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der grüne Affe - Page 127

  • Mustafa Kémal invente la Turquie moderne

     

    Du 4 au 11 septembre 1919 a lieu une autre assemblée d'une cinquantaine de personnes, qui se déclare en révolte et proclame que l'Anatolie, région de Turquie, aura désormais la préséance sur le gouvernement incapable d'Istamboul,  composé de mollusques. Nous simplifions : Mustafa Kémal démissionne de l'armée, ce qui est un coup de poker : mais les militaires continuent de le suivre, et les civils emboitent le pas. Ce fut bien plus compliqué, bien plus dangereux, et nous demandons pardon aux éventuels Turcs auditeurs de cette cavalcade chronologique. Et lorsque le Sultan consentit enfin à renvoyer son premier ministre et à donner raison aux insurgés finalement, promettant que « peut-être un jour ou l'autre on ne sait jamais la Turquie pourrait avoir une constitution plus ou moins démocratique », il était trop tard.

     

    L'auteur nous informe que tous ces officiers ou notables avaient lu Montesquieu, Voltaire et Victor Hugo, connaissaient parfaitement la Révolution française, et brûlaient de renverser le Sultan. Après l'accession d'Atatürk au pouvoir (« l'ancêtre des Turcs »), les luttes se déroulèrent encore, les oppositions furent farouches et sanglantes, tant du côté des religieux que du côté des sultanolâtres nostalgiques. Tout le monde admire à présent ce héros qui libéra la femme de sa sujétion et de ses vêtements à la noix, imposa le costume et la loi de l'Occident à tous, diffusa le savoir et l'alphabet européens, semant le trouble aujourd'hui encore dans la conscience turque : les déchirements post-ottomans sont particulièrement bien exposés dans les œuvres d'Orhan Pamuk, emprisonné je le rappelle pour « attteinte à l'image de la Turquie ».

     

    Chacun de nous possède sans doute ses raisons de favoriser ou d'entraver l'accession de la Turquie à l'Union [sic] Européenne, certains même ayant autant de raisons pour une chose et pour l'autre. Mais à ceux qui craignent une contagion islamiste de l'Europe, non sans raison peut-être, je rappellerai que Mustafa Kemal Ataturk suscitait déjà les mêmes inquiétudes en 1919 : la Syrie, le Maghreb, commençaient eux-mêmes à devenir un peu remuants après cette courageuse révolte de la fierté turque et musulmane. On soupçonna Mustafa de vouloir instaurer une « grande Turquie », jusqu'en Ouzbékistan. Et même, ce qui est contradiction complète avec les traditions musulmanes, de communisme, que dis-je, de bolchévisme : la Révolution russe est toute proche ; c'est ainsi que les peurs irraisonnées ou non se propagent, et que l'histoire d'aujourd'hui est la petite-fille en ligne directe de celle de l'entre-deux-guerres. Quant à moi, pour l'adhésion de la Turquie, « je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ». Mais aucune révolution progressiste n'est à l'abri d'un retour de manivelle, et même le generalife Franco doit bien rigoler en ce moment, et viva España... Pendant que j'y pense, prononçons Redjep Erdohan, et non pas Retchep : « c », dj ; ç, « tch ». Ce n'est pourtant pas difficile, journalistes incultes de mes deux, qui sombrez dans la merde médiatique soigneusement semée par vos soins. Donc, Atatürk réussit à moderniser la Turquie, alors que le Shah d'Iran n'y est pas arrivé.

     

    Prions ! Et revenons sur cette résistible ascension d'en groupe d'officiers chatouilleux sur l'honneur patriotique, ce qui est la moindre des choses, tout de même : « Bientôt, cependant », nous dit Paul Dumont, « des nouvelles extrêmement alarmantes parviendront d'Anatolie. Les nationalistes ont commencé à mettre leurs menaces à exécution. Ils réquisitionnent les lignes télégraphiques, saisissent les impôts et le courrier officiel, occupent les voies de communication, remplacent les fonctionnaires civils par leurs hommes à eux, menacent de fusiller les hommes qui font mine de résister. Ce que toutes leurs déclarations depuis quelques semaines laissaient prévoir est en train de se produire : Mustafa Kemal profite de la crise pour installer en territoire anatolien, » (sur le plateau, en somme, du Levant) « subrepticement, un appareil administratif indépendant, coupé de la capitale, et qui a déjà l'aspect d'un gouvernement de facto.

     

    « Les choses apparaissent d'autant plus graves que des mouvements de troupes importants sont signalés dans les zones contrôlées par les nationalistes et que les soldats d'Ali Fouad Pacha semblent prêts à s'emparer des principales villes d'Anatolie occidentale. Par ailleurs, de tous les coins du pays, des télégrammes ne cessent de pleuvoir, réclamant le départ de Damad Ferid », premier ministre du Sultan qui veut se débarrasser ce cet officier insolent et rebelle. « Devant le développement d'une telle situation, le Palais finira par accepter de parlementer avec les insurgés. Cela se fera à l'ottomane : allées et venues de notables, interminables correspondances télégraphiques ornées de fioritures ampoulées, âpres marchandages sous les dehors d'une urbanité parfaite. Pour conduire les négociations, le Sultan a monopolisé un ami d'enfance de Mustafa Kemal, Abdel Kerim Pacha, grand-maître d'une confrérie mystique » bzzz, paf je l'ai eu. Il tentera de ramener son ancien condisciple à la raison en accumulant les épithètes ronflantes et les citations du Coran. » Avec l'insuccès que l'on sait.

     

    Par Paul Dumont, « MUSTAFA KEMAL INVENTE LA TURQUIE MODERNE », chaudement recommandé, amen.  Bâtiment clinquant.JPG

     

  • Sur deux colonnes transformées en une seule

     

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    Dans la prairie laissée libre derrière la maison s'installent de nouvelles personnes. Nous sympatisons : une femme seule avec une petite fille et deux grands garçons dans les 18 ans. En visite chez eux, je subtilise une carte de crédit avec son encart de papier. Dans un magasin, il se trouve que cette carte (violette) fonctionne, mais j'ai inscrit quelques chiffres sur le carton qui la sertit. Je lui rends sa carte chez elle avec pas mal d'embarras, ayant d'abord consulté ses garçons, très francs et riants. Avec eux je me suis promené sur un canal où une péniche traîné derrière elle un vaisseau de plaisance de type égyptien tardif, mais sur lequel personne ne peut monter, que le propriétaire qui la remorque...

     

    1. Bref, je rends cette carte avec laquelle tout de même j'ai effectué un paiement frauduleux. Cette femme qui tente de me charmer ressemble de plus en plus à Ysilde Lebescot...

     

     

     

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    Il y a d'abord ce premier rêve, réunion de Terminales dans notre ancien atelier rue D – J, où il faut baisser la tête à la porte, où l'on se presse à l'infini, où je serais le seul de mon âge.

     

    Puis cet autre : la préparation, dans ce même atelier, d'une conférence au dernier moment, sur les petits rats masculins de 7 ans, à qui l'on fait croire qu'ils dansent pour faire plaisir au petit Jésus : aliénation, ambiguïté ! Ceci doit être présidé par Nicoles ou Lucienne, il existe aussi un homme à l'arrière-plan, qui attendent mon résultat. Je notre entre les lignes d'un document, ou même au dos de ma chemise, qu'il me faudra donc ôter. Je dois rassembler mes idées, faire un plan, au moins, mais impossible de me concentrer. Les volets de l'atelier restent fermés longtemps, même leur ouverture procure peu de lumière. J'ai vu l'un de ces petits garçons : on lui ment, on l'étouffe, on le déforme.

     

    Il s'en tirera par son art, s'il parvient à un niveau suffisant, mais après quelles contorsions de bonzaï ! Même réveillé, je m'efforce de rassemblé mes bribes de raisonnement, de construction. Mais l'essence s'en est évaporée.

     

     

     

  • Jugement modéré

     

    Nous ne résoudrons pas les problèmes de la délinquance ou de l'islamisme ou de la pédophilie en restant cramponnés à nos réactions de rejet viscéral comme des huîtres à leur rocher. Le cœur et les raisons du cœurs sont excellentes et saines ; mais s'y tenir est aussi dangereux que le manque absolu de sensibilité. Y compris dans l'autre sens. Nous fûmes indignés par la réaction sotte de Laurent Ruquier face à Laurent Obertone dans sa trop céèbre émission d'On n'est pas couché. Il lui reprochait d'abord de ne pas être connu, de sortir d'on ne savait où, de ne pas porter d'étiquette, « gauche », « extrême droite », ce qui empêchait de le condamner ou de l'absoudre en fonction de l'étiquette.

     

    Ruquier éructa sur le fait, en somme, que ce monsieur ne faisait pas partie de sa petite secte de bobos parisiens qui vient exhiber trop souvent sa sottise et sa suffisance sur son plateau. Ensuite, il ne suffit pas non plus de bramer avec Eric Caron « Vous êtes un raciste ! » pour en avoir fini avec toutes les argumentations. Il faudrait savoir où passe la frontière du racisme. Dire que tant pour cent des prisonniers appartiennent à telles couches sociales (comme les ouvriers sous Napoléon III) ou ethniques (voie l'époque des Macaronis d'avant-guerre), c'est énoncer une vérité, dont la divulgation est interdite par la loi, ce qui se discute en raison d'effets pervers : « Puisqu'on nous le cache... », voir plus haut) ; mais en revanche, tronquer la vérité en omettant d'expliquer pourquoi les prisons sont peuplées de « ces gens-là » comme dit l'autre, c'est du racisme par omission, non pas explicite, mais implicite.

     

    Récoltez donc pour voir tous les délits commis par des instituteurs, des fonctionnaires, des facteurs, des femmes enceintes, des financiers (j'en suis à la lettre F, pour G vous avez « gitans »), et vous parviendrez à remonter la population contre n'importe quel corps social ou n'importe quel sexe y compris le troisième. Il y a là exploitation de données, elles-mêmes sans grande précision, à des fins dommageables. Il est très agréable, certes, de sentir son cœur palpiter d'émotion, d'apitoiement et de haine, de désir de justice et d'exaltation pour son pays et sa civilisation, mais la justice, et la justesse du raisonnement, ne doivent pas se laisser instrumentaliser par ces réflexes là : il faut les laisser où ils sont, au début de l'action.

     

    De même sur votre moteur, si vous laissez le démarreur poussé à fond, vous allez causer de sérieux dégâts. Nous avons voulu rappeler des évidences, enfoncer des portes ouvertes : indignez-vous, oui, bien sûr, mais n'en restez pas là ; raisonnez, ensuite. Nous vous proposons quelques pages, où vous pourrez vous administrer certaines piqûres de rappel. L'auteur vient de rappeler ce qui vient de se passer juste un jour.

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    Multipliez ça par 200 et vous obtiendrez un tableau assez proche de notre réalité quotidienne. » Rappelons que 90 % de l'iceberg sont submergés, légère erreur de calcul, et que l'année comporte 365 jours, autre erreur cette fois-ci minorante : d'où sort donc ce « 200 » ?

     

    « Il ne faut pas oublier ce qui se passe dans les tribunaux. Toujours le 19 janvier :- Carcassonne : perpétuité requise contre un Gitan et un Marocain » (avec des majuscules, par signe de respect grammatical) accusés d'avoir assassiné un couple de retraités. L'homme avait reçu douze balles avant d'avoir le crâne enfoncé par un rocher de 25 kilos. Son épouse a pratiquement été décapitée d'un coup de pelle, avant d'être achevée par balle (Est Républicain).

     

    - Carcassonne encore, tribunal toujours : les dealers Fayed, Karim, Aïssam, Bryhan, Kévin » (tiens, des Ecossais?) « et Sofiane », surtout ne pas oublier Sofiane, « sont condamnés à de la prison ferme (Midi Libre).

     

    - Evry : le docteur Samir Rafik Saïd est condamné à trois ans de prison pour avoir pratiqué en moyenne 147 consultations par jour pendant trois ans. Son chiffre d'affaires annuel dépassait le million d'euros (Le Parisien) – c'est en effet bien plus grave que l'escroquerie de la dette française.

     

    - Saint-Jean-d'Illac : Hedi, Dali et Nino comparaissent aux assises pour vol à main armée et séquestration (Sud Ouest) – le même jour, un chien arabe s'est jeté sous les roues d'une automobile pour provoquer un accident ; Dieu merci, il a été écrasé.

     

    - Poitiers : « Noreddine », (« Lumière de la Religion »), «un récidiviste, comparaît pour avoir frappé sa compagne en pleine rue avnt d'insulter et de blesser les policiers venus l'interpeller. Sa copine témoigne en sa faveur », ispisse di counasse. « Condamné à deux ans, il repart en insultant le tribunal (la Nouvelle République)

     

    - Saint-Avertin : un boxeur azerbaïdjanais demandeur d'asile est condamné à du sursis pour vol de bijoux. À l'issue du verdict, le boxeur, « pas francophone, a fait le baise-main à son avocate puis a filé » - ah le salaud, un baise-main...(la Nouvelle République)

     

    - Toulouse : Idriss est condamné à un an et demi de prison pour avoir battu le bébé de sa compagne à plusieurs reprises. Le nourrisson de 18 mois a eu plusieurs côtes brisées. Le jour du verdict, Idriss, ne s'y jugeant sans doute pas indispensable, est absent de l'audience (la Dépêche) – quel rapport avecl 'horrible meurtre de Carcassonne ? Deux Arabes ? Mais deux hommes, aussi. Expulsons les hommes de la France.

     

    - Châteauroux : quatre roumains » ( tiens, sans majuscule) « sont condamnés à de la prison pour fraude à la carte bancaire (la Nouvelle République) – ne fraudez pas à la carte bancaire ! vous vous rendez compte ? vous pourriez devenir roumains !

     

    - Lorient : un homme qui traquait les filles dans les gymnases est condamné à six mois de prison avec sursis. Malgré des avances à connotation sexuelle à une fillette de 9 ans, le tribunal estime qu'il n'a pas le profil d'un prédateur sexuel (Le Télégramme) ». Il pourra se recycler dans l'enseignement primaire.

     

    «  - Belfort : Metin Mucelbak se défend du meurtre de son épouse devant la cour d'assises. » (la défense, pas le meurtre). Metin concède des coups, mais nie l'étranglement de sa femme qu'il avait avoué précédemment avec force détails (Est Républicain)

     

    - Châlons-en-Champagne : un braqueur à main armée est condamné par contumace à trois ans de prison (L'Union) » - nous supposons que l'absence de mention ethnique est due au souci de dénoncer à la fois la musulmanisation de la déliquence et le laxisme de la justice, y compris à l'égard des populations musulmanes, ce qui s'appelle du pêle-même objectif.

     

    - Printzheim : 9 mois de prison ferme pour un voleur de bijoux et d'objets divers chez son voisin.

     

    - Troyes : Lucas » (Français de souche, I presume?) est condamné à six mois de prison ferme pour avoir menacé de mort des policiers qui tentaient de séparer deux bandes rivales » (oui mais là, il s'agit de la saine violence naturelle qui a construit la France à travers les siècles) - « l'Est éclair)

     

    - Lille : Geoffrey est écroué pour le meurtre de Simon, avec qui il était en « affaire » autour d'une plantation de cannabis. La victime a été frappée à coups de masse, étranglée avec une écharpe et égorgée par un cutter (Nord Eclair) » - pas de problème, ce sont les Arabes qui « ensauvagent » nos ressortissants locaux – ils sont contagieux...

     

    - Etain : Kevin est jugé pour avoir tué un homme d'une bande rivale d'un coup de couteau. « La lame de 8cm s'est entièrement enfoncée entre deux côtes et a touché le cœur » (Est Républicain »).

     

    Certes, pour les détails, on repassera. » Mais pour les amalgames, on n'est pas repassé, on se les est mangés en plein.

     

  • Tarentula - Wahnsinn

     

    Disposer les choses en double, c'est-à-dire en vrai et dans leur reflet, comme fera plus tard d'Annunzio : devant une faible fleur pariétale, s'imaginer un Lys-Turban... Mais tu es fou, tu vagues en ton cercueil de torpitude, c'est du Dylan Tarentula, oui je l'ai lu mais rien compris le français salit tout recouvre tout d'une couche de boue brune. Les souvenirs qui reviennent contaminer chaque histoire du temps vivant présent, métempsychose perpétuelle et mêli-mêlo censé nous affranchir du temps linéaire. À la fin Leopardi vaincu se suicide, nous laissant l'énigme à résoudre – Cioran s'y est casszé les dents. "La réalité est une hallucination due au manque d'alcool"/ Gigantesque, génial. De longs néons, éblouissants, des couloirs enrêvés d'où l'on ne revient pas, ou plus jamais le même, allonger ma grosse, grosse peine pour une pause de cinq minutes ou un multiple de quinze.

     

    Relis mes messages. Reprenons tout de fond en comble. Je sais que mes somnolences marqueraient la frontière de la victoire; pour celle dont je me suis entiché : déjà ma respiration ralentit, une envie de mourir dormir se sent à l'arrière du cerveau. Changeons de position. Et de quoi rêverais-je ? Quand reviendras-tu ? Jamêêêê, ja mêêêê. C'est très beau. Mon devoir ne m'appelle pas. Ne m'invite pas. Je ne veux plus te revoir, du moins pas tellement.

     

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    Dernier jour de cette rubrique. Désormais branlette du corps plus que de l'esprit. Encore faut-il y parvenir. Consulter pour cela semble excessif. Tête du médecin. Masculin. Celui qui me la tripotait pour m'expliquer les bienfaits de l'homosexualité chez les peuplades africaines. Les gosses suçaient la pine des aînés pour acquérir de la masculinité, le n'golo n'golo. Quand ta femme saingne du sexe. Passionnant. Je suis passé à côté des lamelles jumelles du sexe féminin. Ces portes qui s'entrouvrent comme des avant-bras, avec ce réalisme sur la scène et les cent spectateurs retenant leur souffle, un grand artiste en vérité lâchant sa main dans une derniè-re envolée : tout cela tellement du passé, du rejeté, sans rien devant. Que le mur vers lequel on se tourne, comme moi dans mes huit ans, comem Céline un jour de 61. Almanzor existe cncore. Danseuse centenaire, veillant sur les droits. Un jout tout Céline édité, car qu'est-ce qu'il a donc écrit ? Rohani admet l'Holocauste, qu'est-ce que ça lui coûte ? Elle vient, cette paix ? Les propos des bien ivres, de Marot, bien après Rabelais, qu'il édita ? À la suite de Villon ? J'ignore tant de choses, j'ai manqué de dire je t'aime à celle que j'aime, ajoutant : "Mais surtout, ne me demande rien".

     

    Pas foutu de la mener à la plage comme la gouine Parrical, je déteste la plage. Cette impression que j'ai de toujours faire de la littérature, quelque banales que puissent être mes pitoyables phrases, intonations, observations, colonne vertébrale avachie. L'espoir qu'un jour, comme chez Allary de Jules Romain, des insectes chercheurs décortiqueront ce que j'écrivais, y chercheront et trouveront des intentions que je n'ai pas eues, décèleront un ordre secret comme dans les Essais, car à qui cherche bien toujours un ordre se déniche. Les autres sans doute estiment de même, et moi, de l'extérieur, de l'autre côté de la rambarde, je vois bien leurs défauts et leur amateurisme. À près de 60 ans je quêtais encore des directives auprès de l'inspectrice, dévaluant ainsi à côté de mon expérience celle de tous les autres, alors qu'une stagiaire au physique ingrat de Tahitienne couverte de boutons s'était exclamée "Ce que c'est vivant !" - et je suis sûr qu'elle a pris modèle sur cet unique exemple, qui a nourri toute sa carrière. Si Dieu existait il me guérirait de ma connerie. Françoise me disait d'arrêter de chercher derrière elle sur l'estrade l'inspecteur qui me jugerait, car alors, me plaçant en examiné, je plaçais aussi l'autre en examiné.

     

    Ma vie fut un examen, perpétuel "L'ai-je bien descendu ?" ce qui voulait dire en ce temps (1870 ?) "N'est-ce pas que je l'ai bien descendu ? Tu as vua ça, cette élégance, cette classe ?" et non pas l'expression d'un doute. Je ne suis ni le premier ni le dernier, mais je suis l'unique. Ici dans ce maillot de corps aux épaules à nu. J'ai manqué tant de professions, tant de femmes et tant de contrées, la Nouvelle-Zélande et ses désertes prairies d'altitude, seul pays qu'épargnera la Guerre atomique, 15 secondes 25. Si je ne pense pas je rêve. Si les digues sautent le fleuve se répand, c'est le Pô en hautes eaux. J'étais perdu de nuit dans le brouillard, au milieu du delta. L'eau coulait à deux mètres de part et d'autre de ma voiture. J'ai rencontré deux touristes perdus non lin de leur camping. Sind sie deutsch ? - Ja, répondit le couple avec soulagement. Non, il n'existait pas d'autre camping avant Chioggia, et je m'enfonçais vers l'intérieur des terres, et je me dépêchais, car je devais rentrer avant la rentrée, mon proviseur était un fou. Aucun souvenir de mon coucher ce soir-là. Ce que j'ai raté, mais aussi ce que j'ai vécu, ces plages successives en remontant de Rimini hors saison, jusqu'à Padoue, jusqu'à Venise sous la neige, qui a vu Venise sous la neige ?

     

    Beaucop lèvent le doigt, mais je n'accepte pas que l'on dénigre, à Trieste j'ai vu ce jeune homme allongé sur un banc sous les cyprès, Anne l'a pris en caméra sans qu'il se réveille, et nous montions le long des falaises de plus en plus verticales, et nous étions recrus de fatigue, et je ne savais pas que c'étaient les plus beaux paysages, les plus belles fatigues de ma vie. Partout à Ljubljana les soldats serbes alors qui déambulaient, jour de permission et centre culturel français, plus tard bien plus tard la guerre où je n'ai rien fait, tandis que l'on se massacrait lâchement. C'est un tourbillon de bonheurs et d'insignifiances, un rôdage qui marche, des années en marche autour de leur collier, que je porte à présent pesamment comme un gail de trait. Il me serait resté tant de choses à vivre tant le monde est infini, même cette pelote de terre. Toujours ce dédoublement, perpétuel regard inutile, car si tout est comédie, alors, tout est vrai, et qu'est-ce que la peur ? Hölderlin je pense à toi. Je lisais tes paragraphes incompréhensibles. Il me semblait voir le prince de la cooptation, mais je respectais, infiniment. Finit dans un moulin, visité, consulté comme un oracle.

     

    Monde qu'il va falloir quitter, après l'avoir bien défendu contre la folie, der Wahnsinn, la vanité, la frivolité.

     

  • Vers l'Assomption

     

    A S S O M P T I O N

     

    Elle suit la Dormition de la sainte Vierge, maman de Jésus, qui s'endormit entre les bras des anges et fut emportée vers les cieux ce jour-là, miraculeusement soustraite aux maltraitances de la décomposition corporelle. Les protestants n'y ajoutent pas foi, car elle ne figure pas dans les Saintes Ecritures.

     

    Sous l'Empire, le clergé, auteur par ailleurs d'un « Catéchisme Impérial », ne manquait pas de souligner que cette date, le 15 août, coïncidait avec la naissance de Napoléon, en 1769 ! c'était aussi comme il se doit la fête nationale. Quelle qu'en soit en tout cas la raison, les congés « de l'Ascension » et « du 15 août », agrémentés de ponts souvent transformés en aqueducs, ne sont pas près d'être universellement respectés...

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  • La règle dujeu, suite

     

    Nous crevons de trouille : klakklakklak. MAIS la femme, réchauffée par l'Hâmour, n'aura pas peur : il est là près d'elle, le gorille dominateur ! (Belle du Seigneur, 6). « Elle fait non de la tête, un sourire sur les lèvres » : nos larmes coulent, notre cœur s'étreint de marchandises. Oui, la facilité, parfaitement. « Mais pourquoi êtes-vous contre ? Nous aimerions des textes comiques de tendance « pour » - vieilles connes, le « pour » n'est pas comique, il est militaire ou ecclésiastique. Est-ce que je fais exprès, moi, d'être contre ? Est-ce que nous le faisons exprès, tous ? Allez donc enterrer vos rides de gouines. En effet, c'est le moment d'apprendre que le plan 261 égale le 258, mais le couple cadré genou. Tout cela signifie quelque chose.

     

    Nous ne sommes pas dans un superhuit de souvenirs de vacances. « ANDRÉ , comme pour lui-même : Il faut que j'aille prévenir La Chesnaye ! » - Robert, sans doute ? Le mari ? La rage d'aller prévenir, d'aller au-devant des ennuis, du cassage de gueule, du drame, « tu quittes le château pour t'installer dans ma soupente, où je te ferai tâter de ma poutre ? » Ce qui expliquerait la réplique de Christine, « (se raidissant) Pour quoi faire ? » Toujours l'un des deux, l'homme ou lafemme, qui veut rester tranquille, cumuler le château et l'amour interdit, tandis que l'autre veut tout vivre au grand jour, tout casser sans se cacher. Alors ? Fermer la porte pour chier, ou laisser tout ouvert ? « ANDRÉ (surpris, mais souriant) : Mais, Christine, parce que ça se fait ! » - chapeau : l'aviateur, le casse-cou, tel un navigateur sur un plateau télévisé, retrouve instantanément son automate bourgeois, respectueux jusqu'en amour des conventions « sociales », « bourgeoises », à votre gré : on aime, on rompt d'avec l'autre, et en avant marche !

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    C'est tout naturel ! C'est un réflexe ! La politesse, l'honnêteté, l'Hamûr, exigent de la cruauté ! Dégage, que je fourre ma queue ! « Elle se détourne vivement, hésite à parler, puis sort par la droite » : la droite de l'écran, évidemment ; parce qu'en plus, ils tournent, les personnages, ils se tournent. André la rejoint : BREF PANO(RAMIQUE) GAUCHE-DROITE). Le cinéaste au sommet de sa compétence parvient à se dégager de sa technique pour suggérer de l'émotion, comme un écrivain de sa syntaxe. Nous profitons tous de notre expérience. « Fin du fox-trott off commencé au plan 250. » Il est inutile. Fin d'une ponctuation. La scène suivante se glisse peut-être dans l'intime : « ANDRÉ : Christine ! » Ne sois pas triste !

     

    Notre amour triomphera de tout ! D'abord, être honnêtes ! Jouer franc-jeu ! Bien tout foutre en l'air ! Ne vois-tu pas l'avenir radieux, etc. « Elle s'est assise sur le bras du canapé à côté de la porte-fenêtre, les poings serrés. » Confort et bite (le bras du canapé), ou évasion (porte-fenêtre) ? Résolution virile ou crispation ? Cet homme vient de recevoir sa déclaration d'amour, absolument inespérée, mais le voilà qui veut plus : rupture, insécurité ? « ANDRÉ (s'asseyant à ses pieds sur le canapé, tous deux en plan moyen) : Christine, écoutez-moi. » Parce qu'en plus, ils se vouvoient. Ce pluriel peut être un stimulant sentimental, un frémissement de respect amoureux. Soit. Une banale coutume sociale.

     

    1. Soit. Nous n'en sommes pas moins sur le point d'ouïr une pesante démonstration de logique aussi bien mâle que femelle, odieuse à tous les amoureux de la tranquillité, de l'amour en douce et sans risque. « 262. Raccord en contreplongée sur le couple : Christine trois quarts face (coupée ceinture), André trois quarts dos (coupé épaules).  Christine, tendue en arrière, le regard détourné, impassible. » Ce dialogue est éternel. Il dérive en droite ligne du roman courtois. De la lutte des cerfs à l'époque du brame. « ANDRÉ, ferme : Christine ! » Pause.