Proullaud296

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  • Refusé pour manque de talent

     

    Le pirate alors mène sa famille à dos de chat du haut en bas du grand escalier à vis de la tour nord, cornaquant sa monture féline : il s'est mis en tête, pour acquérir un peu de plomb, de reprendre son jeu de fantôme. C'est donc lui, à minuit, tandis que frémit l'horloge du rez-de-chaussée, qui conduit le chat docile, et retrouve d'ataviques itinéraires. Sa femme le lui fait orgueilleusement remarquer : « Dieu t'a mis sur cet animal pour exercer tes droits de père et transmettre nos gènes en péril ; ainsi, conduis ta monture, imprime-lui tes volontés. Ne considère ni finalité, ni utilité, mais le mouvement même. C'est ainsi que les géants de ce château vivent dans le respect du surnaturel. Tu en imposes jusqu'à ce petit vicomte de François-René, qui t'as traité, m'as-tu dit, bien légèrement. - Comment cela ? il m'a fourni d'encre et de papier. Les trois jours où je fus loin de toi, je vivais, j'étais moi." Vicki ne releva pas cette extravagance ; le chat quant à lui ce soir-là effectua trois rondes, à minuit, trois heures, six heures. Le vent hulula. Le vagabond des mers en éprouva de la nostalgie. "Je partirai", déclara-t-il. "Tu ne verras plus la mer, lui répliqua-t-elle ; jamais nos courtes jambes ne nous porteront plus loin que ces prairies qui cernent Combourg. Nous n'avons plus nos dimensions d'antan." Le pirate hésita : fidélité sans aventure, ou aventure ?

     

    La question se pose depuis qu'il existe des femmes qui viennent d'accoucher, et qui pensent ; et des homme soucieux de se conduire en cerfs, c'est-à-dire non pas portant bois, mais abandonnant toute conduite des affaires familiales, jugées efféminantes. La femme prit ici l'initiative, comme il est de règle. Produisant non des lamentations, mais la réfutation des arguments fondés sur la condition animale, le mâle dans bien des espèces se défilait selon les lois dites naturelles : « Je le lui concède, dit-elle, comme à bête brute et puérile. Je pousserai cependant la conscience bien plus loin que baleines ou oiseaux, car je prendrai soin du fruit de nos entrailles au-delà du terme nécessaire à l'espèce. » (ma fille sera toujours ma fille).

     

    La femelle du gnome est petite, vive, le nez retroussé, la voix fraîche sans fond de vinaigre. Qui relève de couches se sent plus forte - certaines au contraire se sentant dépossédées, rongées de tristesse. Le pirate alors se mit à hurler : ces vociférations de l'homme, quand elles ne s'accompagnent pas de coups, sont ridicules au lieu d'être odieuses. Ces ondes de choc n'ébranlèrent pas le Félin outre mesure, car les voix des deux gnomes avaient suivi le même chemin que leurs jambes : minuscules. Cependant l'Hextrine finit par hocher les oreilles, les deux infra-humains (je parle des adultes) se raccrochèrent au pelage, et celui qui criait le plus fort fut vaincu - les cris, aveux de défaite, produisent des effets contraires à ceux escomptés : imaginons en effet la déconfiture du vociférateur qui se verrait obéi - quelle confusion ! les hurlements de l'homme n'auraient alors qu'une fonction purement esthétique. Le Cher, sans doute.JPG

     

    Brian n'avait pas toujours connu de chat ; celui-ci fonctionnait aux dimensions réelles, in situ. La femme allaita sa petite Malvina, songeant avec bonheur que Don Juan était mort. Casanova aussi. M. de Chateaubriand n'avait pas encore pris son envol. L'enfant tétait. Mais la mère sentit croître en elle une aversion incoercible de celui qui remplissait l'air, entre les poils du chat, de temps en temps, de tels tonitruements. L'homme reprit ses méditations échiquières. La femme demeurait pensive. Du moins le semblait-elle. Ce fut un silence apaisant. Passons à la séparation. Désespérée de son abandon, la femme se dit : "J'ai parlé par bravade. Nulle femme ne saurait résister aux outrages verbaux de son mari. C'est l'enfant qui est cause de tout. L'homme en effet, contraint à procréer par ruse, voit plus haut, sombre plus que nous. Il ne considère que le sein de Dieu, à rejoindre au plus vite, quand nous ne songeons qu'au nôtre - Notre Dieu, c'est-à-dire notre ventre. Tuons l'enfant." Elle considéra le nourrisson dans son sommeil : "Hélas ! comment ne pas être attendrie ?" Elle se raidit alors, et passa en revue les différents endroits de la bête, d'où l'on pourrait précipiter ce petit être.

     

    Les flancs offraient une pente,un arrondi sous-ventral bien décisif. Le voisinage du museau permettrait aussi de forts chatouillis, qu'écraserait définitivement une griffe agacée. L'on pouvait faire enfin que le chat bondît, en projetant quelque amusant rongeur à l'agonie au-devant de sa tête. Mais on risquait d'être à son tour entraîné par ces cabrages : à quoi bon tuer son enfant si c'était pour ne pas lui survivre. Effrayant en vérité. Elle pouvait aussi étrangler sa progéniture avec un lacet en poil de chat. Ou ne pas la nourrir. Ou l'attacher soi-même au niveau des mamelles, puisque ce chat, tout compte fait, était femelle. Mais serait-elle en lactation ? Ne faudrait-il pas qu'elle fût couverte, autre source de tracas ?

     

    Comment se faisait-il que cette bête n'eût jamais ressenti de chaleurs ? Vicki se prenait la tête à deux mains. Le pirate en son for se livrait à de semblables réflexions. Tuer l'enfant lui paraissait, à lui aussi, le moyen le plus assuré de retrouver toutes ces interrogations fécondes d'un jeune couple, avant qu'il ne sombrât dans les soins d'une éducation. Il fallait transpercer ce petit être malfaisant. Se sentant assoiffé, Brian prit une descente connue de lui seul, et s'accrochant aux poils très emmêlés dans ces régions-là, se faufila jusqu'à la mamelle la plus proche pour tirer quelques gorgées de lait. Il était seul à connaître ce recours .

     

  • Second degré garanti

     

    10 septembre 2045

     

    Je perds mon temps. Carrément. Je devrais préparer mes cours pour le lendemain, et je joue avec le feu. Déjà j'ai dû accompagner Annie à sa clinique pour qu'elle y subisse une "épreuve d'effort" auprès d'une cardiologue. Complètement immature et affolée, la vraie bonne femme des années 50. J'écris pour rien. Je me rends compte que tout ce que j'écris passera à la trappe sans avoir jamais été publié. Je voudrais revenir à l'état antérieur, quand les libraires publiaient n'importe quoi, le système me semblait beaucoup plus sain, les éditeurs s'arrogeant désormais le droit de décider de ce qui est publiable, de ce qui ne l'est pas, c'est une véritable entrave à la liberté d'expression. L'arbre.JPG

     

    Ils se sont tellement discrédités en faisant passer leurs copains à la place de ceux qui savaient écrire, que l'on devrait rayer d'un coup toute la la profession. Je devrais m'acheter un ordinateur. Malheureusement, avec le peu de fric dont nous disposons, Annie veut s'acheter un piano, et bazarder l'orgue. Enfin ! tant que Christian Barbelé n'y met pas le nez...

     

    Hier Sullivane est passée, charmante de profil malgré ses cinquante ans passés. C'est ça qui est emmerdant avec les gens : ils vous ont à la présence physique. Je rapporte du vin basque à Pollyx, sachant que je ne pourrai même pas y goûter. Ce que je veux dire avec ce détour est que je me réfugie de plus en plus dans la saveur de ma petite vie étroite, écrivant pour ma petite bulle, attendant je ne sais quelle réhabilitation du futur...

     

    Très sensible aussi, tout en feignant de ne plus rien ressentir, voir cette frénésie de contacts quand je me suis retrouvé enfin avec ceux de ma caste, une volubilité, un désir de faire raconter à Pilpa son séjour à Istamboul, "Je suis boulimique" disait-il, "istamboulimique".

     

    Au repas de rentrée, coincé avec deux blondes bon chic bon genre et le conseiller d'éducation, avec qui je ne voyais vraiment pas quoi dire, non plus qu'aux les deux bonnes femmes, qui ne faisaient même pas partie du personnel à proprement parler, ne devant y assurer que de vagues permanences une fois par semaine... Je suis parvenu tout de même à relancer la conversation avec des remarques anodines, démontrant l'avidité qu'il y avait pour tous à sortir de ce silence et de ces embarras...

     

    C'est la dernière fois qu'on me reprend à ces repas où il est impossible de se soûler la gueule. Il y avait un gros paquet de noisettes, nous ne pouvions les manger, n'ayant pas en général de casse-noisettes sur nous. De quel naufrage de la civilisation ces notes seront-elles les survivantes ? quel style ? Michèle M., Muriel Cerf, tout cela entraîné vers l'abîme... Nous ne saurons jamais ce que penseront de nous les hommes penseront-ils ? "mangeront-ils ?" Je perds mon temps.

     

    J'ai revu mes élèves, avec leurs sales gueules sympa, mes tics, mon rire perpétuel, mes jeux de mots crades, les applaudissements mous suivant ma déclaration d'intelligence, ma démagogie bien au point mais les connaissances ? "Tu fais ce que tu veux", me dit Glavion, comme pour dire "Tu as voulu les premières littéraires maintenant tu te débrouilles" - je n'ai rien demandé, moi, c'est le système de roulement - vivement que je puisse me mettre à mes cours, nom de Dieu... Mon père se penchait sur mon épaule, quand je traçais mes cartes imaginaires : "Tu perds ton temps !" - pendant que j'y pense : à ceux qui daubent sur la production contemporaine, réclamant un peu moins de "moi", je réponds : nous ne le faisons pas exprès ! l'écrivain ne choisit pas son sujet, il est choisi par lui ! Le n'importe quoi à la pensée de tous...

     

    Salut, chercheurs du XIVè siècle - salut, confrères quelle oeuvre de vous mériterait le coup d'être exhumée ? Réponse : aucune... aucune... A l'intérieur de soi gît la liberté absolue - ô vente de frites !"On ne peut éditer, diffuser qu'avec un raisonnement solide, et non avec de simples bons sentiments" - vraiment ? ... J'ai envoyé une lettre-diatribe... Tous ces écrivants, quel vertige... Je faisais la gueule hier pour bien montrer que j'étais engagé sur le chemin de la mort, et que c'était la faute du monde entier spécialement de l'entourage, mais ça me le détruisait, l'entourage, et j'ai dû faire machine arrière.

     

    Et ce matin, dans la bagnole, ces brusques éclats de rire de joie de vivre, c'est pitoyable, bon Dieu, pitoyable, pantins physiologiques que nous sommes...

     

  • Six heures

     

     

    LE 12 02 2009, J'AI ECRIT QUELQUE CHOSE DE SENSATIONNEL. REPORTEZ VOULZY.

    A six heures, la gaule et l'envie de pisser, c'est ainsi pour les mecs, sans compter le chat qui miaule : bouffe, ou pipi-caca ? Le ton est donné. Le ton est passé : si je me faisais ma séance de voyeurisme ? Sans qu'on le sache. Aujourd'hui, je tape "gouines", site 2. Une fille sensationnelle, une autre rasée à cheveux rouges, lesbienne jusqu'au bout des ongles. Elle se font des tendresses, j'avance le curseur. Passons aux choses sérieuses : mais je détestes les grandes ou petites lèvres fixées par des piercings, les langues transpercée de piercings, comment peut-on jouir avec de telles entraves ? Elles se lèchent, alternent savamment la langue et la main, jamais très longtemps à chaque fois.

    POUR LES ILLUSTRATIONS,CA DEVIENT DIFFICILE ! PLUS JE LES SELECTIONNE, PLUS ELLES DISPARAISSENT. FUCK OFF.

     

    Autre grand nu redressé.JPGLes expressions de ravissement me ravissent, la brune exhibe une grande variété de contentements, surtout quand on la lui tapote du plat de la main, mais les culottes ne sont jamais enlevées, juste écartées de côté, cela bride. Et lorsqu'elles terminent, aucune d'entre elles n'est parvenue à la jouissance, car leurs mouvements sont toujours restés modérés. Rien de ces empoignades furieuses et saccadées dont j'ai pu jouir sur des vidéos de branlettes : il y a des femmes championnes de vitesse au poing. Je m'en repasse donc, retournant à mes anciennes amours, mais on frappe à ma vitre, car mon épouse m'invite à déjeuner. N'en parlons plus !

     

    Mais hier, aux contrées lointaines de la veille, que faisais-je ? C'était un mardi, tout s'estompe. Je suis allé chez Knesset, avec ma petite bagnole de Mickey. J'espérais de fortes privautés, capotes en poche ; mais le légitime était là, dormant à l'étage supérieur. "Tu veux le voir ?" Dieu m'en garde. Cet homme m'intimide de respect. Il était DRH, Directeur des Ressources Humaines. Je le sais très chic, très complet, très sensible. Mais il ne serait pas question de l'inviter ici chez moi. Ce serait commettre une grossière faute de mélange des genres. Il refuserait d'ailleurs, voire vertement. Alors, Knesset et moi, nous nous sommes justes embrassés, par-dessus la grippe. Enfin une de ces affections hivernales qu'on ne sait comment appeler. Sur la table un bataillon rangé de petits flacons verticaux serrés les uns contre les autres comme des gratte-ciel miniatures. Une odeur de malade confiné. Un double vrai café, et mon bavardage commence. Tout y repasse, sans cessre, comme sur un manège : nos relations, mon ménage, les saloperies du premier époux qui flanque la vérole à sa femme alors qu'elle vient d'avorter. "Il s'est pris une abaillée" du médecin : une aboyade je suppose, en charentais. C'est lui qui ne voulait pas de gosses. Il me fait croire que c'est elle. Je m'en fous. J'accueille les confidences avec trente-sept ans de retard, ainsi qu'avec indifférence – il suffit d'afficher un grand intérêt, et la partenaire en rajoute, flattée. Puis à force de se concentrer, ou de s'y consacrer, les confidences les plus rebattues deviennent un réconfort, car ma nature – et la vôtre ? - est de détruire en pleurant et rageant tout ce qui passe à ma portée, comme un bébé de vingt mois. Sans un combat permanent, j'y retomberais à devenir fou. J'entends vraiment fou, avec des neuroleptiques et des portes fermées. Nous montons donc elle et moi dans son bureau qui fait chambre, afin que je transfère sur son disque dur mes cours de philosophie de Michel Onfray, enregistrés en public en ville de Caen je suppose.

     

    En 57paraissait un ouvrage démolissant Freud, taxé absurdement d'antisémitisme. En 52, année de ses "cours populaires", Onfray n'avait pas encore été gâté, au sens où l'on dit "dent gâtée". Mais il avait déjà zappé Platon ; ce qui me plaisait au-delà de toute espérance...

     

  • Fête de Pâques, suite et fin

    EXTRAIT DU PETIT LIVRE DES GRANDES FETES RELIGIEUSES PAR BERNARD COLLIGNON AUX EDITIONS DU BORD DE L'EAU

    Dans le fort de Ratonneau.JPG

     

     

    Nous avons voulu profiter de ce chapitre sur le sens de la fête de Pâques pour montrer que les Catholiques et les Protestants, quels qu'aient pu être jadis leurs affrontements, diffèrent essentiellement sur les accents qu'ils mettent plus volontiers, les uns ou les autres, sur tels ou tels aspects de la foi chrétienne, sur telles ou telles approches de Dieu. Mais tous, Protestants, catholiques, orthodoxes, se reconnaissent en la personne du Christ.

     

     

     

    CONCLUSION

     

    Assurément les évènements qui gravitent autour de la mort du Christ n'ont qu'une attestation historique assez problématique. Mais ce qui importe pour le chrétien, c'est la nouvelle signification accordée à la Pâque juive : l'ange qui « passe », qui « omet » les portes des juifs accorde la vie aux premiers-nés d'Israël ; or, alors que rien ou presque ne vient dans la Torah nous promettre une vie après la mort (les sadducéens, chez les Juifs, n'y croyaient pas), la résurrection du Christ nous garantit une vie éternelle, une Terre Promise... éternelle. La croix, instrument de supplice, devient ainsi la clef mystique ouvrant la porte de la survie individuelle. D'où le cantique : « Ave, crux, spes unica, Salut, croix, unique espérance. »

     

    Pour le croyant, Pâques nous fait passer de la mort à la vie, du désespoir et du néant à la pleine jouissance de la vie éternelle : nous déposons le poids de nos péchés (d'où la communion reçue ce jour-là) et nous entrerons au royaume de Dieu, [mourant] avec le Christ et [ressuscitant] avec lui comme le dit l'apôtre Paul. Pour ceux que cette croyance laisse dubitatif, mais qui ne renoncent pas à croire en la valeur profonde du message christique, le Christ, en esprit, restera toujours en nous, vivant, jusqu'à la consommation des siècles. Ceci afin que nous ayons la volonté, afin que nous recevions la grâce de la transformation de notre vie spirituelle.

     

    Il est bien entendu tout à fait loisible de réinterpréter les survivances des rites préchrétiens dans le sens chrétien : l'œuf représenterait ainsi la vie nouvelle qui nous attendrait après notre résurrection... La signification de l'agneau se révèle particulièrement riche : le livre d'Isaïe (53, 5-7) nous assimile à un troupeau de brebis égarées, écrasées sous le poids des péchés : le fils d'Abraham, sur le point d'être sacrifié par son père, semblable à l'agneau qu'on mène à la boucherie. A une brebis muette devant ceux qui la tondent, n'a pas ouvert la bouche. Et ce sacrifice préfigure celui du Christ dans le Nouveau Testament. Le bélier que trouve Abraham devient l'Agneau de Dieu : « Le lendemain, [Jean-Baptiste] vit Jésus venir à lui et dit : « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean, I, 29).

     

    Il n'est pas sans intérêt pour finir de mentionner une interprétation mystique de la fête de Pâques, Jésus se délivrant enfin, par sa mort et sa résurrection, de la prison terrestre...