Proullaud296

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der grüne Affe - Page 135

  • Madame s'éteint ? description

     

     

    Ma femme s'affaiblit. Ma fonction est de décrire ce qui se trouve devant mes yeux. J'ai là un agenda 209, rebaptisé 2014 par le moyen d'une étiquette scolaire, lignée de vert : "4 saisons en 20..." est en lettres faussement dorées, quatre colonnes du même or alignes de faux pictogrammes chinois signés "Miel", du nom de leur peintresse : une femme charmante, intelligente, trop belle popur moi. La mienne eut son apogée aux débuts de sa grossesse, printemps 72. Elle ne devait plus jamais être si belle, et je l'ai trop accablée de reproches, l'accusant de m'avoir gâché ma vie, comme j'ai fait de la sienne, mais nous étant à la fois sauvés l'un l'autre, car nous ne savions que trop dans quels abîmes nous aurions sombré, elle de la folie, moi de l'alcool.

     

    A présent elle passe devant moi dans sa vieille robe de chambre vieux pourpre, voûtée, traînant des pieds, vers ses rêves sous les couvertures. Devant moi j'ai sur le bureau une montre et son bracelet, sur le chant, avec son cercle de faux acier, son écran gris kaki portant une heure indue : soixante minutes d'avance, heure d'été déjà, d'ici je ne distingue pas les chiffres : le pourtour est noir, puis la structure ronde, virile, sportive, et les deux demi-cercles du bracelet, sans souplesse. Elle pose ainsi de profil sur une enveloppe courte et carrée, à demi engagée sous l'agenda. Ce regiastre à tranche dorée relate plutôt ce que j'ai fait que ce qu'il reste à faire, c'et donc plutôt un memorandum. Tous les jours j'y note ce que j'ai fait la veille, et relisant de vieux carnets de ce genre pour 81, je ne retrouve plus la mémoire de tous ces familiers que je mentionnais, comme allant de soi : qui était Philippe Martin ?

     

    Nous voyons donc en superposition : l'agenda de faux cuir 2009 rectifié 14, la montre bien ronde aux boutons sans emplois, l'enveloppe carrée au volant soulevé, une petite carte postale à l'envers de mêmes dimensions, et dans le noir, à l'extrémité du bracelet de faux je ne sais quoi, le piédestal plat deviné de mon écran plat offert par le petit-fils pour Noël. À l'idée de décrire l'écran, l'à quoi bon me prend, et je vérifie mon reste de minutes : Dieu merci dix, seulement. Ce que nous écrivons risque toujours d'échouer sur la plage des documents antiques : nous ne pouvons plus apprécier Aristophane ou Rabelais par manque d'informations sur ces temps-là, que l'auteur n'a pas donnés, comme allant de soi.

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    Ce que je fais, bien d'autres le font, sans dépasser le cercle de leurs petits lecteurs. Mais sur ces textes proliférants se fonderont j'ose croire tant d'imaginations à venir, s'il nous reste un cerveau parmi nos implants, et des cœurs sous nos pacemakers. Nous sommes méprisés, récupérés, moins sous la boue que les plombiers-zingueurs, mais tout de même. C'est le temps, le sujet, comme toujours. Les objets qui subsistent. Le mouchoir de Flaubert, son dernier verre, petit, épais, sous vitrine. D'Anne-Marie subsisteront les tableaux, minces, médiocres ou magnifiques, et les littératures qui les ont fait naître ne seront plus. Alors je témoigne, je témoigne, "je t'empoigne" et nous écrivons. Le dessous de l'écran n'est qu'une caverne à l'ombre, où disparaît le bois du meuble. Juste au-dessus la petite architrave, avec sa lueur vert anis, ne prononcez pas le "s", et la grande architrave fendue sur toute sa longueur. Au-dessus, c'est l'Ecran. Sa grande bordure bleue, sa "barre", comme ils disent.

     

  • Le baron de La Brède s'en va trottinant

     

     

    Notre baron de La Brède se trouve toujours cheminant par les Etats cette fois d'Allemagne, et nous sème ses petites considérations de noblaillon près de ses sous. Quoiqu'il méprise fort le Roi-Sergent, mari de la fille de l'Electeur de Hanovre, pour son avarice et son ivrognerie. Il serend ainsi, notre Charles-Louis, de château en abbaye, recommandé d'étape en étape par des lettres d'introduction, et nous révèle un aspect de la vie quotidienne de ce temps assez surprenant : las paysans et gens de peu ne font pas partie de ses côtoiements, comme pour ma personne, mais il peut voyager sans jamais quitter son milieu social. Nous apprenons les revenus de chaque principicule, ainsi que l'état de ses dépenses et de sa puissance militaire.

     

    C'est ainsi que se déroule peu à peu le plus précis des tableaux politiques et financiers de ce futur terrain de chasse pour nous autres, aux temps futurs de la Révolution et de l'Empire, document direct et indispensable sur l'Allemagne de 1729, où le roi de Prusse fume et tousse parmi ses officiers tandis que Marie-Dorothée reçoit chichement et du mieux qu'il lui est accordé. S'intéressent encore plus à ces choses les élèves d'allemand première langue, qui ont lu des textes sur le père du futur Frédéric II le Grand. C'était alors, de Coblence à Hambourg, un bien faible pays que le Saint-Empire Romain Germanique, consciencieusement dévasté par les Français depuis la guerre de Trente ans, et qui ne prit sa revanche qu'en 1870. Mais le grand-père de Bismarck, né en 1815, est encore dans les langes (il est né en 1727). Notre Roi-Sergent se dispute, bien pris d'eau-de-vie, avec sa femme, qui "se jeta à ses pieds pour le prier de penser bien auparavant à ce qu'il faisoit". Et notre grand-homme, entre deux bouffées de pipe au schnaps, répond avec bonhomie qu'il ne va "seulement brûler que Hanovre". Kolossale Plaisanterie ! La reine "eut des gardes pendant tout le temps de la querelle".

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    Nous n'avons pas jugé bon de comprendre les motifs de ladite querelle politique. Rappelons, pour l'ambiance, que tout sujet masculin de Sa Majesté entrait à l'armée dès l'âge de 10 ans, et que certains pères préférèrent mutiler leur fils que de se soumettre à cette tyrannie, qui vidait la Prusse de ses habitants. "Le prince royal troqueroit bien sa qualité de prince contre dix bonnes 1,000 livres de rente", avec la virgule des milliers de l'époque. C'est bien le futur Frédéric II, qui faillit s'évader en France à cause des brutalités de son père, qui le rossait et même, si j'ai bonne mémoire, décapita son meilleur ami à la hache. Le tout dans une effroyable radinerie. Montesquieu poursuit : "Le prince d'Anhalt est un grenadier comme le roi. " C'est peut-être Léopold Ier, der alte Dessauer, qui disait "quelquefois : "Il faut bien que je veuille bien vous récompenser : car vous savez que je n'aime pas à donner".

     

    De telles mœurs devaient bien rebuter notre baron de Montesquieu, bourgeois frotté de noblesse, mais qui faisait là ses écoles, et notait bien tout dans sa tête, futur matériau sans qu'il le sût du futur "Esprit des Lois". I

     

    Songer que Charles XII avait conquis par fait de guerre la Pologne et la Russie jusqu'à Poltava. Frédéric de Hesse-Cassel était son beau-frère, et reçut le trône de son épouse, sœur du grand souverain, qui le céda à son époux, par amour dit-on. Diderot et Voltaire portaient aux nues cette brave femme, qui préféra voir un homme à sa place d'héritière légitime. Etrange époque si familière, où les Princes se préoccupaient de leurs héritages avec une grande préoccupation de préséances, mais aussi de propriétaires soucieux de leurs revenus, d'où dépendaient leur train de vie et leur prestige (à l'exception du Roi-Sergent dont nous parlions plus haut). Grande complicité de classe dans ces rivalités souvent fratricides, on se jalouse, on se tue, mais dans un même monde : le reste n'est que remplissage, mais nulle remise en cause de cet ordre dit naturel.

     

    Montesquieu s'intéresse, en observateur extérieur sagace, aux relations des pouvoirs avec leur clergé, leur bourgeoisie, leur peuple. Il engrange les observations, en vrac encore et simplement factuelles. Il énumère ceux qui le reçoivent, les hommes d'importance, les rouages souvent informels ou souvent très encombrés au contraire, voire grippés, de formes anciennes caduques entravant leur fonctionnement au profit de certains favoris émergeant de la pagaïe : "Le comte de Horn étoit chancelier et républicain. On fit peur à la Reine" (sœur du grand Charles XII de Suède) que, si elle ne remettoit pas l'élection, le duc de Holstein pourroit succéder." C'était en effet le neveu de Charles XII, fils d'une autre sœur du roi.

     

    La si vertueuse, la si amoureuse Reine de Suède préféra donc céder le trône à son mari plutôt qu'à son jeune neveu qu'elle détestait, et "demanda l'élection". Soit, dit le Parlement, pourvut que l'on abolît le "pouvoir arbitraire. Cela fut accordé. Ejection du jeune neveu. Ejection aussi du comte de Horn, autre prétendant fort encombrant. Il faut suivre. Les contemporains, du moins les nobles, saisissaient les allusions de ces histoires privées. Je me demande si ce comte de Horn n'était pas le frère de celui qui fut roué en place de Grève pour assassinat. Toujours est-il qu'on lui "ôta la place de chancelier" pour être nommé "maréchal de la Diète". Nous parlons du frère innocent, bien sûr...

     

  • Vivre sur un chat

     

    Le chat bondissait sur ses proies, les lançait en l'air. Ses passagers voyaient parfois voltiger au-dessus d'eux les tripes sanglantes de souris habilement projetées. Il fallait se faire à ces sanglants météorites, bien pires que les exécutions de matelots mutinés sous le commandement du pirate. C'était encore une musique - les cris des rongeurs suppliciés - dont le capitaine se délectait, mais que la femme tentait de couvrir en chantant - alors le chat s'ébrouait en couchant les oreilles. C'est ainsi que dégénèrent tous humains privés de société, travail et souffrance. Un amour ne peut s'épanouir longtemps en de telles circonstances. Notons surtout la perpétuelle divagation du chat. Hors les instants où il repose, qui forment tout de même, chat qu'un le sait, les deux tiers de sa vie, le chat marche toujours. Il n'est pas une pièce, jusqu'aux combles - pas une prairie des environs, jusqu'aux abords des douves ; ni même un sous-bois ignoré - qui ne soit l'objet des pas souples du chat. Cela rappelle le rythme souple et obsédant du fox-trot, ou "pas du renard" ; une chose obstinée, force simple et tranquille du petit carnassier certain d'échapper aux grand trot des coursiers anglais ; au dernier moment, le renard noble glisse dans un trou de haie, où les gails ne pourront le forcer.

     

    Des circonstances extérieures viennent alors perturber leur vie fragile : la transformation du chat en paysage ; son pelage se fait plus gris, creusé parfois de profonds sillons. Des touffes se distinguent, croissant plus haut que tout le reste, formant des halliers, bientôt de véritables arbres. Le tout ondoyant sans jamais crevasser, telle une écorce terrestre en firmament inversé ! Ils se fabriquent des râteaux de poils plus rêches et plus longs que les autres. Ils commencent une fenaison, car la bête perd son pelage. Tout le sol tremble de ronronnements. Il suffit de s'approcher des deux oreilles qu'on voit encore poindre à l'extrémité du paysage, en criant d'un coup : "Gratte-gratte !" pour que tout le grand corps terrestre se mette à frémir, et le gosier, loin dessous, commence son doux et effrayant ronflement. Maison.JPG

     

    Tout à présent rappelait une campagne. Les différentes végétations formaient des moutonnements de couleurs différentes. Les sentiers se laissaient tracer, mais disparaissaient aux premiers coups de pattes du matin, semblables à des tornades. A vrai dire, même pour des créatures minuscules, les proportions du chat devenaient gigantesques. Le jour où Vicki s'avisa que, mathématiquement, les puces d'un tel chat devaient avoir la proportion d'un chat, elle s'effraya, et jeta sa guitare par-dessus bord. Il valait cependant la peine d'explorer le tout. L'idée vint du Pirate, qui trouvait regrettable l'absence d'océans et de cours d'eau - on buvait peu ; on se lavait de même. Le ménage formé faisait peu à peu naufrage en raison du rapprochement de ce chat avec le plus commun des mondes. « Tout devient si banal, dit l'homme. Nous en viendrons peut-être à chercher un emploi. » Ils cueillirent des fleurs d'espèces inconnues, aux parfums lacrymogènes car établissant un rapport entre un "avant" et un "après", notions éphémères qui font pleurer les humains : construire une maison, vivre sur un banc, qu'on achèterait tous deux à la propriétaire animale de ces ombres mouvantes, là-bas, au-delà des épaules ? ainsi le sol ne serait-il plus, entre es quatre pattes, qu'une lointaine surface aussi méconnue désormais qu'un firmament céleste, mais inversé ! Et la pluie se mit à tomber. Le chat possédait-il son micro-climat ? Le Capitaine posa la question, Catia (Vicki) la trouva très plate.

     

    Ils firent ce qu'il avait décidé ce jour même au réveil : une exploration. "Mesurons l'étendue des dégâts. Nous verrons ensuite s'il est temps de rationaliser... Ou bien si nous pourrons vivre d'eau claire et d'imagination, comme avant.

     

    Ils grattèrent longtemps la peau pour en tirer subsistance : pellicules de renouvellement épithélien - il est très difficile de trouver ici-chat quelque chose à manger, manne céleste ou pas, tant l'animal se lèche avec application - et se dirigèrent vers la tête. Ils y parvinrent plus rapidement qu'ils avaient craint, le chat n'ayant point tant grandi - or des ronflements s'élevaient de ce crâne lourdement bosselé.

     

    « De quoi ronronne-t-il ?

     

    - Elle rêve. Mais nous la chatouillons. Laisse-moi m'agripper à ces poils en buissons : tout bascule autour de nous... Voici les yeux. Ils lancent des éclairs ! La gueule s'ouvre à l'infini !

     

    - Ce n'est qu'un bâillement, Vicki !

     

    A ce moment s'élèvent de trois points à la fois d'immenses panaches de scories, des éblouissements de lave. Le plus gros jaillissement provient de la bouche, et se dirige de côté. Le deuxième sort des naseaux, et se perd loin devant comme une galaxie très allongée. Enfin, une belle giclée de lave verte venue de l'oreille droite.

     

    « La gauche est-elle obstruée ?

     

    - N'y va pas ! je crains pour toi ! Vicki, reviens !

     

    Se repliant vers l'arrière du vaste dos, ils pensèrent au dragon chinois, fécond, dangereux : la vie même. Et tout fut calme soudain. La température du sol velu n'avait pas augmenté. La terre sous leurs pieds, puisqu'on peut s'exprimer ainsi, retrouva son mouvement ondulatoire : le chat reprenait sa déambulation. Ils mangèrent et burent, puis se dirigèrent vers l'arrière-train. Ils reconnaissaient leur emprisonnement lorsque l'espace, curieusement, s'élargissait ; rien de plus commun chez les humains, dont les prisonniers s'évadent, patthétiquement, à trois semaines de leur levée d'écrou : ils éprouvaient donc le besoin de sentir leurs limites. Ils remontèrent la médiane, de vertèbre en vertèbre, succession de petites collines raides, couvertes de bruyères. ...La queue fouettait le paysage.

     

  • Montesquieu, "Voyage de Graz à La Haye"

     

    Je ne sache rien de plus méprisable que ces notes de Montesquieu en voyage à travers l'Italie, parvenu à ce moment où il la quitte : il n'a rien vu, dit-il, "d'Insprück" [sic] "à Munich", "ce qui fait du chemin", croit-il bon d'ironiser, parce qu'il n'y a que des montagnes. C'est d'un esprit bien classique, au sens desséchant du terme, et l'on sait que César faisait tirer les rideaux de sa litière pour ne point voir les trop laids paysages des montagnes ; c'est Rousseau, puis le Romantisme, qui ont mis les sommets à la mode, et nous ne pouvons assurément accuser Montesquieu d'anachronisme. Cependant ses descriptions, ou plutôt énumération de tableaux entassées lors de ses pérégrinations italiennes ont de quoi écœurer par leur platitude : ce ne sont que des "il y a", des "beau, belle", "joli", "admirable", "du premier ordre", "de second ordre" et "de mauvais goût". Maison sévère et attirante.JPG

     

    Les représentations picturales et sculpturales ne sont jugées qu'à l'aune étroite de la conformité avec la nature, et si la photo avait existé, Montesquieu n'aurait pas manqué de s'exclamer, comme un ouvrier : "C'est tellement beau qu'on dirait de la photo". Il exalte Jules Romain, qui n'est qu'un gros faiseur de boursouflures (mais Nicki de Saint-Phalle a fait mieux...), et ne manque pas de préciser que la vérité d'une course, dans une sculture, ne peut s'obtenir que si la "fontanelle" (entendez le creux de la gorge "se trouve représentée en avant des pieds", sans quoi la course paraît suspendue. Il montre une étroitesse esthétique de premier ordre, pour le coup, en déplorant que le Christ par exemple figure deux fois dans une même fresque, "ce qui heurte le bon sens".

     

    Et tout soudain, au milieu de ces inventaires de commissaire-priseur, interviennent des propos de la dernière platitude sur le commerce des grains, les bénéfices d'un prince ou les besoins de son armée. Notre homme s'excite sur le cours des monnaies et les conversions des bureaux de change, le commerce de la soie et la description (incompréhensible) des ménanismes qui la produisent, à grand enfort de poutres, d'engrenages et de moyeux. L'on voit bien là le négociant étroit du Bordelais, et aussi les prémisses, diront les montesquiolâtres, des réflexions qu'il fera sur les Lois. Il est certain que ces notes n'étaient faites que pour le privé, nullement destinées à la publication : les Lettres persanes et autres ghnideries portent en marge des annotations destinées à l'amélioration du style, ce qui prouverait s'il en était besoin l'extrême attention où notre auteur tient son style ; mais on ne saurait concevoir qu'il se laisse autrement aller à de telles exaspérantes négligences dans ses écrits privés. Encore un de ces esprits "à tiroirs", comme dans ces apothicaireries, ou ces cerveaux juste capables d'être clairs et méthodiques, traitant d'une chose puis de l'autre, de poésie ou de mathématique, de juridiction ou de galanterie. Ayant ainsi plus que prouvé notre propre intolérance brouillonne, nous pouvons rejoindre le texte "de Vérone à Trente", où l'Adige est toujours "fort rapide ; et on monte toujours l'Eisach, qui n'est qu'un torrent et n'est navigable nulle part de Trente jusques à sa source" – caractéristique assurément bien méprisable pour un négociant épris de communications commerciales. C'est le même qui passant à Trente n'y voit "rien de remarquable", alors que le méprisable commentateur qui vous parle ( qui sommes-nous d'autre en effet devant Montesquieu, sans ironie) se souvient de son émerveillement lorsqu'il errait de nuit de sanctuaire en sanctuaire à touche-touche, au point que je crus me faufiler entre deux absides, ce qui ne se peut.

     

    De Trente à la source de l'Eisach il faut compter "13 lieues d'Allemagne". Et pour bien renseigner le voyageur, mais bien se gausser tout de même des noms allemands, à la Thunder-ten-Tronk, énumérez-nous, baron de Labrède, les "postes de Bolzano à Insprük : Bolzano, Leitchen, Kollmann, Brixen" ("Bressanone"), "Mittenwald, Sterzing, Brenner, Steinach, Schœnberg, Insprük". Voilà de quoi faire bien boyauter un vulgaire présentateur de chaîne télévisée. Enfin Mussolini vint, qui réitalianisa toutes ces contrées à grandes brassées de Siciliens. Les germanophones à Bolzano ne sont plus que 20% de la population. Et nous y possédons, mon épouse l'italianisante et moi le le germanophone, une propriété de campagne imaginaire, avec pour devise "Voi fare einen Spaziergang coll'Rücksack sul'dorso".

     

    Et ce doit être le comble de l'exotisme d'habiter à Bolzano, dont certaines élections municipales furent très pittoresques ; mais qu'est-ce qu'on doit se faire chier dans ce bled au quotidien... Rien ne complètera mieux ces sottises que celles du baron lui-même : "Je regarde le Tyrol comme les Alpes mêmes qui séparent l'Allemagne de l'Italie. Généralement, ce quej 'en ai vu est mauvais. Ce sont des montagnes," ( c'est tout dire) "la plupart du temps couvertes de neiges et la plupart du temps très stériles". Marchand ! Ce sont les grasses prairies hollandaises sans doute qui trouveront grâce à ses yeux, avec leurs lignes douces et leurs énormes vaches, qui produisent tant de lait par jour dont on tire de si gros bénéfices ?

     

    Après tout je m'en fous. Que d'autres soient objectifs. Je sais aussi bien le faire. Il nous est en revanche impossible de vérifier que le Tyrol faisait partie du Saint Empire Romain Germanique. "L'Allemagne peut aisément se défendre de l'invasion, et l'Italie aussi, par ces côtés de séparation. Le Tyrol est une forteresse et, si les Romains avoient fait une seule province de ce que nos appelons à présent l'Italie, et que la République l'eût gardée avec jalousie, elle auroit subsisté longtemps." Montesquieu est l'auteur de considérations sur la chute de l'Empire romain, que n ous avons lues avec passion. Noter que les Empereurs allemands n'ont jamais éprouvé de difficultés infranchissables à passer lesd ain Alpes afin de resoumettre les Italiens du nord régulièrement soulevés contre lui.

     

    Mais les Italiens ne se sont jamais avisés, il est vrai, de s'étendre vers le nord. "Au lieu qu'en donnant à des gouverneurs particuliers la Gaule cisalpine, le reste de l'Italie, depuis le Rubicon,", mince ruisseau, "ne pouvoit pas se défendre, et Pompée fut obligé de l'abandonner". Raisonnement bien incomplet.

     

  • Insanités

     

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      Qui nous délivrera disait Balzac des hommes et des femmes ? Il parlait des intrigues de roman qui ne font à jamais que nous reproduire cette interminable histoire d'Adam et Eve, Tristan et Iseut, et autres Roméo et Juliette. C'est bien vrai. Il faudrait retracer le roman d'un travailleur ou -yeuse, et féliciter Etcherelli Elise ou la vraie Vie ou London Martin Eden , dans les admirables passages où il démontre comment le fait de trimer seize heures par jour dans une blanchisserie transforme n'importe qui en abruti même plus capable de faire du vélo le dimanche pour se distraire. Seulement, qui va s'intéresser à cela ?

     

    Une de mes élèves de seize ans disait qu'elle en avait plus qu'assez de regarder la télévision avec ses parents, parce qu'à la longue c'était toujours le même sujet de film. Bien vu Mademoiselle, et tristement bien vu. En attendant, ce que j'ai déjà exprimé maintes fois, ces fameux progrès de la science qui nous permettront à tous de devenir androgynes, au moins par alternance, force nous est bien à tous de supporter le pire supplice infligé à l'humanité, la séparation des sexes, mot de la même famille que “suivre” paraît-il, sequor, mais que je rapprocherais plutôt de “sécateur”.

     

    Ce qui donne, en attendant : la femme n'aime pas l'homme. C'est pourquoi j'ai soirti l'argument (écœurant ?) consistant à blâmer infiniment plus le viol d'un petit garçon que le viol d'une petite fille parce que la fille de toute façon deviendra une femme qui n'aimera pas les hommes par principe et jouira de toute façon bien plus facilement seule ou avec uen copine, ce qui fait qu'un peu plus un peu moins de dégoût de toute façon ça revient au même, tandis qu'un garçon qui devient pédé c'est autrement plus grave, d'ailleurs il n'y a quasiment jamais de femmes qui tripotent de jeunes garçons, elles les laissent se branler tristement, vous voyez le niveau de l'argumentation, eh bien parfois je pense ça, et c'est le même moi qui est capable de raisonner à peu près correctement c'est-à-dire banalement, on ne peut pas être original tout le temps, les deux sont sincères, que faire docteur, les psychiatres connaissent ça, “le retour du refoulé” ? pas si sûr, il s'agit d'un phénomène par lequel l'intellect est parfaitement libéral et civilisé, tandis que le névrotique subsiste non dissous dans l'acide et revient de temps en temps à la surface, tenez l'autre jour moi qui n'ai rien contre les pédés pas même la queue et qui suis prêt à défendre vigoureusement toutes les libertés, je me suis enfui devant mon écran télé parce que deux mecs se roulaient un patin de première, moi je comprends très bien les pédés qui portent des pancartes “les pédés au bûcher” avant d'aller se faire mettre, vous croyez que c'est facile vous autres d'être pédé même quand l'axe Paris-Berlin ressemble à une pine ?......

     

     

     

     

    Au cinéma porno, je vois deux femmes se sucer, avec roulements de clito de part et d'autre au ralenti sur la langue. Quelle est la femme qui humilie l'autre ? Toutes deux humiliées parce qu'elles obéissent au metteur en scène ? Croyez-vous vraiment qu'elles aient attendu les indications de ce dernier pour inventer le cunnilingus ? Les hommes n'obéissent-ils pas aussi aux metteurs en scène ? Vous confondez la situation dans le scénario et la situation sur le plateau ! Mais tout le monde est volontaire ! Pourquoi les hommes seraient-ils plus machos ou plus souillés que les femmes ?

     

    Il faut être héroïques pour baiser devant les caméras. Plus encore pour les mecs justement. Et savez-vous comment on se retrouve acteur porno ? Parce que les fistons, cousines, beaux-frères et copains encombrent tellement tout le terrain qu'il n'y a plus de place pour ceux qui crèvent la dalle.

  • Petit crème, femmes et autres

     

    Petit crème et lait fraise avec des glaçons bar de femmes toutes séduisantes parlent d'hommes sommes-nous leurs occupations petits tout petits caractères sans rien qui puisse déterminer la direction, si longtemps servi, déchiffré, de moi à moi, seule la femme existe aussi conne mais consolatrice, liberté des yeux qui se brouillent, l'éternité à mesure humaine (200 ans ?) de quels abîmes de quels abîmes jaillissements de volières alors que je traversais ce jardin son domaine me heurte de son poignard à la ceinture sourire effaçant le sexe il n'en reste plus qu'une et ma dingue en face et le sommeil avance.

     

    Je vous aime je vous aime toutes sans différence il faut qu'on sente il faut qu'on voie mon combat, ayant permis je vais lire je m'endors. Toutes petites mais Hugo et le cerveau s'emmêlent mystère de cet affaiblissement – des muscles – me suis vu nu ce matin dans la glace de l'hôtel, c'est un café de Saintes en longueur qui sont ces poils dressés autour desquels s'organise toute une personne, bâtiment détruit, une ride sur le côté, jamais ne fut reconstruite l'abbaye de St-jean d'Y, un jour autre chose. Avec Dieu ne plus jamais oublier. En Dieu. Enn Théô. Déjà mort pourquoi ne pas s'amuser ensuite, café “Le Musée” en face de la chambre de Cremoux mort à 33 ans d'un cancer des couilles. Mystère, mystère insondable du sommeil alors indésirable – Hugo ? Notre-Père ? Sans compter l'incapacité marmeladière, mes marques, mon ouvroir à la Favela (nom désormais de ma maison) – Montendre (suite) : Parfois une prière, un enterrement drapeaux en tête et cent hommes derrière, le maire et le conseil, le carillon sonne mon nom “Tu vas voir un beau mariage” - enterrement, enterrement... Hommage. Un qui rigole dans les derniers rangs.

     

     

     

    Qu'est-ce qui vous prend toutes à vouloir me sauver vous sauver sur mon dos, quand je suis déjà mort, suicidé depuis tant de temps C'était pourquoi qu'on courait après les filles déjà ? Ton illustration sur les cimetières m'a fait super marrer, je l'ai montrée autour de moi, Anne part ce matin jusqu'à jeudi pour Paris et son exposition, l'ambiance est tendue parce que c'est le silence, le silence, les mots mesurés pour ne pas fâcher, calme, calme... Une autre femme en 90 m'avait reproché de lui écrire comme on se soulage pour chier, mais c'est ça l'amitié justement, de ne pas sans arrêt surveiller ses mots, ses expressions de visage évitant les scènes de ménage ou répliques cinglantes à la clef.

     

    Mon pote de Grenoble me dit tout, à Niklaus de Talence je dis tout, mon emploi du temps s'arrange pour ne pas avoir de temps de libre pour la moindre carte postale. Pour mes 107 ans je voudrais me casser, me casser, en fascinante Israël, j'apprends l'hébreu plonge dans la Kabbale extraordinaire explication de Dieu explication du mal dans le monde en plus je pris souvent sachant que c'est ridicule et ça marche : Stablon, et Noctran pour la nuit (réveil à 4 h, délires parano d'où prières, décontraction, déroulements de mots, ne te préoccupe pas de contacts physiques, c'est homéopathique, harcèlement pas mon truc.

     

     

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    Chaque fois que j'ai voulu faire, dire ou penser quelque chose toujours le chœur des autres m'a dit que dis-je corné à la gueule sans que j'aie rien demandé à quiconque “non, tu ne penses pas cela, tu ne dois pas dire ni faire cela” je me carre dans le train tout ce que vous dites je vous brandis mes couilles coupées à la gueule c'est bien ce que vous vouliez tous vous avez gagné mais ne vous plaignez pas de m'entendre hurler considère cela comme un exercice de style je t'en foutrais de la Vvvvvolonté moi je t'en foutrais je demande juste une dose massive de psychotropes pour tenir le coup les 25 ans qui me restent...