Proullaud296

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  • Un inspecteur incorruptible

     

    "En 1774, la France disposait de soixante-neuf vaisseaux" qui ne rapportaient pas grand-chose d'où leur nom de "vaisseaux sans gain" – "de ligne, dont vingt-six "hors d'état à la mer" comme on disait, et de trente-huit frégates, dont quinze "hors d'état". Le tiers des approvisionnements manquaient. Une dette de quatorze millions de livres" (soit : "de francs") pesait sur le département" (de la marine), "que l'abbé Terray, contrôleur général des finances, refusait obstinément de régler. Turgot, secrétaire d'Etat de la Marine pendant un mois avant de succéder à Terray, avait sans délai alerté Louis XVI : "Il est absolument nécessaire de pourvoir à l'acquittement de cette masse énorme de dettes, dont une foule de malheureux souffrent, qui excitent de toutes parts les plaintes les plus justes, qui répandent le découragement parmi les fournisseurs, réduisant plusieurs d'entre eux aux dernières extrémités, mettant par là des entraves à la célérité du service et rendant les marchés plus onéreux au Roi". Admirez au passage le style magnifique des rapports transmis à Sa Majesté. "Quant au personnel, Boynes l'avait complètement démoralisé par des innovations grotesques. Ainsi s'était-il mis en tête de calquer l'organisation de la marine sur celle de l'armée de terre, articulée autour du régiment. Il avait donc divisé la flotte de combat en

     

    33huit régiment, chacun d'eux recevant le huitième des unités et du personnel, et décidé que chaque officier accomplirait la totalité de sa carrière au sein du même régiment. On conçoit que le jeune roi, passionné par la marine, eût décidé au bout de deux mois de lui demander sa démission : "Les changements qu'il a faits de la Marine, et qui n'ont abouti à rien, et son incapacité pour cette partie m'y obligent."

     

    "On a dit plus haut le scepticisme qui avait accompagné la nomination de Sartine : à un juriste ignorant tout des choses de la mer succédait un autre juriste qui n'en savait pas davantage. Personne ne comprenait qu'on ne lui eût pas donné la Maison du roi, à quoi le prédestinait sa grande réussite comme lieutenant-général de police. Son ami Véri estimait que le cadeau était empoisonné : "Sa probité, sa douceur, son exactitude sont connues. Je l'aime personnellement et son avancement me sera agréable, mais je n'ai pu cacher à M. de Maurepas qu'il donne à M. de Sartine un travail au-dessus de ses forces." Pour la cour, et à l'instar de Vergennes," (ministre des Affaires Etrangères) son défaut de naissance" (noble) "suffisait à le disqualifier. Le baron de Besenval nous confie qu'il "était considéré comme fort au-dessous de son département, homme d'un esprit médiocre, et capable tout au plus d'une petite intrigue d'homme de robe, et subalterne." Mais on se trompe souvent sur les gens comme dit Cahuzac : "En matière d'administration, le nouveau ministre n'avait de leçons à recevoir de personne. L'état lamentable dans lequel il trouva la marine le scandalisa. Il en fit part au roi dans un mémoire rédigé deux mois après sa désignation. Lugubre bilan : "Un chaos effrayant où l'esprit démêle à grand-peine quelques restes épars et presque méconnaissables de cette ancienne constitution qui rendit autrefois la Marine de France la plus formidable de toute l'Europe. La subordination semble pénible à tout le monde... Une espèce d'anarchie où personne ne commande et personne n'obéit... Des opérations précipitées, mal conçues, mal dirigées et vicieuses dans le principe, ont aigri tous les esprits. On s'est égaré." Là encore, élégance de l'expression...

     

    "Il commence par annuler les stupides innovations de Boynes et rétablit pour l'essentiel le système mis en place par Choiseul et Praslin" poil aux pralines. "Puis, après avoir étudié à fond ses dossiers, il part en tournée d'inspection. Il a prévenu l'intendant de la marine de Brest : "Mon objet, en allant à Brest, est uniquement de m'instruire et d'y prendre des connaissances que je ne puis acquérir loin d'un port. Vous sentez donc, Monsieur, que tout ce qui tendrait à m'offrir des objets de distraction contrarierait mon plan. Je demande en grâce à M. le comte d'Orvilliers [chef de la flotte de Brest], chez qui je logerai, et je viens vous demander aussi de vous opposer à l'avance à tous les préparatifs de fête, de bals, de comédies. Je ne veux pas d'autre spectacle que celui de l'arsenal du Roi et de son port." Ce refus de tout amusement signifiait aussi qu'on ne l'amuserait pas.

     

    "Trois semaines à Brest. Les vaisseaux sont entassés bord à bord dans l'étroite embouchure de la Penfeld. L'air circule mal et les coques pourrissent. On change les vaisseaux de côté tous les six mois pour égaliser au moins les méfaits de l'humidité du vent dominant. Sartine s'enquiert de tout, multiplie les visites, reçoit le soir les représentants des corporations impliquées dans les fournitures. Une inspection aussi complète n'avait pas de précédent. Quant il repart, la marine sait qu'elle a un ministre." - celui de Hollande s'appelle comment, déjà ?

     

    "Cet homme tenu à la cour pour médiocre et subalterne accomplit une révolution. La marine de guerre vivait encore sous le régime des ordonnances prises en 1689 par Seignelay, fils de Colbert, auxquelles Choiseul n'avait apporté que des modifications mineures. Par l'une des contradictions que l'Ancien Régime se montrait prodigue, elles donnaient à la plume la prééminence sur l'épée. Les chefs de bureau, premiers commis du secrétariat d'Etat, dont le petit nombre ne cesse de nous émerveiller (quatre-vingts en 1774, cent six en 1780 alors que fait rage la guerre sur mer), étaient beaucoup mieux payés et jouissaient d'un plus grand pouvoir que les officiers embarqués.

    Pour ces derniers, et contrairement à l'armée de terre, l'avancement était difficile : en 1775, la moyenne d'âge chez les capitaines de vaisseaux dépassait la soixantaine et les chefs d'escadre étaient le plus souvent septuagénaires. Le Grand Corps, selon l'expression consacrée, compensait ces inconvénients de carrière par un orgueil de caste incommensurable.

     

  • Ma petite église, avec photo qui représente autre chose évidemment

     

     Dans le désespoir le plus total je me suis levé pour faire la description d'une église. C'est un cliché de l'année 2044, pris en Haute-Garonne, sans que je puisse davantage l'identifier. Son cadran marque 9 h 25, les ombres et les lumières parfaitement tranchées. Le clocher est trapu, de pierre claire, présentant une arête verticale : le côté qui porte le cadran à l'ombre, l'autre partie de l'angle droit au soleil, un clair soleil du matin. De façon originale se détache une abside hexagonale dont trois pans sont visibles, avec deux contreforts de type roman, alors que la seule fenêtre visible appartient au début du gothique.

     

    Mais il serait vain de chercher l'unité ici. Sur la partie droite de la photo s'élève la masse grise d'une maison privée, dans l'ombre et sans caractère. Le ciel bleu découpe des fragments de triangle rectangle. Derrière enfin ce clocher, plus ce que j'interprète comme une abside, s'amorce une pente de toit de tuiles. Je ne sais pas où se situe cette église. Il faudrait noter cela dès le développement de la photo. Je reviens à présent sur les détails. Premier pan de mur, à gauche, dans l'ombre. C'est une ombre claire et accueillante. Outre le cadran rond et dépourvu de chiffres, elle accueille cinq ouvertures.

     

    En bas, un petit porche en plein-cintre, au sommet de trois marches que l'on distingue mal. Il serait donc possible d'entrer par-là. Un escalier s'élève sans doute à l'intérieur, puisqu'un petit jour en poterne, à deux mètres du sol, forme un œil dans la muraille. Un autre est à quatre mètres, trois ou quatre fois plus grand, en revenant vers la droite, non tant toutefois que la porte du bas. Juste sous le cadran. Et au sommet, deux ouvertures plein-cintre, destinées à propager le bruit des cloches. Les mêmes se retrouvent symétriques côté soleil, sur l'autre face, celle qui s'éloigne de nous.

     

    Sur ce côté ensoleillé, une ouverture carrée se situe plus bas, formant avec ces deux ouïes un isocèle inversé. Et appliquée au mur, à deux mètres cinquante, au noiveau de l'humain, nous voyons un réverbère en fer forgé, une de ces « lanternes » où l'on pendait paraît-il tant d'aristocrates selon la chanson. C'est une église bien ravalée, bien neuve et bien propre. Elle est si bien entretenue qu'elle semble sortie d'une boîte à jouets. Nous en avons beaucoup de cette sorte en France. Il faudrait décrire la blondeur claire de lapierre, sa régularité, son aspect apaisant, le découpage de l'ombre d'un pan d'abside, avec une sorte d'épaulement éphémère, destiné au mouvement selon le déplacement du soleil.

     

    Escaliers.JPG

    L'abside obéit aux mêmes répartitions d'ombre et de lumière. Un contrefort se présente de face, complètement fondu par la perspective. Son ombre légère diffuse elle-même de la clarté. La face numéro deux porte une haute fenêtre à deux élancements verticaux, sommés d'un œil-de-bœuf encadré de pierre. L'absence de mots techniques montre mon ignorance. J'hésite encore entre l'ancien et l'exagérément restauré, le trop propre. Au sommet des contreforts, qui rejoignent le vertical par un plan incliné, court une petite frise de pierre, un bandeau, un ressaut plus exactement. Au-dessus se déroulent trois côtés sans ornementation, purs au regard comme au toucher. Ce que l'on voit du toit, en tuiles intactes, forme une petite ombre comme une soutache. Entre le deuxième contrefort et le troisième (parfaitement visible, franchement de profil) se devine une autre fenêtre, dépassant le petit ressaut.

     

    Il serait étrange en vérité de dessiner d'après ma description. L'effet de la perspective est tel que le clocher s'enlève sur la gauche, occupant toute la photographie ; puis l'abside se détache, plus basse, accompagnée par la descente d'un toit. C'est d'une géométrie très pure et inexprimable. Pourtant je ne ressens aucune émotion, aucune présence de Dieu. Ces murs me parlent trop de l'homme et de son louable souci d'harmonie. Rien ne laisse deviner l'intérieur ni le genre e recueillement qui doit s'y trouver possible. Mon église se laisse admirer mais ne se livre pas. Je voudrais savoir son nom.

  • Morpion Circus

     

    Lourde tâche, plus lourde qu'il n'y paraît, de dégoiser sur un San Antonio, alias Sana, alias again Frédéric Dard. Ce livre-ci date de 1983, n'est donc plus de la première fraîcheur, et s'intitrouducule (allons-y) Morpion Circus, sans aucun rapport ni avec l'enfance ni avec les parasites génitaux, non plus qu'avec l'art de Léotard l'inventeur du trapèze, pas l'autre, en dépit du clown blanc fatigué affalé sur la première de couve, juste derrière le titre. San Antonio était-il de la vraie littérature, ou de la para, ou de la méta de la même, ce débat courait déjà en ces années du premier septennat mitterrandien : et l'auteur de se rengorger dans une de ses nombreuses parenthèses : « du San A, c'est du San A, et qu'on ne s'avise pas de me placer dans une case, bande de ceci et bande de cela et bande de travers », là j'en rajoute mais c'est facile.

     

    Car San Antonio me semble avoir vieilli plus vite que le fromage, avoir épuisé tout son stock à malices, et, disons le mot, relever du troisième degré : faire semblant d'être vulgaire tout en restant raffiné, cultivé, noble et plein de sollicitudes pour le genre humain si misérable, mais ne pas y parvenir, à faire semblant, quelles que soient les qualités intrinsèques ou entre insectes du personnage écrivant. J'ai ri à rectum déployé en le découvrant, à 18 ans, au lieu de draguer les gonzesses qui se pressaient sur l'herbe autour de moi tandis que d'autres plus futés s'emparaient de leurs culs. Moi pendant ce temps je me marrais comme un âne qui brait. Toutes les insolences sont de sortie : monologuer, digresser, calembourer, engueuler le lecteur, se permettre des jeux de mots particulièrement cultivés comme « je me barbais d'Aurevilly », inventer des noms à la noix comme le Professeur Sa-Fêmahl, typiquement marrakchi, pour ensuite prétendre l'avoir oublié, ce nom-là, histoire de bien montrer qu'on ne croit pas à ce que l'on raconte et que l'on bâcle son travail.

     

    Inventer des titres de chapitres n'ayant eux non plus aucun rapport surtout sexuel avec l'intrigue, de laquelle on se fout comme de la Charente, dévier des proverbes et des expressions toutes faites comme je viens de le faire, jouer sur les personnages bien connus des fidèles comme l'ineffable Pinault ultrabavochard et cocu jusqu'au plafond de la Sixtine, ou l'ignoble Bérurier qui rote qui pète rien ne l'arrête, bref, on croirait moi-même lorsqu'il se fait chier ou fait cours ce qui revient au même, or je ne puis me supporter qu'une demi-heure par jour et encore, quand il vente. Du San Antonio, je m'en fais sous la douche et parfois je rigole tout seul en inventant des plaisanteries d'almanach Vermot qui se prend pour François Rabelais.

     

     

    Beau chemin, et lsière de doigt.JPG

    Le tout absolument rabâché par conséquent, à utiliser à la pelle quand on est de très bonne humeur, avec la pleine conscience de sa nullité désespérée. La vie n'est pas marrante, profitez-en avant d'être au fond du trou, en revanche pour tous les autres trous de la femme allez-y franco, elles ne demandent que ça et vas-y que je te tire à déboucher tous les lavabos, amis de la galanterie bonsoir. Bien sûr qu'on les respecte, aussi longtemps qu'elles veulent baiser, camarade Bigard nous voilà. Mais c'est curieux, nous ne savons plus rire. Avec la manie de choper l'air du temps quand il passe, je ne suis plus le même depuis l'attentat du 11 septembre, il passe de drôles de pessimismes dans l'atmosphère, une ambiance de race en décomposition, la nôtre même si elle n'existe pas, on n'a plus de goût à rien, tout le monde devient stupide, grognon et agressif, double pléonasme, dès que tu t'approches d'une fille elle téléphone à police secours comme disait feu Guy Bedos ou « l'art de se faire des amis », et dès qu'une fille s'approche d'un mec ça ne va pas tarder à donner le même comportement.

     

    La connerie, c'est de perdre l'humour, Humor verloren, alles verloren, so sagt das Sprichwort, dit le proverbe, à moins que de tout temps l'humour n'ait été que la politesse du désespoir. San Antonio est sain, blet, pourri, excellent, minable, homophobe, misogyne, mort, franchouillard ; il ne s'occupe pas de moi, il ne m'envoyait pas d'argent, il payait ses impôts mais en Suisse, les politiciens lui semblaient tous pourris, qu'eût-il dit de nos embrouillaminis pour le perchoir de l'Assemblée par exemple, mais il n'eût rien dit parce qu'il était d'une époque et pas de celle qui a suivi : regardez comment Charlie Hebdo avait évolué, alors avant de débiter les mêmes banalités que San Antonio et sans son souffle, car tout de même son bouquin dépasse les 220 pages, et les mauvaises langues disent qu'il a toujours chanté le même air comme les Rolling Stones, je vais me relivrer à mon exercice de professeur moisi, qui n'a plus envie de dormir, après s'être aperçu qu'un événement se produit de façon inversement proportionnelle aux désirs qu'on en a de le voir se produire, autrement dit, plus tu as envie d'une chose et moins elle arrive, à moins que ce ne soit le contraire, « Quand on veut on peut et y a qu'à vouloir pour tout avoir », et vous avez tout de suite deviné de quel côté je penche, moi aussi je t'en fais des digressions, me manque juste la puissance de travail.

     

    Je n'ai absolument pas compris l'intrigue. Je sais qu'à la fin, l'enquêteur San A se trouve à Marrakech en compagnie d'un émir vachement friqué, et qu'ils discutent chacun dans leur genre. Observez le français raffiné de l'huile orientale :

     

    « Si des gens pensent cela de vous, c'est que leur supposition repose sur un élément valable, médite le vieux loukoum. » Le chœur des vierges : « Raciiiste ! raciiiiste ! »,«  - C'est aussi mon avis, Surpuissante Majesté. » Rechœur des revierges : « Raciiiste ! Raciiiste ! » « Ce qui m'induit à tenir le raisonnement suivant : « Tu ne sais rien, mais on croit que tu sais ; qu'est-ce qui peut te faire croire que tu sais ? » (La mort aux trousses là, carrément).

     

    « - Et alors ? insiste mon suprêmisssime vis-à-vis.

     

    «  - Et bien, j'en conclus que Mrs Delameer est censée détenir un secret dont on redoute qu'elle ne me l'ait communiqué ; ce qui n'est pas le cas.

     

    « Un serviteur de l'émir se pointe, » (« changement de registre » comme on cause au bac), portant un walkie-talkie sur un plateau d'or. » Eh oui, les téléphones portables n'existaient alors que sous cette forme. « Il raconte un machin en arabe. » (« Raciiiiste ! ») « Le vieux se saisit alors de l'appareil, lequel est muni d'un petit écouteur qu'on se cloque dans une feuille, ce qui permet d'entrer en contact avec son terlocuteur sans que les personnes présentes perçoivent quoi que ce soit. Il zigougne le contacteur. Ecoute comme si le message le faisait chier abominablement. Puis il profère un mot, un seul, que je ne pige pas » (« Raciiiiste ! », « coupe la communication et rend l'engin au larbin.

     

    «  - La Bourse de New York n'est guère fameuse, aujourd'hui, soupire le pote en tas » - ah, celle-là, j'aime - « désabusé.

     

    «  - Nous allons vers d'autres temps, Votre Impénétrable Majesté ,» (il en a des kilos, une vraie fête du langage etc.) « assuré-je en toute connaissance de cause. L'homme a commis la folie de proliférer, si bien que l'ancien équilibre est rompu. Il va falloir soit remettre le compteur à zéro, » (une bonne guerre ! une bonne guerre!) « soit trouver des solutions politiques adéquates. Le temps du paupérisme est révolu, donc celui de la richesse également. » On ne peut en effet que ressasser de vieux lieux communs crétins devant un émir, ou devant un lectorat tous deux paresseux. On peut avoir l'air de se foutre de ces lieux communs, tout en les disant quand-même, n'est-ce pas... « Le folklore y perd, la morale y gagne ; quant à la liberté, elle cessera bientôt totalement et sous toutes ses formes, vivre dépendra d'une obéissance absolue à des dispositions rigoureuses qu'il ne sera plus possible de transgresser. » A peine fasciste comme vous le constatez. À transmettre au chœur des vierges. « Le passager d'un avion n'est pas libre, les passagers de la vie future le seront moins encore ; ils franchiront leur durée attachés à leur siège, » C'est le personnage qui parle, là, ou c'est Frédéric Dard ? Ou moi-même, ou la caissière du coin ? « ...à consommer des rations étudiées au plus juste. Nous avons survécu par nos éjaculations, nous périrons par elles ; à moins qu'on prenne les mesures qui s'imposent. Nous allons vers la castration obligatoire » (notez qu'avec les femmes on n'en est pas loin), Votre Chiément Belle Majesté. Les privilégiés du futur seront les porteurs de testicules. » Pouah. « La vraie richesse résidera dans le slip, les bourses remplaceront la Bourse. » - délire assumé par l'auteur, rayon noces et banquets.

     

      • Sans doute, admet l'émir (onton).

        « Et il ajoute, l'air dur, la voix chuchoteuse :

      • Mais tout cela est pour demain, or nous vivons aujourd'hui, ami très cher.

         

     

    « Qu'à cet instant, la lourde porte de notre cabinet particulier s'ouvre dans mon dos. Une voix familière s'écrie :

     

    «  - Mande pardon, j'croyais qu'c'tait les gogues !

     

    « Je me retourne : - Béru !

     

    « Il s'étonne :

     

    «  - Toi z'ici ! Avec le fakir ! » (« Raciiiiste!) « A claper en amoureux ! (homophobiiiie!)

     

    « Dès lors, m'sieu l'nouveau dirluche se pointe, la main tendue, naze à outrance :

     

    «  - Bonjour, m'sieur l'fakir ; Bérurier Alexandre-Benoît, directeur d'la police française, enchanté d'vous connaître. Dites, j'voye qu'vous êtes en train d'bien faire, les deux : du caviar plein la gamelle, tandis qu'y a des p'tis Hindous qui bectent d'la vache sacrée enragée ; ben mes vieux, vous chiez pas la honte ! » Même Georges Marchais causait mieux ; Sarko, je ne sais pas. « Notez qu'le caviar, j'en fais pas des folies : j'préfère l'hareng-pomme-à-l'huile. Vous permettez ?

     

    « Sans vergogne, mais avec force, il plante un siège à notre table et s'installe.

    « - Tu connais la nouvelle, Tonio ? On a fumé le chalumeau de la paix, moi et l'Vieux. C'est la môme Suzette qu'a arrangé les bidons. À propos d'bidon, ça marche, le pétrole, m'sieur l'fakir ? Faudrait voir à nous faire une fleur, la France, su' les prix. Pas agir comme les Algériens, qui nous vendent plus cher qu'aux autres sous prétesque que c'est nous qu'on leur a installé la pomperie » - et colonialiiiistes en plus. Bref, toujours la même chanson chez San Antonio, est-ce que la vulgarité il la prône, ou bien la caricature, ou bien les deux, pour bouffer à tous les râteliers, ceci du point de vue de l'éthique, et pour la littérature, il ne semble guère aller au-delà d'une petite dizaine de procédés de provocation bien usés depuis. Sur quoi l'on objectera que je ne sais plus m'amuser, que je fais la fine bouche et que je renie les forces vitales, ce en quoi le même l'on n'aura pas tout à fait tort. Poil de pécore.

     

  • Da Vinci Code, la matrice

     

    BAIGENT-LIGH-LINCOLN "L'ENIGME SACREE"

     

    Vous apprendrez ce soir des choses extraordinaires sur Jésus-Christ, moi-même, Wagner et autres personnalités. Notre feuilleton vous sera assené au sein des merdes musicales les plus diverses. Et contrairement à ce que vous croyez, ce ne sera pas drôle.

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    / Musique /

     

     

     

    L'énigme sacrée, tel est le titre sulfureux de l'ouvrage à trois auteurs comme un piano à trois voix : Michaël Baigant, Richard Leigh, Henry Lincoln. Tout se passe en Europe. Et vous pensez bien qu'on ne va pas vous la révéler comme ça, l'énigme sacrée. On va vous la distiller avant de vous l'instiller. Le procédé est efficace : partir d'un tout petit mystère pour déboucher sur une révélation extraordinaire devant affecter l'ordre du monde. Souvent les auteurs nous font saliver par leurs formules :"Nous avions découvert que... mais ce n'était pas suffisant... nous dirigeâmes nos recherches vers...mais nous aboutîmes à une impasse... Il fallait repartir sur une autre piste... ça y est, nous tenions le bon bout" – bref, du Fort Boyard avant la lettre.

     

    Et ça marche. Le télespectateur marche, pardon le lecteur court comme un nain sur les planches. L'ennui, c'est que je n'ai pas arrêté de zapper pendant Fort Boyard et que je me suis souvent ennuyé à lire de longues listes de grands maîtres de l'ordre de Sion. Et parfois je me suis passionné. C'est un gros bouquin : 451 pages grand format, notes et index compris. Tout commence par une chasse au trésor, comme dans l'émission : il était une foi(s), avec ou sans s, un curé, à Rennes-le-Château, près de Carcassonne. Il menait un train de vie fastueux, excellent sujet de rédaction. Il recevait des gens très haut placés, des princes incognito, ce qui est pour le moins bizarre pour un curé de campagne.

     

    Puis il mourut bien sûr, et chacun fouille encore le sol et sonde les murs. À partir de là se développe une vaste spirale de raisonnements tous plus originaux et fumeux les uns que les autres, visant à établir qu'un ordre mystérieux de moines, de guerriers, de moines-guerriers, de juifs francs-maçons, de juifs pas francs-maçons, de personnages louches de la haute, dont de Gaulle et Jean Cocteau, voyez un peu le mélange, et de maîtres du monde, tente avec succès – avec succès ! - de faire régner parmi nous une justice croissante et chaude. Il est à noter que toutes ces personnalités sont originaires d'Angleterre, de France, et de la Bible, le reste du monde, Tibet, Pérou des Incas, Japon, provisoirement mis de côté.

     

    Cette conspiration bienveillante – et il est vrai que l'homme s'améliore, nous sommes devenus de grands sensibles, de grands douillets – remonte au Moyen Âge, à travers (je remonte, je remonte) les inévitables Templiers, les inévitables Cathares, l'inévitable Queste du Saint-Graal, le non moins incontournable roi Arthur et les druides celtes. Tous les chercheurs ésotériques ont connu ces sentiers battus. La méthode historique des auteurs se constitue à partir d'une idée préconçue : "Il y a conjuration mondiale" (ici, des forces du bien), "cherchons-en donc les traces". Et s'il n'y a pas de traces, c'est bien sûr qu'on les a fait disparaître... Moins il y a de traces, plus il y a d'indices. Moins il y a de preuves, plus c'est probant ! C'est ainsi qu'un jour nous démontrerons que Jeanne d'Arc, en conférence avec Vercingétorix à Osijek, a directement provoqué la Guerre de14. Il n'y a pas de preuve ? C'est bien la preuve qu'on nous cache quelque chose. Et cependant, nous lisons. Car les auteurs s'y connaissent en littérature, en machinerie de rêves. Ils possèdent une culture phénoménale. L'art consommé de résumer clairement la doctrine cathare, de préciser honnêtement leurs étapes et leurs échecs dans leur détermination de la nature du Saint-Graal. Ils n'ont pas leur pareil pour décortiquer les Evangiles, établir sur quoi ils ont convergé ou se sont contredits, ce qui intéresse aussi bien les athées que les croyants croyez-le ; ils se sont documentés.

     

    Parfois, leurs documents sont faux, comme le Protocole des Sages de Sion, qu'ils osent citer, mais, tenez-vous bien, en prétendant qu'il s'est inspiré d'un autre Protocole, antérieur, où le mot "juifs" doit être remplacé par un autre. Ils fouillent en tous sens, tantôt taupes, tantôt balais dans les fourmilières du savoir qu'ils font voler à tous vents. On s'ébroue dans les époques, dans les généalogies seigneuriales et royales, et l'on découvre que les Mérovingiens se sont reproduits jusqu'à nos jours, et qu'ils attendent de remonter sur le trône de France, depuis Charlemagne mein Gott quelle patience ! Bref le lecteur rêve, se repaît, nage dans un océan cabalistique, c'est le Pendule de Foucault du pauvre, à la portée de toutes les têtes.

     

    Qui aime bien châtie bien. Laissez-moi vous guider dans votre itinéraire. À la fin, si vous êtes bien sages, vous tiendrez la clef du mystère, et ce ne sera plus la peine de vous procurer le livre. Ainsi donc, le petit village de Rennes-le-Château est le fil d'Ariane à partir duquel s'est déroulée toute la pelote. En page 47, rapide survol historique (30 000 habitants me semble énorme pour un "village" en 1360, surtout douze ans après la Grande Peste : il y a ainsi de ces approximations...) : "Au cours des cinq siècles suivants, la ville est le siège de l'important comte de Razès. Puis, au début du XIIIe siècle, une armée de chevaliers descend brusquement du nord sur le Languedoc pour anéantir l'hérésie cathare ; elle s'empare de tout ce qu'elle trouve sur son chemin et, au cours de cette croisade dite des Albigeois, le fief de Rennes-le-Château, capturé, change de mains plusieurs fois. Cent vingt-cinq ans plus tard, aux environs de 136, la population locale est décimée par la peste ; peu après, la petite ville est détruite par une bande de pillards catalans (note 4: "Fédié, Le comté de Razès, pp. 3 et suiv. Le chiffre de 30 000 habitants est avancé par G. de Sède dans L'or de Rennes, p. 17, mais il ne cite pas ses sources")

     

  • Delirium très mince

     

    Les armées parfois massacrent, afin d'accuser l'ennemi. Peut-être aussi les habitants du ksar ont-ils tué de leurs propres enfants, afin d'entretenir l'émeute et l'insurrection, afin de communier sur les corps avant de s'entretuer, de s'entresacrifier rituellement sur les corps dépecés de leurs propres entrailles, chair de leur chair. Ils sont 42 corps, découpés dans d'immenses corbeilles, vanneries plates au travail remarquable, soulllées de sang. La lutte n'est pas près d'être finie. Il semble qu'elle durera infiniment, si la religiosité s'en mêle, si la rejointure à la divinité exige tant de cruautés, de cruor, « le sang répandu ». Vénus Anadyomène.JPG

     

     

     

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    C'est alors que survient l'enfant. Il s'appelle Mohi, il est pur et blanc, tel que je fus à dix ans. La tour qu'il construit atteint trente étages, D'abord il empile, entasse sable sur sable.

     

     

     

    Une publicité m'a fait croire que moi, enfant de dix ans, je pouvais augmenter la hauteur d'un gratte-ciel (30 étages) en empilant étage sur étage comme en un gigantesque jeu de construction. Je peux aussi augmenter le confort de ces appartements cubiques. Au lieu de cela je me retrouve sur une terrasse gravillonnée dominant le vide, jouant à rebondir sur un trampoline avec un initiateur à peine plus âgé style Spiderman invisible. Nous rebondissons de plus en plus haut et de plus en plus loin au risque de me casser la gueule en franchissant la bordure. Je me retrouve plus tard dans un appartement vides de meubles, comble de gens, hermétiquement clos derrière des baies vitrées d'où l'on découvre de haut d'autres gratte-ciel semblablement disposés et garnis.

     

    Le jeu consiste, pour fêter je ne sais quoi, à faire exploser d'immenses pétards qui font hurler de terreur des gosses, à la frayeur desquels nul ne réagit. Je suis scandalisé et veux les réconforter, mais la foule compacte m'en empêche. Il est aussi question de publicité renforçant des villes, mais sur la carte, vues de près, ces villes sont comme ruinées. Dans les appartements, le vacarme épouvantable fait penser au massacre de la famille du tsar en 1917. On n'a pas le droit d'épouvanter ainsi des enfants.

     

  • L'Eclaircie

     

    Encore un écrit dont je ne me souviens plus. Sollers, comme la culture, s'évanouit comme un panache au-dessus du train, il est tout ce qui reste quand on a tout oublié ou publié, cette impression évanescente à laquelle nous serions malvenus de faire la moindre référence explicite. Les Américains ne le traduisent plus : trop français, trop léger, trop « champagne ». Ça le fait rire. De même un jour sur une plage une femme disait-elle à Picasso : « Monsieur Picasso, je n'aime pas du tout ce que vous faites ». et le peintre de répartir  : « Mais Madame, ça n'a aucoune immportance. » Si nous n'aimons pas Picasso, si nous dédaignons Sollers, ces deux enflures peuvent nous regarder de haut en nous assassinant d'un « aucoune immportannce », nous renvoyant à nos insignifiances, à nos médiocrités recuites, à nos petits fiels étroits, à nos ternitudes.

     

    Sollers assassine Houellebecque démolissant Picasso, ce dernier ayant « l'âme laide » et ne pouvant peindre, d'après monsieur Louis, que la laideur. Ce Louis, alias Houellebecque, peut parler ; à la laideur, il ajoute même l'insignifiance et le tirage à la ligne. Plus l'ambiguïté : est-il dénonciateur, ou profiteur, ou les deux ? Difficile d'échapperr aux clichés, aux réactions convenues, étiquetées, hiérarchisées, déchaînées par Sollers et Picasso. L'éclaircie prétend qu'un jour, qui sait, de ce cap découpé du continent asiatique, surgira au moment où nul ne s'y attend, où tous désespèrent, une «éclaircie » du même genre que Picasso, qui foutit tout en l'air, ou que Manet, dont le nom signifie « il reste » en latin, mais qui lui aussi éclata dans la peinture comme un coup de tonnerre dévastateur, ZIM, BOUM, TA-TSOIN.

     

    Mais « les braves gens n'aiment pas que / l'on suive une autre route qu'eux ». Manet m'indiffère au plus haut point, la notion de « progrès » dans l'art me semble, comme à Baudelaire, une infamie ; surtout, chez nous, c'est le reflux : devant la mort tout s'efface. Manet fut un courant d'air salutaire. Picasso un tsunami. Picasso me dépasse. Dépasse pas mal de gens. Ne peut être réduit à un conformisme. Non plus qu'à un anticonformisme, parce que quand même, merde, il a produit, aussi, des merdes. Manet, je m'en fous. Il appartient à une civilisation morte, le XIXe siècle, plus ensevelie que Pompéi : mort en 1883, plus loin encore que la Préhistoire. Picasso en revanche fait partie de nous, il nous infecte, il a démoli la peinture, la sculpture, les femmes, tout ce qu'il touchait.

     

    Il pétait, c'était génial. Il chiait, c'était génial. Il se torchait, encore génial. Il éjaculait, c'était du délire. Alors, forcément, les petits esprits, ceux qui ne sont plus des enfants, ceux qui sont dans la connerie, l'ont détesté, le méprisent, le considèrent comme un petit-maître surfait, surévalué, surcoté, monté en graine et en épingle. Dans la mesure où l'opinion de la crotte de nez qui vous parle peut jauger Picasso, nul ne devrait l'estimer plus haut que, tenez, Arcimboldo, qui compose des visages à partir de poissons ou de légumes. Ce qui ne serait déjà pas si mal. Le bonhomme Picasso me déplaît. Pas moyen de se décrotter le nez en sa présence. Pas moyen de parler à bâtons rompus, d'échanger des considérations sur le temps ou le tour de Fragnce, f-r-a-g-n-c-e. De vos crottes et de vos bâtons il ferait des montages, il fait d'une selle de vélo une tête de taureau, comme un môme, et tout le monde encense.

     

    Or Picasso est le héros de L'éclaircie. De Sollers, qui attache sa barque au vaisseau Picasso dans l'espoir de se faire emmener lui aussi à la gloire éternelle (si Hollywood, si le Net, si la Photo acceptent la suirvie de Picasso). Sollers ? Autre scandale. Successivement initiateur ou suiveur de toutes les idéologies de gauche ou de droite (papiste même, pas fasciste, non, tout de même). Clown batifolant, inclassable, divaguant de femme en jéroboam, de formidable en jeune fille, fidèle, débauché, chaste, âgé, empaté, Don Juan, évanescent, ne s'intéressant qu'à ceux qui l'aiment lui et son œuvre, et qui a bien raison. Il raconte ses promenades, ses rêveries, tout s'oublie sitôt le livre fermé.

     

    Il écrit toujours bien. Pas de ces lourdeurs, de ces longueurs interminables à la Houellebecque. Un éminent bavardage à la Horace, le passage d'un sujet à l'autre, puis le retour, comme un pinceau qui revient, les détails qui se précisent, les parfums qui se renforcent, la mélopée sollersienne, sceptique et obstinée, constructive d'espoirs en dépit de tout – sagesse qui Dieu merci - encore un gros mot – ne sait pas qu'elle est sagesse. Le mystère est de comprendre, d'admettre, qu'un homme si indéfinissable ait pu s'amouracher des vulgarités picassiennes, de ce tape-à-l'œil tapageur et constant poussif, je-rote-je-pète-rien-ne-m'arrête, sans gêne, blaireau, malappris, machiste, haineux, fumier, méprisant, inhumain, écrasant tout sans aucun doute sur sa supériorité, son génie, sa modestie et la légitimité de tout ce qui se rapporte à son nombril et à sa bite de taureau, comme Picasso ?

     

     

    Un grand homme d'Aurillac.JPG

    Il est vrai que la mauvaise foi petite-bourgeoise et cryptofasciste révélée par ce eommentaire de cuvette à chiottes serait aussitôt prise pour autant de compliments par la clique de flagorneurs de Picasso, qui, au rebours d'un organisme humain ou telle installation artistique engouffrant tout pour le transformer en merde, enfourne ladite merde pour la transformer en pâtisserie fine. Picasso, Sollers, sont des incompris, avec tous deux leurs inconditionnels et leurs vomisseurs, à la différence près que Sollers sera toujours distingué, alors que Picasso sera toujours merdeux. Sollers a toujours changé d'opinions, mais jamais d'être : il est resté cultivé, humain, humaniste dans le sens « pétri d'humanités », de culture. Picasso est inhumain parce qu'il n'y a pas en lui la moindre once de sensibilité humaine, d'humanité, de culture, de connaissance. C'est une mécanique qui chie des mécaniques, et chacun de s'extachier, les lobbies veillent, les lobbies spéculent, les lobbies empochent. Soutine me déchire et m'apporte, le Soulages des années 50 m'illumine et m'emporte (à présent il chie du goudron, mais il faut bien que décrépitude se passe), Barceló m'apporte. On me dira que sans Picasso il n'y eût point eu de Soulages ni de Barceló, certes, de même que sans une abondante merde les rosiers ne produiront jamais de roses.

     

    Mais c'est bien connu, la rose a des épines, toi merde, tu n 'en as pas. Et comme disait mon ami Jean T., je m'arrête, parce que je vais dire des conneries. Et je laisse couler le fleuve Sollers, passant d'un sujet à l'autre en ses ressassants méandres