Fêtes chrétiennes : Noël
BERNARD COLLIGNON FETES RELIGIEUSES aux éditions du Bord de l'Eau 33 Lormont
GENERALITES
Les fêtes chrétiennes, de façon plus visible peut-être que les fêtes juives, s'inscrivent dans un cycle annuel indéfiniment renouvelé, mais qui retrace, cette fois, les évènements de la vie du Christ. Cela commence avec Noël, natalis dies ou jour de la Nativité de Jésus, pour s'achever à Pâques, où il est ressuscité.
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Les chrétiens ont fait feu de tout bois comme dirait l'Inquisition pour assimiler tous les cultes qui les ont précédés, depuis les statues de la Vierge érigées au sommet des menhirs, et la tolérance de coutumes celtiques dans le voisinage immédiat des célébrations chrétiennes, telles le sapin de Noël (venu d'Allemagne) ou les œufs de Pâques – jusqu'au détournement des fêtes juives de Pessah, devenue Pâques, ou de Chavouoth, rebaptisée Penteôte. Ce génie du syncrétisme suscita même la désapprobation papale aux Indes et en Chine où les convertisseurs jésuites avaient trop habilement réinterprété les philosophies, rites et croyances asiatiques (une bulle papale de Benoît XIV intervint pour interdire définitivement ces tentatives en 1742, mais les Chinois avaient pour leur part expulsé les chrétiens dix ans plut tôt).
Le film Mission a retracé les tragiques rivalités des missionnaires du Paraguay vis-à-vis du Saint-Siège au XVIIe siècle. Mais de nos jours encore en Amérique latine, il est bien difficile de ne pas reconnaître, derrière les honneurs rendus au Christ-Roi, la persistance millénaire des cultes indiens du Soleil !
Or, c'est précisément ce génie de l'acculturation qui a permis une telle extension, à l'heure actuelle, de la religion chrétienne, catholique ou protestante. Les protestants ne célèbrent pas les fêtes qui ne figurent pas dans l'Evangile, à l'exception de l'Epiphanie, qui a trait à la personne du Christ. Mais depuis le XIX siècle, on commémore au temple, le dernier dimanche d'octobre, la fête de la Réformation, en honneur de Luther qui afficha ses 95 thèses à l'église de Wittenberg en 1517.
NOËL
Généralités et dates
“Noël” vient du latin “natalis dies”, jour de la naissance du Sauveur, Jésus-Christ. Ce mot n'apparaît pas en français avant le XIIIe siècle. Noël se fête, en Occident, le 25 décembre. Certains affirment que cette date aurait été choisie en fonction de la position des étoiles dans le ciel : entre les constellations de l'Âne et du Bœuf se situerait précisément un vide que l'on appelle, depuis les Assyriens, la Crèche... (consulter les textes de Franz Cumont).
Auparavant, cette célébration variait entre le 19 avril et le 26 mai, les Evangiles ne parlant d'aucune date précise. Certains exégètes pencheraient pour le mois d'éthanim (septembre/octobre). Mais à Rome, dans l'Antiquité, les fêtes de Saturne ou Saturnales (fêtes des semailles) se célébraient du 19 ou 26 décembre. César instaura, lors de sa réforme du calendrier (“calendrier julien”) une Fête du Soleil invaincu (c'était lui...) ; or ses astrologies fixèrent par erreur la date du solstice au 25 décembre. Et c'est à cette date que se célébrait également le dieu Mithra, particulièrement en honneur chez les militaires. En 274, l'empereur Aurélien décréta le culte du Soleil Invaincu “religion d'Etat”. La date du 25 décembre fut maintenue. Constantin (306-334) fit du christianisme la religion officielle, quoique minoritaire : Jésus, ”Soleil de Justice”, acquit ainsi sa date de naissance officielle, confirmée par le pape Libère en 354. dont la première célébration officielle date de l'an 330.
Et certains d'estimer que si l'Evangile ne mentionne pas la date exacte de la naissance de Jésus, c'est parce qu'il coexiste avec Dieu le Père, « dans les siècles des siècles » ! Il n'a donc ni commencement ni fin : « Je suis l'Alpha et l'Oméga... »
Observons d'ailleurs que la date de naissance du Prophète, chez les musulmans, historiquement connue et indiscutable, ne fait l'objet d'aucune célébration particulière.
D'autre part, le moine Denys le Petit (ou le Scythe) s'est trompé sur l'année dans ses calculs, effectués en 532 : le Christ est né, en réalité, en 6 avant Jésus-Christ ; mais pourrait-on parler de la guerre 20-24 ? Quant aux juifs, ils interprètent l'abréviation historique “è.c” (“ère chrétienne”) comme “ère commune”...