Proullaud296

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  • Train de Paris

     Le sommeil est le pire des maux. Ce matin je sortais de mon lit, Anne entrait en souffrances. C'est ainsi que nous vivons. Par la fenêtre d'un bus j'ai rencontré une jeune fille qui pleurait en marchant très vite, à gros sanglots devant le monde entier à fendre l'âme. Que vous est-il arrivé ? la perte d'un proche est plus sombre, plus sourde. Ce désespoir public venait de trahison. Comment peut-on trahir et pourquoi l'ai-je fait. Je ne drague pas. Qui vous fait souffrir ? Mon Dieu je n'avais pkus vu cela depuis la série des Femmes qui pleurent. Vous a-t-on manqué de respect. De tels chagrins lorsque Françoise a foncé sur la route imbibée de whisky, lorsque Katy a voulu mourir. Ce désespoir résonnera toujours en moi.

     

    Le train longe une prairie à faible allure. Est-ce Vivonne, où Ravaillac médita le meutre d'Henri ? Port-de-Piles. De la fatigue d'être soi. Ammien Marcellin. Couverture blanche, écriture penchée de mon père. Déploration des vices sénatoriaux. Permanence de l'engourdissement. Syllabes anglaises au fond de la voiture. Talus jaune. Vingt maisons autour d'une église. Est-il si nécessaire d'apporter quelque chose ? Suffit-il de remplacer "je" par "nous" ? Seigneur prends pitié de la douleur humaine. Qui sont ces hommes autour de moi ? Cet enchifrené qui se lève dans mon dos pour filer son catarrhe à sa belle ? Cerveau secoué comme celui d'un nourrisson. Chercher la mire. Poupée safran.jpgPOUPEE SAFRAN TABLEAU D'ANNE JALEVSKI

     

    Reconstruction du cerveau. Ne pas se laisser démolir. Les autres sont autour de moi. Je ne les retiens pas. Comment fait-elle pour ne pas sombrer dans la désintégration ? Rêver, mais en ligne narrative... Café. Notre chemise est sale et manque au respect que nous nous devons à nous-même et aux autres. En changer dès que possible. Des jeunes gens me tenteraient pour les serrer très fort, à condition qu'il ne soit pas question de verge. Derrière moi le jeune enrhumé converse avec sa bien-aimée sur les plates-formes de jonction. Devant moi un jeune homme qui planche sur des lignes très serrées, des schémas chimiques. Sur ma droite un jeune homme encore tripotant son mobile sur ses genoux relevés.

     

    Dans mon dos à droite un jeune homme à côté duquel j'aurais dû m'assoir en tenant compte de mon numéro de réservation. Au bar, le garçon porte la barbe ; forte mâchoire et l'air vigoureux et rusé. Il vend des tickets de métro, une chocolatine et un autre café. "Sur place ou à emporter ? - Sur place." 7€90. Il m'indique à nouveau le sucre sous mes yeux : "J'ai vraiment besoin de prendre un café". Ce sera le modèle de mes contacts à venir. Il n'y a aucun risque à engager une conversation ; il faut essayer de tout. Toujours cette scrutation des visages, et des sexes de femmes sous les étoffes. Désir des corps aussi, indépendamment des glandes génitales. Importanceexcessives du système uro-génital. Impression de liberté toujours en arrivant à Paris, mes idées sont des catins et je joue avec elles. Rencontrer Sylvie en action, cele qui milite pour Mélenchon – j'encule les manchons. Il n'y a pas d'ici une drague directe, mais désir d'échapper à l'étouffoir : désaccords incessants recouverts d'un passé de complicités, voilà ce qui nous lie, spectacles à jouissance commune (ballets, cinéma). Recommencer serait une perpétuelle peur, de manquer d'éloquence, de soubassements.

     

    Le train de Caen s'arrêtera souvent, "suite à l'agression d'un agent de la SNCF" – l'information a bien été rediffusée 8 fois en 4 minutes. Ce climat est soigneusement entretenu. La peur. "Faites, ne faites pas". Tous ces gens que je vais croiser descendront des pecquenods de Maupassant. Je brûle de raconter mon expédition au Mémorial caennais de la Paix, où je brûlais de me faire remarquer, alors que le spectacle, ce sont tous de même, bien mis en scène, les millions de morts des deux Guerres mondiales, et que personne autour de moi n'éprouvait le besoin d'attirer les regards sur soi ou de les fixer sur moi. Ecœurant. Même la visite au Musée des Baux-Arts qui s'invite ici, j'écris dans tous les sens, en diarrhée diffusante, "stellaire", c'est cela ; aux balayettes de faire le boulot, d'effectuer le tri.

     

    A présent dans le train, grand stimulateur. Un jour tout me viendra par bribes, à reclasser par colonnes. Signac, moins la méthode, moins le projet... Et ma voisine (ouf, une femme) pourrait cependant avoir meilleure haleine : il lui suffit de respirer pour que je la sente, sur le côté... dieu merci elle possède une bouteille d'eau minérale et décortique des chewing-gums. Demandons-nous le pourcentage des pages consacrées aux moyens de transport ; ils l'emportent assurément sur les séjours proprement dits. Quelle étrange façon de composer. Suis-je le premier à découvrir ce procédé hérétique ? Ce n'est après tout que mon évolution logique vers l'émiettement. Le contrepied systématique des écriveurs professionnels, dont le consensus bêlatif ne cesse de se faire écho.

     

    Qui êtes-vous, êtres à trois bouches, trois poils entre deux os (il faut bien rire...) - comment ressentez-vous les choses ? Existe-t-il quoi que ce soit dans vos attitudes et façons de voir de commun avec nous autres hommes, soi-disant “neutres” ? Ruminations sans cesse reprises, comme un rocher de Sisyphe, heureux bien sûr, heureux... Observations de voyageurs. Deux blaireaux bien charpentés de 22 ans, plongés dans une langue invérifiable : igassté répète l'un d'eux, igassté. Toujours cette envie irrépressible de s'introduire dans la vie de qui que ce soit, homme ou femme, et de la torpiller. Ma voisine tousse le tabac dont elle porte l'odeur. Arrivée au Mans, patrie des Lémovices.

     

    Succession de HLM flétris. À présent le soir tombe sur Caen : si je végétais ainsi, je me flinguerais le tube digestif, à boustifailler. Ce ne sont que des réflexions que tout un chacun peut se faire ! Ta gueule, stagiaire.Ne supra crepidam. Hier soir de mon lit de Caen j'entendais bruire tout l'horizon des 22h de juin d'une perpétuelle et sourde déflagration, d'Isigny à Honfleur. Mais ce n'était que la circulation crépusculaire, progression répandue dans les rues de Caen. Jusqu'aux crissements de pneus dans la cour (locals only) m'annonçaient le progrès des fissures et de l'éboulement. Tout de même, 50€ pour une chambre dont la porte de balcon ne ferme pas, c'est un peu fort. Le nombre de pédés parmi les hôteliers est incroyable, beaucoup travaillent par couples, deux fois que j'ai vue sur la cour intérieure pelée. Hier soir une femme gueulait d'un immeuble “Pourriture d'infirmière !”, deuxième hôtel de la ville.

     

    Vérifier qu'au premier feu rouge à droite il existe une autre rue parallèle à la rue St-Jean pour amener à la rue de Vaucel. Et lisant une biographie de Monluc, je m'avise soudain que sur toute la côte ce 6 juin nous fêterons justement le 69e anniversaire du débarquement ; n'y aura-t-il pas une prise d'armes ou quelque feu d'artifice

     

  • Portrait de Pessoa

     

     

    Décrire cette couverture me décourage à l'avance. Son coloris est bleu intense, son brochage glacé. Les caractères se détachent en blanc, sans majuscules : fernando pessoa / le livre de l'intranquillité / édition intégrale – en haut à gauche. Un mince trait blanc sépare l'auteur du titre. Pas de fioritures. En bas à gauche, un signe mystérieux : 3 lunules, la première couchée, figurant un "c" renversé, deux superposées, qui évoquent sans doute le "B" de "Bourgois". J'ai vu cet homme à la télévision, il semble gourmé, voire constipé, mais honnête, voire passionné ; ses mains sont belles. Et sur les deux tiers de la couverture, le 2/3 face de Pessoa, détouré blanc sur bleu. Entendez qu'on a l'impression que du fond bleu l'on a ôté la teinture ou l'encre, afin d'accentuer par soustraction les traits du visage.

     

    L'arbre à boules.JPG

    C'est l'une des deux techniques de la poterie grecque. Cette mise en page me semble outrageusement laide et grossièrement agressive, s'agissant d'une personnalité aussi douce, apparemment évanescente, que Pessoa. D'abord un front, immense espace vide, un peu déprimé au-dessus du sourcil de gauche d'ailleurs inexistant. Le vide se rétrécit vers la droite, en queue de poisson-coffre. La ligne supérieure, après un ample cap Gris-Nez, porte une vigoureuse mèche maladroite. Nous pensons à un dessin bâclé, tignasse douloureusement implantée, tirée par une main invisible, jusqu'à provoquer sur le cuir chevelu cette intolérable tension. Représentation stylisée peut-être d'une calvitie contredite par l'abondance capillaire – tenons pour négligeable la fausse naïveté consistant à présenter l'implantation des cheveux sous forme d'irrégulières dents de scie : le procédé se laisse trop voir, c'est la douleur des yeux, même en sachant que c'est voulu.

     

    Sur tout le côté droit du visage, à l'endroit où le rebord de la couverture tranche le profil sans en détacher l'oreille, des hachures péniblement insistantes modèlent une ombre portée, car le visage reçoit la lumière de pleine face. En bas à droite, un véritable fossé sombre suggère un renfoncement sus-maxillaire, profonde blessure bleue, dont le manque de réalisme accentue le malaise du spectateur. Cette tache oblongue correspond, selon un angle de 30° ouvert sur la gauche, à une autre tache qui s'affine peu à peu en sourcil à la fois grêle et bien formé. Toujours cette esthétique des dents de peigne ou des arêtes de poisson. Ainsi se trouve mis en relief, par un parti pris d'acuité, l'angle de clarté qui prolonge la pommette sur la gauche, où s'enfile une fine branche de lunettes.

     

    Les hachures sont trop peu nombreuses ; insuffisamment resserrées. Le visage semble véritablement attaqué, sortant d'une ombre déchiquetée. Les lorgnons donc, aux fins contours, se superposent à deux yeux d'un bleu profond, sans les recouvrir, mais avec le décalage imposé par la perspective. La lunette de droite est noire sur fond blanc, la gauche, hors du visage, blanche sur fond bleu. Les yeux sont en amande, aigus, inquiétants, cruels. Douloureux. Et sereins à la fois, car dépourvus de cils, abstractifiés, tournés vers l'intérieur. Le visage se détachant sur un bleu si intense, rien ne semble exister en dehors de lui, sinon le non-espace plat d'une couverture. Pessoa est une créature de papier. Son nez est d'ivrogne : ramassé, court, triangulaire, concentrant toutes les épines de l'ombragement.

     

    C'est un appendice aussi incongru qu'une courte bite. Une ligne blanche, sinueuse, en masque maladroitement le contour nostrillaire,hachures et taches étalées rivalisant de laideur. De là-dessous se détachent deux chandelles de morve bleue s'épanchant en une moustache non moins dentelée, bouffant douloureusement la lèvre supérieure. Quant à ces petites crevasses que nous portons tous à l'inférieure, elles figurent autant de points de suture ou d'agrafes. Le dessous sacrifie également à ces aspérités poissonnières. Le portrait de Pessoa ressemble à quelque ignoble bouillabaisse au bleu d'où émergent d'horribles arêtes cisaillantes. Le tout ignoble et parfaitement cadavérique

     

  • Donne-moi la gloire

     

    La construction.JPG

    J'aime bien Simone de Bavoir quand elle explique à quel point ses souvenirs seraient d'un intérêt nul si elle n'avait pas rencontré l'attention et la considération de tous les milieux littéraires... Il est dit-elle primordial, dans mon cas, d'apprendre ce qui dans mon enfance ou mon adolescence a pu contribuer à former ma pensée actuelle. Ô modestie, ô jésuitisme ! Quant à toi, pauvre plouc, nullement remarqué par quelque milieu que ce soit, n'ait pas même l'espoir d'attirer l'intérêt de quiconque, n'écris rien, ne publie rien, tu es tellement nul qu'il serait en vérité fort dommage et dommageable que d'autres pussent soupçonner ton existence... Merdeux donneurs de leçons...

     

    Le pis est qu'ils ne s'en rendent même pas compte ; ils estiment qu'en effet il existe une hiérarchie, au sommet de laquelle ils se placent sans malaise, et qu'il faut leur rendre hommage par une attention déférente comme un canal. "Qui veut connaître les souvenirs de M. Vérité ?" Ce dernier fonda donc l'Association des Auteurs Autoédités, l'A.A.A., de nécessité, de salubrité publiques. Je guette avec trop d'attention la dégradation de mes capacités, le moment où je ne pourrai plus écrire de façon cohérente, ce que vivait Lévi-Strauss à cent ans. Les raisonnements de cet homme témoignent d'ailleurs d'une prodigieuse capacité de raisonnement, de subsumation, de classification.

     

    Oui, je suis inférieur à Lévi-Strauss, je le dis en rigolant, inférieur à Duby, inférieur à Dumézil, inférieur à Markale (quoique...), j'en passe. Julien Gracq me ratatine, Chateaubriand m'envoie dans les cordes, Rabelais m'écrabouille. Mais qu'un Nabe, qu'un Tartempion qu'une Angot, prétendent me disputer le pompon, je m'insurge. Ma révérence ne va qu'aux cimetières, à Duras, à Yourcenar, aux travailleurs forcenés de quinze et seize heures d'affilée. Des fossoyeurs bien respectueux, des préposés à l'entretien des tombes, il en faut, Jean-Paul, je te jure. Il faut de tout pour faire un monde, il me faut moi. Ma vie n'intéresse personne, mais il se trouve qu'elle m'emplit et me passionne, moi.

     

    Petit Papa Noël, envoie-moi la gloire et un gode, envoie-moi surtout la bonne humeur au moment de la mort, que je meure en me frottant les mains pleines de projets. Que je sois content de moi, que je sourie. Qu'il y ait de l'excellent musique symphonique. Seigneur, descends du ciel sur ton petit âne roussin, recueille-moi dans ta hotte, fous moi un bonnet sur la tronche, et des caramels de la gueule au cul. Mène-moi près de ton oreille, et que la vie future soit simplement semblable à celle-ci, mais sans inconvénients, avec tous les triomphes. Que j'aie une bonne mère, un père qui m'apprend le bien et le mal, une petite sœur que je tripote sans rien dire, des résultats encore plus exceptionnels, une confiance en moi hors pair, des connaissances à foison, des collaborateurs tous géniaux, des éditeurs enthousiastes, des femmes à foison, du pognon, des voyages, une santé à toute épreuve, et délivre-nous du mal. Que j'éprouve tout, que rien ne demeure, que mon âme progresse en ligne harmonieuse, que je puisse dire comme un vulgaire directeur "J'ai fait tout ce que j'ai voulu faire, sans jamais contrevenir à l'honnêteté, en suivant mon chemin, sans me soucier du qu'en dira-t-on, et réconcilié avec tous mes ennemis qui enfin ont appris ma valeur."

     

    Et qu'il y ait quelque chose après la mort, une atmosphère, une vague musique, une vague conscience personnelle, au moins pour les génies, je vous en supplie s'il vous plaît Seigneur, Amen.

     

  • Assomption, Pentecôté

    LE PETIT LIVRE DES GRANDES FETES RELIGIEUSES COLLIGNON B. ED. BORD DE L'eau

     

     

    A S S O M P T I O N

     

    Elle suit la Dormition de la sainte Vierge, maman de Jésus, qui s'endormit entre les bras des anges et fut emportée vers les cieux ce jour-là, miraculeusement soustraite aux maltraitances de la décomposition corporelle. Les protestants n'y ajoutent pas foi, car elle ne figure pas dans les Saintes Ecritures.

     

     

     

     

     

    PENTECOTE

     

     

     

    GENERALITES ET DATES

     

    Du grec classique Πεντηκοστή, le « Cinquantième » (jour) après Pâques, fête mobile donc, le 7e dimanche, soit 7 fois 7 jours, pour compter à l'ancienne, dix fois 24 heures s'étant écoulés depuis l'Ascension : dans un grand bruit de tous les vents, les apôtres virent sur eux descendre du ciel douze langues de feu , et chaque auditeur, présent sur la place, put les entendre prêcher dans sa propre langue : c'est le phénomène de « glossolalie », provoqué par l'Esprit Saint, véritable inversion et conjuration de la confusion des langues de la tour de Babel. La foule se trouva dans une grande stupéfaction : comment un tel phénomène avait-il pu se produire ? L'Evangile ainsi fut prêché à travers toute les nation, quels que fussent leurs langages, et les Apôtres en reçurent une irrésistible impulsion

    Portail vu d'un peu plus près.JPG

     

     

    De même, le jour de Chavouoth, la communauté juive a-t-elle reçu le texte fondateur de sa religion, celui de la Torah, des mains mêmes de Moïse descendant le Sinaï. Jésus avait annoncé à ses disciples, le soir de la Cène, la venue du Saint-Esprit sous le nom de « paraclet » (« le Défenseur ») - les musulmans interprétant cette parole en faveur du Sceau du Prophète, « qui fera ressouvenir les croyants de tout ce qui a été annoncé par la Parole de Dieu ».

     

    La Pentecôte est particulièrement célébrée parmi certaines communautés charismatiques.

     

     

     

    LITURGIE

     

    Les ornements sacerdotaux sont rouges, pour symboliser le feu de l'amour divin que le Saint-Esprit est venu apporter dans les âmes. Les chrétiens chantent « Viens, Esprit Saint, remplis le cœur de tes fidèle, et embrase-les du feu de ton amour. » (Veni, creator Spiritus, mentes tuorum visita...) Les protestants y ajoutent des psaumes luthériens ; ils ont célébré la Pentecôte à Bercy en 2009, et l'immense salle est également retenue pour 2010 et 2011.

     

     

     

    LUNDI DE PENTECÔTE

     

    Jusqu'au concile “Vatican II”, le lundi de Pentecôte était une fête d'obligation au cours delaquelle l'Eglise catholique s'adressait aux nouveaux baptisés et confirmés. C'était un jour férié depuis une loi de 1886. Nous savons tous les débats enflammés dont il fut l'objet lorsque le BERNARD COLLIGNON FETES RELIGIEUSES 90

     

    LES FETES CHRETIENNES

     

     

     

     

     

     

     

    gouvernement français, dans son désir de gloire, voulut le supprimer en 2005 afin d'attribuer le bénéfice de cette journée, par l'opération du Saint-Esprit, à l'entretien des personnes âgées. L'opposition à cette mesure fut des plus extrêmes, en particulier à Nîmes, où la Feria se déroule le jour de la Pentecôte et le Lundi qui suit. La Feria de Pentecôte, à Nîmes, est une véritable fête de cinq jours : corridas, encierros (lâchers de taureaux dans les rues), déambulation sur les boulevards des troupes musicales appelées « penas », joutes sur les canaux des jardins de la Fontaine, défilé carnavalesque de la Pégoulade le mercredi soir... Des pétitions furent signées...

     

    Des rencontres écuméniques (à Taizé, Saône-et-Loire) où participaient de nombreuses communautés protestantes en particulier allemandes, sentirent également leur existence menacée par l'instauration de cette loi discutable. Heureusement, tout s'est résolu dans la plus grande souplesse...

     

     

     

    COUTUMES

     

    Depuis 1996, le carnaval des cultures est fêté tous les ans à la Pentecôte, dans le quartier berlinois de Kreuzberg. Il s'est développé sur fond d'internationalité et d'immigration croissantes. Le summum de cette fête, qui s'étend sur quatre jours, est le défilé qui a lieu le Dimanche de Pentecôte . Plus d'un million de personnes y assistent désormais. Le carnaval des cultures a lieu aussi à Hambourg, Essen et Bielefeld.

     

    Les langues de feu sont représentées par des feuilles de noyer en Bulgarie, le jour de la Pentecôte orthodoxe ;

     

     

     

    SIGNIFICATION DE LA PENTECÔTE

     

     

     

    La première chose remarquable est l'inversion, le renversement du symbole de Babel : au lieu de brouiller les langages de tous les hommes, afin d'empêcher définitivement la construction d'une tour orgueilleuse et sacrilège, l'Esprit Saint unifie toutes les langues du monde connu, lorsqu'il s'agit de répandre le nouveau et définitif message de Dieu rédempteur.Le "grand bruit" de vent venu du ciel et les "langues de feu" manifestent évidemment la puissance divine : c'est en somme uneseconde Théophanie, après l'apparition de Dieu à Moïse au sommet du Sinaï. Chaque apôtre, ayant reçu un fragment de la grande flamme divine, sera appelé à répandre Sa parole : eux aussi BERNARD COLLIGNON FETES RELIGIEUSES 91

     

    LES FETES CHRETIENNES

     

     

     

     

     

     

     

    posséderont « une langue de feu » : Pâques, c'est le retour du corps de Jésus ; la Pentecôte, de son Esprit... Et l'Evangile, la « Bonne nouvelle », sera prêché à tous les hommes, à travers toutes les nations...

     

    Les premiers disciples de Jésus n'imaginaient pas en effet prêcher autre chose que la Torah, en vertu de ces paroles adressées aux Lévites : « Je leur susciterai un prophète du milieu de leurs frères, tel que toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche... (Deut., 18 : 18); et pourtant, cette prédiction fondait véritablement, à son insu, l'Eglise chrétienne, dont c'est, en quelque sorte, l'anniversaire... Chacun pouvait en faire partie, circoncis ou non, la prédication n'étant plus réservée aux Prophètes ou aux êtres exceptionnels ; quiconque désormais entrait dans la nouvelle Loi du Christ faisait partie du « peuple élu », « peuple d'Israël ». C'était en quelque sorte une confiscation de la Torah par les chrétiens, qui en faisaient un « prologue » à l'Evangile...

     

    Donc, les disciples de Jésus, qui jusqu'ici se montraient peu, cherchant à se faire oublier (n'avaient-ils pas en effet renié, abandonné Jésus, à commencer par le premier de ses apôtres, Pierre?) Mais, conservant une lueur d'espérance, ils étaient restés ensemble à Jérusalem. Et à présent, ils pouvaient s'enhardir, commencer à prêcher dans le monde entier. Pentecôte marque donc, aux yeux du croyant chrétien, le début de la mission universelle de l'Eglise du Christ : la colombe du Saint-Esprit, qui s'était manifestée lors du baptême du Sauveur, figure également dans les représentations de ce miracle. ( Saint Thomas d'Aquin a révélé quels étaient les sept dons du Saint-Esprit : appréhension, des vérités spéculatives ; appréhension, par l’intelligence, des vérités spéculatives pratiques (le « conseil »). La sagesse dans le jugement, par l’intelligence, des vérités spéculatives. La connaissance. Le don de piété, ou amour des choses qui concernent l'autre. La force et la crainte enfin, pour les choses qui nous concernent : nous les désirons bien sûr, mais dans le respect de l'amour de Dieu

     

  • Vincent Lowy

     

    L'idée de justice est elle aussi aussi vieille que toutes les oppressions. Mais nous apprenons ici sans cesse d'autres choses, tenez : savez-vous que l'essor actuel de la dénonciation des dangers menaçant notre planète devient une excellente affaire pour les politiciens, comme Al Gore, ce qui permet de dévier l'attention du public sur la pollution ou la dérégulation du climat, mettant soigneusement en sourdine les scandales politiques et la remise en cause du gouvernement mondial des banques ? Vous n'ignorez tout de même pas que les industriels les plus polluants financent à tout va des films et reportages catastrophes avec belle musique de fond bien terrorisante pour faire oublier que ce sont eux, les financeurs, qui détruisent la forêt pour y faire pousser de l'essence biologique ?

     

    Sans parler de la bonne conscience, qui n'a pas de prix, n'est-ce pas madame la chaisière ? Nous ne pourrons pas changer les lois naturelles, même si elles sont cruelles. Mais il ne manque pas de travail pour lutter contre toutes les injustices une par une, tous les massacres (usine Bhopal, 7575 morts selon la police, 20 000 selon les victimes). C'est ainsi que nous sommes menés en bateau par ceux qui nous empoisonnent, ceux qui nous dirigent, ceux qui nous anesthésient mais qui rencontrent de plus en plus de résistance, car nous sommes moins cons que vous en avez l'air chers financiers. Ce livre, Cinéma et mondialisation, est à mettre entre toutes les mains, il comporte au fil du discours toute une liste de films à voir, en signalant leurs limites et leurs indéniables réussites.

     

    C'est ainsi que dans les parcs Disney les enfants ne reparaissent plus, dit la légende, et qu'ils n'auront plus que ces parcs pour retrouver leur enfance : toutes les légendes ont été recyclées façon Disney, avec le goût Disney, la musique Disney, la moralité Disney, le formatage Disney : le pays de l'enfance ne sera plus qu'un paradis de plastique, sans vraies forêts, sans vrais ours, sans vraies sorcières, sans méchants donc sans réelle bonté, où des robots souriront en cadence en chantant « Halli, hallo, on revient du boulot » - ça ne vous rappelle rien ? Ce petit rapprochement malicieux ne doit pas tout de même nous faire adhérer à certaines analogies fumeuses comparant le monde actuel et l'existence de ceux qui y vivent aux conditions de vie et surtout de mort des camps de concentration ; mais le Konzentrazionslager fonctionne bien en effet comme ultramétaphore de ce qui nous attendrait si nous généralisions, si nous poussions à l'extrême la logique du fonctionnement capitaliste. Cela dit, nous péririons mentalement dans le confort matériel, ou bien dans la misère, mais en aucun cas selon les abominables modalités des véritables camps. Ce parallèle peut même sembler incongru, par le saut non plus quantitatif mais ontologique, par l'abîme qui sépare une progression dite « dialectique » de l'écartèlement éthique représenté par la Shoah.

     

    Cependant revenons au texte, rien qu'au texte : « Le projet EPCOT, nous dit Vincent Lowy, « dont Walt Disney a été le promoteur au milieu des années soixante, a bien failli accomplir le cauchemar décrit dans Disneyland, mon vieux pays natal.

     

     

     

    VARIATION I EPCOT

    Calanque meringuée.JPG

     

     

    Sous cet acronyme désignant les mots Experimental Prototype Community of To-Morrow (Prototype Expérimental de Communauté de Demain), il s'agissait de construite en Floride une cité idéale destinée à devenir un lieu de résidence pour des dizaines de milliers de personnes, rassemblées par le culte de Walt Disney (l'ensemble devait répondre au nom de Disney World). Interrompu par sa mort en décembre 1966 (après la mort de Walt Disney, c'est son frère Roy qui prend la tête de la Walt Disney Company. Roy Disney a toujours désapprouvé l'intérêt de son jeune frère pour les parcs d'attractions, qui étaient en revanche la véritable passion de leur père Elias Disney) – le projet EPCOT a été prestement remballé pour de longues années.

     

    Le projet original fait l'objet d'une émission entière à la télévision américaine le 27 octobre 1966. Après avoir présenté le parc Disneyland comme "le plus grand espace de design urbain accompli aux Etats-Unis", cette émission de 25mn décrit en détail cette utopie construite sur un plan circulaire rappelant moins les projets de phalanstères de Charles Fourier que l'architecture utopiste néoclassique française de Claude-Nicolas Ledoux ou Etienne-Louis Boullée. Voici la description que fait Walt Disney de la philosophie de ce projet dans l'émission de 1966 :

     

    "EPCOT tire ses idées des nouvelles technologiques qui jaillissent des centres industriels américains. Ce sera une communauté de demain qui ne sera jamais achevée, mais sera toujours prête à intégrer, tester et évaluer de nouveaux matériaux ou de nouveaux systèmes. Et EPCOT sera toujours aux yeux du monde la vitrine del'ingéniosité et de l'imagination américaines. (...) Tout, à EPCOT, sera dédié au bonheur des gens qui y vivent, y travaillent et y jouent, et au plaisir de ceux qui viendront du monde entier pour visiter notre vitrine vivante."

     

     

     

    Située sur une zone marécageuse isolée au centre de la Floride, cette cité idéale est raccordée au sud à une zone industrielle et un aéroport, et au nord à un parc de loisirs. Ces quatre zones d'activités sont reliées entre elles par un train à très grande vitesse. La ville proprement dite est dominée par un immense gratte-ciel, autour duquel rayonnent symétriquement toutes les infrastructures et superstructures de l'ensemble."

     

    Qu'y a-t-il de plus réconfortant de voir le pognon consacré au bonheur des peuples ? Nous l'avons échappé belle, et vous lirez Cinéma et mondialisation au Bord de l'Eau, car il faut bien faire, un tout petit peu de pub, écrit par Vincent Lowy.

     

  • Description de Nostradamus

     

     

    Ici j'inaugure, je systématise l'exercice intitulé « descriptions. » Simone de Beauvoir l'a essayé, puis estima que c'était là quelque chose d'inutile. Sans doute avait-elle à se prendre au sérieux. Moi qui ai tout perdu, je considère aujourd'hui un portrait de Nostradamus, en page de couverture d'un livre allemand, que je traduis. La première chose qui vient à l'esprit est que Nostradamus a l'air con. D'aucuns diront même que c'est un con. Il est dans un cercle, entouré d'une légende en tous petits caractères et en langue latine. Il porte une de ces coiffures qui jadis distinguaient les gens honorables : avec une boudette au sommet, une grande galette sur un crâne.

     

    Il regarde de côté, vers la droite. Une fois pour toutes par « droite » ou « gauche » nous désignerons l'illustration par rapport à nous. Sa gauche par conséquent, côté ombreux, c'est l'avenir qu'il aperçoit. Il porte une longue barbe séparée en deux versants, ce que je déteste par-dessus tout,comme je déteste tout principe masculin. Son front est large. Il se dégage de toute sa figure une impression d'extrême puérilité sous la barbe, comme si un postiche lui avait été accroché. De méfiance aussi. Un léger bridage des paupières sur des yeux en amandes. Un air de grande fausseté, de méchanceté.

     

    Le portraitiste n'était guère inspiré. Sur les épaules de son modèle, deux grands pans d'étoffe rouge qui doivent se recroiser sur le ventre. L'ensemble légèrement plus à gauche qu'à droite, une position de trois-quarts du visage, de sorte qu'un œil affleure la délimitation du dessin. Tel est le confus savant que Catherine de Médicis honora de sa visite à Salon-de-Provence. J'ai lu sa lettre à son fils César. C'est quelque chose d'extrêmement confus, même pour celui qui s'est accoutumé à lire le français du XVIe siècle. Même traduits en français, ses propos restent d'une obscurité, d'une abstrusion, d'une répétitivité extrêmes.

     

    La traduction d'un ouvrage de Manfred Dimde sur les prédictions de ce personnage me lancent dans une certaine perplexité. Je compare avec les prédictions traduites par Fontbrune : mêmes fumées, mêmes manipulations éhontées du texte primitif, dont je donne ici un exemple : Henricus Secundus, n'ayant jamais signifié autre chose qu'Henri II, se voit sollicité en « Henri le Favorisé », id est des dieux, ce qui renverrait à Henri V, devant régner sur la France à la fin du XXe siècle : on a vu, on n'a rien vu. Ce n'est qu'un exemple. Il serait intéressant (pour le sceptique) de comparer les prédictions telles qu'elles ont été déchiffrées en 1980 par Fontbrune et telles qu'elles se présentent en 2006.

     

    Le cul du magasin de munitions.JPGCela s'appellerait non plus « Histoire de la Science-Fiction » (ce qui a été fait je pense) mais « Nostradamus à travers les âges ». Ce fameux Harmageddon qui devait survenir en 1999 (très précisément !) se voit encore repoussé devant nous. Dieu merci, si Dieu y est pour quelque chose. Il est sans cesse évoqué (par prudence ?) dans la lettre « à [s]on fils César ». Nostradamus devait croire en ce qu'il écrivait. Mais à la manière d'un poète. Tout me semble littérature. Je pense aux « coq-à-l'âne » de Marot. Nostradamus était enseveli dans sa fantaisie, il ne devait avoir de la réalité vraie qu'une image fumeuse et déformée – sauf sans doute pour sa fortune, comme ils font tous.

     

    Ce portrait montre un homme sur ses gardes. Les accusations de sorcellerie n'étaient jamais loin dans ces siècles extrêmement cons. Il porte des traits réguliers, des sourcils bien arqués, une peau fraîche, rose et lisse, il est moins vieux sans doute que je ne le pense, à cause de la barbe bien rousse. Il n'a pas dû dépasser de beaucoup la soixantaine en sa vie, comme tous également. Il semble réfréner une possession divine, il a le regard de côté d'un chat. Cela fait de ma part deux portraits, un atteint par l' a priori, l'autre plus indulgent, après le filtre de la litérarisation.

     

    Nous irons jusqu'à voir ici non pas un portrait médaillé de la plus belle tradition plate, mais l'expression d'un tourment, le dessin d'un homme sur le qui vive, d'une extrême sagesse, d'une ironie certaine destinée à éloigner le curieux, le malveillant, le pourvoyeur de bûchers. J'ai hâte de m'instruire sur la vie de cet homme, qui survécut aux guerres de Religion. Car on se massacrait fort. Et que voulaient-ils donc savoir de si primordial sur l'avenir, tous ces princes ? L'avenir s'annule de lui-même. Ce qu'est devenu le royaume de France en 1622, qui importait aux régnants du XVIe siècle je suppose n'est plus que du passé irrémédiablement fané, dont nous n'entrevoyons plus à présent la moindre influence...