Delirium très mince
Les armées parfois massacrent, afin d'accuser l'ennemi. Peut-être aussi les habitants du ksar ont-ils tué de leurs propres enfants, afin d'entretenir l'émeute et l'insurrection, afin de communier sur les corps avant de s'entretuer, de s'entresacrifier rituellement sur les corps dépecés de leurs propres entrailles, chair de leur chair. Ils sont 42 corps, découpés dans d'immenses corbeilles, vanneries plates au travail remarquable, soulllées de sang. La lutte n'est pas près d'être finie. Il semble qu'elle durera infiniment, si la religiosité s'en mêle, si la rejointure à la divinité exige tant de cruautés, de cruor, « le sang répandu ».
X
C'est alors que survient l'enfant. Il s'appelle Mohi, il est pur et blanc, tel que je fus à dix ans. La tour qu'il construit atteint trente étages, D'abord il empile, entasse sable sur sable.
Une publicité m'a fait croire que moi, enfant de dix ans, je pouvais augmenter la hauteur d'un gratte-ciel (30 étages) en empilant étage sur étage comme en un gigantesque jeu de construction. Je peux aussi augmenter le confort de ces appartements cubiques. Au lieu de cela je me retrouve sur une terrasse gravillonnée dominant le vide, jouant à rebondir sur un trampoline avec un initiateur à peine plus âgé style Spiderman invisible. Nous rebondissons de plus en plus haut et de plus en plus loin au risque de me casser la gueule en franchissant la bordure. Je me retrouve plus tard dans un appartement vides de meubles, comble de gens, hermétiquement clos derrière des baies vitrées d'où l'on découvre de haut d'autres gratte-ciel semblablement disposés et garnis.
Le jeu consiste, pour fêter je ne sais quoi, à faire exploser d'immenses pétards qui font hurler de terreur des gosses, à la frayeur desquels nul ne réagit. Je suis scandalisé et veux les réconforter, mais la foule compacte m'en empêche. Il est aussi question de publicité renforçant des villes, mais sur la carte, vues de près, ces villes sont comme ruinées. Dans les appartements, le vacarme épouvantable fait penser au massacre de la famille du tsar en 1917. On n'a pas le droit d'épouvanter ainsi des enfants.
Commentaires
Un km au moins de panneaux publicitaires avant Bergerac... Et ce n'est pas la seule ville ! bienvenue au pays des acheteurs !