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der grüne Affe - Page 74

  • Le jeu des parallèles

    B E R N A R D

     

    2016 02 22 038.JPG

    C O L L I G N O N

     

    L E J E U D E S P A R A L L È L E S

     

    ROMAN

    ÉDITIONS DU TIROIR

    Semper clausus

    NOSTALGIE

    « …qui devait s'affiner, filer à l'infini, vanish and disappear, Mylitsa, « l'un l'autre » « l'un pour l'autre », « je t'aime » en salade, tout ce paquet de lettres – je n'y regarde plus je n'y

    cherche plus rien

     

    Quel somptueux mariage Mylitsa, extrasmart assistance, les Prest, les Hankérus, Vautour, Vorschlov de Berwitt, et tous leurs enfants… Cortège, lange Wagen, lents éclairs sur les chromes, carillons de klaxons, caravanes enrubannées (poignées de portes, ailes et antennes garnies de ces petits papillons de tulle que huit jours de vapeurs d'essence suffisent à transformer en petits tampax endeuillés- des femmes, des hommes, des enfants de chœur, des filles d'honneur lève-traînes et porte-queues disposez bien les dragées sur la pelouse sous le voile on devine le cygne et la vasque

    Nous fûmes à notre tour beuglants et rubiconds jusqu'à quatre heures on mangea puis il fallait, passé le dessert, témoigner de nouveau notre joie par la ville Cortège II, tintamarre et vitres étincelantes. Et dans la dernière voiture, gréée de poupe en proue de rubans rose gras – médaillée

  • Le parc Rivière

    Nous soupçonnons le Parc Rivière à Bordeaux d'abriter des ruines artificielles, dont la mode remonte en Angleterre au débuts du XIXe siècle. Nous ignorons si cette photographie émerge ou non d'un passé, ce qui influerait, bien artificiellement, sur son évocation. Nous le définirons d'abord comme une trouée, en arc roman légèrement brisé, avec des replis pré-renaissance. Derrière cette ouverture lumineuse s'étend une allée de feuilles mortes, du dernier automne. Le raccourci de la perspective achève la transversale d'ombre par un cercle de lumière au sol, où rien n'est plus visible que l'éclat. Formant frontière entre clair et foncé, un envol d'arbres au troncs minces forme une grille au parallèles irrégulières, dont la majorité avoisine les 45°.

    Nous penserons à ces hautes frondaisons des bosquets de Watteau, ou de Poussin au-dessus du chœur dansant des Muses. Les rameaux élancés s'interrompent au contour de la demi-ogive du portail minéral. Deux minces branches cependant semblent se répondre en se touchant, à 90° cette fois, l'aigu tourné vers le haut, en léger décalage sous l'arceau maçonné. Mais les formes légères de la gauche, elles aussi rescapées de l'obstacle architectural, sont vraisemblablement plus proches de nous, p ar un effet bancal. Tout au fond de la courte trouée ce ne sont que de vagues formes, humaines peut-être, végétales plutôt, avec en scrutant bien ce qui pourrait évoquer un plein-cintre en portique, ou rien du tout.

    Tout indique un jardin public, un faux négligé bien entretenu, et les pavés du sol en premier plan n'ont pas été creusés par des cerceaux de roues au cours des siècles : l'ordre en est calculé, chaque pierre est proportionnée, le trottoir se surélève à peine, et même, son dallage cousine avec l'asphalte, surtout à gauche, où règne une ombre trompeuse. De ce côté-ci du faux portail donc, c'est un passage pavé, qui ne tient que le dessous de la voûte, la terre ayant quitté ses droits mais les reprenant sitôt passé l'endroit couvert. Belle pierre jaune pâle du Bordelais. À droite un renfoncement qui ne sert à rien, sauf à s'abriter d'un impossible passage de charrette. Le rebord est large et plat.

    À gauche un renfoncement parallèle, un angle au fond qui tourne court sur ses longues travées de pierre , et puis l'angle droit des deux murs monte sans surprise. Dans la paroi enfin une fenêtre grillée de barreaux verticaux parallèles, barrés en haut et en bas d'horizontales, comme celles qui relient quatre bâtons pour figurer le chiffre 5 sur les parois de celules. Ici la cellule est ouverte, on y entre, on y lève les yeux vers un haut plafond qui ne figure pas ici, puis on en sort entre branches et lumières, et l'on cherche un banc pour s'assoir et lire.

     

    PHOTO: RENVERSANT, NON ?

  • Même les Allemands publient des romans cons

    TIMM « LA DECOUVERTE DE LA SAUCISSE AU CURRY » 63 06 07

     

     

    Die Entdeckung der Currywurst parut en 1996 aux éditions du Seuil, où elle reçut la traduction très exacte de La découverte de la saucisse au curry. Ce n'est absolument pas porteur, Herr Uwe Timm, membre de l'Académie allemande, récipiendaire du prix Heinrich Böll en 2009, ce dernier point n'ayant rien d'étonnant : cette histoire commence, parmi les ruines de la guerre, plus ou moins comme Le silence de l'ange, dudit Böll, prix Nobel 1972. J'ai lu ces deux ouvrages en français, et je connais un de mes disciples, autrichien, à présent bien adulte qui m'a qualifié ce prix Nobel de puissamment rasoir. Il est vrai que presque rien ne nous était resté non plus de La découverte de la saucisse au curry. Alors voilà : c'est l'histoire d'un homme jeune qui voudrait retrouver un stand de bouffe à Hambourg, ce qu'on appelle à l'autre bout, à Wien, ein Imbiss, c'est-à-dire un casse-croûte.

    Juste après la guerre, Frau Brücker tenait en plein air un établissement où elle distribuait moyennant argent de délicieuses saucisses avec du curry. Et apparemment, avant elle, ce plat au quatre vents n'existait pas. Le narrateur la retrouve, après la guerre, aveugle et tricotant un pull-over qui représente un paysage, avec une dextérité incroyable chez une non-voyante ; du temps de sa jeunesse, bien avant celle du narrateur, elle avait recueilli chez elle un homme qui avait une décoration de la cavalerie sur un uniforme de marin. Belle planque : il avait passé la guerre à Oslo, à vérifier les cartes géographiques pour les opérations militaires. Et le 29 avril, veille de la bénie disparition de Hitler, il s'était planqué à l'étage. La châsse.JPG

    Hambourg tombait. Les hommes aussi, vieillards, enfants, déserteurs que l'on ramassait avec les autres pour faire le coup de feu. Le type d'Oslo ne descendait jamais de son étage, et faisait le ménage, en essayant de ne pas se faire dénoncer par la concierge juste au-dessous. Ensuite ? Eh bien ensuite, je ne m'en souviens plus. Le désastre est là. Je me demande si ce faux héros qui avait passé quelques mois dans la cavalerie de marine à la montagne n'aurait pas été le père du narrateur, auquel cas la vieille tricoteuse eût été sa mère. A coup sûr je ne me suis pas intéressé à cette histoire de saucisse, mets médiocre et typiquement germanique, même à supposer que le narrateur eût recherché quelque chose d'autre et de très important, comme son père, ou quoi que ce fût.

    Je m'en suis foutu comme de l'Al-Qoran ou l'an quarante, vu le titre. Le préjugé m'a submergé comme un tiramisu de Johnny, car depuis le 11 septembre 2001 je suis devenu con, encore plus con, et l'intelligence a fait place à la peur, tandis que l'analyse se carapatait à quatre pattes. Donc ma cervelle répétait en boucle « saucisse au curry, c'est nul, saucisse au curry, c'est nul, saucisse au curry, c'est nul » . Personne ne m'écoute, personne ne m'offre de récompense, et le caractère me manque pour tout reprendre, faire des efforts, relire, rédiger des fiches, me lancer dans une entreprise de véritable critique littéraire, afin sans doute d'obtenir une sorte de gloire, disons une renommée – non, non et non. Crasseux je suis, crasseux je reste, et vous ne saurez jamais le dénouement de cette histoire de saucisse. La traduction est de Bernard Kreiss. Allez, trichons : consultons la quatrième de couv', lisons que l'hôtesse cache à son bien-aimé déserteur la fin de la guerre afin de bien lui dévorer longtemps la Currywurst, qu'il s'agit d'un « récit jubilatoire » (je m'y suis fait chier), plein d' « humour et délicatesse », pourquoi pas, et que la saucisse au curry serait la « métaphore » d' « une saveur qui est un stimulant de l'écriture ».

    Me voilà frais dit le curry. Il ne reste plus qu'à lire. Une alerte vient de résonner. Au lieu de descendre aux abris, le nouveau couple du déserteur et de la saucissière préfère se mettre au lit pour un petit crac-crac sympa. Ce qui donne, juste avant :

    « Elle se leva – après une brève hésitation - , elle était déjà debout, avait fait le premier pas et se disait, et s'il ne veut pas, s'il prend peur ou s'il ne fait même qu'ébaucher une grimace, à peine, rien qu'un tressaillement, alors là, oui, quoi ? Elle se rendit auprès de lui, prit place à côté de lui sur le canapé. Ils trinquèrent avec le reste de madère. Pourvu que je ne me sente pas mal, songea-t-elle, pourvu que ça ne me fasse pas vomir. Il avait les joues rouges, brûlantes, ou bien étaient-ce seulement ses joues à elle qui brûlaient. » C'est tout à fait intime, cette petite scène entre amants affamés, très gentil, délicat, humoristique en effet, il faut vraiment un bombardement à Hambourg pour qu'une femme décide de coucher avec un inconnu, mais quoi, ce n'est pas tous les jours Noël. « Elle entendit au loin tonner la DCA. Mais aucune déflagration de bombe. Si tu veux, dit-elle, tu peux rester. Et plus tard, dans la chambre à coucher froide, dans le lit conjugal blanc, mastoc, dans lequel elle dormait seule depuis cinq ans, elle dit : tu peux aussi, si tu veux, rester tout à fait. Et ce « tout à fait », elle le dit en passant, comme si cela allait de soi. » Comme tout est simple, dans les situations difficiles et dans les livres.

    Ne pas comprendre. Ne pas avoir envie. Trouver chiant, trivial, obligatoire, de « faire l'homme » et de sauter sur ce corps comme un chien sur un gigot. Alors c'est ça être un homme. Ou une femme. Tout naturellement. « Comme si cela allait de soi ». C'était donc ainsi qu'il fallait procéder. Décidément cette vie n'a pas fini de me surprendre

  • Ronald Laing, avant la partie de tennis

    ICI S'INSÈRE UN CURIEUX FRAGMENT, NON DATÉ, portant les numéros de pages « 15 » et « 16 ».

    Anne Jalevski annote ces réflexions, indiquant une « page 158 » à laquelle se référerait le texte.

     

    « Disons que je la » (?) traite quand même <comme une femme> , comme ma première image (ma mère) de la femme, alors que je me transforme pour plaire à toutes les autres femmes. Il faudrait que j'ose me montrer désagréable avec les autres femmes et ce serait à bon escient, bien sûr, quitte à perdre la « possibilité » d'être accepté d'elles.

    Luxuriance rmn.JPG

    Le patient hait le médecin parce qu'il rouvre la blessure et il se hait lui-même de se laisser toucher : cette citation, reportée au moteur de recherche Google, si décrié par les humanistes DE MON CUL, a levé le mystère : il s'agit du MOI DIVISÉ de Ronald Laing, le plus pur génie de la psychiatrie. Il meurt d'une crise cardiaque pendant un match de tennis à Saint-Tropez en 1989. Et ceci vient encore du moteur de recherche si couvert de fange par la gauche, qui est devenue l'incarnation même des sorbonagres et sorbonicoles torpillés par François Rabelais.

    « Je voudrais bien laisser tout cela, dormir en effet, dans l'appréhension de la crise du « retour d'âge », 47 ans.

    Cf. p. 149 (bas) : Haïr sans être coupable. Le patient est effrayé par ses propres problèmes car ce sont eux qui l'ont détruit.

    | Avec un ψχ femme, j'aurais davantage l'impression de me mesurer à quelqu'un de ma taille, alors

    |qu'un homme n'est pas à la hauteur.

    J'aimerais, exact, être violé par le médecin : qu'il me choque serait salutaire (cela prouverait (?) que je ne lui serais pas indifférent – du moins, professionnellement.

    ÉVITER QUE QUOI QUE CE SOIT VOUS PÉNÈTRE

    (on peut détruire le médecin, ou être détruit)

    ø Mon « moi » social est hélas bel et bien, en partie, moi.

    Les créatures que je rencontre dans Ce macchabée disait sont de faux oi. Accentuer la banalité Guy Luxienne de Michel Parmentier.

    « Je suis prisonnière, mais pas seule ».

    « Il pourrait être aussi terrible de voir de quoi j'ai l'air. Parce que, alors, je pourrais constater que je suis comme les autres gens d'ici.

    | J'ai encore peur d'abandonner la caverne, malgré ses horreurs, car c'est seulement là | | que je me sens capable de conserver un certain sens de mon identité (exact)|

    « Oui, je veux retrouver la caverne.

    Là, je sais où je suis ».

    Il faudrait pouvoir se souvenir, ou savoir, que sa mère vous a aimé lorsqu'on était tout petit. Tu parles !

    Schizophrénie = différence à préserver ( ? ? ? )

    Se sentir l'enfant du psychiatre : ???

    Mon désir de retraite en effet peut être assimilé à un désir de clinique… « Là, on me laissait tranquille.

    R | « Le monde continuait, à l'extérieur, mais j'avais un monde à l'intérieur de moi, que ||personne ne pouvait atteindre et déranger »

    Oui, mais j'interprète cela sinon comme un progrès, du moins comme une étape vers lui.

    Et ailleurs qu'à la clinique, |au cloître,| qu'aurions-nous, en effet ? À moins de risquer, de lutter…

    Gueuler contre mes parents ou attendre leur mort ?

    Plutôt laisser le statu quo que révéler de plus en plus ses fissures. Aussi bien mon père s'est-il aperçu de tout. Ma mère fait semblant de ne rien savoir. « Les médecins n'ont essayé que d'arranger les choses entre mes parents et moi. C'était sans espoir. »

    Je n'aspire pas à avoir « de nouveaux parents ». Ou alors, à croire enfin en un idéal. Anne, par ses personnages, se serait-elle recréé d'autres parents ?

    Noter : on guérit d'abord semble-t-il en calquant la vision du médecin : je n'existais que parce que vous vouliez que je le fasse.

    Avoir une personnalité relève de l'hybris prométhéenne. Et de l'hybridité.

    ROCHER >>>> insensible |

    AIGLE >>>>>> dévorateur |

    = MÈRE

     

    L'AIGLE DÉVORATEUR DES ENTRAILLES

    = INVERSE DE L'ALLAITEMENT

    (ce qu'on a empêché Anne de faire)

    AIMER QUELQU'UN = LUI ÊTRE IDENTIQUE

    Exact en ce qui me concerne

    Faim d'amour = faim de bouffe = enlaidissement

    >>> confirmation du manque de mérite de l'amour… (A. écrit : ah non)

     

    X X X X

     

    Schizophrénie = du moi / et du non-moi.

    >>> ÉMOTION = RISQUE DE TUER OU D'ÊTRE TUÉ

    Je ne sens la douleur des autres que comme une mise en accusation (ma mère toujours malade)

    (Anne ajoute : exact ) >>> « Je crois que je me serais tué plutôt

    Heureusement, je n'ai pas eu de désir de non-vie. que de faire du mal à quelqu'un d'autre ».

     

    p. 158 Le spectre du jardin sauvage

     

    Julie, « schizophrène chronique, typiquement « 'inaccessible' »

    Essaie de devenir une personne réelle, ce qu'elle ne se sent pas être.

    « UN ENFANT A ÉTÉ ASSASSINÉ »

     

    FIN des propos de Ronald Laing

  • Popaul l'apôtre

    "Quand l'élève est prêt, le maître survient" : adage connu dans le milieu des arts martiaux. Il faut croire que les élèves étaient bien préparés car ils ont immédiatement reconnu en Paul le maître qu'ils attendaient. Luc parle surtout d'une certaine Lydie, qui était apparemment le leader du groupe. "Elle était tout oreilles, écrit-il. Le Seigneur avait ouvert son coeur pour la rendre attentive aux paroles de Paul."

    bite,sèche,locataire

     

    Malgré son engouement pour le judaïsme, Lydie n'a jamais pensé à faire circoncire son mari et ses fils - personne, d'ailleurs, ne le lui a demandé." C'est l'histoire d'un type qui demande au chirurgien : "Je veux me convertir au judaïsme, pourriez-vous me pratiquer une castration ? - Excusez-moi monsieur, mais le judaïsme n'exige absolument pas une castration! juste une circoncision. - Oui, une circoncision. Qu'est-ce que j'avais dit, déjà ?" - pas pu résister. Bref ! "Mais dès que Paul évoque le rite un peu particulier par lequel on affirme sa foi dans ce qu'il raconte, elle insiste pour s'y soumettre. Il faut dire qu'à la différence de la circoncision, c'est indolore et ne laisse pas de trace. On entre dans la rivière, on s'agenouille, l'officiant vous maintient quelques instants la tête sous l'eau, dit d'une voix forte qu'il vous mouille au nom du Christ, et c'est fini, on ne sera plus jamais le même. Cela s'appelle le baptême. Lydie, après l'avoir reçu, veut que sa famille le reçoive aussi. Elle veut que le nouveau gourou et son compagnon viennent habiter chez elle." Paul, donc, à prononcer comme "l'eau" et non pas comme une folle, bande de nazes qu'on se demande ce que vous de ses compagnons. Quelques années plus tard, Paul adressera aux habitants de Philippes une lettre dans laquelle il prend soin de saluer Evodie, Epaphrodite et Syntiché, et cela me fait plaisir d'écrire les noms de ces figurants, Epaphrodite, Syntiché, qui nous sont parvenus en traversant vingt siècles. Il devait y en avoir d'autres : je dirais une dizaine, une vingtaine. Le charisme de Paul et l'autorité de Lydie font si bien que tous se mettent à croire à la résurrection de ce Jésus dont quelques jours plus tôt ils ne connaissaient même pas le nom." Puis-je tout de même signaler à notre ravi de la crèche que d'autres religion font état de créatures ou demi-dieux "ressuscités le troisième jour" parmi lesquels Atys, castré, endormi et mort sous un pin, dont on célébrait la renaissance miraculeuse lors des fêtes dites "Hilaria", les fêtes où l'on rigole, on l'on est hilare. Il faudrait peut-être faire un peu de religion comparée pour ne pas revêtir la chrétienne de beaux ornements et d'originalité, car elle n'est pas originale du tout. Elle a gagné, ce qui est différent. "Tous se font baptiser. Ce faisant, ils ne pensent pas du tout trahir le judaïsme vers lequel ils se sont tournés avec un zèle aussi vif que mal informé. Au contraire, ils remercient Dieu de leur avoir envoyé ce rabbin si savant qui désormais les guide et leur montre comment adorer en esprit et en vérité. Ils continuent bien sûr à observer le sabbat, laissent leur travail de côté, allument des bougies, prient, et Paul fait tout cela avec eux, mais il leur enseigne, en plus, un rituel nouveau. C'est un repas qui a lieu non pas le jour du sabbat mais le lendemain et que Paul appelle l'agape." Paul affirme donc nécessaire de dépasser la lettre pour atteindre l'esprit : la circoncision ne se fera pas sur une partie du corps, mais sur le coeur.

  • Déjà vivant

    22 08 15

    Tenir l'instant sous la pointe du stylo. Quinze août, vacuité. Un chat blanc sur le toit vitré. Une radio lointaine. Ce matin j'ai fermé la fenêtre - « ...sous aucun prétexte ! » - pas de grand-mère – prétexte de l'Agrégation pour s'enfermer et flâner d'esprit. Une mouche, la rue. Les yeux les lunettes se brouillent. La poitrine s'approfondit. Ce matin la bestiole nous a réveillés à 7h. Si je laissais ma tête errer, ce serait le sommeil. Je lis L'Énéide.

     

    22 08 18 Fortunata d g A.JPG

    Ces textes sont retouchés. Stylisés. Ils ne peuvent prétendre à l'historicité, ni au document. Ce serait bien. Mais faux. En ce temps-là Mes parents vivaient. Capitaliser les Je, Me, Moi, Mon. Puisqu'ils sont l'objet de reproches. Faire chier. Parents si faibles, aux yeux ridés. À présent Mes égaux. « Ne tiens pas compte de ce que nous avons dit hier soir ». Pourtant quel feu roulant, incohérent, de névrosés. J'aurais pu les engueuler. Tous les arguments sont spécieux. Jeanne et M. (qui était-ce?) se disputant un personnage extraordinaire, moi-même appelé autrement. Baiser goulu à « ma petite gouine ». Les deux autres estiment la scène inconvenante « car on dirait plutôt deux femmes » - lesquelles ?

     

    22 08 22

    Impressions médiocres de digestion indéfiniment prolongée. Table en plein air, débarrassée, carreaux bleus et blancs. Du vent. Les beuglements saisissants de Chaliapine et ses coups de mâchoires. Les paroles d'une jeune fille en pantalon rouge suivie des yeux jusqu'au tournant de l'allée. Ma fille allongée sur la couverture, la tête appuyée sur un coussin vert. Le bonheur et l'ennui. Les chats de Georges Benoît qui bondissent dans l'herbe. Sonia qui les hèle à petits cris aigus. Debout, puis se rallonge et ramène sur elle la couverture. La jeune fille revient portant un plateau d'aluminium. Joli balancement imperceptible de ses hanches de vierge – ridicule. Sonia me regarde écrire. Le ciel s'est ouvert. Promenade merveilleuse avec Sonia. Mais il est fastidieux et difficile de rêver par écrit à l'évènement récent. » Il nous fallait de l'extraordinaire… « Elle me tenait la main et courait en me regardant au risque de trébucher.

    Je lui parlais sans cesse, lui montrant les fleurs et les arbres. Elle a longuement regardé un cheval qui passait, traînant à pas comptés une charrette. Ensuite il a fallu porter ma petite fille. « Dans moins de 16 ans, devenue majeure, elle se séparerait de moi. » Mauvais pronostic. « Cette faculté des casaniers de s'attacher au détail, au fixe changeant. Ainsi les gravillons des bords de route, vaste écroulement de blocs où peinent les fourmis.

    « Il ne peut écrire qu'en s'excitant lui-même à la haine ». Anaïs Nin, Journal 1932 (June Miller à propos de Henry Miller). « À noter » - comment peut-on se passionner pour les êtres à ce point ? Anaïs Nin se fait le témoin d'un couple. Faut-il imiter Anaïs Nin ? « ...je me sens tout à fait humaine, parce que mon angoisse veut les posséder, tous les deux ». Même situation en 2014 entre T. et Mireille. Jamais je n'ai pu établir de véritable contact avec T. Deux Américains scrutés par une Américaine parviennent à toucher, lorsqu'en particulier Miller observe que June est devenue compréhensive : « Tout est venu trop tard»… les efforts de June vers le normal, qui sont venus trop tard, pour replâtrer notre amour, notre union – nouvelle habitation, voyager, élever S. - mais il manque l'étincelle « Je vois » (qui parle?) « tout cela venir trop tard, j'ai passé mon chemin. Et je dois maintenant, à coup sûr, vivre avec elle, pour un temps, un triste et beau mensonge » (Henry Miller?) (jusqu'à « vivre avec elle », le reste se rapportant plutôt à notre seconde rencontre en 2012 n.s. où elle s'était montrée prête à moi pour me conserver faute de mieux.