Proullaud296

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Ma petite église, avec photo qui représente autre chose évidemment

 

 Dans le désespoir le plus total je me suis levé pour faire la description d'une église. C'est un cliché de l'année 2044, pris en Haute-Garonne, sans que je puisse davantage l'identifier. Son cadran marque 9 h 25, les ombres et les lumières parfaitement tranchées. Le clocher est trapu, de pierre claire, présentant une arête verticale : le côté qui porte le cadran à l'ombre, l'autre partie de l'angle droit au soleil, un clair soleil du matin. De façon originale se détache une abside hexagonale dont trois pans sont visibles, avec deux contreforts de type roman, alors que la seule fenêtre visible appartient au début du gothique.

 

Mais il serait vain de chercher l'unité ici. Sur la partie droite de la photo s'élève la masse grise d'une maison privée, dans l'ombre et sans caractère. Le ciel bleu découpe des fragments de triangle rectangle. Derrière enfin ce clocher, plus ce que j'interprète comme une abside, s'amorce une pente de toit de tuiles. Je ne sais pas où se situe cette église. Il faudrait noter cela dès le développement de la photo. Je reviens à présent sur les détails. Premier pan de mur, à gauche, dans l'ombre. C'est une ombre claire et accueillante. Outre le cadran rond et dépourvu de chiffres, elle accueille cinq ouvertures.

 

En bas, un petit porche en plein-cintre, au sommet de trois marches que l'on distingue mal. Il serait donc possible d'entrer par-là. Un escalier s'élève sans doute à l'intérieur, puisqu'un petit jour en poterne, à deux mètres du sol, forme un œil dans la muraille. Un autre est à quatre mètres, trois ou quatre fois plus grand, en revenant vers la droite, non tant toutefois que la porte du bas. Juste sous le cadran. Et au sommet, deux ouvertures plein-cintre, destinées à propager le bruit des cloches. Les mêmes se retrouvent symétriques côté soleil, sur l'autre face, celle qui s'éloigne de nous.

 

Sur ce côté ensoleillé, une ouverture carrée se situe plus bas, formant avec ces deux ouïes un isocèle inversé. Et appliquée au mur, à deux mètres cinquante, au noiveau de l'humain, nous voyons un réverbère en fer forgé, une de ces « lanternes » où l'on pendait paraît-il tant d'aristocrates selon la chanson. C'est une église bien ravalée, bien neuve et bien propre. Elle est si bien entretenue qu'elle semble sortie d'une boîte à jouets. Nous en avons beaucoup de cette sorte en France. Il faudrait décrire la blondeur claire de lapierre, sa régularité, son aspect apaisant, le découpage de l'ombre d'un pan d'abside, avec une sorte d'épaulement éphémère, destiné au mouvement selon le déplacement du soleil.

 

Escaliers.JPG

L'abside obéit aux mêmes répartitions d'ombre et de lumière. Un contrefort se présente de face, complètement fondu par la perspective. Son ombre légère diffuse elle-même de la clarté. La face numéro deux porte une haute fenêtre à deux élancements verticaux, sommés d'un œil-de-bœuf encadré de pierre. L'absence de mots techniques montre mon ignorance. J'hésite encore entre l'ancien et l'exagérément restauré, le trop propre. Au sommet des contreforts, qui rejoignent le vertical par un plan incliné, court une petite frise de pierre, un bandeau, un ressaut plus exactement. Au-dessus se déroulent trois côtés sans ornementation, purs au regard comme au toucher. Ce que l'on voit du toit, en tuiles intactes, forme une petite ombre comme une soutache. Entre le deuxième contrefort et le troisième (parfaitement visible, franchement de profil) se devine une autre fenêtre, dépassant le petit ressaut.

 

Il serait étrange en vérité de dessiner d'après ma description. L'effet de la perspective est tel que le clocher s'enlève sur la gauche, occupant toute la photographie ; puis l'abside se détache, plus basse, accompagnée par la descente d'un toit. C'est d'une géométrie très pure et inexprimable. Pourtant je ne ressens aucune émotion, aucune présence de Dieu. Ces murs me parlent trop de l'homme et de son louable souci d'harmonie. Rien ne laisse deviner l'intérieur ni le genre e recueillement qui doit s'y trouver possible. Mon église se laisse admirer mais ne se livre pas. Je voudrais savoir son nom.

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