Proullaud296

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der grüne Affe - Page 163

  • C'est fou les gens qu'on peut rencontrer dans les rêves...

     

     

     

    59 07 30

     

    Me retrouve dans une réunion d'amis, la plupart juifs. Fais semblant de connaître tout le monde, embrasse sur la bouche une jeune fille qui se laisse longuemenht faire. Discussions avec Renaud sur un livre concernant une enclave israélienne, qui m'a été passé par quelqu'un qui n'aimait pas cela. Aimer ou non un livre dépend aussi de ses orientations politiques ! On m'entend beaucoup, j'ai le verbe haut. Pour je ne sais quelle raison (Renaud est devenu Terzieff ?). Ce dernier se voit condamner à deux jours d'enfermement. Tout le monde l'accompagne. C'est une espèce de pigeonnier circulaire. Sur le chemin, Terzieff se plaint d'être condamné à la forteresse : "C'est Dantzig!" Je vais avec lui, le sol est sale, je montre qu'on peut escalader les grilles, il le fait, je lui demande s'il dépend des autorités militaires, il me dit que non, mais que ses crises psychiques le placent sous dépendance médicale.

     

    Ce traitement lui est nuisible. C'en est un autre, exactement opposé, qu'il lui faudrait, autorisé seulement à l'étranger. En ressortant de là, je dis que s'il avait un portable, évidemment, ce ne serait plus un cachot. Terzieff devient mon ami. Une femme plus âgée que je prends un instant pour sa mère avoue qu'elle n'a pas pensé à s'en pourvoir. La fille que j'ai embrassée me retend son visage et déclare : "Je suis le péché". Elle semble pourtant extrêmement pure. Je lui cite du Baudelaire. Nous repartons tous dans un grand autocar de 20 personnes, mais dans une pente les freins ne sont plus très sûrs. Tout le monde parle, excellente ambiance, (...) Nu.JPG

     

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    Repas avec Manset et d'autres, B. à l'autre bout de la table, qui se désappointe de ne pouvoir lui parler. L'assemblée est moins nombreuse qu'il ne semble, car des miroirs de part et d'autre entretiennent l'illusion d'optique. "Et quand je me suis reconnu, j'ai bien vu que nous étions entre deux miroirs." Manset me tutoie et nous parlons de ses chansons avec beaucoup d'animation. Il est remplacé par un autre chanteur, blond, mèche de cheveux, très affable lui aussi, que nous sommes également très contents de voir, même si nous ne savons pas son nom. Je prends la place d'Annie pour me trouver au plus près de ce nouveau chanteur. Elle a pour voisin un petit enfant. Juste avant ou juste après cette séquence, elle avait tenu à me faire incruster dans l'ongle une vignette de Gérard Manset, et nous avions pour cela consulté un grand médecin, Giscard d'Estaing, 50 ans, portant beau, élégant. Il avait fallu me limer l'ongle, l'enduire, le panser, et rester immobile 50mn, un genou en terre. Le chien de Giscard avait bouffé le pansement. Mais la greffe avait déjà bien pris, quoiqu'on ne dût l'obtenir qu'après dissolution progressive d'une couche


    NU www.anne-jalevski.com


    protectrice. Avant de partir, je regrettai que nous ayons laissé le bureau dans un tel état de désordre, mais j'ajoutais que ce meuble n'était sans doute pas celui où il recevait ses patients. Peut-être alors seulement somme-nous allés au banquet décrit plus haut.

     

     

     

    59 08 21

     

    J'ai enlevé une jeune fille de bonne famille et nous errons tous deux dans les environs. Mais notre itinéraire nous rapproche de la ville périgourdine où elle vivait. Des travaux sont effectués pour agrandir un bar-tabac. Ses vitrines de voitures occupent déjà un angle aigu dans la rue même. Les rapports entre nous sont tendus et maussades. Elle va faire une course, et c'est un beau jeune homme brun qui la remplace. Il porte des chaînes d'acier au cou. Il m'interroge sur mes motivations, me montre des photos que je porte sur moi : l'une d'elle vient d'Afrique noire où l'on voit dans la rue des femmes voilées parmi d'autres personnes. Dans cette ville mon père fabriquait des rails de chemin de fer pour Dakar et Abidjan. "Y es-tu déjà allé ?

     

    - Oui. - Tu as de la veine", dis-je au jeune homme. "Tu ne serais pas un peu flic ? - Si." Il me montre également quatre photos sur une seule feuille. Je m'y vois moi-même, deux fois ; et deux fois mon père, que je ne reconnais pas. Il me propose de participer, dans une expression différente, à un atelier d'écriture thérapeutique. Les documents qu'il apporte sont bien colorés, ils me convainquent : ainsi, je serai dirigé, épaulé, même si mes écrits ne risquent guère d'être connus en dehors du cercle psychiatrique. La jeune fille est repartie chez ses parents comme il fallait s'y attendre : le jeune flic bronzé l'en a persuadée.

     

     

     

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    Je suis un petit garçon de l'Antiquité. Avec d'autres, nous devons représenter des scènes de textes qui sont lus, devant un maître exigeant. Chacun s'efforce de lui plaire pour obtenir ses faveurs. Je réussis pleinement mon rôle, qui consiste, à la fin d'une histoire, à recevoir un grand jet de sauce à travers la figure. C'est tantôt un épisode tantôt l'autre d'une histoire qui doit être jouée devant lui. Il m'accuse d'avoir ri exprès, avec complaisance. Nul ne sait exactement ce qui lui plaît.

     

     

     

    59 11 09

     

    Avec un groupe d'élèves j'erre dans les couloirs à la recherche d'une salle pour donner un cours d'allemand, pas préparé. Le bâtiment a été rénové, les numéros ont changé. Heureusement les élèves s'y retrouvent. La salle est immense, occupée par une vaste piscine où la réverbération des échos oblige à hurler. C'est moi qui reçois le cours ? Des "Lettoniens" sont là, et parleraient allemand... Cinq garçons rougeauds skinheads exhibent des marques de coups sur leurs profils. Très loin, un enseignant parle dans un micro derrière une immense vitre. Avant d'entrer, j'ai laissé dans le couloir deux grands couvercles de cuisine en métal ; on ne me chipera pas ça ! Dans cette piscine pédagogique (l' "immersion" linguistique ?) je me sens complètement perdu : Stéphane, à travers une autre vitre, m'a montré que le cours se donnait dans mon dos...

     

    Je renonce à me faire entendre, enragé contre un renouvellement si brutal et si stupide de la pédagogie. L'accompagnateur des Lettons (Tékoutcheff) m'adresse la parole en anglais, je réplique en allemand hésitant, pour dire que je m'appuie tout le ménage chez moi. Impression d'impuissance et de submersion totales.

     

  • Calcul néphrétique

     

     

    Que c'est bizarre d'avoir mal, plus encore pour se relever pour écrire alors que l'organisme s'effondre, ou ne tient qu'à un fil. J'y suis encore, parfaitement malade, à la merci de la moindre gerbe. Je ne savais pas que la seule envie subsistante était de s'allonger en écoutant au lointain l'obstiné bourdonnement des voitures. Ni que la volonté, quoi qu'on fasse, ne faciliterait rien, de rien, de rien... Alors ma foi j'ai peur de la nuit prochaine, pour ne plus resubir celle-ci, dont le seul souvenir me picote le visage de sueur. Il fait trop chaud dans cette pièce. Il faut trop de bruit dans cette côte. Mal aux couilles et la nausée : quoi de plus poétique. Diagnostic à la va-vite : la couille, que je sache, ne fait pas partie du système urinaire.

     

    L'antalgique a beau calmer le reste, il excite la couille. Plus rien que du très personnel à présent. Sonny m'envoie un message style "bienvenue au club", et fait semblant de se réjouir de nos malheurs respectifs. Mais je ne savais pas ce que c'était de souffrir, physiquement. Je répète : toutes les pensées se trouvent alors comme engluée dans la répétition "souffrance, souffrance". Rien à en tirer, le cerveau comme un camembert. Tu écris trois lignes, tu t'arrêtes. Nième conversation avec Ostrac, très souriant, me reprend toutes ses périgrinations, me montre ses passeports constellés de tampons austères et abstrus, évocateurs pour lui de tant de décors et d'amours. Il eut une amante française en Inde.

     

    À Rennes il tua un infiltré. Il me montre une liste où je reconnais quelque ténébreux hirsute gothique, se plaignant de l'absurdité, de l'horreur suicidogène de la vie. J'écoute d'un air ravi, comme en faisant jadis mes cours à la Laurent Ruquier : moi aussi j'eus mes aventures. Et à supposer qu'il radote (ce qu'il ne fait pas) cela lui illumine tant le profil d'affirmer qu'il a vécu, et plus loin que moi, et mieux que moi. Puis, pensant qu'il en a suffisamment dit, je replonge dans mon sous-sol de plein-pied, la couille dolente, qui doit être autre chose à mon avis que cette hâtive colique néphrétique. Je ne dois plus toucher ma couille, ce sont les antimasturbateurs qui me l'ont dit.

     

    Ces objets si encombrants... Me voici menacé d'allongite. Je couille-souffre : "N'y a-t-il rien qui vous préoccupe, à part la connerie de l'humanité, l'absende de perspectives de la vie et tout le tintouin, bien entendu ?" J'ai vécu tant de choses à l'intérieur de moi ; par procuration aussi bien que n'importe qui. En ce moment mon hîte reçoit un coup de téléphone. Il m'a montré le passeport de sa femme, sans tampons ; il masque son année de naissance, mais elle est née un quatre septembre. Et à force de s'allonger disais-je, on ne peut plus s'en passer. Je guette des signes de décrépitude. Si mon visage s'amoche, qu'est-ce que je fais ? Si ma pensée disparaît dans la douleur ou le farniente à répétition, que faire ? Le moi est une couche d'ozone au-dessus de soi, plus ou moins attaquée, corrodée.

     

    Un orgue est là dans la chambre, efficace, destiné au fils qui se délasse, 55 ans. Je branche et je pianote, pas terrible, sans conviction. Les numéros ne correspondent pas aux résultats décrits. Je m'y remettrai tout à l'heure. L'antalgique endort. Faudra-t-il que j'en prenne toujours ? Adieu, voyages, lac Baïkal. Reporté. Troyes, toujours possible. Des réflexions qu'on me ferait sur mes cheveux. Sur la disposition des étagères dans le frigo. Si je deviens malade, adieu Kate sensiblement plus jeune. La force des choses. La maladie la mort and the whole shebam.Courses à faire. Une increvable insipidité des tableaux pourtant débordants de vie chez Braudel, qui, lui, avait du cœur.

     

    Ma tête, ma pauvre tête qui s'en va, mes vomissures à grands tourments expectorées pour si peu de résultats. Vu ici un ordinateur portable, que je ne touche pas, car tout le monde le verrait. Ma banane et ma poire toujours dans l'estomac disposés à se redégueuler cette nuit. Demain, descendre, remonter sous le soleil. Pas de bagnole prêtée, parce que lui et moi avons horreur de ça. Chatouilles : reprendre du Défalgan, se réabrutir. Ne pas même effleurer la couille sacrée. Ostrac achète bien des choses, qu'il lui faudra jeter. Il a reçu des coups de téléphone qui le distraient. Couilles, reins et tube digestif : beau trio. Et puis, le lendemain matin d'une nuit de dix heures, cela va mieux, quelques restes de pointes demeurent sourdement dans votre corps.

     

    Il faut prendre garde, se faire examiner la vessie pleine, repartir par le train du Havree, emportant les souvenirs animés. Ostrac se confie volontiers, je suis parvenu aux bonnes intonations, ni trop rêches ni trop lèche-cul, je m'approche de lui et ressens son corps, j'enchaîne les intérêts plus ou moins feints, car je prétends à la sincérité : toujours j'aurai vécu sous mes projecteurs, fussent-ils de simples lumignons. Ce matin, pas de musiciens : tous prolongent leurs vacances, je n'aurai pas de photos à faire. Ce sera encore d'excellents souvenirs. Et j'entends piocher mon hôte, dans son jardin. Il a 

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    84 ans.

     

     

     

  • Les Provinciales de Pascal

     

    « Ne commencez pas » nous dit le sieur Dantzig «Blaise Pascal par Les Provinciales ». Eh bien pourquoi pas, cher Maître, dans la mesure où les fameuses Pensées, si géniales quand elles se construisent à partir de Montaigne, dérivent à la pure bigoterie plus ou moins antisémite vers la fin, peu souvent étudiée (comme cela ne surprendra pas) en classe. Nous avons dans Les Provinciales une explosion de talent humoristique et persuasif tel que cette œuvre, destinée à quelques curés ou théologiens, est parvenue jusqu'à nous dans un bel état de fraîcheur humaine, et nous empoigne encore (non sans nous avoir quelque peu endormis par endroits). Il s'agit de lettres envoyées « à un provincial par un de ses amis » sur une certaine dispute survenue en Sorbonne à propos d'un certain différend théologique.

     

     

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    Les prétendues opinions d'un certain Jansénius, évêque d'Ypres, en actuelle Belgique, auraient affirmé que le bon Dieu sauve ceux qu'il veut sauver, puisqu'il sait d'avance qui sera sauvé, car il sait tout, n'est-ce pas. Ce qui fait que les pauvres diables qui accumulent les bonnes actions pourraient tout aussi bien être damnés et rôtis en enfer. Cela ressemble furieusement à la prédestination. De l'autre côté, les jésuites affirment que les bonnes actions, les bonnes œuvres, nous accordent l'obtention du paradis à la fin de nos jours, car l'homme est libre de faire ce qu'il veut, libre de pécher ou de bien se conduire ; on appelle cela le « libre arbitre ». C'est l'opinion la plus communément répandue, de nos jours encore, hélas.

     

    Et vous objecterez que nos contemporain se soucient peu de ces choses, que les théories dites de Jansénius, ou « jansénisme », ont été mises à bas par Louis XIV, avec les murs de Port-Royal, et désavouées par le Pape en 1710, voir la bulle Unigenitus. Certes. Assurément. Mais toute théologie mise à part, le débat reste actuel, pour déterminer par exemple le degré de responsabilité des criminels ou de l'homme du peuple. A ce débat éternellement ouvert s'en superpose un autre : rien n'arrive que par la volonté de Dieu ou du moins par la volonté du Mystère. Car sans aller jusqu'à l'enfer ou au paradis, nous voyons bien que certains s'efforcent et ratent, que d'autres ne font rien et réussissent, ce qui est rare , et que certains s'efforcent et réussissent.

     

    Et cela, dès ce bas monde. Les plus orgueilleux parlent de leur travail et de leur volonté, les plus modestes parlent de leur chance. Travail, oui, mais gros coups de chance, dit Galabru par exemple. Posons donc qu'il existe un certain principe, un certain hasard, un certain mystère, qui donne le salut en ce monde-ci à certains, et qui ne le donne pas à d'autres. Admettons que les personnes du XVIIe siècle appellent ce mystère « Dieu » : pour le croyant, il existe, pourl'incroyant, ou celui qui doute, ce sera une commodité de vocabulaire, comme « n » ou « x » en mathématiques. La religion en ce temps-là tenait lieu de politique, de même qu'à notre époque la politique tient lieu de religion. Il faudra donc vous habituer aux mots « Dieu » et « salut » comme équivalents de « Principe Mystérieux de la Chance » et « réussite terrestre ». La « Chance » sera appelée « Grâce de Dieu » et la « réussite terrestre » « salut éternel ». Cela dit, rien n'arrive sans intervention de la Grâce de Dieu ou de la Chance. Mais à qui l'envoie-t-il ? À tous, ou à certains, qui seraient les heureux élus, ou les élus tout court ?

     

    Dans le doute, certains se mettront à voler ou assassiner. D'autres, à se conduire le mieux possible, pour qu'au moins, Dieu ou la Chance ne se trompent point. Comme si Dieu pouvait se tromper, voyons ! Donc, bien se conduire, c'est comme acheter un billet de loterie, et se conduire en assassin, c'est ne pas acheter son billet. C'est pourquoi les jansénistes observaient un modèle de vie très austère, tandis que les jésuites favorisaient la vie facile, un peu trop même selon Pascal. C'est tout de même paradoxal : ceux qui pensent qu'il ne vaut pas la peine de vivre saintement vivent saintement, et ceux qui croient que les bonnes actions nous seront payées en l'autre monde ou en celui-ci – se relâchent et tolèrent à peu près tout.

     

    Mais revenons aux Provinciales, que nous n'avions pas tellement quittées : cette série de lettres s'inscrit dans une actualité qui n'est plus la nôtre. Cependant, elles combattent le mensonge, la perfidie, la calomnie, et cela, c'est de toutes les époques. Premièrement, les théories jansénistes que l'on pensait incluses dans les écrits de Jansénius ne s'y trouvaient pas. Il est inexact de prétendre que Jansénius (1585-1638) avait repris les thèses parfaitement catholiques de saint Augustin, puis les avait déformées. Il suffirait d'y aller voir, mais les jésuites ne veulent pas y aller voir. Ils se contentent de proclamer que l'évêque est hérétique, et puis il est hérétique, et puis il est hérétique, na, et si vous demandez à vérifier, c'est que vous doutez de nous, de l'Eglise, du pape, et vous brûlerez en enfer, parce que c'est l'Eglise et les jésuites qui le disent.

     

    De même, sans avoir lu Salman Rushdie parce que de toute façon c'est un péché, vous devez croire vos imams et vous déchaîner contre cet auteur, pour l'excellente raison que des imams vous l'ont dit. On appelle cela le « principe d'autorité ». Vous pouvez remplacer « les imams » ou « les jésuites » par « BHL » ou « Michel Onfray ». C'est comme vous voulez. Pascal n'a aucun mal à s'indigner contre de tels raisonnements qui n'en sont pas, il ironise à tour de bras, et répond même à ceux qui lui reprochent d'avoir ridiculisé de saintes personnes : oui, mais si ces pères jésuites se ridiculisent eux-mêmes par leurs obstinations absurdes, ils ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes ! Le plus grave, c'est qu'ils brailllent tellement, ils excitent tellement les passions et la haine qu'ils deviennent dangereux, ils condamneraient les gens au bûcher ! Remettre leur parole en doute, c'est blasphémer ! Même des papes s'y sont mis ! On ne discute pas les grands maîtres !

     

  • Robinson s'évade

     

    « Je couchai deux nuits sur cette colline, parce que le vent qui soufflait assez fort était à l'est-sud-est, et que d'ailleurs comme il portait contre le courant, et qu'il causait divers brisements de mer sur la pointe, il n'était pas sûr pour moi, ni de me tenir trop au rivage, ni de m'avancer trop en mer, car alors je risquais de me trouver engagé dans le courant.

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    « Mais au troisième jour, le vent étant tombé, et la mer étant calme, je recommençai mon voyage. Que les pilotes téméraires et ignorants profitent de ce qui m'est arrivé en cette rencontre. Je n'eus pas plus tôt atteint la pointe que je me trouvai dans une mer profonde, et dans un courant aussi violent que pourrait être une écluse de moulin. Je n'étais pourtant guère éloigné de la terre que de la longueur de mon canot. Ce courant l'emporta avec une telle violence, que je ne pus jamais le retenir auprès du rivage. Je me sentais entraîné loin de la barre qui était à gauche. Le grand calme qui régnait ne me laissait rien espérer des vents, et toute ma manœuvre n'aboutissait à rien. Je me regardai donc comme un homme mort ; car je savais bien que l'île était entourée de deux courants, et que par conséquent à la distance de quelques lieues ils devaient se rejoindre. Je me crus irrévocablement perdu ; je n'avais plus aucune espérance de conserver ma vie, non que je craignisse d'être noyé, la mer était trop calme, mais je ne voyais pas que je pusse échapper à la faim dès que mes provisions seraient consommées. Je prévoyais que ce courant me jetterait en pleine mer, où je n'avais pas espérance de rencontrer après un voyage peut-être de plus de mille lieues, de rivage, d'île ou de continent.

     

    « Qu'il est facile à l'homme, disais-je en moi-même, de changer sa position, quelque triste qu'elle soit, en une autre encore plus déplorable ! Mon île me paraissait alors le lieu du monde le plus délicieux. Tout le bonheur que je souhaitais était d'y rentrer. « Heureux désert, m'écriai-je en y tournant la vue, heureux désert, je ne te reverrai donc plus ! Que je suis misérable ! Je ne sais où m'emportent les flots ! Malheureuse inquiétude ! tu m'as fait quitter ce séjour charmant, souvent tu m'as fait murmurer contre ma solitude ; mais maintenant que ne donnerais-je point pour pouvoir y retourner ? » Observez je vous prie la théâtralité mélodramatique et convenue de ces exclamations, si typiquement dix-huitième siècle. « Tel est en effet notre caractère : nous ne sentons les avantages d'un état qu'en éprouvant les inconvénients de quelque autre; nous ne connaissons le prix des choses que par leur privation.

     

    « On ne saurait se figurer le désespoir où j'étais de me voir emporté de ma chère île da nqs la haute mer. J'en étais alors éloigné de deux lieues, et je n'avais plus d'espérance de la revoir. Je travaillais cependant avec beaucoup de vigueur ; je dirigeais mon canot autant qu'il m'était possible vers le nord, c'est-à-dire vers le côté du courant où j'avais remarqué une barre. Sur le midi, je crus sentir une brise qui me soufflait au visage, et qui venait du sud-sud-est. J'en éprouvai quelque joie, elle augmenta de beaucoup une demi-heure après, et il s'éleve un vent très favorable. J'étais alors à une distance prodigieuse de mon île. À peine pouvais-je la découvrir ; et si le temps eût été chargé, c'en était fait de moi : » (j'ai deviné la fin de la phrase). « ...j'avais oublié mon compas de mer : je ne pouvais donc la regagner qu'à la vue. Mais le temps continuant au beau, je déployai la voile et portait vers le nord, en tâchant de sortir du courant.

     

    « Je n'eus pas plutôt déployé la voile que j'aperçus, par la clarté de l'eau, qu'il allait arriver quelque changement du courant ; car lorsqu'il était dans toute sa force, les eaux paraissaient sales, et elles devenaient claires à mesure qu'il diminuait. Je rencontrai à un demi-mille plus loin (c'était à l'est) un brisement de mer causé par quelques rochers. Ces rochers partageaient le courant en deux : la plus grande partie s'écoulait par le sud, laissant les rochers au nord-est, tandis que l'autre, repoussée par les écueils, portait avec force vers le nord-ouest. »

     

    Etonnant voyageur n'est-ce pas, et qui s'en sortira puisqu'il est le narrateur. Ulysse de terre ferme et de mer à la fois, homme idéal mais pourvu de maints défauts et d'étourderie, véhicule malgré lui de tout un courant de pensée matérialiste, pragmatique, anglom-saxon, encourageant, édifiant car la Providence et le romancier veillent au grain, Robinson fait preuve de qualitésexceptionnelle, de sens de l'humour, de l'observation, de la philosophie élémentaire : tout l'homme est en lui. L'édition que nous avons entre les mains est celle de la Bibliothèque Verte, sans mention de traducteur malheureusement, et peut profiter à l'adulte ou à l'enfant qui n'ont pas envie de lire le long roman original Robinson Crusoé, à l'origine Kreuzer, aventurier, modèle et figure éternelle du courage invaincu, à condition bien sûr d'en bénéficier de naissance.

     

  • Louis VI le Gros

     

     

     

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    Les yeux plus gros que le ventre. Il voulut tout savoir, survola tout et retint peu de choses. Apercevant sur les rayons de quelque obscure librairie catholique un volume de Suger, Vie de Louis VI le Gros, “Ludovici Grossi”, il en fit l'acquisition en se pourléchant ses babines de cuistre. Puis il le fit longuement sommeiller voire incuber sur ses étagères à lui, avant de s'en aviser de nouveau, bien plus de dix années s'étant écoulées : c'est peu de chose pour un garde-manger à lire. Mais le roulement de ses lectures ne ramenant un ouvrage qu'une fois l'an sous ses yeux (il avait en effet entrepris de lire simultanément plus de cent œuvres), il perdit le fil et l'intérêt de cette biographie comme de tant d'autres volumes, et n'y comprit plus rien, hors le fait qu'on s'y “foutait sur la gueule”.

     

    De plus, sa pédanterie rituelle voulant qu'il sût lire le latin couramment (ce qui n'était pas le cas, surtout pour le latin du Xe siècle), il n'avait à sa disposition que des lumières confuses, de celles que jettent des textes étrangers mal compris : les æ s'écrivaient (et se lisaient) “e”, par exemple. Et la lecture du texte français, en regard, ne lui présentait que des conflits d'héritages que l'on venait demender au roi de régler, au besoin (et le plus souvent) les armes à la main. Notre Philippe Ier (méconnu, sauf pour avoir épousé la fameuse Anne de Kiev) en découd avec tous les seigneurs de son entourage frontalier, leur casse la gueule, et revient se reposer, en véritable Héraclès ou Superman, plus près de nous. Et voyez-vous, tout cela restait si peu clair à notre lecteur qu'il ignorait encore si le père de Louis VI le Gros était mort ou non : apparemment non, puisqu'on le voit diriger son ost et prendre d'assaut des forteresses.

     

    Pendant ce temps, le paysan, le bourgeois, le noble rebelle surtout, souffraient mille mort, se faisant occire, ce dernier pour usurpation du pouvoir et faculté de piller les campagnes environnantes. Ce ne sont que principicules changeant de nom comme de chemise, s'alliant, cousinant et beaufrérisant à qui mieux mieux, se déshéritant et s'usurpant les fonctions, tandis que le peuple voir plus haut. Il faudrait se concentrer, rédiger des fiches, établir avec netteté les parentèles, et savoir si le conflit est justifié ou non. Pour les vaincus, pas de quartier : les impies se voient pieusement massacrés (c'est dans le texte, impios pie occidit), à moins qu'ils ne se rallient au souverain, voire en se roulant physiquement à ses pieds, au grand étonnement des barons rassemblés.

     

    Peu importe donc sous quelle autorité l'on vit, l'essentiel étant d'avoir un bon maître et de craindre Dieu et ses représentants. Pour étudier les secrets arcanes d'une œuvre aussi touffue, il faudrait la consécration d'une vie, se passionner pour ces prises de châteaux, dont il ne reste parfois que des murs de fermes à demi effondrés. Tout gît dans le détails : voici un seigneur qui, pour ne pas se faire trucider par ses proches, sepe lectum mutaret, changeait souvent de lit. Et souvent, par terreur nocturne (j'épargne souvent le latin, qui ne sert à rien c'est bien connu, à mes lecteurs éventuels) il multipliait les rondes de nuits, commandant de tenir prêts toute la nuit, pendant son sommeil, son écu et son épée : vous voyez, quand on veut s'en donner la peine, “s'en donner les moyens” comme disent les je-sais-tout, le texte prend de l'épaisseur et de la vie. Mais vérifions : ce ne sont pas les rondes nocturnes, qui auraient dérangé par leur tintamarres, mais les “veilleurs armés”. Qui ne bougeaient pas, ou si peu. Quant à son bouclier, à son épée, il ne fallait pas les “tenir prêts”, mais les “placer devant lui”. Mais seneçon là que des clausules de style, n'influençant pas réellement sur le sens. Horum vero unus, “mais l'un d'entre eux” (de ses chambellans) “nommé H.”, “intime de ses familiers” autrement dit de sa familiarité rapprochée, ...fit je ne sais quoi : en effet, la phrase énumère ici en latin et en appositions foison de qualificatifs élogieux pour le souverain. Si notre seigneur méfiant se trouve du parti opposé au roi, il possède auprès de lui un espion, un traître.

     

    Nous ne le connaissons que par son initiale : le manuscrit G nous révèle qu'il s'agissait d'un certain “Henricus”, “Henri”. La note 2, en français, nous renseigne : ce serait “Hue”, d'après les Grandes Chroniques, traduisant le latin des clercs en français médiéval. “D'après Guillaume de Malmesbury, qui ne le nomme pas, il était de basse naissance et préposé à la garde du trésor royal”. Que tout cela reste naïf. Suivent les références relatives à l'histoire des rois anglais, Gesta regum anglorum. J'eusse aimé plonger dans certaines spécialisations, dont l'histoire médiévale : mais je me fusse privé de tous ces agréments de conversation érudite sans être pédante qui font l'essentiel de mon charme et de mon incomparable modestie. Oh, les cons ! …c'est de l'humour – comment, quoique ? Pour notre espion royal, une brouettée de compliments vient ici s'interposer, entre le sujet et son verbe : regis liberalitate ditatus, gagné par l'argent du roi, tiens donc, “puissant et renommé” (ou de petite extrace ?), “plus renommé encore par sa traîtrise, et convaincu (deprehensus) d'appartenir à la même faction” (celle des chambellans du seigneur rebelle) – mais vous nagez sans doute, entraînés à ma suite dans le labyrinthe. Ce traître trahira-t-il les traîtres ? J'en vois qui s'endorment au fond. C'est le moment de recourir au texte français : il s'agissait bien d'un traître, mais deprehensus veut dire non pas “convaincu” mais “pris sur le fait”. Et condamné, mes yeux ont lorgné, à perdre les yeux et les organes génitaux – pouah, les sauvages.

     

    Mais si j'ai bien compris la suite, me fiant plus à mon intuition qu'à mes faibles capacités grammaticales, on l'a exécuté “miséricordieusement” par une strangulation bien prompte : eh bien nom. On les lui a bien crevés (les yeux) et coupées (les genitalia) : car il “eût mérité la corde”. Aveugle et châtré, mais vivant. Ça se discute. Le roi, “qui ne se sentait en sûreté nulle part” ? Mais alors, cet homme ou désormais castrat faisait partie des proches du roi ! Changement de perspective ! Le roi le comblait de bienfaits, et malgré cela, il projetait de l'assassiner dans son lit ! Je dois me tenir à la langue française : conspicuus veut dire “bien connu”, “par sa magnanimité naturelle et son courage” (ici une double construction pas très classique). Le roi Philippe Ier se voit qualifié d' arto providus. Lançons les dés : “costaud”. Cela peut signifier tout autre chose. “Il prenait de mesquines précautions”. Je suis loin du compte. Il est providus, donc prévoyant, précautionneux. Mais arto, soit “dans l'étroitesse”. “Etroitement précautionneux”. Suger nous la joue Tacite...

     

  • Carolomacériennes

     

     

    Tout a commencé fort banalement, par un long trajet en bus, ma ville entière traversée en 35mn, sans émotion particulière, sans le moindre incident. Pas de Noir qui vous prenne à partie ni par les parties. Un train vers Paris sans histoire, la queue à Montparnasse pour un tiquet de métro : une fille très pâle et son mec à piercing, très pâle, dans une langue incompréhensible – esthonien ? islandais ? Puis la queue s'interrompt, l'employée tendant son ruban : "Désormais c'est fermé, voyez l'autre file." Que faire ? Couper "l'autre file" par le travers ? À quel endroit ? Nous nous résolvons à nous répartir près des points de vente automatique : "facile", disent-ils... pour ceux qui comprennent! "Nous ne rendons plus la monnaie", l'arnaque !

     

    Le temps perdu m'enlise la pensée, je compte les stations jusqu'à Gare de l'Est, sans même pouvoir profiter d'une excitation parisienne, m'inquiétant de mon retard. Voie 27, le Paris-Mézières, une fille qui dort avec une tronche grognonne de musaraigne aplatie, malgré son exaspération de me voir tournoyer puis m'abattre auprès d'elle (le temps de trier ce dont j'ai besoin). A mon arrivée, voyant la rareté en ce lundi de Pâques des bus "3" municipaux, je tente l'heure de traversée pedibus. Une mémé me baragouine Dieu sait quelle langue, iranien, portugais ? Je pars au pifomètre, sans plan, guidé mar mes seuls souvenirs d'internet. Mais tout est bien plus long ! Mézières s'étire lamentablement, premier pont, deuxième pont, l'avenue Carnot étire indûment ses numéros jusqu'à plus de 220.

     

    Enfin, à une station service (spectaculaire évasion de 480 talibans dit la radio je n'en suis pas le pompiste me fait la grâce de rire, je suis échevelé, fatigué). Première chambre pas prête, c'est le cas aussi pour un couple de vieilles gouines avec leur chatte "bonne voyageuse", car je m'en suis enquis pour faire l'aimable. Numéro 202. Le gérant ressemble à Fabien. Télévision. Zapping effréné. Un dimanche à la campagne, avec le merveilleux Louis Ducreux, mort peu après. Quand j'éteins, je n'ai plus pour me contenter ni force ni envie. Mais je me promène en zone industrielle, sous une longue rangée de réverbères. Dans la forêt adjacente, juste des craquements, une vaste tranquillité.

     

    Au bout d'un diverticule, un bâtiment plat derrière des camions de Z.I., "Chambres funéraires – Tonnelier". Je n'ose pousser la porte, un macchabée en pleine nuit ? Le lendemain soleil, un bol de cornflakes au lait, je reprends mes 4 kilomètres, un bus 3 me double, dont le chauffeur m'indique du doigt l'arrêt suivant, il m'attend porte ouverte, je galope à couper le souffle, redescends rue de Nouzonville, beau panorama de Meuse, Pointe du Moulin. Au large un pagayeur pagaie à grands moulinets, 10h moins 10, les employés préparent l'ouverture, l'ancien Moulin abrite le Musée Rimbaud : ce ne sont que copies et photographies, le seul qui m'émeuve est le non moins tordu Camille Pelletan, qui se tripote un bâton d'un air farouche. Je tâche, à ce Coin de table, à me passionner. Le premier étage présente du Plossu. On ne s'appelle pas Plossu. Et ses clichés, en noir et blanc, se perdent au sein d'immenses marges encadrées. Tout relief se voit gommé, et les petits paysages ainsi étiquetés perdent toute puissance émotionnelle. Le catalogue, bien paginé, peut entraîner l'adhésion.

     

    Le deuxième étage présente encore moins d'intérêt si possible. Rien du tout n'en présente en fait. Et Plossu bat des records de banalité. Ce qui laisse libre cours à l'imagination bien sûr, mais cette paroi toute nue en laisse encore bien davantage. Et puis Rimbaud n'est pas mon poète. Trop sûr de lui, trop arrogant, grande gueule, sans manières. Sa poésie trop péremptoire. Dans sa maison quai de la Madeleine, des installations "à la page" masquant mal un vide intersidéral : oui, Rimbaud vivait là – et après ? Une double banquette, de la musique à partir de bruits, censée nous faire voyager. Dans une autre pièce, des extraits de poèmes balafrent le mur : c'est la chambre de notre poète.

     

    Rien que du conventionnel. Sauf au deuxième étage où retentissait la voix rauque d'un locuteur amharique, encore l'émotion demeura-t-elle bien rudimentaire. Mon souvenir amplifiera tout cela.

    MÂTS, PIQUES ET DJINNS www.anne-jalevski.com

     

     

    Mâts, piques et djinns.JPG

    Suite

     

    S'il n'y avait pas ce désir de repentance, de retour à la vraie Foi, jamais je n'écrirais. Il faut bien que je croie en quelque chose. Le mensonge mène à la banalité, qui mène au silence, et sans doute jamais ces paroles ici transcrites ne trouveront-elles de lecteur, puisqu'au moins trois ans passeront avant qu'elles ne soient imprimées. J'entends d'ici rire dans ce minable hôtel où se déchaînent les grosses rigolades et l'ivresse. Je viens de voir l'étrange dénouement auquel se livre l'adaptateur de Boule de suif. Pour ma part, je peine à raccorder les morceaux. C'est de mon plein gré que je me suis lancé dans ce parcours casse-gueule de la vérité. J'ai rencontré rue Dolet une Anne-Marie de mon âge, qui m'a demandé mon prénom.

     

    Elle m'a dit "Jai la diarrhée". Le flirt commençait bien. Tant elle se plaignait avec sa béquille que deux fois je l'ai embrassée, sa peau était d'une douceur satinée. Je n'aurais pu la secourir davantage, car il m'est venu à Bordeaux une vie et une famille. C'est par ici dans les Ardennes que je me sens bien, parce que j'y ai des attaches spirituelles, à 15 km de la Belgique : mon père a vécu et souffert ici, "à l'E.P.S. de Mézières". Puis il a commencé sa carrière cahotante, empreinte de misère et de coups de gueule, toute baignée par la peur et ces préjugés sur la domination du mâle. C'est ici que j'ai dit à Evelyne "Tu commanderas les jours pairs et moi les jours impairs". Nous étions à Mohon, dans une cité ouvrière peut-être disparue. Les femmes portent un précieux calice. Je lui disais, à cette Anne-Marie dont le prénom fut couvert par un passage de voiture, qu'à nos âges personne n'était plus libre.

     

    Mais au retour de mon expédition, comme une pluie perçante commençait à tomber, j'ai préféré prendre le bus, tandis que les passagers poursuivaient leurs conversations à l'intérieur, et plus jamais je ne repasserais au 22 rue Etienne Dolet, pendu et brûlé gros et gras l'an de grâce 1546.