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Mustafa Kémal invente la Turquie moderne

 

Du 4 au 11 septembre 1919 a lieu une autre assemblée d'une cinquantaine de personnes, qui se déclare en révolte et proclame que l'Anatolie, région de Turquie, aura désormais la préséance sur le gouvernement incapable d'Istamboul,  composé de mollusques. Nous simplifions : Mustafa Kémal démissionne de l'armée, ce qui est un coup de poker : mais les militaires continuent de le suivre, et les civils emboitent le pas. Ce fut bien plus compliqué, bien plus dangereux, et nous demandons pardon aux éventuels Turcs auditeurs de cette cavalcade chronologique. Et lorsque le Sultan consentit enfin à renvoyer son premier ministre et à donner raison aux insurgés finalement, promettant que « peut-être un jour ou l'autre on ne sait jamais la Turquie pourrait avoir une constitution plus ou moins démocratique », il était trop tard.

 

L'auteur nous informe que tous ces officiers ou notables avaient lu Montesquieu, Voltaire et Victor Hugo, connaissaient parfaitement la Révolution française, et brûlaient de renverser le Sultan. Après l'accession d'Atatürk au pouvoir (« l'ancêtre des Turcs »), les luttes se déroulèrent encore, les oppositions furent farouches et sanglantes, tant du côté des religieux que du côté des sultanolâtres nostalgiques. Tout le monde admire à présent ce héros qui libéra la femme de sa sujétion et de ses vêtements à la noix, imposa le costume et la loi de l'Occident à tous, diffusa le savoir et l'alphabet européens, semant le trouble aujourd'hui encore dans la conscience turque : les déchirements post-ottomans sont particulièrement bien exposés dans les œuvres d'Orhan Pamuk, emprisonné je le rappelle pour « attteinte à l'image de la Turquie ».

 

Chacun de nous possède sans doute ses raisons de favoriser ou d'entraver l'accession de la Turquie à l'Union [sic] Européenne, certains même ayant autant de raisons pour une chose et pour l'autre. Mais à ceux qui craignent une contagion islamiste de l'Europe, non sans raison peut-être, je rappellerai que Mustafa Kemal Ataturk suscitait déjà les mêmes inquiétudes en 1919 : la Syrie, le Maghreb, commençaient eux-mêmes à devenir un peu remuants après cette courageuse révolte de la fierté turque et musulmane. On soupçonna Mustafa de vouloir instaurer une « grande Turquie », jusqu'en Ouzbékistan. Et même, ce qui est contradiction complète avec les traditions musulmanes, de communisme, que dis-je, de bolchévisme : la Révolution russe est toute proche ; c'est ainsi que les peurs irraisonnées ou non se propagent, et que l'histoire d'aujourd'hui est la petite-fille en ligne directe de celle de l'entre-deux-guerres. Quant à moi, pour l'adhésion de la Turquie, « je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ». Mais aucune révolution progressiste n'est à l'abri d'un retour de manivelle, et même le generalife Franco doit bien rigoler en ce moment, et viva España... Pendant que j'y pense, prononçons Redjep Erdohan, et non pas Retchep : « c », dj ; ç, « tch ». Ce n'est pourtant pas difficile, journalistes incultes de mes deux, qui sombrez dans la merde médiatique soigneusement semée par vos soins. Donc, Atatürk réussit à moderniser la Turquie, alors que le Shah d'Iran n'y est pas arrivé.

 

Prions ! Et revenons sur cette résistible ascension d'en groupe d'officiers chatouilleux sur l'honneur patriotique, ce qui est la moindre des choses, tout de même : « Bientôt, cependant », nous dit Paul Dumont, « des nouvelles extrêmement alarmantes parviendront d'Anatolie. Les nationalistes ont commencé à mettre leurs menaces à exécution. Ils réquisitionnent les lignes télégraphiques, saisissent les impôts et le courrier officiel, occupent les voies de communication, remplacent les fonctionnaires civils par leurs hommes à eux, menacent de fusiller les hommes qui font mine de résister. Ce que toutes leurs déclarations depuis quelques semaines laissaient prévoir est en train de se produire : Mustafa Kemal profite de la crise pour installer en territoire anatolien, » (sur le plateau, en somme, du Levant) « subrepticement, un appareil administratif indépendant, coupé de la capitale, et qui a déjà l'aspect d'un gouvernement de facto.

 

« Les choses apparaissent d'autant plus graves que des mouvements de troupes importants sont signalés dans les zones contrôlées par les nationalistes et que les soldats d'Ali Fouad Pacha semblent prêts à s'emparer des principales villes d'Anatolie occidentale. Par ailleurs, de tous les coins du pays, des télégrammes ne cessent de pleuvoir, réclamant le départ de Damad Ferid », premier ministre du Sultan qui veut se débarrasser ce cet officier insolent et rebelle. « Devant le développement d'une telle situation, le Palais finira par accepter de parlementer avec les insurgés. Cela se fera à l'ottomane : allées et venues de notables, interminables correspondances télégraphiques ornées de fioritures ampoulées, âpres marchandages sous les dehors d'une urbanité parfaite. Pour conduire les négociations, le Sultan a monopolisé un ami d'enfance de Mustafa Kemal, Abdel Kerim Pacha, grand-maître d'une confrérie mystique » bzzz, paf je l'ai eu. Il tentera de ramener son ancien condisciple à la raison en accumulant les épithètes ronflantes et les citations du Coran. » Avec l'insuccès que l'on sait.

 

Par Paul Dumont, « MUSTAFA KEMAL INVENTE LA TURQUIE MODERNE », chaudement recommandé, amen.  Bâtiment clinquant.JPG

 

Commentaires

  • Qui nous donnera un nouvel Atatürk, en France ?

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