Taureau - Gémeaux
Gajure : une vignette d'1cm², censée représente de façon humoristique le signe duTaureau, puisqu'il ne faut pas prendre au sérieux les prédictions qui suivent : "Journée calme et bien dégagée", "Il y a des mots qu'il ne faut pas dire et des gestes qu'il ne faut pas commettre". Quant à la "santé", elle sera "bonne". Rien qui puisse inquiéter, moyennant un rappel de certaines évidences sociales, qui ne mangent pas de pain. Donc, une journée de gentil taureau, mignon-mignon, qu'il ne faut pas trop chercher, mauvaise tête mais bon cœur. Sa tête justement n'apparaît que dans sa partie supérieure, dans le ton fauve, les yeux bien humains dirigés vers le haut, de celui qui lève la tête pour vous regarder, prêt à ne pas se laisser marcher sur les sabots.
Mais ce n'est que bouderie, menace plaisante : personne ne prendra au sérieux cette demi-mimique de gamin. Les oreilles retombent comme chez le chien, et ce fameux croissant asymétrique au-dessus de la tête sera le soleil, éblouissant, plombé en sa partie basse d'une espèce d'étron doublement recourbé. Le taureau est un animal solaire, un liseré plus clair entoure sa tête au front bas. Et cet étron décalé, ce sont, bon sang, ses cornes, ma foi, comme un bonnet détaché de la tête, "près du bonnet", déséquilibrées (basse pointe à gauche, haute pointe recourbée à droite), qui tire le petit cerveau de la bête colérique vers les ardeurs solaires, brûlantes, astrales, irrésistibles ! Une bestialité certes, mais d'origine divine, transfigurée par sa provenance même !
Pour ne pas se laisser entraîner, dominer, reste à ne pas prendre à la lettre sa propre colère "enthousiastique", à lever les yeux vers cette chaleur impérative, à dépasser ce courroux céleste en se bornant à le mimer, à l'exprimer : de sorte à ne pas l'intégrer à soi, mais à prendre de la distance, en faisant sourire. Moyennant quoi, promet l'horoscope, "Les problèmes se résoudront au fur et à mesure, et sans casse".
Nous pourrions alors, outrepassant cette vignette plaisante, passer à celle qui la suit, juste en dessous : celle des Gémeaux. Après Bélier, après Taureaux, rien de plus contrasté que l'ingénieux Gémeaux, dont les tourments restent introvertis : l'illustration se caractérise par ce couloir vert clair, cintré comme une taille en son milieu, dont le vide opaque sépare, on s'en avise ensuite, deux moitiés de visages au sexe indécis : un œil et l'ébauche de l'autre, un nez symétriquement retroussé, un sourcil étonné, une amorde d'accroche-cœur roux. Sur ces deux tiers de faces indécises, un sourire ébahi, ébauché, naïf : ils se regardent avec surprise et timidité, figés dans leur regard en coin, deux formes roses et rousses de jeunes garçons ou peut-être de filles, de part et d'autre de ce vase vert, délavé vers le bas : se regardant du bord de l'œil, aussi séparés l'un de l'autre que Narcisse de son reflet, de part et d'autre de l'eau. Prêts à s'enfuir, effarouchés, mais fascinés, sans s'effleurer : ce sera, pour aujourd'hui, "un emploi du temps très perturbé" : "Vous avez des torts qu'il vous faudra bien admettre" – "nervosité". Comme pour les Taureaux, des obstacles, internes, externes, que la volonté du consultant saura bien surmonter : "Faites preuve de patience et de pondération pour faire glisser les choses".