude, me dit l'infirmier, il porte autour de la tête un foulard gris, enroulé trois fois – ce sont d'autres qui l'ont vu ajoute-t-il précipitamment. Et tout recommence, puisqu'un obus éclate dans la cour, que j''entends aussitôt les sirènes, il fait beau, ma seule inquiétude reste celle d'être achevé sur mon lit.

     

    Pourquoi ces imbéciles m'ont-ils allongé ? mes larmes coulent avec difficulté. J'ai passé là sans bouger toute la nuit suivante, sursautant au moindre bruit à l'intérieur du bâtiment. Je m'endors bercé par un bombardement lointain : de vagues flammes parcourent les rideaux tirés. Au petit matin, le frôlement de la blouse blanche m'éveille en sursaut : « Passez par le couloir B. Vous aboutirez Impasse Toumaliel. – O.K. Je fonce. » Mes jambes sont intactes. Je débouche à l'endroit indiqué, puis Boulevard Descroges, désert. L'hôpital dans mon dos est touché de plain-fouet, le bloc opératoire s'enflamme, un avion s'éloigne dans un bruit de soupir. « Viens avec nous ! » C'est un groupe de fugitifs qui court devant moi, hommes, femmes, enfants, maladroitement couverts par six combattants « Saadi » parfaitement paniqués : ils tirent au jugé, derrière eux.

     

    Un enfant tombe. Passé le coin, nous nous aplatissons, nous dominons « Check Point Tcharâl » : vus de haut, dans des chicanes face à face, deux factions se canardent en rampant. Les femmes autour de moi leur crient : « Défendez nos enfants ! » Un soldat se redresse, me désigne du doigt : « Qui est cet homme ? » Je montre doucement mes bandages, il se tait. Je m'aperçois que les chicanes, de part et d'autres, sont faites de pierres tombales redressées : le Check Point » se trouve en plein Cimetière Abdesrafieh. Le soldat quitte son poste, sans être vu. Par un sentier montant il remonte auprès de nous. « Venez chez moi. Pas toi » dit-il à mon adresse ; abandonné de tous, je regarde. Les deux partis, en contrebas, continuent à se flinguer : accroupis, redressés, replaqués au sol. D'en haut, je vois de l'œil gauche un grand jeune homme qui vient par derrière, agitant un tissu blanc, un uniforme beige. Il ne songe nullement à se dissimuler. Tous les fusils se taisent.Mon fils? Il porte sur le front un bandeau gris. Les deux partis se relèvent, méfiants, les fusils se rabaissent, les hommes affichent une totale exténuation. A ce moment un coup de feu perdu abat l'homme en plein cou. Tous ceux qui l'instant d'avant s'entretuaient s'enfuient en tous sens. Je m'aplatis au sol et contemple d'en haut ce mort, quatre mètres sous moi.

    La petite Némésis Tableau d'Anne Jalevski (www. anne-jalevski.com) (avec pantoufles)

    La petite Némésis, avec pantoufles.JPG

     

    Puis je me dresse et fuis au hasard. Tel est le sort des espions. Je me répète cette phrase, de plus en plus vite, en trébuchant droit devant – tel est le sort – des espions. Savoir si Kréüz a péri dans l'hôpital, ou bien – s'ils l'ont évacué dans la cour, juste après l'explosion - un timbre d'ambulance à l'est, je ne reconnais plus les rues

     

    ICI S'ELEVAIT LE WAZOUF ASARGAH

     

    SIX ETAGES D'HOTEL CIVIL

     

    PASSANT RECUEILLE-TOI

     

    je ne peux pas me recueillir – l'année dernière ou l'année précédente les gros balcons gris se sont effondrés l'un sur l'autre en pâte feuilletée  - nous voici au quatrième jour, une fumée s'élève au nord, j'espère, j'espère encore que ce n'est pas mon fils qui incendie la Bibliothèque, et que ce n'est pas lui qui trouva la mort au Cimetière d'Abdesrafieh. Pas de sauveteur au voisinage de l'hôtel, une couche de gris, une couche de blanc, marbre et gravat « ...le cimetière musulman d'Abdesrafieh, dit un journal qu'un coup de vent me plaque sur le pied – constitue l'unique point de passage entre l'Est et l'Ouest- » - j'ai passé la nuit sur de le sol, dans des chicanes de camions.

     

    Tout change d'une nuit sur l'autre. Faut-il souhaiter – stratégiquement ? humainement ? - le rétablissement d'un front stable ? Je pousse le journal du pied – comment s'appelait cet homme abattu ? Avec un bandeau gris au front – revenir sur les lieux du crime - je peux cette fois, redressé,

     

    descendre la Rampe aux Boules. Je me suis avancé dans l'allée déserte - tous ont déguerpi (le passage est à qui le prend : le mort ou moi) - les yeux des fuyards sont proches, jamais ils n'ont vu un homme se courber, seules les femmes et les mouches prient sur les corps. L'arme dressée, ils m'observent en s'abritant, de biais – le cimetière s'étend sur ma droite, j'ai devant moi le ressaut de terrain où je m'étais planqué, je ne fouille pas de corps, je repars, serrant sur moi les pans de mon vêtement occidental, ressors par la porte d'Antalyah – des rues, des rues aux stores éternellement baissés, ruines, ruines, odeur de soufre ; je me souviens bien que Paziols, très loin en France, devait

     

    lui aussi tuer pour s'évader. Motché assiégée du dedans – que nul ne parle de folie ; on pouvait, on peu très bien refaire ces meurtres en plus simple. En plus ordonné. Selon leur rite. Exemple : à l'école de Safrajieh, quarante enfants morts empilés méthodiquement, avant d'y mettre le feu - après cela nul ne tuait de trois jours – on vidait son chargeur sur les murs.

     

  • "Un secret", de Philippe Grimbert

     

     

    Un secret, de Philippe Grimbert, c'est, nécessairement, l'un de ces cadavres que les familles ensevelissent toujours au fond d'un profond placard : vous en avez forcément un. Ici, les cadavres sont deux : une femme et son enfant, dont le nom s'écrivait G-r-i-n-b-e-r-g, soit « la Montagne Verte » en yiddisch. Et la façon dont ils sont morts, vous l'avez devinée tout de suite. L'auteur s'appelant Grimbert, en orthographe francisée, ce qui est le nom du blaireau dans le roman de Renart, vous en conclurez qu'il peut s'agir d'un roman autobiographique, ce que j'ignore. Et c'est enfant, c'est le grand frère qui a précédé le narrateur : vous savez qu'il n'y a rien de plus déstabilisant que d'avoir un frère aîné mort, auquel vous serez toujours comparé, voir Salvador Dali.

     

    Je ne vous dis pas tout, intentionnellement, car le livre se lit volontiers, mais s'oublie vite aussi. C'est qu'il existe désormais une catégorie d'écrits que l'on pourrait appeler « romans de Shoah ». Ou témoignages, modifiés, je ne vais pas dire « embellis». Seulement, si c'est sous une forme romancée, le lecteur est en droit d'attendre une composition, un style, une émotion, impeccablement maîtrisés. Ici, de crainte sans doute d'en trop faire, Philippe Grimbert ne me semble pas en avoir fait assez. Trop court. Pas assez d'analyse, ce qui est paraît-il superflu (« oiseux », tel est en effet le mot juste). Pas assez de précisions non plus concernant les liens familiaux : nous ne savons pas toujours très bien qui est l'épouse, la sœur ou le cousin.

     

    Nous ne sommes que des lecteurs, c'est-à-dire de modestes voyeurs, non concernés pour la plupart. Mais pour que l'on puisse s'intéresser, littérairement, à des personnages, il faudrait qu'on nous les eût présentés autrement qu'à grands traits, qu'on se fût attardé sur leurs caractéristiques et leurs comportements. Certains auteurs décrivent cela par le menu, si bien que leur personnage, dès qu'il bouge un pouce ou l'index, paraît à la lettre soulever des montagnes. Ici c'est sec. Le dilemme n'a pas été jusqu'à présent résolu : « écrire après la Shoah ». Ou bien le document pur, ou bien la déploration lyrique. Ou bien le silence, face à l'indicible même. Quelle que soit la véracité des faits, ou l'émotion profonde de l'auteur, il n'en transparaît rien ou presque. Même la sobriété, la sécheresse, provoquent un effet de trop, ou de trop peu.

     

     

    La petite fille à l'arrosoir.JPG

    C'est le fameux style « passe-partout », sujet-verbe-complément, qui peut aussi bien convenir pour une déception amoureuse, ou l'exposition d'une situation politique ou syndicale. Nous comprenons qu'il s'agit de pudeur. Nous comprenons que nos exigences esthétiques paraissent dérisoire, voire inconvenantes. Mais l'empathie, je ne l'ai pas ressentie. Il ne s'agit pas en effet de décrire ce qu'il y avait à l'intérieur d'un camp, où il n'y « avait » rien, justement ; il faut nous transmettre les recherches angoissées d'un enfant pressentant qu'il y avait quelque chose, quelqu'un, des gens tout proches de son père, avant sa naissance, doublement adultérine (il l'apprendra plus tard). Et cela pouvait se faire, à condition que la manière d'écrire dépassât sensiblement l'étiage moyen de notre maigre écriture contemporaine. C'est appliqué. Ça ne veut pas « faire de vagues » ni « tirer des larmes ». Autrement, cela peut attirer des commentaires odieux, comme celui d'un jeune homme à la fin d'une conférence de Sollers : « Il suffit » (parfaitement, « il suffit ») d'avoir été dans les camps, et forcément, l'histoire sera intéressante et bien accueillie par les éditeurs ».

     

    Sollers avait déjà débranché son micro, et tourné les talons, fatigué. Tant mieux. Botter les culs demande de l'énergie. Mais enfin, force est bien d'admettre que le style de Pierre Grimbert n'est pas à la hauteur de l'indignation, de l'émotion, de l'implication sollicitées. Ce roman sec ne m'est donc pas resté longtemps sur l'estomac. La lecture va suivre, en compagnie du narrateur-enquêteur, ce qui se rapproche des situations à la Modiano. Mais Modiano, c'est une atmosphère; ici, nous ramons à sa recherche . Le jeune homme a retrouvé le petit chien en peluche de son grand frère, utilisé par lui aussi : n'a-t-il donc été qu'un enfant de substitution ?

     

    « Lorsque j'étais remonté dans la chambre de service pour y rendre Sim à son lit de couvertures, j'étais tombé sur un album de photographies, à peine visible sous la poussière, au milieu d'une pile de magazines. J'y avais contemplé Maxime et Hannah » (son père et sa première femme) « en tenue de mariés, j'avais vu la jaquette noire et le chapeau haut de forme de mon père, j'avais fait connaissance avec le visage inquiet de sa jeune femme, aussi pâle que son voile, tournant vers son époux ces yeux clairs qui allaient si vite se ternir. Les pages cartonnées s'étaient ouvertes sur des scènes de famille, des groupes d'inconnus posant devant des maisons ensoleillées, des plages, des parterres de fleurs. » Rien que de très ordinaire, à la sauce Shoah pour relever. Il est vrai que la Shoah est survenue au sein des existences les plus calmes. « Une vie en noir et blanc, des sourires aujourd'hui éteints, des morts qui se tenaient par la taille. » (ça, pas mal). « Enfin j'avais vu Simon, » (le grand frère disparu, jamais grandi), « dont les photos remplissaient plusieurs pages. Son visage m'avait paru étrangement familier. Je m'étais reconnu dans ces traits, à défaut de me retrouver dans ce corps » (bien vu). « J'avais glissé dans ma poche l'une des photos de l'album qui s'était décollée, au dos de laquelle une date était inscrite : on l'y voyait en short et en maillot, au garde-à-vous devant un champ de blé, plissant les yeux face au soleil de son dernier été » (émotion facile ? version édulcorée du bouleversement ? me l'être demandé serait un élément de la réponse).

     

  • Jordanès, alias Jornandès

     

     

    Bénie l'intuition qui nous vint de consulter l'encyclopédique moteur de recherche Google et de découvrir enfin l'inaccessible Jordanès alias Jornandès, traduit par l'ineffable Nisard ; estimable érudit qui n'eut que le tort de triompher de Musset à l'Académie française ; il fut brocardé, couvert d'insultes, et certes, il ne se montre pas tendre : « les érudits », affirme-t-il, « n'ont pas besoin de traduction ». Me plongeant donc, m'ébrouant, dans le texte élémentaire de Jordanès, je dois penser que Mon Erudition frôle les sommets ; mais j'en suis encore à deux ou trois contresens par page... L'éminent Jordanès copie et vulgarise Cassiodore, Pomponius Mela Bienprofond, « en les gâtant », précise le féroce Nisard, « ignoramment », bel adverbe. Jordanès énumère les tribus de Scanzia, la Scandinavie, que l'on prenait pour une île : Granii, Aganziae, Unixae, Ethelrugi, Arochiranni. On ne sait rien de ces peuplades; peut-être les Éthelruges étaient-ils une tribu de Ruges : ethel veut dire noble, et parait être une épithète mise avant le nom de Rugi. Déjà saute aux oreilles internes ces noms prestigieux, juste tirés du rien pour y retourner s'évanouir : les tribus, gothes ou autres, se mêlaient, se redispersaient, changeaient de nom, se recomposaient, ce qui rend extrêmement hasardeuse leur identification.

     

    Une preuve d'érudition réside aussi dans les aveux d'ignorance : à ce titre, Nisard y participe. Il traduit le chapitre III comme suit, phrase à phrase : Revenons, redeamus, à l'île Scanzia, que nous avons tantôt abandonnée. Les Anciens avaient de ces bonhomies, qui leur faisaient reconnaître leurs digressions. C'est ici le ton de la conversation, tandis que d'autres sombrent dans la préciosité, voire administrative : il n'est que de lire, du moins de déchiffrer, les circulaires administraves des contemporains de Clovis. Mais revenons, à notre tour, à Jordanès, traduit par la belle plume nisardienne : C'est d'elle que fait mention, au second livre de son ouvrage, in secundo sui operis libro, l'illustre géographe Claudius Ptolémée – portant le nom des derniers pharaons, cité ici nommément, quand il dit : "Il y a dans l'Océan du nord une grande île qui s'appelle Scanzia". Mais notre Egyptien, qui s'exprimait en grec, n'avait guère dépassé le sud de la Scandinavie pour les témoignages qu'il avait recueillis.

     

    Ce sont les Arabes qui nous l'ont fait connaître, et les Byzantins, à ne pas confondre avec les bites en zinc. Nous croyons aborder à des contrées désertes, où surnagent çà et là de vagues documents et des ombres de peuples : mais ce sont des grouillements, comme sous les pierres détalent les cloportes ; ces régions, ces époques, ont été aussi abondantes que la nôtre, et l'on s'y submerge, au point de ne plus voir qu'elles, au point de s'étonner que nos contemporains ignorent Bède le Vénérable ou Isidore de Séville, pour ne parler que des plus fameux. Hermagoras ne sait point qui est roi de Hongrie. Parquets au point de Hongrie. Apostrophe polie d'un voisin de train, me voyant lire François Rabelais et s'étonnant à haute voix que je lusse Cervantès. Je répartis que Rabelais était fort moderne, mais j'eusse pu aussi exciper de l'ancienneté d'icelui : je me fous et contrefous de ce dont les fausses informations nous abreuvent, des âneries économiques débitées par les crânes chauves de la télévision, et de tous ces problèmes insolubles, de toutes ces impuissances que l'on nous étale en pleine face comme de la merde – à moins de s'engager, n'est-ce pas Jean-Paul, du fond de ton purgatoire... La perruque.JPG

     

    Combien il se foutait des asticots qui écumaient les cimetières et se repaissaient de morts ! Mais il en faut, Monsieur Sartre ! Je ne le dirai jamais assez : "Dans la rue y avait la guerre / dans les classes on lisait Molière" – paroles de Gainsbourg je crois ? Et que vouliez-vous donc faire, ô Serge, ô Jean-Yves Simon ? Leur distribuer des kalachnikovs, aux gosses ? Rassurez-vous, certains Africains l'ont fait. Vous êtes fiers, je suppose, de vos "engagements" ? Ou de vos assemblées dans lesquelles Mlle Aulonbec s'engueule avec Philippe Duroy au sujet du budget de l'asso ? Dans lesquelles se distillent les calomnies venimeuses à l'égard des Israéliens, qui sont comme chacun sait les néonazis du siècle, pires que les précédents ?

     

    ...Mais revenons, redeamus, à Jordanès. Ce que c'est pourtant que de se laisser emporter. Elle figure, cette Scandinavie, la feuille du cèdre, après forte tempête du moins ; ses côtes se prolongent au loin, et puis se resserrent pour l'enclore ; l'Océan s'introduit sur ses rivages. Père Okéanos, dont les algues géantes et les encalminements font obstacle aux explorations. Tu regardais l'horizon, tu pressentais l'abîme, et non pas l'Amérique, l'Océan donnait sur la mort comme ces vagues enroulées, à vingt pas du rivage, indiquent le ressaut où l'on n'a plus pied. Elle est située vis-à-vis le fleuve de la Vistule, qui sort des montagnes de la Sarmatie, et qui, en regard de l'île de Scanzia, in conspectu Scanziae, se jette dans l'océan septentrional par trois embouchures séparant la Germanie de la Scythie. Comme aurait dit M. Perrichon, "pensez, mes enfants, qu'il y a plus de 1500 ans la Vistule coulait déjà ici, à nos pieds".

     

    Ajoutons, comme Mac Mahon, Que d'eau ! Que d'eau ! et nous aurons sinon fait le tour, du moins payé le tribut de notre connerie : Nizard, tu fis des émules, depuis le pharmacien Homais jusqu'à nos jours. Autant plaisanter de nos insuffisances profondoriales au lieu de nous récrier sans convaincre personne. Empruntons, de plus, nos faibles lumières à l'ouvrage récemment lu, pour signaler que les Sarmates et les Scythes ont beaucoup vagué, se sont fait localiser tantôt en tel endroit tantôt en tel autre, au gré de leurs divagations certes, mais aussi des fantaisies géographico-historiques de l'époque.

     

  • Fragments d'un discours amoureux

    La fille au bonnet.JPG

     

    Eh bien, me dis-je, c'est donc ainsi qu'ils pensent, et ressentent, les autres ? Certains autres ? Et finalement, je me sens intelligent en lisant cela, je fais la moitié du livre, comme il est prescrit au bon lecteur, je complète les exemples cités, j'ai même écrit des notes en marge, « ça me rappelle Untel, ça me rappelle moi, ça me rappelle telle fille, tel garçon », je complète par de vagues souvenirs de mes amours défuntes – ou si inconsciemment présentes. Grâce à Barthes, j'ai pu me rendre compte, vous pourrez vous rendre compte, que j'ai, ou vous avez passé toute vie dans un état proche de l'amour. Evidemment, Barthes n'est pas la Bible, mais, tout de même, il y a des coïncidences bizarres ; du moins, vous croyiez peut-être vivre l'amour, et vous n'étiez pas amoureux; ou bien vous croyiez ne pas l'être, et puis vous l'avez été.

     

    Barthes de toute façon a tissé sa toile, tout à l'heure je parlais de carottage, maintenant de la toile qu'il a tissée autour de vous, il a emprunté partout et n'y a mêlé que fort peu de son obscurité légendaire, car il s'agit d'une légende, sur laquelle je voudrais bien revenir, parce que ça m'énerve. Je vais lancer un petit coup de griffe, moi : Barthes parfois est obscure, oui ; en tout cas il est lisible, ce n'est pas Hegel. Bon. Cela prouve tout simplement que je suis assez crétin pour ne pas comprendre Hegel. D'accord. Barthes est peut-être obscur, mais il n'est jamais malhonnête, il ne joue jamais sur les mots, comme un Finkielkraut ou un Baudrillard, ça y est, je l'ai dit. Barthes se montre d'une clarté naïve et même niaise, comme un amoureux qu'il fut.

     

    Oui, d'hommes, bon, et après ? Nous comprenons tout avec ravissement. L'ordre, faussement alphabétique, donc faussement arbitraire, vous promène d'une sensation, d'une douleur, d'une petite joie à une autre, c'est un pointilliste, c'est de ce pointillisme revendiqué comme tel que naît, comme du relevé des points sur une statue à reproduire, une figuration plausible, et même convainvante, de l'état d'amour. « C'est bien cela », se dit-on à la lecture de Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux, comme à la lecture d'une page deProust. « Ah, c'est donc cela », et l'on repart instruit et libéré vers une page suivante, et l'art extraordinaire de Roland Barthes consiste à faire de petites remarques banales, et à glisser immédiatement avant de s'apesantir. Parce que si vous vous apesantissez sur les observations ou sur les raisonnements, eh bien vous allez abolir le premier instant de surprise, le premier éblouissement, au sens de vertige de la compréhension, pour y substituer les habituels bourbiers conventionnels des soi-disants spécialistes.

     

    Parfois le raisonnement se rompt, la phrase suivante semble n'avoir aucun rapport avec ce qui précède, il y a quelques mots savants, il y a quelques jargonnages, qui vous rappellent que, quand même, vous lisez du Barthes. Voici un exemple : « La température moyenne du mois de mai est de 18,60 ° centigrades, et c'est pourquoi l'hippopotame a la peau verte ». Non, il n'a jamais dit ça, mais moi j'ai caricaturé pour vous montrer l'effet que ça fait. Il y a des phrases comme ça dans Barthes, clic, plof... Ça dure un paragraphe – qu'est-ce qu'il dit ? Passons. En tout cas on passe. On est curieux de la suite. Et puique vous êtes vous-mêmes curieux de ce que c'est que cet ouvrage si modeste, et si efficace, nous vous en livrons quelques extraits, p. 47 comme de juste : c'est au chapitre « Attente » - l'attente, l apostrophe, hein, je vous en prie...

     

    « Le décor représente l'intérieur d'un café. Nous avons rendez-vous. J'attends. Dans le prologue, seul acteur de la pièce, et pour cause, je constate, j'enregistre le retard de l'autre. Ce retard n'est encore qu'une entité mathématique computable. Je regarde ma montre plusieurs fois. Le prologue finit sur un coup de tête : je décide de me faire de la bile. Je déclenche l'angoisse d'attente. L'acte un commence. » Alors ? Il est occupé par des supputations, s'il y avait un malentendu sur l'heure, sur le lieu, etc. Page 141 : article « Fou ». « Définition : Le sujet amoureux est traversé par l'idée qu'il est ou devient fou. » Et il développe. Page 188 : c'est, je crois, sur la correspondance amoureuse, la déclaration par lettre. « La lettre pour l'amoureux n'a pas de valeur tactique. Elle n'essaie pas de convaincre. Elle est purement expressive, à la rigueur flatteuse, mais la flatterie n'est ici nullement intéressée, elle n'est que la parole de la dévotion. Ce que j'engage avec l'autre, c'est une relation et non une correspondance. La relation met en rapport deux images. « Vous êtes partout, votre image est totale », écrit de diverses façon Werther à Charlotte. » Et en bas de page, Goethe cité par Freud. Je termine sur la page 235. Comme un historien latin, Barthes s'est renseigné

     

    aussi auprès des conversations qu'il a pu tenir avec tel ou tel et le cite en référence. On ne saura jamais qui est ce « R.H. ». A un moment donné j'ai bien cru que J.L.B. c'était Jean-Louis Bory. Eh bien non, c'est quelqu'un d'autre. Ça ne peut pas être Jean-Louis Bory. Ce sont de petits mystères, des coquetteries, des artifices d'écrivain. Il nous livre une pensée qui est présentée sous forme de mémoire universitaire, on voit encore les « petit 1 », les « petit 2 », les paragraphes, les titres, c'est un peu comme les tableaux où se lisent encore, très grossièrement, et volontairement, les coups de fusain préparatoires, qui sont intégrés au « vouloir dire » de la toile.

     

    Si vous êtes amoureux vous apprenez pourquoi et comment, si vous ne l'êtes pas vous lisez Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes aux éditions du Seuil afin d'apprendre que – bizarrement vous l'êtes, ou que vous pouvez en reconnaître et même plus fort en provoquer à l'avenir les signes. Je ne devais pas le faire mais je vous le fais quand même, en dernière page voici les articles – quelques-uns - « s'abîmer » donc, « absence », « adorable », « affirmation », « altération », « angoisse », « annulation », « ascèse », « atopos » - ça doit vouloir dire que c'est « une façon » - et vous en avez d'autres, « habits », « identification », « image », « inconnaissable », « induction » - ce qu'il y a de merveilleux dans ce livre, c'est qu'on aurait envie de le refaire pour soi-même, avec tout à fait une autre expérience, avec tout à fait d'autres têtes de chapitres, d'autres têtes d'articles.

     

    En tout cas c'est un livre qui m'a beaucoup frappé, c'est donc de Roland Barthes Fragments d'un discours amoureux, collection « Tel Quel » aux éditions du Seuil.

     

  • Montherlant

     

    C'est être médiocre que d'aimer la vie, que d'aimer une femme, que de vouloir se reproduire sottement comme de petites gens, que de s'émouvoir d'une odeur, d'un printemps. La seule vérité âpre et impitoyable est la présence de la mort et du néant. Montherlant met à nu la condition humaine. Il dresse les forces du néant contre les forces de la vie : « Un enfant ! un enfant ! Cela ne finira donc jamais ! » C'est le vieux septuagénaire royal qui est resté le plus adolescent de tous. C'est à quatorze ans qu'on dit « J'attends la mort avec impatience ». Mais lorsqu'à partir de quatorze ans d'âge un roi découvr een son fils une âme banale, c'est alors qu'il se met à le haïr. L'héritier du trône est disposé à vivre une vie ordinaire, juste vouée au bonheur : une femme, des enfants, l'amour de son peuple... Toujours cette question : la vie vaut-elle la peine d'être vécue – quand je vous disais qu'on ne sortait pas de l'adolescence...

     

    Réponse non, in abstracto, mais réponse oui quand on est l'auteur bien évidemment. Nous en sommes tous là : prêts à tous les mouvements de menton en fierté intime, quoique prêts à toutes les compromissions dans notre vie quotidienne. Car hélas ! il y a le quotidien. Or il est par conséquent absurde, celui qui reproche à Montherlant ou à Corneille d'avoir eu un quotidien. « Laissez-moi me regarder vivre ! » dit je crois Malatesta, autre héros montherlantien. « Sinon, pourquoi vivrais-je ? » Tout est dans l'attitude, comme le fait si bien observer Jean Raspail. Tout est dans notre Weltanschauung, autrment dit notre vision du monde. Le monde est le même pour tous, et nul d'entre nous ne possède le même instrument de mesure que son voisin.

    La fête à Sonia.JPG

     

     

    Puisque nous devons tous vivre à genoux, id est aimer, chier et souffrir, pourquoi ne pas tous nous figurer que nous vivons debout, dans la dignité, en route vers la gloire ? Transformant ces dérisions, cette condamnation, cette animalité, ce péché originel d'exister, en notre plus grande gloire ? Quoi d eplus beau que de proclamer : « Tu veux me plier ? Eh bien, je plierai dans l'orgueil. Je déclamerai que la vie est une nullité, qu'elle ne vaut pas un fétu de paille, mais je prendrai pour moi l'attitude, je ferai le fier clowm à la face du néant.... » L'adolescence, vous dis-je. Corneille, Mishima. Les petits garçons héroïques de Raspail qui ne savent vivre que sur les sommets de l'Illusionisme, et que les adultes fusillent.

     

    Je vous avais dit : « Nous allons parler de littérature », et je vous ai resservi la soupe des lieux communs. Il me fait du bien, à moi, de resservir ces lieux communs-là. Et si l'on me dit qu'ils font le lit du fascisme, que l'orgueil et le mépris du genre humain dans sa dimension banale mène ua fascisme, je répondrai que se forcer à l'amour au mépris de ses pulsions secrètes mène à une sorte de rage contre sa propre faiblesse, que les chers humains que vous aimez tant se retournent contre vous et vous prennent pour des vaches à fric, vous pompent votre temps et votre énergie, puis vous méprisent pour votre mollesse. Les hippies, les marginaux ? Ils ne m'acceptaient parmi eux que sije leur payais tout. C'est ça, l'idéal de fraternité ? Bon, je n'ai encore rien compris. Montherlant a écrit des chefs-d'œuvre, où les bidons de gloire et d'honneur s'entrechoquent en lançant de grandes étincelles, où la vanité humaine se pare des feux de la cruauté. L'homme n'est pas bon, il n'est pas que bon, il est aussi grand. L'auteur, non, tout petit, l'auteur. Mais à travers le vermisseau nomme Montherlant est passé le message de l'épée divine et flamboyante, et tant pis pour l'incohérence de la métaphore. Voici pour l'anecdote, merci Roméo et Juliette : Inès et le roi Ferrante parlent.

     

     

     

    « INES

     

    Seigneur, le voudrais-je, je ne pourrais dénouer ce que Dieu a noué.

     

     

     

    FERRANTE

     

    Je ne comprends pas.

     

     

     

    INES

     

    Il y a près d'une année, en grand secret, à Bragance, l'évêque de Guarda...

     

     

     

    FERRANTE

     

    Quoi ?

     

     

     

    INES

     

    ...nous a unis, le Prince et moi...

     

     

     

    FERRANTE

     

    Ah ! malheur ! Marié ! Et à une bâtarde ! Outrage insensé, et mal irréparable, car jamais le pape ne cassera ce mariage : au contraire, il exultera, de me voir à sa merci. Un mariage ? Vous aviez le lit : ce n'était pas assez ? Pourquoi vous marier ? »

     

     

     

    Le ton est donné. Qui aimez-vous le mieux, de la femme amoureuse, ou du vieillard tonnant ?

     

     

    Dialogue entre Inès et l'Infante, qui n'est pas sans rappeler celui entre l'Infante et Chimène, précisément, dans Le Cid :

     

     

     

    « ...Ce n'est pas un arrêt de mort... Le Roi, dans toute cette affaire, m'a traitée avec tant d'ouverture...

     

     

     

    L'INFANTE

     

    Mon père dit du roi Ferrante qu'il joue avec sa perfidie comme un bébé avec son pied.

     

     

     

    INES

     

    « J'y réfléchirai »... Il a peut-être voulu se donner du champ.

     

     

     

    L'INFANTE

     

    Doña Inès, doña Inès, je connais lemonde et ses voies. »

     

     

     

    Non. Doña Inès sera exécutée, avec l'enfant qu'elle porte, en raison jsutement de sa complicité avec le roi. Ferrante lui a donné espoir, et la trucidera, en raison de cette communion entre le bourreau et sa victime, parce qu'il faut que ces deux-là soient unis par un lien terrible et métaphysique. Le bourreau se tue lui-même, n'est-ce pas, il tue cet être en lui qui a la foi. L'ennui, c'est qu'il en tue un autre...

     

  • Joachim Du Balai

     

    Bonjour, auditeurs dormeurs de la mi-après-midi. Vous allez entendre au travers des poils de vos oreilles une série de réflexions sur Les Antiquités de Rome d'un certain Joachim Du Bellay, dont vous ne vous souvenez plus que d'un vers :

     

    « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage ».

     

    Travaillez ferme, passez trente-sept ans d'une vie passionnée, enrage »z, démenez-vous, faites une tripotée de sublimes sonnets, et voilà ce qu'il reste de vous : un seul vers, ânonné par des enfants sous la férule d'un satané instituteur. Donc ma méditation décevra les érudits, elle rasera les profanes. Elle nous éloignera de l'actualité Dieu merci. Du Bellay, arrivé à Rome en 1553 comme secrétaire de son puissant cousin, fut frappé par l'état de délabrement où se trouvait la vieille cité antique. A Rome en effet, l'on avait bâti par-dessus les ruines, un sac effectué par Charles-Quint avait eu lieu récemment, et d'insolents prélats, cardinaux papables ou non papables, étalaient leur magnificence insolente de princes d'Eglise.

     

    Joachim se plongea dans les ruines et dans la poussière avec de profondes délices et de grands soupirs. Il savait le latin au point, comme beaucoup de son temps et son cousin lui-même, de composer des vers en cette langue. Il était tout pétri d'histoire antique. Il savait mieux qu enous ce qu'il regrettait. Il évoquait un peuple de fantômes, et tant de grands noms. Il le faisait dans des sonnets avec toutes les ressources de la rhétorique déjà baroque : oppositions de contrastes et grands balancements de manches. Et autour de lui, dans la campagne où de maigres troupeaux de moutons noirs paissaient des friches sous le vent ou dans la pestilence des marais, dans ce Latium funèbre, avaient défilé ces légions romaines défiant le monde entier.

     

    Inépuisable source de méditation sur le néant et l'éternité à la fois de la grandeur humaine. Nous ne pouvons voir Rome qu'à travers sa légende, forgée par les historiens de Rome eux-mêmes. Si l'on considère les conquêtes au seul moment où elles furent faites, l'on s'aperçoit que « Rome a conquis le monde, moins pour la gloire que pour le profit » - je cite, mais qui ? Les expéditions romaines n'ont été en fait qu'une vaste opération financière, le déclenchement d'un flux de richesses à sens unique : tout dans les caisses romaines. Cependant, très tôt, le poète, Ennius pa rexemple, et l'historien, ont transfiguré cette réalité sordide, et les généraux, du haut de leur tertre de gazon, haranguaient les soldats en leur parlant de gloire, d'honneur et d'orgueil.

    Tableau d'Anne Jalevski - www.anne-jalevski.com

     

     

    Jean Dépont.JPG

    Et c'est cet orgueil qui est parvenu jusqu'à nous, c'est lui qui foudroyait Du Bellay méditant, sur le néant des enflures humaines, dont il doit bien subsister quelque chose, dont il est obligatoire,moralement oblligatoire, qu'il subsiste quelque chose en de sublimes vers eux aussi destinés à disparaître. Dans le destin de Rome passe le souffle de toute l'Histoire de l'homme. Dieun'apparaît pas dans cette série de sonnets :il n'est pas question de christianisme hors de propos, pas plus que de Jupiter d'ailleurs. Car le Romain ne songe à la religion que pour échanger des prières, ou mieux des formules, et des sacrifices, contre des bienfaits. La seule véritable déesse du Romain, c'et Rome elle-même.

     

    La ville morte, morts tous les dieux... Du Bellay s'interroge sur la ruine du monde en philosophe et in abstracto, indépendamment de toute Providence ou destin préécrit du monde... Rome n'a pas été punie par les Barbares, ne s'est pas effondrée sous des coups du dehors : les Barbares étaient peu nombreux, et ne songeaient qu'à fuir d'autres Barbares derrière eux. Ils ne souhaitaient pas que Rome s'effondrât, mais voulaient simplement jouir de ses richesses. Un jour, il se trouva qu'ils les avaient pillées.

     

    Mais quel dommage. Ils n'avaient pas voulu l'abattre. Et Du Bellay de revenir sans cesse sur la véritable cause du déclin de Rome : il intervint très tôt, dès l'instant où les diverses factions, entendez si vous voulez « partis politiques » - ou plutôt la lutte des riches contre les pauvres, terminée à l'avantage des premiers – qui pourait en douter – sont parvenus à substituer à ce premier magnifique brouillon de démocratie que fut la République Romaine la dictature millitaire de l'Empire. Il y eut de bons empereurs, tels Vespasien, Titus, Nerva. Mais combien de fous, combien de simples brutes épaisses, tels ce Caracalla qui dit à son successeur en mourant : « Enrichis le soldat, et moque-toi du reste. »

     

    Alors, vidée de son esprit civique, le citoyen n'ayant plus qu'à la fermer depuis des siècles, Rome s'écroula de l'intérieur sans même se regretter. L'on vit même des populations aller au-devant des Barbares les clés de la ville en mains pour se rendre à ceux qu'elle considérait comme des libérateurs. Avec les Barbares, au moins, on ne payait plus tant d'impôts.