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  • Huit heures : enterrement

     

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    A huit heures, nous sommes levés depuis longtemps : il arrive que ce soit avant six heures. On enterre mon beau-père aujourd'hui : c'est pourquoi ma femme Arielle n'a pu se rendormir comme elle le fait au petit matin. Nous n'éprouvons pas extérieurement de grande tristesse : cet homme nous a laissés tomber 22 ans durant, malgré nos tentatives de réconciliation. Il répétait "Non... Non..." à l'arrière du téléphone quand nous contactions sa nouvelle épouse. Je suis allé le voir avec des fleurs pour son 89e anniversaire. Comme j'appelais ma femme au téléphone pour qu'elle me rejoigne, il vint me trouver sur le balcon pour m'enjoindre de ne pas le faire, car il n'était "pas encore prêt".

     

    J'ai donc pris le repas avec sa nouvelle épouse et leur fils de 32 ans. Arielle m'en a voulu pour cela. Mais il ne sert à rien de rappeler cela : nous le mettons en terre aujourd'hui. Le fils a rejoint le père décédé depuis très longtemps. Nous sommes allés chercher notre amie, qui s'était mise en demi-deuil, car elle ne l'avait vu qu'un petit nombre de fois, et la dernière, de façon quelque peu mouvementée. Ces circonstances passées doivent entrer en ligne de compte quand l'assistance entend sans broncher le curé, à voix trop forte, proclamer sans bien s'y connaître que nous devons penser aux bonnes actions qu'il a pu accomplir : en tant que médecin, assurément. Mais en son privé, on cherche encore.

     

    Le curé, après son sermon en langue de bois ecclésiastique, ôta la petite lumière à la tête du cercueil pour aller la poser aux pieds de la Vierge. Le plus pénible de toute la cérémonie furent les cantiques dont le refrain devait se reprendre en chœur par l'assistance, comme nous y invitait une vieille chrétienne sincère et desséchée de sa voix haut perchée. Nous l'avons fait, par solidarité. Lorsque le cercueil fut remporté, tout se passa gymnastiquement : ce sont des gestes répétés, par des professionnels sans affects, pour ne pas devenir fous. L'un d'eux reçoit les cent kilos sur le bassin, puis deux se glissent vivement par-dessous tandis qu'il grimace, et le poids se trouve enfin réparti sur les quatre épaules.

     

    A l'aller, nos croquemorts exécutaient un ballet circulaire en chaloupant du cul, ce qui est peut-être nécessaire pour éviter tout déséquilibre. Tsett était une petite chose dévastée. Elle allait de groupe en groupe, et je n'ai pu l'embrasser personnellement que plus tard, ce dont elle m'a bien remercié, j'ai senti ses larmes sur mes lèvres. Ses deux fils, alternativement, la tenaient aux épaules. Nous sommes partis en voiture, vers le cimetière du Bouscat (et non de Bruges) : c'est Jacques et Muriel, venus spécialement de Sore, qui sont passés devant nous pour nous guider. Ils se sont levés à 5h pour nous rejoindre depuis Sore, dans les Landes. Ce sont les seuls à nous être demeurés fidèles en dépit des comportements bizarres de votre serviteur. Et puis nous avons marché dans l'allée sous un soleil de plomb, qui est aussi un vrai temps d'enterrement. Les deux fossoyeurs ouvraient à la bêche et au fossoir, qui est une fourche à larges dents, utilisée aussi pour fouir entre les rangs de vigne. Le cercueil fut enfourné tête vers nous, ce qui m'étonna : je pensais que les morts nous regardaient, or, leurs têtes sont à l'envers par rapport au visiteur.

     

    Ma réflexion fut jugée déplacée par Djz., mais il est très énervée en ce moment : soucis pneumologiques et sevrage de tabac. Il nous taraude avec son souci de la famille, bien nouveau puisqu'il ne voit ma femme qu'une fois par an. Il insista auprès d'elle pour que nous fussions invités par Dvor, fils du défunt, mais celui-ci fit répondre que c'était une "réunion de famille", entendez celle de la mère. Djz. pestait encore en repartant, parce que nous n'avions pas "le sens de la famille". Pourtant, il est bien la preuve, lui-même, qu'il n'y a pas pire sac de nœuds que cette institution, que nous avons toujours traitée avec éloignement, et même des pincettes : le mot même fut pourvu de guillemets sur notre livret de "famille".

     

    Nous n'avons pas consulté le livre des signataires, que les assistants avaient signé sur le seuil de l'église. Tsett a dit "Au revoir mon Nanou", tout doucement, et encore "Au revoir" en quittant la tombe : alors ses fils l'ont doucement raisonnée, puis elle est repartie avec eux, chétive et noire. Après cela, nous avons raccompagné Djou qui nous a offert du café et de la citronnade, andis que nous taquinions le chaton. Et j'ai proposé mes services de 69 ans et demi afin d'aider Nz. qui s'est fait vider de son appartement, mais pour en retrouver un plus grand. De retour ici, repos, repas, diverses occupations dites "littéraires", et petite expédition vers Cultura : notre occasion de dépense.

     

    Arielle a reposé un Carpeaux, malgré la beauté de l'album ("Philoctète"), mais s'est fendue d'illustrés, Charlemagne, Aliénor d'Aquitaine tome II. Nous ne savons pas comment nous finirons le mois. Mais je pense que la suspension de parution sur papier du Singe Vert va dégager le budget. Le soir, Françoise, désormais veuve, a longuement téléphoné à mon épouse, car elle était seule chez elle, et se sentait atrocement désemparée. À noter que Fwof n'a pu venir, car il ne s'agissait administrativement, n'est-ce pas, que de son arrière-grand-père...

     

  • Pascal et notre incompétence

     

    Je crains malheureusement que la suite du raisonnement ne soit obscurcie par toutes sortes de béquilles eclésiastiques faussantes : mais la pensée s'arrête là, et nous passons au numéro 673 : Les philosophes ont consacré les vices, en les mettant en Dieu même ; en effet, si Dieu est infini, il est infiniment vicieux. Ou alors, le vice, c'est l'absence de Dieu, c'est le non-être ; les chrétiens ont consacré les vertus. Ah la belle opposition bien conne... Nous voudrions à présent remonter dans les numéros de l'édition Jacques Chevalier, préfacée par Jean Guitton, grand croyant s'il en fut. Pascal est hélas un grand mathématicien, grand raisonneur, et s'imagine qu'il est raisonnable de renoncer à la raison parfois, et par la foi. Mais les articles de la foi contredisent si souvent la raison qu'ils en ont fait perdre la foi à Renan, qui ne voulut plus devenir prêtre : si Dieu nous avait fait raisonnables, pourquoi nous aurait-il ensuite demandé de piétiner sans cesse cette même raison qui provenait de lui ?

     

    Nous ne pouvons finalement comprendre les textes religieux que de l'intérieur, si nous sommes nous-même religieux. Un imam nous l'avait dit, un rabbin ou un pasteur nous affirmeraient la même chose. Observons-donc le texte, présenté par l'éditeur comme une « Introduction » à des « preuves de Jésus-Christ ». Calmement. « Le monde ordinaire a le pouvoir de ne pas songer à ce qu'il ne veut pas songer ». Assurément. « Ne pensez pas aux passages du Messie » disait le Juif à son fils » - quel Juif ? Pascal ne le dit pas. Ce Juif (ou tout autre) applique ainsi sans le savoir la devise comportementaliste, ou de bon sens, qui consiste à ne pas penser à ce qui nous embarrasse. Vous avez un problème ? N'y pensez plus. Quelqu'un de tourmenté par le sort de l'Homme n'a qu'à ne plus y penser. Totalement inefficace. « Baudelaire n'avait qu'à sortir en boîte, il aurait eu moins de problèmes », devoir de seconde, authentique. L'ennui, c'est qu'une semblable évidence est aussitôt détournée par Blaise Pascal dans le sens polémique : « Ainsi se conservent les fausses religions, et la vraie même, à l'égard de beaucoup de gens. » Immense concession ! La cible, ce sont les gens du commun. Monsieur Truc-Chose. Celui qui ne pense pas, qui veut s'empêcher de penser. « Mais il y en a qui n'ont pas le pouvoir de s'empêcher ainsi de songer, et qui songent d'autant plus qu'on leur défend. » Et moi, Pascal, je vais vous donner la solution, ou du moins la possibilité de la chercher.

     

    Ils étaient comme ça en ce temps-là. Jésus-Christ était l'obstacle obligatoire. De nos jours, c'est peut-être internet ou Miles Davis. Faut pas se moquer. « Ceux-là se défaussent des fausses religions, et de la vraie même, s'ils ne trouvent des discours solides ». Dons la pensée, la réflexion, la raison, par ordre croissant, doivent présider à notre cœur.

     

    Faisons un plan. Pascal écrit un plan, le coud dans la doublure de son vêtement et le porte toujours sur lui. « Preuves de la religion » - celui qui croit est à la fois juge et partie, mais voyons : - « Morale, Doctrine, Miracles, Prophéties, Figures. » Il s'agira donc de « la » religion, la seule valable, la catholique. Nous aimerions posséder la science de Lévi-Strauss, qui introduirait ici la dimension épistémologique : l'art et la manière de classer les pensées en vue d'une connaissance, mais sans garantie pédagogique, sans possibilité d'affirmer qu'ici plutôt que là réside la vérité. Sur un autre feuillet, ici « 487 » : « PREUVE », au singulier en et capitales.

     

    Nous sommes en pleins brouillons pascaliens. « 1° La religion chrétienne, par son établissement : par elle-même établie si fortement, si doucement, étant si contraire à la nature. » Ne le contredisons pas. N'ironisons pas, ce serait trop facile. Voyons comment l'auteur a pu imaginer, se représenter cela. N'est-il pas en train de confondre ce que le christianisme est devenu en lui avec ce qu'il était en ses débuts, extrêmement combatif ? Ne faut-il pas tenir compte de ce que l'information, à ette époque, avait d'incomplet et de forcément tendancieux ? D'autre part, que veut dire «contraire à la nature » ? contraire à la loi du plus fort ? Avons-nous dû attendre l'instauration de la religion chrétienne pour apprendre à dompter notre nature, à ne pas tuer, à ne pas violer ?

     

    Ces préceptes n'existent-ils pas depuis le début des hommes, depuis le code d'Hammourabi, qu'il faut empêcher et punir le meurtre, le vol, la brutalité ? « 2° La sainteté, la hauteur et l'humilité d'une âme chrétienne » : n'avons-nous pas aussi nos préjugés, nos certitudes de détenir la vérité ? Car nous répondrions qu'il y a aussi de belles âmes chez les tenants d'autres religions, et de beaux salauds prétendument chrétiens ; et vice-versa. L'homme religieux donc, et non pas seulement le fidèle de telle ou telle religion, ou bien l'homme qui réfléchit, tout simplement, procède lui aussi de la sainteté, de la hauteur d'âme et de l'humilité. Qu'il utilise la méditation chrétienne, la mystique soufie ou l'étude du Talmud en guise d'échelle vers les cieux, vers l'idéal, peu importe. « 3° Les merveilles de l'Ecriture sainte » : nous sommes ici dépassés, depuis longtemps.

     

    Comme une poule devant un couteau. Ni un couteau, ni un livre, ne peuvent tomber du ciel. «4° Jésus-Christ en particulier ; 5° Les apôtres en particulier » - brisons-là. Nous nous déclarons incompétents...

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  • Les usines à télés

     

    Nous avions l'usine. Inutile d'en proposer à l'Union Soviétique, ainsi que nous l'avions fait à des prix exorbitants exprès... Ce protocole industriel, signé le 23 novembre 1968, soit deux jours avant que ne s'ouvre la VIIIe session de la commission pour la télévision en couleurs, merde avec un "s", était peut-être un préalable nécessaire à l'apaisement qui a eu lieu. Il ne faut pas relâcher nos efforts, camarades, rien n'était achevé avant que nous ne sortissions nos premiers engins matériels, palpables, fonctionnant, concrets. Tout irait bien désormais, et le SECAM aurait vaincu le PAL, ou l'ancestral NTSC, never twice the same colour...

     

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    Est-il bien nécessaire de poursuivre ? Et ne serait-il pas temps de torpiller enfin pour couler par le fond ce document harassant, qui n'aurait jamais dû quitter les archives de l'INA ? Quelles autres raisons avaient-elles pu motiver l'émergence de ce monstre éditorial dans la sphère publique, sinon le seul mobile de le livrer clés en mains à une poignée de spécialistes obtus qui avaient promis de l'acheter, sinon de le lire ? Il ne saurait être question ici de contribution à la littérature ou à la culture, mais de basse technique et de marchandages d'épiciers. C'est ainsi du moins que s'exprimerait un primate mandarin qui n'admettrait pas que l'on s'intéressât à autre chose qu'à la versification latine.

     

    Mais il faut bien donner à bouffer à ma connerie. Nous savons (de Toulon) que l'administration de la télé couleur (sans s) fut une révolution agréable, sensitive aussi bien qu'émotionnelle, qu'elle a enrichi la palette (justement) des émotions humaines, mais qu'il fallait bien que nous en passassions par la grandeur de la France, les autres nations étant favorisées par les collabos, ne brocardons pas le général de Gaulle d'avoir aimé notre pays, et que les diplomates d'un côté, coincés entre les USA et l'URSS sans compter le Japon et la société Sony, d'une part, et d'autre part les techniciens, commerciaux et financiaux, se décarcassassent afin que l'intendance pût nous fournir à tous ces appareils merveilleux d'un mètre cinquante de profondeur dans les années 1910, devenus depuis les "écrans plats", où défilent j'en suis bien d'accord 85% de conneries, mais ceci est une autre histoire. Nous en revenons à 1971 ancien style, 2018 selon mon propre comput laïque :

     

    "Les diplomates français, cependant, se montrent toujours prudents et conscients des problèmes que pourrait causer le recours à un investisseur américain dans ce très sensible jeu d'équilibre.

     

    "En la matière, la diplomatie française suit toujours la même voie : il n'est pas question de renoncer à la coopération franco-soviétique ; et les responsables français veulent en assurer et l'opinion et leurs partenaires russes, en publiant, le 23 avril 1971 au soir", très importante précision n'est-ce pas, "un communiqué officiel émanant du ministère du Développement industriel et scientifique, censé donner une lecture rassurante de l'accord conclu entre les deux industriels." Intervient alors comme un taureau sur la soupe une de ces notes à faire déraper un train de marchandise, numéro 294, et rédigée comme suit, à l'intention des maniaques de la maniaquerie : 'Archives du M.A.E." (Ministère des Affaires Etrangères), "Affaires économiques et financières, Affaires générales, télévision SECAM, article 924, projet de communiqué du M.D.I.S., rédigé au ministère des Affaires étrangères, daté du 23 avril 1971".

     

    "Ce texte précise qu'après cet accord, le développement du tube à grille par France-Couleur qui peut se le - est "maintenu" et que le contrat qui définit l'aide que les pouvoirs publics accordent à cette société est toujours en vigueur. Il affirme, dans le même temps, que le procédé SECAM, qui donne toute satisfaction, "n'est pas concerné par cet accord industriel" : cet accord s'applique seulement à la fabrication de tubes en couleurs" avec un o, "utilisables pour la construction de récepteurs et adaptable à toute norme comme à tout procédé", seulement pour les vis du quart nord-est de l'écran, et les nuances de vert bouteille à bleu de Prusse.

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    "Cherchant à épargner aux Russes toute surprise inopportune, une démarche avait même été entreprise, dès le 20 avril, auprès des représentants soviétiques. Ainsi le département des Affaires étrangères signale-t-il à l'ambassade de France à Moscou qu' "à la demande du M.D.I.S., Monsieur Farnoux, Vice-Président de France-Couleur, a fait s avoir aujourd'hui, 20 avril," lendemain du 19 et

     

    veille du 21, "à l'ambassadeur d'U.R.S.S.", qu'un accord venait d'être conclu, à propos des tubes couleurs entre le groupe Thomson et la firme R.C.A., "inventeur et premier constructeur mondial du tube shadow mask" (...) "Cet accord prévoir la création de la société VIDEOCOLOR, qui a pour objet la fabrication en France des tubes shadow mask. Les études et les développement du tube à grille relèveraient uniquement, dès lors, de la compétence de la société France-Couleur" – et c'est de semblables minutieuses organisations et discussions que dépendent de grandes causes, comme pourquoi pas les cessez-le-feu, auxquels on aurait pu penser, peut-être, moi je dis ça comme ça, avant de déclencher le feu, mais je dois être un peu simplet.

     

    "Les Français prennent soin de prévenir leurs partenaires soviétiques de cette évolution. Il réside une bonne part d'audace dans cet assaut de prévenance et d'attention. Toute éventuelle protestation russe ne changerait rien, en réalité, à la situation. Ce qui l'emporte dans l'esprit des hauts fonctionnaires, en cet instant, ce n'est nullement le fatalisme, car ils restent déterminés" (miaoûûû) "à tenir leur place dans la coopération franco-soviétique, mais bien l'idée qu'il est indispensable de se conformer aux réalités."

     

    A ce moment où le suspense est à son comble, notre auteur se fend d'un sous-titre en deux lignes et néanmoins en italiques :

     

     

     

    Apaiser les Soviétiques face à la perspective d'une coopération triangulaire dans le domaine des tubes catholiques.

     

     

     

    La signature de cet accord ne suffit pas, cependant, à rendre aussitôt effectives ses dispositions.

     

  • Bassin de femme

     

     

    C'est affreux. Ça fout un malaise. On ne voit rien au-dessus du diaphragme, ni au-dessous des genoux. On ne voit ni le diaphragme ni les genoux. Et c'est couvert de poils, de façon maladive. On dirait une infection, ou un défaut génétique. Une sorte de femme à barbe, dont le ventre, les bras (le long du corps) et les cuisses seraient recouverts d'une toison malsaine. La femme porte un slip mal ajusté, la fente sexuelle est très nette, placée bas comme il convient, mais tout ce pelage grumeleux empêche qu'on en soit ému. Les mains sont disposées de part et d'autre des cuisses à peu près jointes, à la façon d'un garde-à-vous. Entre les jambes mal jointes c'est l'espace habituel aux femmes, une longue fente blanche, et le léger renflement des cuisses qui s'effleurent avant l'entonnoir définitif.

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    Précisons qu'il s'agit d'une photo en noir et blanc sur fond de sépia jaune, sur un papillon publicitaire de faibles dimensions. Le pubis est nettement séparé de la partie supérieure de la culotte par un pli horizontal du tissu. A l'intérieur un renflement peut-être vide, une saillie presque pénienne. Le nombril à peine indiqué dans une disposition convergente des poils. Et puis je regarde mieux cette pilosité, ou ces croûtes, ces tavelures, et il me vient à l'esprit qu'il s'agit d'une combinaison de couleur chair où sont dessinés, collés, toutes sortes de mousses rases, de lichens épars, de scrofules en tissu. C'est une femme qui pose, simplement, sans aucune intention, détournant toute interprétation érotique par ce rapprochement avec le règne animal ou végétal.

     

    Un simple fragment de corps, comme offert à la science visuelle. Le ventre eest légèrement renflé, il esquisse un bourrelet sans excès, harmonieusement modelé. Nous pourrions aussi rapprocher ce plaquage uniforme d'une manifestation de vergetures post partum,c'est si bien imité, si parfaitement galbé, que l'utilité de cette femme s'estompe, que sa beauté se tourne en évidence documentaire ; elle n'est pas pour plaire, elle est là, comme une planche médicale, ses longs doigts légèrement détachés des cuisses par le renflement naturel de la paume. Elle ne demande rien, ni désir ni pitié ni appréciation esthétique ou autre.

     

    Juste apprendre à surmonter une apparente répugnance, juste accepter une indépendance. Cette vignette annonce JUR, qui se produira le 4 février à Mugron, dans les Landes.

     

  • Sur le Ramadan

     

    1. RAMADAN

    2. Eliminons d'emblée toute ressemblance profonde entre le Ramadan et le carême  chrétien, désormais très peu respecté : le Ramadan ne saurait être en effet une « préparation au mystère de Pâques », étranger à la foi musulmane. Le Ramadan aurait cependant pour origine le jeûne d'une journée à l'occasion de l'Achoura juive.

    3. Le mot « ramadan » s'apparente à « ramida », « sécheresse, chaleur intense », en parlant plus précisément du sol : le croyant se purifie, « brûle » ses péchés. Ce n'est pas une fête, mais la quatrième des cinq bases fondamentales sur lesquelles est édifié l'Islam, une période de jeûne (« as-Siyâm ») et de recueillement qui s'achève par une fête (la « rupture »). Pour commencer, Mahomet ne prescrivit qu'un jeûne d'une seule journée, à rapprocher du Yom Kippour juif. Puis il voulut que le jeûne fût plus sévère encore que chez les juifs ou les chrétiens : il fut de trente jours. Les religieux reconnaissent que le jeûne fut pratiqué par Moïse et 'Aïsa (Jésus), que Daoud (David) jeûnait un jour sur deux.


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      • Le Prophète, quant à lui, avant la Révélation, jeûnait trois jours par mois. L'obligation de jeûner pour tout musulman fut instaurée dans la seconde année de l'Hégire, par la révélation de ce verset du Coran : « Ô vous les croyants ! On vous a prescrit as-Siyâm [le jeûne] comme on l'a prescrit à ceux d'avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété. » (Sourate 2, verset 183-1). Ce verset montre clairement que le jeûne est une obligation pour tout musulman en âge et en capacité de le faire. Toute personne remplissant les conditions (être âgé de treize ans et en bonne santé), sachant qu'elle doit le faire, et s'en abstient volontairement, commet un péché. Ce rite musulman soigneusement observé par 80% de son milliard au moins de fidèles dans le monde - proportion en augmentation - représente donc le rite religieux musulman le plus universellement observé.

    5. Le jeune se dit « sâwn » en arabe. Il est recommandé en période ordinaire, mais devient obligatoire pendant le mois de ramadan : du lever au coucher du soleil pendant trente jours, les musulmans s'abstiennent intégralement de manger, de boire, de fumer et d'avoir des relations sexuelles. Ils s'abstiennent également de dire du mal de quiconque ; c'est le « jeûne de la langue ». Il faut tenir sa langue, sans jurer, sans bavarder frivolement, sans dire du mal (faux, ou vrai...) de quiconque, ni même y prêter l'oreille. Interdiction de se mettre en colère ! ou même de mentir ! - sinon, à quoi bon jeûner. Et si l'on vous insulte, ou que l'on vous provoque, vous direz simplement : « Je suis en état de jeûne ». Il serait également préférable de s'abstenir de respirer du parfum ou de regarder quoi que ce soit d'illicite, en particulier à la télévision : où l'on recommande les émissions religieuses, voire les informations, mais rien de frivole.

    6. Les 10 derniers jours du Ramadan sont considérés comme hautement bénis, en particulier la « nuit du destin », laylat-al-Qader, nuit où le Coran fut révélé à Mohammed en 610 de l'ère commune, ou « nuit de la valeur ». «  Et qui te dira ce qu'est la nuit d'Al-Qadr ?. La nuit d'Al-Qadr est meilleure que mille mois. Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l'Esprit, par la permission de leur Seigneur pour tout ordre. L'archange Gabriel prie pour le croyant la nuit du Destin» (Boukhari) Elle est paix et salut jusqu'à l'apparition de l'aube." La tradition, fondée sur une indication du Prophète, reste imprécise : il s'agit d'une nuit impaire ; nul ne saurait exactement s'il s'agit de la 21e, de la 23e, etc. Sinon, certains esprits tièdes ou formalistes risqueraient de négliger la présence d'Allah durant les autres jours du mois. Les dix derniers jours sont marqués par une intensité spirituelle toute particulière, et l'on passe cette nuit à prier, à se repentir, à réciter le Coran. Et souvent, c'est cette nuit que l'on choisit pour la cérémonie de la circoncision.

    7. DETERMINATION DU RAMADAN

    8. C'est le neuvième mois. Le début du ramadan se déterminait autrefois par les observations directes, ou la science du calcul (comme en Lybie), et bien sûr, il ne commence pas au même instant partout. Les Emirats Arabes Unis se rangent à l'avis de l'Arabie Séoudite. Le "Conseil français du culte musulman" (CFCM) précise pour notre pays le début et la fin du Ramadan, et, tous les jours, l'horaire du jeûne plus court en hiver, plus long en été. Rappelons que le cycle annuel civil correspond à une période d'à peu près 35 années, à raison de 11 ou 12 jours de retard d'une année sur l'autre.

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    10. PRESCRIPTIONS RITUELLES

    11. Le premier repas (iftar) se prend aussitôt que le soleil se couche ; le Prophète dit : « On ne cesse d'être dans la bonne voie tant qu'on s'empresse de rompre le jeune. » Il invoque Dieu au moment de cette rupture : « N'est pas repoussée la demande faite par le jeûneur au moment de la rupture de son jeûne. « Bismillah ! Allahoumma laka soumtou wa 'ala rizqika aftartou ! Au nom d'Allah ! Ô mon Dieu, j'ai jeûné pour Toi et j'ai rompu avec ce que Tu m'as donné ! » La prière a eu lieu quelques minutes après le coucher du soleil. Comme le ramadan met l'accent sur la vie communautaire, souvent les musulmans partagent l'iftar à la mosquée la plus proche et invitent des parents, des amis, des voisins.

    12. Le fidèle prend un dernier repas, le « sahour », en fin de nuit, à l'approche de l'aube, sans toutefois s'alimenter au-delà. Le Prophète dit : « Le sahour est tout entier bénédiction ; ne le délaissez pas. Prenez-en ne serait-ce qu'une gorgée d'eau car Allah envoie sa miséricorde et les anges demandent le pardon pour celui qui fait ce repas. »

     

  • Fêtes religieuses musulmanes et lunaisons

     

    1. La notion de fête ne semble pas représenter la façon la plus significative d'aborder la religion musulmane, essentiellement spirituelle. En effet il n'existe que deux fêtes canoniques dans l'Islam, et c'est à cela que nous devons attribuer dans ce livre un nombre de pages moins élevé que pour les autres religions : après le Ramadan, où le Coran fut révélé au Prophète « Mohammed » (« celui qui est digne de louanges »), ce sont

    2. 1° Idoul Fîtr (« rupture » du jeûne), le premier jour du mois de shawwal,

    3. 2°, du 10e au 13e jour de ce dernier mois, Idoul Adhâ, fête du sacrifice.

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    5. LE RAMADAN

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    7. COMMENT SE DETERMINE LE MOIS DE RAMADAN – LE CALENDRIER MUSULMAN

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    9. Il s'agit d'un calendrier lunaire. Chaque mois commence dès la Nouvelle Lune, lorsque le débit du croissant devient visible. Les mois comptent 30 et 29 jours alternativement ; leur durée moyenne (29,5 jours) est voisine de celle de la lunaison. Les années contiennent 12 mois. Or, 12 lunaisons faisant 354,3 jours (les lunaisons ne sont pas en concordance parfaite avec les jours), le début de l'année musulmane se décale de 10 à 12 jours par rapport aux saisons (en moyenne de 10,87 jours par an).

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    11. 1 Mouharram 30 jours 7 Radjab 30 jours

    12. 2 Safar 29 «  8 Chaaban 29 « 

    13. 3 Rabi al Awal 30 9 Ramadan 30 « 

    14. 4 Rabi at Tani 29 10 Chawwal 29

    15. 5 Djoumada al Oula 30 11 Dou al Qada 30

    16. 6 Djoumada at Tania 29 12 Dou al Hidjia 39 ou 30

    17.  

    18. ( A titre indicatif, les jours de la semaine (« jour » se dit « youm ») s'appellent : youm al Had, youm el Itnine, youm al Tlet, youm al Arbia, youm al Khemis, youm al Joumouya, youm al Sebt ; leurs noms s'inspirent des adjectifs numéraux ordinaux)

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    3.  

    4. Le cycle lunaire des musulmans est de 30 ans.

     

    1. GENERALITES - LE CYCLE LUNAIRE

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    3. Le cycle lunaire des musulmans est de 30 ans. Au début de l'ère musulmane ou hégire, il a été décidé de rajouter 11 jours par période de 30 ans. Donc, certaines années ont 354 jours (années communes) et d'autres 355 (années abondantes). Plus précisément, sur 30 ans, 11 années abondantes possèdent un jour de plus, ajouté au dernier mois : les années 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29.

    4.  

    5. 1er de l'An

    6. C'est le 1er Mouharram. L'an 1 du calendrier a débuté le premier jour de l'hégire, soit le 15 ou le 16 juillet 622 après Jésus-Christ. Le calendrier musulman fut adopté dix ans après la « fuite » de Mohammed. Une date donnée dans ce calendrier se reconnaît par l'adjonction de la mention « calendrier musulman » ou « hégirien », « ère musulmane » ou « de l'hégire », en abrégé « H » ou « AH » ( du latin anno Hegirae).

    7. Il s'utilise depuis 632, alors qu'en France, par exemple, nous avons adopté le calendrier dit « grégorien » de puis le 2 décembre 1582 seulement Les musulmans utilisent pour leurs affaires communes le calendrier grégorien sans aucune restriction. Mais le calendrier religieux est fondé sur le Coran (sourate IX, 36-37) et son observation est un devoir sacré.