France, tu veux crever
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France tu veux crever M'enserrer dans tes horaires tes gestes souples et mesurés quand j'ai envie d'entrer dans la rue comme on entre en religion, de gueuler que je suis bien autre chose parmi tous ceux qui s'avancent. Le drame est de ne pouvoir se maintenir en une seule humeur je suis le maître du monde né pour ébranler du bout de mes ailes les piliers mêmes de notre Goutte d'Eau majuscule MENTEURS MENTEURS bouffe-merde réducteurs de têtes Les Français n'ont pas besoin de connaître les poèmes de Frau Mayröcker Babouin Babouin je lis je monte aux barreaux de l'échelle qui branle ce sont les textes et le vieux Jôns refuse de fêter son centenaire comment peut-on ainsi invoquer le centenariat – qui de vous vécut jusque-là et pourra raisonner France France tu peux mourir Et si le soleil ne se levait jamais Tue et crie Waluliso à moi Mouna – tout doit être recueilli comme le sperme du roi d'Espagne il n'est pas possible que cette peau-là sur mon ventre pourrisse
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Tu es seul, c'est le moment c'est l'instant de mûrir d'un coup et de prendre d'autres points de vue sur l'existence. Tes rêves recueillis relancent la machine : un jour je récrirai, mais à la main. Mon doigt me fait mal. Il me semble que j'ai le cafard depuis mon enfance. Mais c'est faux. 61 ans de Frank, au beau système pileux facial : régénéré. Aurait une amante noire et s'embellirait pour cela. Jacques, aux mollets de baobab, doit surveiller son médicament. Muriel, 70 ans, épaissie. Arielle siestolâtre. Ludwig zézayant sympa, énigmatique. Ne veut pas laisser paraître son inculture. Bernard lourdaud sur son sentier. À chacun son paquet. Ici le Singe Vert. Ici le quadrumane. Ici les trois qui se croisent les mains derrière la tête, signe qu'ils seraient mieux ailleurs, désir d'évasion d'après les manuels d'observations comportementales. Mais comme tous l'ignorent, n'ayons pas de scrupule. Des sportifs qui courent à l'écran, soufflant des joues. "Ce n'est pas intellectuel" – si, Justine : c'est une autre partie du cerveau qui fonctionne.
Deux éclairs, à quelques semaines de distance, m'ont révélé une subite envie de courir, un instinctif besoin atrophié, comme un accomplissement de soi, un dépassement, pour les muscles, faisant partie de soi. Puis c'est retombé. Je ne l'ai plus jamais ressenti. Occupe-toi de toi, sans complaisance. Il faut à certains du renouveau constant, les premiers contacts sont toujours les meilleurs, on déploie tous ses charmes en dépit des fâcheux qui gueulent en terrasse : elle et .......................................................................................
moi nous entendions comme larrons en foire. Elle avait de beaux seins émouvants portés en balconnet. Je lui racontais des sottises et nous pouvions parler sans nous répandre en polémiques. Elle soutenait la pénalisation des clients de prostituées.
Je soutenais moi que c'était une mauvaise solution ; un jour l'érection serait punie d'amende. Tout irait bien mieux si les hommes ne voulaient pas "introduire leur machin", comme disait Delphine Seyrig. Mais ici, il règne une déconnexion des cerveaux épuisante à la longue. Gens, exercez vos cerveaux si vous ne voulez pas sombrer dans les insignifiances : apportez toujours vos outils avec vous. Les fulgurances qui surviennent, privées d'écriture, s'évanouissent, dans la presse du quotidien ; mais pour peu que j'en aie le temps, les voilà qui disparaissent : étions-nous faits pour briller dans ces assemblées où il ne se passe rien ? "C'est l'écriture ou moi", déclarait Knesset. Je ne sens ici nulle communication.
Avec Sylvie, j'y reviens, c'était l'amitié ; mais nous vivions si loin, si séparés dans nos activités ! Nous ne pourrions nous revoir que dans bien des mois, rien ne peut se passer si l'on ne couche pas, et je devrais, dit-elle, interrompre mes flirts interminables avec Kohani, car je l'empêcherait de tourner la page, tournée en fait depuis longtemps. Salut, gens de Paris, écrivains de Bogota et d'ailleurs. Nous dépendons tous désormais d'une défaillance de fil électrique : un fil vous manque, et tout est dépeuplé. Fions-nous à nos instincts – mais la ouate envahit nos cœurs, pour nous protéger de l'ennui. Je me remettrais bien à boire. À 70 ans je balaierai encore mes bordures de trottoir. Je suis aussi comme les autres et cette vie n'a aucune raison de se prolonger indûment. Maurice viendra avec sa barbe de grand enfant : et nous parlions de cul, de bière, de punch, d'automobiles. Arielle tartinait ses pieds, sauvait un lucane, Gilles renonçait à écraser l'insecte. Je suis déjà venu ici quarante fois. La torpeur gagne. Dis-moi l'heure. On rigole mollement. Peut-être que tout le monde s'emmerde. Pourquoi cela. Pourquoi manger. À présent l'odeur fade et sournoise des pets, le ramollissement cérébral, l'agrément des attentes molles, une convivialité sans aucun abandon, je n'ai jamais toléré l'évasion du cerveau sans qu'elle se transforme en eau de boudin...
Pourtant combien j'étouffais entre ma femme et mon chat ! "...Choses que chacun peut dire sur les évènements de la vie quotidienne..." Les informations sortent d'une boîte en fer percée de trous. Je me souviendrai de tout, avons-nous acquis la maîtrise de la littérature ?!... météo sans tache, bonne humeur perpétuelle, les avions tombent et je me sens bien. "Voudriez-vous venir dans mes bras ?" Mais cela ne me dit plus rien. Tant d'humeurs répandues me rebutent. "Cette horreur du sexe", répétait ma psychiatre, "cette horreur du sexe" – ces seins fripés émouvants vus d'en haut, ces rides qu'ils portaient à leur surface supérieure, et ce fond de vous qui doit vous remonter, afin de bien consolider votre jeu – lis-moi toujours et ne réponds jamais, je sais quelle est ta vie, tes projets sont peut-être d'aller vieillir en Corse, je t'aimais bien je t'ai déçu.