La règle dujeu, suite
Nous crevons de trouille : klakklakklak. MAIS la femme, réchauffée par l'Hâmour, n'aura pas peur : il est là près d'elle, le gorille dominateur ! (Belle du Seigneur, 6). « Elle fait non de la tête, un sourire sur les lèvres » : nos larmes coulent, notre cœur s'étreint de marchandises. Oui, la facilité, parfaitement. « Mais pourquoi êtes-vous contre ? Nous aimerions des textes comiques de tendance « pour » - vieilles connes, le « pour » n'est pas comique, il est militaire ou ecclésiastique. Est-ce que je fais exprès, moi, d'être contre ? Est-ce que nous le faisons exprès, tous ? Allez donc enterrer vos rides de gouines. En effet, c'est le moment d'apprendre que le plan 261 égale le 258, mais le couple cadré genou. Tout cela signifie quelque chose.
Nous ne sommes pas dans un superhuit de souvenirs de vacances. « ANDRÉ , comme pour lui-même : Il faut que j'aille prévenir La Chesnaye ! » - Robert, sans doute ? Le mari ? La rage d'aller prévenir, d'aller au-devant des ennuis, du cassage de gueule, du drame, « tu quittes le château pour t'installer dans ma soupente, où je te ferai tâter de ma poutre ? » Ce qui expliquerait la réplique de Christine, « (se raidissant) Pour quoi faire ? » Toujours l'un des deux, l'homme ou lafemme, qui veut rester tranquille, cumuler le château et l'amour interdit, tandis que l'autre veut tout vivre au grand jour, tout casser sans se cacher. Alors ? Fermer la porte pour chier, ou laisser tout ouvert ? « ANDRÉ (surpris, mais souriant) : Mais, Christine, parce que ça se fait ! » - chapeau : l'aviateur, le casse-cou, tel un navigateur sur un plateau télévisé, retrouve instantanément son automate bourgeois, respectueux jusqu'en amour des conventions « sociales », « bourgeoises », à votre gré : on aime, on rompt d'avec l'autre, et en avant marche !
C'est tout naturel ! C'est un réflexe ! La politesse, l'honnêteté, l'Hamûr, exigent de la cruauté ! Dégage, que je fourre ma queue ! « Elle se détourne vivement, hésite à parler, puis sort par la droite » : la droite de l'écran, évidemment ; parce qu'en plus, ils tournent, les personnages, ils se tournent. André la rejoint : BREF PANO(RAMIQUE) GAUCHE-DROITE). Le cinéaste au sommet de sa compétence parvient à se dégager de sa technique pour suggérer de l'émotion, comme un écrivain de sa syntaxe. Nous profitons tous de notre expérience. « Fin du fox-trott off commencé au plan 250. » Il est inutile. Fin d'une ponctuation. La scène suivante se glisse peut-être dans l'intime : « ANDRÉ : Christine ! » Ne sois pas triste !
Notre amour triomphera de tout ! D'abord, être honnêtes ! Jouer franc-jeu ! Bien tout foutre en l'air ! Ne vois-tu pas l'avenir radieux, etc. « Elle s'est assise sur le bras du canapé à côté de la porte-fenêtre, les poings serrés. » Confort et bite (le bras du canapé), ou évasion (porte-fenêtre) ? Résolution virile ou crispation ? Cet homme vient de recevoir sa déclaration d'amour, absolument inespérée, mais le voilà qui veut plus : rupture, insécurité ? « ANDRÉ (s'asseyant à ses pieds sur le canapé, tous deux en plan moyen) : Christine, écoutez-moi. » Parce qu'en plus, ils se vouvoient. Ce pluriel peut être un stimulant sentimental, un frémissement de respect amoureux. Soit. Une banale coutume sociale.
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Soit. Nous n'en sommes pas moins sur le point d'ouïr une pesante démonstration de logique aussi bien mâle que femelle, odieuse à tous les amoureux de la tranquillité, de l'amour en douce et sans risque. « 262. Raccord en contreplongée sur le couple : Christine trois quarts face (coupée ceinture), André trois quarts dos (coupé épaules). Christine, tendue en arrière, le regard détourné, impassible. » Ce dialogue est éternel. Il dérive en droite ligne du roman courtois. De la lutte des cerfs à l'époque du brame. « ANDRÉ, ferme : Christine ! » Pause.