La philo c'est rigolo, lo, lo, lo...
Philosopher, ce n'est pas nécessairement prendre un air grave et constipé ! Tenez : le fameux raisonnement du bateau de Thésée. On y change une planche, une volige, un peu du pont, un peu du mât – à la fin, il n'y a plus une parcelle du bateau qui ait appartenu au bateau initial. Pas une cellule de votre corps qui n'ait été changée de puis votre cinquième anniversaire – sauf dans le cerveau, je crois ; et ce tableau, depuis le temps qu'on le restaure, de siècle en siècle, comment affirmer sans rougir qu'il est bien le même que celui du peintre, mort depuis cinq cents ans ? Alors, il faut bien utiliser la notion d'espace-temps, de la cinquième dimension, avec ce problème que le temps a une direction, unique, tandis que l'espace en a autant qu'on veut. Ou bien, si le temps est réversible, nous pourrons voyager, un jour, dans le temps – mais alors, notre passé n'a-t-il pas été façonné par des hommes du futur ? toute une collection de livres et de films a exploré cette dimension de l'imaginaire ; car si nous pouvons voyager dans le temps, c'est qu'il est figé, il n'y a ni demain, ni aujourd'hui, ni demain !
Mais alors, nous ne sommes pas libres, tout est écrit, par Dieu ou par les hommes du futur ? Nous nageons en plein d'Ormesson, en pleins clichés, mais ces questions nous fascinent toujours autant, radotage ou pas, et gardons-nous bien de trouver une solution, car nous nous empresserions de trouver encore un problème dans la solution. Au lieu de nous « prendre la tête », agissons, diront quelques sages de bistrot (nous en faisons partie) – oui, mais agir implique des principes, dont nous ne saurons jamais s'ils sont vraiment vrais, ou vraiment faux, ou faussement vrais, au secours ! À quoi bon chercher la vérité, et cette question a-t-elle même un sens ? « Qu'est-ce que la vérité ? » - c'est la question de Ponce-Pilate à Jésus.
Jésus avait la vérité : il a mal fini, si toutefois il a fini. Autrement dit, démerdons-nous, ne soyons ni trop indécis, ni trop péremptoires. Mais ne reculons jamais, petits humains, devant une petite cure de philosophie théorique, même abstraite, métaphysique : elle rejoint très vite nos préoccupations quotidienne. Que le meilleur gagne, et entraîne les autres à devenir ses ex aequo. Car la vie ne saurait être un simple champ de bataille. « Le puzzle philosophique » de Jiři Benovsky, est l' «un des rares livres écrit en français dans lesquels on trouve l’évocation du présentisme et de l’éternalisme". Je cite ici Baptiste Le Bihan : "Le chapitre IV, “Le journal d’Eééédipe” explique en effet que la possibilité des voyages dans le temps suppose l’éternalisme. Le texte est bref et clair. Je vais évoquer un point" dit-il "sur lequel je ne suis pas d’accord avec l’auteur. Celui-ci affirme que l’un des défauts de l’éternalisme est de conduire à un fatalisme (p.103) : “puisque le futur existe, mes actions futures et mes volontés elles-mêmes sont déjà fixées, et je ne suis donc même pas libre de vouloir autre chose que je ne veux et d’agir autrement que je n’agis !”. Jiri Benovky affirme ensuite qu’une solution pour réconcilier libre-arbitre et éternalisme serait peut-être les espace-temps à branches. Le Bihan n'est pas d'accord.
"Jiri Benovsky aborde quelques grands problèmes philosophiques par le biais de cinq petites histoires, qui renvoient les unes aux autres à la manière de pièces d'un puzzle et nous fournissent l’occasion de discuter du « problème du vague » (la calvitie, la beauté, la vieillesse) », (…) « de la manière la plus claire et la plus charitable possible et à prendre soi-même parti en essayant de construire sa propre théorie. Les théories discutées ici sont difficiles. Mais Jiri Benovsky nous donne le maximum de chances de les évaluer. Rien de moins élitiste et de moins snob que l’activité consistant à offrir à ses lecteurs des raisons, et à s’adresser chez eux à la capacité de raisonner pour en trouver des contraires ou de meilleures. C’est pourquoi ce livre est l’une des meilleures introductions à la philosophie qu’il m’ait été donné de lire. » Pascal Engel.
"Ce livre s'adresse donc aussi bien au lecteur débutant en philosophie, qu'au lecteur plus averti qui aura plaisir à reconnaître, traités dans un style alerte et drôle, des problèmes complexes et fascinants." Plutôt que d'avoir infligé aux auditeurs nos réflexions aigres-douces d'ignorant mécontent de se faire déranger dans son petit confort, nous n'aurons donc fait que reprendre à notre manière, ou de citer, les critiques compétents de ce "Puzzle philosophique" dû à Benovsky, né en 1978, enseignant à Fribourg en Suisse, et dont les cours doivent être passionnants