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der grüne Affe - Page 81

  • Fragments de Fedora

    1. XI

    Nous avons toujours été des admirateurs masochistes. Les autres voulaient nous améliorer, mais pour notre bien ! "Il suffit de vouloir". Cette fière Amazone m'aimait donc ? Et Roberte veut, aussi, nous « sauver ».

     

    1. XII

    "Tu ne t'es donc jamais rendu compte que je te draguais ?" Comment d'autre part a-t-elle pu observer que Dewouf « me draguait » ? Je ne note que ce qui me rassure, je pianote du Claude François, "tougoudoup", présentation.

    Fronton rue de Laseppe ROMNESTRAS.JPG

     

    1. XIII

    Cet homme déclame "tougoudoupe, tougoudoupe" – cela veut dire attention à la mort derrière-toi, reste méfiant, et garde-toi de vivre." Les âmes ayant tout renié sombrent par la bonde de l'oubli éternel. Glouglou.

     

     

    1. XIV

    Omer me confie ses textes poétiques. En faire un Noir, peut-être.

     

    1. XV

    Une vieille est amoureux d'Omer. Monsieur fait le dédaigneux, comme moi jadis Gare St-Jean. Qui pardonne les humiliations que j'ai fait subir ? La vieille ivrognesse du palier des Terres Fermes. Omer deviendra adulte, il jouera dans le bac à sable.

     

    1. XVI

    Les Bruxellois repartent sur la Côte. Mes explorations tandis qu'Arielle pionce. Les goudronniers en bas de pente, l'ermitage pour l'instant désert, la cloche sous son épais grillage.

  • Vient de sortir, Catulle Mendès

     

    Il n'a jamais connu l'Histoire, celui qui prétend raconter le temps passé en le ramenant au temps présent : qui se moque des vieux rois, tourne en dérisions ces mœurs barbares ignorantes de la contraception chimique et du téléphone cellulaire, s'indigne qu'on ait osé décapiter les rebelles, ou vendu de jeunes garçons à des sultans. Celui qui visite les peuples austraux, à l'île de Pâques ou à Madagascar, et qui ridiculise les croyances du lieu sous prétexte de superstitions absurde, bafoue complètement l'ethnologie, et l'antiraciste qui fustige sans risque les horribles pratiques du trafic d'esclaves, celui-là fait fausse route. On ne peut pas, il est rigoureusement interdit de faire intervenir la morale ou le goût de notre époque à nous dans un compte rendu historique.

    Sans vouloir faire de la reductio ad Hitlerum notre cheval de bataille, les deux biographies de Hitler que j'ai lues sont excellente chez l'un, parce qu'il ne juge pas, les faits parlant d'eux-mêmes, détestable chez l'autre de William Shirer, l'auteur croyant en effet indispensable de mentionner, chaque fois qu'il le peut, qu'Adolf était un criminel, un fou effroyable et un assassin de masse, merci, on sait. Catulle Mendès, gendre juif de Théophile G autier antisémite notoire ce qui n'enlève rien à son génie poétique, savait-il, quant à lui, ce que c'était la poésie ? Il est permis d'en douter, quand on lit le Choix de poésies édité en 1925 chez Eugène Fasquelle, dont j'ai coupé les pages avec respect en 2015.

    Il présente en effet à notre goût actuel effaré une collection de niaiseries à l'eau de rose de bénitier capable d'exciter nos réactions selon le cas bouffées par la rigolade ou pourries de consternation, et de toute façon profondément méprisantes. Tous les clichés y sont : les menottes et les petons du petit Jésus, la pureté des vierges et le souffle fétide des putes, l'attirance pour la mort qui rôde, les fleufleurs, les soupirs et les petits oiseaux, « toute la lyre » comme disait Victor Hugo, à qui hommage est rendu pour sa 80e année, mais aussi les marques de respect pour le récent défunt Théodore de Banville (1891). Et dans ces deux morceau versifiés que nous hésiterions à qualifier de poétiques, ainsi qu'en plusieurs autres, transparaît une humilité non feinte, de l'élève aux maîtres avec un s, une interrogation dont il pressent la réponse : ma poésie passera, la leur à tout jamais restera, puis disparaîtra aussi (c'est ce que disent les moyens et les médiocres pour se consoler).

    cette PHOTO EST DE VINCENT PEREZ

    Le saut de l'aigle BLOG ROMN.JPGEn effet, Catulle Mendès, dont le prénom à lui seul est poétique (Catullus, -87 / - 54), applique les recettes, cherche avec trop de soin la rime, oscille de l'hugolisme au Parnasse, exploite les thèmes de la femme fatale traités par Baudelaire, maîtrise la technique, introduit des mots nouveaux désormais tombés dans l'oubli, ne rate pas une tombe, pas un ange, pas une Vierge Marie.

    Les marmots sont charmants, les femmes douces ou mauvaises, les mendiants tirent des larmes, les anges apparaissent, les guerriers répandent des tripes, et les prairies embaument avant le passage des vaches. Tous les sujets en vogue sont traités, parce que Mendès n'a pas su se dépêtrer du courant, s'est laissé imbiber par l'air du temps, la mode, le conformisme, alors que de nos jours l'anticonformisme a fini par sombrer dans le conformisme : nous sommes coincés comme des rats

    dans un trou de balle. Catulle Mendès fut très honoré, dut une bonne part de sa renommée à son épouse Julie Gautier, à son entregent sans « beu », quoique : c'était un people, comme on dit en français, un gibier de salons et de mondanités.

    Mais voici qu'un certain Kavafy avec un v, grec, postérieur et homosexuel, 1863-1933, (Mendès naquit à Bordeaux en 1841 et mourut en 1909) nous susurre d'admirables choses : qu'il est déjà très beau et très méritoire d'être parvenu à la première marche de la pyramide des Muses, que l'on n'est pas un inférieur de s'être baigné dans les lumières divines, et nous ajouterons qu'il n'y aurait pas de grands poètes s'il n'y en avait pas eu beaucoup de petits ou de médiocres, aux rangs desquels se situe notre Catulle Mendès, même pas sur la première marche mais juste au pied. On le sent bien, quand il extirpe enfin sa rime, « ce bijou d'un sou » disait Verlaine son contemporain, pas juif mais homo ET ivrogne, un cumulard.

    Notre Wikipédia distingue le « symboliste » chez lui, et aussi le « décadent ». Je serais bien curieux de lire cet article afin d'étoffer mes maigres connaissances : par exemple, Théophile n'assista pas au mariage de son gendre, qu'il surnommait « Crapule M'embête » - que d'esprit… Mendès fit partie des juifs qui admirèrent Wagner, il connut Leconte de Lille et José-Maria de Heredia. Et, surprise, Verlaine appréciait beaucoup sa poésie, considérée comme maniérée, son contraire en somme. Il écrivit aussi des livrets d'opéra, des contes, des nouvelles, des romans, et Nietzsche lui dédia ses Dithyrambes à Dionysos, en le qualifiant de satyre… L'œuvre que nous proposerons à vos oreilles se distingue par son caractère éminemment baroque  : c'est un catalogue, analogue à celui de Don Juan, mais en prénoms, pas en nombres.

    Chaque femme est énumérée, qu'il l'ait aimée seulement ou séduite, comme autant de perles à son chapelet précieux, nous dirons qu'il serait vain et indiscret de savoir les identités de ces dames, toutes sous pseudonymes antiquisants, regroupées en seule fonction de l'harmonie métrique sans jeu de mots. Pas de prétention, juste un souvenir, une résurrection à l'égyptienne puisqu'un nom prononcé ressuscite au bord du Nil les amours mortes, un enivrement, un inépuisable bain de féminité divine, puisqu'il est assuré que la femme est la preuve même de Dieu, et du Diable évidemment. Écoutez ces doux sons médiévaux et latins, songez aux « Dames du temps jadis », et laissez-vous bercer de nostalgies mammaires : le recueil s'appelait Les vaines amours, et le poème Récapitulation, ou capitulations devant la raie - mais ta gueule quoi merde…

     

    Rose, Emmeline,

    Margueridette,

    Odette,

    Alix, Aline,

     

    Paule, Hippolyte,

    Lucy, Lucile,

    Cécile,

    Daphné, Mélite,

     

    Arthémidore,

    Myrrha, Myrrhine,

    Périne,

    Naïs, Eudore,

     

    Jeanne, Antonie,

    Flore, Florise,

    Charise,

    Apollonie,

     

    Héloïse, Aure,

    Aminte, Aimée,

    Edmée,

    Edmonde, Isaure,

     

     

    Marthe, Roberte,

    Blanche, Blandine,

    Blondine,

    Berthe, Adalberte,

     

    Emma, Germaine,

    Ève, Éveline,

    Cœline,

    Chloé, Clymène,

     

    Thècle, Yolande,

    Dora, Bathilde,

    Othilde,

    Yseult, Rolande,

     

    Théodeline,

    Irma, Clémence,

    Hermance,

    Zoé, Zerline,

     

    Nyse, Oriane,

    Lise, Égérie,

    Marie,

    Gotte, Ariane,

     

    Clara, Clarine,

    Lison, Lisette,

    Suzette,

    Aventurine,

     

     

     

    Plectrude, Ortrude,

    Javotte, Urgèle,

    Angèle,

    Inès, Gertrude,

     

    Claire, Christine,

    Elvire, Elmire,

    Palmyre,

    Diamantine,

     

    Caliste, Annie,

    Grâce, Éthelinde,

    Clorinde,

    Callisthénie,

     

    Zulma, Zélie,

    Régine, Reine,

    Irène !…

    Et j'en oublie.

     

    Merveilleux soupirs d'amour, où voisinent Walkyries et pierres précieuses, héroïne connues et humbles fleurs des champs, 96 femmes aimées, désirées, imaginées, chacune avec sa lumière et ses ombres, dans un poème virtuose digne des plus Grands Rhétoriqueurs, digne de ce mouvement du Parnasse dont Mendès Catulle fut l'accoucheur en 1866 et l'historien en 84. Honneur et gloire à notre poète disparu, aux vers souvent bien inégaux dans le double sens du terme, et considérons-nous tous dans nos miroirs avec notre stylo entre les dents, au sommet du petit escalier qui descend vers notre mort tatataaaah…

  • Identifiants

    Si un jour quelqu'un peut m'expliquer pourquoi j'ai deux identifiants et deux mots de passe, et pourquoi les deux s'intervertissent without shouting station, ça me fera bien plaisir. Mes deux blogs jouent aux vases communicants, à l'improviste. Peut-être parce qu'ils sont reliés à une seule ligne téléphonique ? Maintenant, si vous voulez que je vous explique le rhotacisme, la tmèse, l'infixe ou la métathèse de quantité, je suis à votre entière disposition.

    cette PHOTOGRAPHIE EST DE VINCENT PEREZLe grand aigle BLOG ROMNESTRAS.JPG

  • Habiter sur son lieu de travail

    Lorsque le brouillard s'étend jusqu'au sol même du Purgatoire, entre petits et gros paquets de brique, amortissant les angles, limitant la vue, Terence peut enfin marcher soulagé. Ni vu ni connu. Par temps clair je ne peux pas sortir de chez moi (sous les fronts de quatorze ans clapote un océan de fiel, mais il est dur d'être adolescent au Purgatoire). Par temps clair, il voit partout des groupes se former contre lui seul ; surtout devant la poste. A leur âge il était toujours mis à l'écart. A présent il voudrait leur casser la gueule. Il passe, les épaules soigneusement baissées – mais il oublie de bien dresser la tête, ce qui lui donne l'apparence d'une tortue ; il marche croit-il d'un pas ferme, alors que ses pieds trop relevés forment avec son tibia un angle droit.

    Ce sont finalement les autres qui se détournent, gênés. Acheter du pain et des clopes. Trois vélomoteurs en stationnement qui tissent leur bruissement ; Terence, au passage, n'éprouve qu'un léger embarras, les motards d'occase ne s'aperçoivent de rien. Juste son épaule au niveau de l'oreille et la baguette au-dessus du cabas. Terence au retour trébuche, la baguette tombe - une pièce jetée qui tinte sur le trottoir, les 3 jeunes braillent goo-oo-ood morning Mister Elliott ! il rit complaisamment, ramasse le pain et même la pièce. S'il se retourne il est foutu (se redresser, marquer le pas. Impeccable. De dos, irréprochable. Un dernier salut collectif de très loin, de très haut – béni soit le brouillard.

    Forteresse d'Ajaccio.JPG

    Ne pas frapper. Même si ça ferait du bien. Eviter le réflexe du poing sur les gueules. Ca recommencerait peut-être. plus haut, plus fort – altius, fortius - plus Terence s'éloigne et raisonne, moins il tremble, plus il respire ; une bonne fois tout de même il faudrait bien leur foutre sur la tronche, juste une fois, toute une couverture de bouquin sur tout le côté de la mâchoire, une revanche de la Culture - C'est pas moi – gueulerait le jeune – Moi non plus répondrait-il. Et un bon petit déjeuner par là-dessus. Une bonne thèse sur le théâtre de Shelley (Percy Bisshe [beush]) - en liaison avec Oxford (Bodleian Library), Boston (Harvard) - tarif préférentiel, pas de queue à la poste : juste atteindre la boîte aux lettres, au fond du renfoncement, quand toutes les Mobylettes se seront bien éloignées – sinon, par un sentier de petits pas chinois dans l'herbe, atteindre une autre boîte, à l'écart de tous.

    Ce trajet de rechange permet, de plus, tout au long du parcours, de bien rectifier dans les vitrines la rectitude de sa démarche, la décontraction des épaules et, pour chaque enjambée, la juste mesure entre la semelle et le sol – en avant, calme et droit.

  • Histoire et philosophie contemporaines

    Montesquieu parle depuis sa noblesse, dont sainte Wikipedia ne nous dit rien : baron de La Brède et de Montesquieu, fils de Mme Pesnel, mari d'une de Lartigue, d'ascendance protestante. Il aimerait rendre aux Parlements toutes leurs capacités de remontrance. Il est fâcheux que lesdits Parlements, sous couleur de défendre le peuple, se soient toujours essentiellement souciés de confirmer leurs privilèges et d'emmerder les rois par leurs agitations de galopins. Bien loin du rôle d'intermédiaires politiques où voulait les hausser le baron de La Brède. Nos députés sont à présent issus du peuple, mais nul n'en sort s'il n'est auparavant aidé par sa fortune colossale ou du moins l'aisance grand-bourgeoise. Et si le tirage au sort se substituait à l'élection ? Nous retrouverions alors les mêmes hasards que sous l'aristocratie.

    Nous voyons que rien ne change sans que d'autres poussent d'automatiques hurlements. « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Pourquoi voulons-nous changer ? « Pour changer de me-e-e-rde ». Guy Béart est grand. Prions et soyons charitables ? À Paris, le Ier de la lune de Zilcadé, 1720. Mélange des ères, des mois, fiction : Lettre CXXXIX, 139 pour les ignares, de Rica au même : “Voici un grand exemple de la tendresse conjugale, non seulement dans une femme, mais dans une reine. La reine de Suède -” stop : celle-ci était largement lesbienne, et tenait en la pelotant clitoris inclus sa favorite du jour sur ses genoux tandis que le pauvre Descartes, levé dès quatre heures du matin, grelottait en lisant ses Méditations ; pendant ce temps, la reine fouillait les chougnasses.

    Question : le capitaine Descartes bandait-il ? Heureuse époque en vérité, heureuse époque ! “Le saphisme” - à propos du XVIIIe siècle cette fois - “était monnaie courante, même ans le petit peuple, et l'on passait souvent de voisine en voisine pour se faire une petite gougnotterie juste avant son marché. Que les femmes étaient heureuses ! Mais Christine de Suède était donc mariée ? Oyons , et flagellons-nous la face : ô Ignortant ! il s'agit d' “Ulrique-Eléonore, épouse de Frédéric de Hesse-Cassel” - ouf ! Une femme normale ! Ce qui n'arrangera rien – voyons : “...voulant à toute force associer son époux à la couronne, pour aplanir toutes les difficultés, a envoyé aux Etats une déclaration par laquelle elle se désiste de la régence en cas qu'il soit élu”.

    Nous n'y entendons rien. La reine devenait régente automatiquement ? De son mari ? D'un prince en sa minorité ? Ou bien, “régence” signifie “pouvoir monarchique” ? Voici ce qu'en dit sainte Wikipedia : “Elle succéda en 1718 à son frère Charles XII après avoir dû accepter d'abolir la monarchie absolue. Elle accepta en effet la nouvelle constitution qui limitait la royauté, partageant le pouvoir entre le monarque, le sénat et les états. Mariée en 1715 à Frédéric IHYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Frédéric_Ier_de_Suède"er landgrave de Hesse-HYPERLINK "http://fr.wikipedia.org/wiki/Hesse-Cassel"Cassel, elle abdiqua en sa faveur en 1720. " Espagnole B.JPG

  • Coucher

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    Façade de mon-z-hôtel.JPG

    Une petite ville près d'Albi. L'hôtelier voudrait, comme aux temps anciens, que je partage une chambre avec un jeune couple : la femme se mettrait par terre, sur un matelas confortable, tandis que je rejoindrais l'homme. Cela me semble parfaitement incongru. Avant que j'aie pu commencer les négociations avec ce couple, on frappe à la porte : voici ma fille et son fils, qui voyagent ensemble, d'hôtel en hôtel, à ma façon. Eux non plus n'ont pu trouver de gîte satisfaisant dans cette bourgade. Mais eux, du moins, dans l'établissement non moins minable qu'ils ont découvert, disposent d'une chambre à deux lits pour eux seuls.

    Nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin ; ma fille sait conduire à présent, et nous repartirons après le petit-déjeuner, chacun dans sa petite exploration. Pour ma part, il me faut retourner à Bordeaux, ce qui se fait toujours sans joie. Heureusement, là-bas chez moi, certains me trouvent une certaine utilité : j'anime une émission de radio libre, et me débrouille tant bien que mal devant ma table de mixage. M'y voici donc. Et me parviennent aux oreilles des chants extérieurs à l'antenne : où se trouvent-ils, que je les entende aussi distinctement ? Ce sont des hommes, des ouvriers de langue arabe, qui passent dans la rue, au pied du studio, à l'arrière de grands camions de chantier ; ils répètent sans cesse Khaled Constantine, Khaled Constantine. Tous à l'unisson, comme veut la coutume. J'ai profité d'un disque à l'antenne pour me pencher par la fenêtre, il faut que je la referme, seulement, les battants de volets se prolongent à présent jusqu'au trottoir, sous forme d'immenses battants de plastique. Les camions sont passé, mais en me penchant trop de mon premier étage, il a bien fallu que je tombe – sans me réceptionner trop brutalement. Mais la douleur soudain se réveille : déchirement ? L'hôpital est comble, lui aussi ! Hôtel, hôpital, même mot, même encombrement, partage à nouveau d'un lit : "Bonjour. Je suis" me dit l'occupant "reporter" – ici le nom d'une revue locale. "Pourriez-vous – parlez bien en face du micro – nous expliquer votre mésaventure ? - Deux sentiments (je réponds) m'ont partagé ; d'une part, la répugnance devant l'invasion arabe. D'autre part, une immense compassion... - "Immense ?"... - pour ce chant si profond d'ouvriers déracinés, nostalgiques, miséreux. Lorsque j'ai bien dit tout ce qu'il fallait, le micro m'est coupé. Survient un couple d'une soixantaine d'années : les parents, bien nourris, de type européen – je m'enfuis : “Et s'ils me trouvent dans ton lit ?” Le reporter se met à rire avec un geste d'insouciance. Ils nous découvrent en effet, sa propre mère voudrait étaler les plis du drap avant que nous nous y étendions, mais ils sont dans un tel désordre qu'elle y renonce aussitôt.