Je suis de cette opinion, et aussi de la contraire...
Bonjour ! Revoici Mone de Beauvoir, cette fois
dans le troisiŠme et plus copieux volume de sa
trilogie : aprŠs "M‚moires d'une Jeune Fille
rang‚e" et "La Force de l'Age", vient le tome
intitul‚ "La Force des Choses" . Et comme dit
C‚line, elle a une force terrible, la force des
choses.
C'est ainsi que se v‚rifie le mot de John
Lennon : "La vie, c'est ce qui arrive quand on
avait pr‚vu autre chose." Eh oui Simone, il ne
suffit pas de vouloir quelque chose pour qu'elle
advienne, et la libert‚ de l'humain se heurte
souvent de fa‡on irr‚m‚diable … la contingence. On
n'a plus la sensation de ma^itrise de son destin,
et l'on doit bien galoper derriŠre l'histoire,
surtout quand on en a fait son quotidien.
Car enfin voil… une femme qui a li‚ sciemment
son sort … Jean-Paul Sartre, de renomm‚e mondiale,
et bien engag‚ dans tous les conflits politique
passant à sa portée. Que la guerre éclate en
Algérie, et elle est bien obligée d'exprimer à
haute voix, voire dans des conférences en France
et à l'étranger, son opinion la plus sincère et la
plus militante.
Le livre d'aujourd'hui est une véritable somme
de tout ce que Simone de Beauvoir a pu faire ou
entendre au cours des dix-huit années ayant suivi
la Libération de Paris, jusqu'en 1963. Elle n'a
pas prétendu faire une oeuvre littéraire, mais
entasser dans la sincérité témoignage sur
témoignage. Amenée par sa profession
d'intellectuelle, à se déplacer d'un bout à l'autre
de la planŠte, par ses convictions … se pencher
plus particuliŠrement sur les destin‚es de Cuba et
de l'URSS, ou sur la situation ‚conomique
v‚ritablement f‚odale du Br‚sil, elle nous en
entretient sans faux-fuyant, avec une balourdise
qui laisse parfois pantois.
Nous qui savons … pr‚sent ce que furent les
abus des pays communistes, nous avons peine …
imaginer que les r‚volutions s'effectuŠrent
d'abord dans l'enthousiasme et l'efficacit‚, et
l'on ne peut nier que la r‚volution castriste
‚radiqua l'analphab‚tisme … Cuba. Cependant il est
bien honn^etement pr‚cis‚ que le sort r‚serv‚ aux
opposants ne fut pas des plus honorables pour la
conception socialiste de l'humanit‚.
Mais valait-il mieux laisser croupir le paysan
dans la misŠre et l'abrutissement de l'ignorance
comme au temps de Batista ?
On sourit amŠrement en apprenant que Simone de
Beauvoir acceptait sans sourciller les
affirmations de ses amis sovi‚tiques, disant qu'il
n'y avait plus d‚sormais dans les camps de Staline
- que son nom soit maudit ! nous sommes sous
Khrouchtchev - que des prisonniers de droit
commun. Et que dira-t-on de nous autres ! Mais le
d‚bat est sans fin, et truqu‚. Par moi, qui fais
actuellement de la politique de comptoir en zinc.
En fait, ce qui m'a le plus profondément marqué,
ce sont les rappels de faits passablement oubli‚s
de la guerre d'Alg‚rie.
Nous avons oubli‚ que l'arm‚e fran‡aise a
tortur‚. C'est cela, je crois, qui a ‚t‚ cause
essentiellement de l'isolement de la France sur le
plan de l'opinion publique mondiale, c'est cela
qui a discr‚dit‚ la France, quelles qu'aient pu
^etre ses raisons de combattre les
ind‚pendantistes.
Nous avons oubli‚ que l'arm‚e fran‡aise a
parqu‚ dans des camps la population entiŠre de
villages dits suspects ; que dans ces camps, l'on
mourait de faim, y compris les enfants ; que les
braves pieds noirs, pour un d'entre eux assassin‚,
tuaient dix … vingt indigŠnes en repr‚sailles.