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Fête de Pâques, suite et fin

EXTRAIT DU PETIT LIVRE DES GRANDES FETES RELIGIEUSES PAR BERNARD COLLIGNON AUX EDITIONS DU BORD DE L'EAU

Dans le fort de Ratonneau.JPG

 

 

Nous avons voulu profiter de ce chapitre sur le sens de la fête de Pâques pour montrer que les Catholiques et les Protestants, quels qu'aient pu être jadis leurs affrontements, diffèrent essentiellement sur les accents qu'ils mettent plus volontiers, les uns ou les autres, sur tels ou tels aspects de la foi chrétienne, sur telles ou telles approches de Dieu. Mais tous, Protestants, catholiques, orthodoxes, se reconnaissent en la personne du Christ.

 

 

 

CONCLUSION

 

Assurément les évènements qui gravitent autour de la mort du Christ n'ont qu'une attestation historique assez problématique. Mais ce qui importe pour le chrétien, c'est la nouvelle signification accordée à la Pâque juive : l'ange qui « passe », qui « omet » les portes des juifs accorde la vie aux premiers-nés d'Israël ; or, alors que rien ou presque ne vient dans la Torah nous promettre une vie après la mort (les sadducéens, chez les Juifs, n'y croyaient pas), la résurrection du Christ nous garantit une vie éternelle, une Terre Promise... éternelle. La croix, instrument de supplice, devient ainsi la clef mystique ouvrant la porte de la survie individuelle. D'où le cantique : « Ave, crux, spes unica, Salut, croix, unique espérance. »

 

Pour le croyant, Pâques nous fait passer de la mort à la vie, du désespoir et du néant à la pleine jouissance de la vie éternelle : nous déposons le poids de nos péchés (d'où la communion reçue ce jour-là) et nous entrerons au royaume de Dieu, [mourant] avec le Christ et [ressuscitant] avec lui comme le dit l'apôtre Paul. Pour ceux que cette croyance laisse dubitatif, mais qui ne renoncent pas à croire en la valeur profonde du message christique, le Christ, en esprit, restera toujours en nous, vivant, jusqu'à la consommation des siècles. Ceci afin que nous ayons la volonté, afin que nous recevions la grâce de la transformation de notre vie spirituelle.

 

Il est bien entendu tout à fait loisible de réinterpréter les survivances des rites préchrétiens dans le sens chrétien : l'œuf représenterait ainsi la vie nouvelle qui nous attendrait après notre résurrection... La signification de l'agneau se révèle particulièrement riche : le livre d'Isaïe (53, 5-7) nous assimile à un troupeau de brebis égarées, écrasées sous le poids des péchés : le fils d'Abraham, sur le point d'être sacrifié par son père, semblable à l'agneau qu'on mène à la boucherie. A une brebis muette devant ceux qui la tondent, n'a pas ouvert la bouche. Et ce sacrifice préfigure celui du Christ dans le Nouveau Testament. Le bélier que trouve Abraham devient l'Agneau de Dieu : « Le lendemain, [Jean-Baptiste] vit Jésus venir à lui et dit : « Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean, I, 29).

 

Il n'est pas sans intérêt pour finir de mentionner une interprétation mystique de la fête de Pâques, Jésus se délivrant enfin, par sa mort et sa résurrection, de la prison terrestre...

 

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