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  • Mosquées

    Allah saisit son Prophète à la mosquée Al-Haram (à La Mecque) pour le conduire à la mosquée Al-Aqsa. Il y aurait donc deux mosquée, la première étant Al-Haram. Mais en Palestine, à cette époque, il n'en existait aucune susceptible de représenter cette mosquée « la plus éloignée » ; nul ne croyait encore en Mahomet dans cette région ; l'édification de la mosquée de Jérusalem, « Al-Aqsa », n'a débuté qu'en l'an 66 de l'Hégire (è.c. 692), c'est-à-dire à l'époque de l'Etat ommeyade, et non à celle du Prophète ou des califes.
        Quant au terme « isra », il signifie « se déplacer secrètement d'un lieu de danger à un lieu sûr ». L'expression coranique « Il a emporté son serviteur de nuit » signifie que ce dernier a reçu l'ordre de s'éloigner en secret de ses ennemis pour se rendre en un lieu sûr pour lui et sa mission. En d'autres termes, le texte parlerait de l'Hégire même du Prophète de La Mecque à  Médine, et non d'une visite en Palestine ; en effet, l'Hégire fut un succès à l'insu de ses ennemis.
        Pour ce qui est de l'expression « afin de lui montrer certains de Nos signes » : Mahomet aurait été enlevé aux cieux, aurait vu  le paradis et l'enfer, les prophètes, et les règles de conduite terrestre lui auraient été prescrites. Les signes divins concerneraient donc « la délivrance  du Prophète de ses ennemis, lesquels complotaient de l'assassiner ou de le capturer, ainsi que la création par Mahomet de l'Etat [islamique] à Médine, sa victoire lors de la bataille de Badr, puis la conquête de La Mecque et la propagation de son appel (dawa). Il s'agit là de signes tangibles placés dans le monde des hommes, qui résultaient tous du Voyage nocturne du Prophète de La Mecque à Médine ».
        Les signes cités par les exégètes devraient donc se comprendre en termes de métaphores, à moins que la nature physique du Prophète n'ait subi un changement lui ayant permis de véritablement voir ce ont il a témoigné. Le voyage de nuit, selon cette recherche, aurait donc eu lieu à Médine, et non à Jérusalem ; le voyage du Prophète à Jérusalem n'était pas une condition préalable pour qu'il voie les prophètes qui l'avaient précédé. Quant à la monture de Mahomet, qui l'a accompagné jusqu'au bout, elle symboliserait les nombreux actes de piété qui permettent de s'élever vers Allah.

    LA MOSQUEE DE MEDINE
       

    Vaste horizon.JPG

    Une tradition relate : « Il a alors poursuivi sa route jusqu'à Médine et y est entré après que se furent écoulées douze nuits depuis le mois de Rabi' Al-Awwal. L'Ansar (ensemble de ses défenseurs à Médine) se rassembla autour de lui, chacun d'eux essayant de saisir le mors de sa chamelle et l'invitant chez lui. Mais le Prophète a dit : «Laissez-la tranquille, car elle a des ordres. » Sa chamelle continua de cheminer par les rues étroites et les allées de Médine jusqu'à ce qu'elle ait atteint un marbid (endroit où l'on met les figues à sécher), qui appartenait à deux jeunes orphelines du clan des Banu Al-Najjar, devant la maison d'Abu Ayyub Al-Ansari. Alors le Prophète dit : « Voici le lieu de la halte, par la volonté d'Allah. »

     

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  • Avant-propos sur Compagnon

    Chapelle du Cantal.JPG

    Le texte de mon émission du 12 juin sur 90.1 commencera ainsi, à 18 heures : (RADIO LA CLE DES ONDES A BORDEAUX) :



        L'auteur, Antoine Compagnon, est professeur au Collège de France et aux
    Etats-Unis, ramassis d'incultes comme chacun sait, et qui nous nique profond. Sa préface est confondante : tous les reproches que l'on pourrait faire à cet "été avec
    Montaigne, il se les est déjà faits à lui-même : dix minutes par jour à l'heure du jeu des Mille francs devenus Mille euros, pour un tel auteur, c'était du charcutage, du massacre. Il était, il est toujours de bon ton, de présenter une oeuvre avec tout le falbala prévu, "in extenso", gravement, universitairement. De noyer son lecteur d'une bienfaisante érudition, à l'ancienne, avec marbres et volutes.
        Mais, nous répète-t-on, l'époque (maudite époque, et ne la maudissez pas, "car vous n'en connaîtrez aucune autre") est celle du zapping, en québécois du "pitonnage" : on change ce chaîne, de femme, de chaussettes, dès que la couleur ne nous plaît plus.
    Pour ceux qui veulent vraiment se faire chier, il existe France Culture. Pour ceux qui veulent considérer Montaigne ou Mozart comme des "compagnons", justement, il y a les assassins de Radio-Classique ou monsieur Lodéon, qui désacralisent la révérence en diffusant des extraits de trois à cinq minutes, de préférence un troisième mouvement, pas plus longtemps qu'une chanson de Charles Trenet ou de Higelin. Et ça marche.
        Quantativement, ça marche. Les extraits classiques, ça se laisse écouter, on peut bouffer des chips sur du Bach, c'est populaire, après tout Bach, Montesquieu, Bécassine, c'est ma cousine, Chopin, c'est mon copain. Et cela fonctionne à la façon d'un hameçon poil au caleçon, les uns s'en tiennent là mais peuvent toujours ne pas se faire larguer dans une conversation, les autres approfondissent, creusent, élargissent,
    comme un accoucheur de siamois. Peut-être que c'est bon pour le qualitatif, pour la culture, dont j'ignore la définition.
        Il se dit tout cela, l'auteur, sous son parasol, et il fonce quand même ; enfin, doucement, mais consciencieusement, au rythme de Montaigne, d'un jour sur l'autre en pleine chaleur estivale, anno secundo millesimo duodecimo, 2012 pour les non-latinistes enfin triomphants. Je vais vous dire franchement : ce petit livre jaune, sauf le respect que je dois à Monsieur le Maire de Bordeaux nommé de Montaigne (on attend toujours les essais de M. Juppé, sa femme a fait paraître "La femme digitale " ce qui dès le titre prouve un aveuglement funeste aux interprétations délirantes et d'autant plus révélatrices)  - ce livre est chiant. Parce que tout est trop court. Mais l'auteur l'a dit. Parce que nécessairement, ça reste superficiel. Mais Compagnon l'a dit. Parce que ça tourne court, avec des conclusions très plates dignes en effet de la pensée minimum, et ça, il ne l'a pas dit, attrape.
        Parce que ça veut faire croire que Montaigne s'occupait de féminisme et de vie quotidienne pleine de contacts, ce qui bon pour nous mais ne voulait pas dire grand-chose au XVIe siècle : plaquer nos petites problématiques à faire bâiller sur le contexte de la Renaissance, ça ne colle pas. Parce que le texte de Montaigne, même en orthographe moderne, c'est contourné, c'est ardu, rempli d'aspérités, difficilement saisissable : on parle de nonchalance, on pourrait dire négligence (le texte fut dicté, non écrit, seule les annotations en marge sont de la main de Michel de), balade bon enfant, dans une langue savoureuse et archaïque mais qui n'est plus la nôtre.
        Montaigne apporte tant de correctif à ses douceurs que l'on en vient à se demander ce qu'il veut dire, ce qu'il pense vraiment. Alors, ce que je reprochais à Compagnon, c'est de paraphraser : "Tu me dis que la Princesse vient de se retirer dans son dônjôn", mais le moyen vraiment de faire autrement pour le brave auditeur qui ne veut pas de casser la tête avant les infos fermer les guillements. Il faut bien se mettre à la portée de tout un chacun, de cada cada, et lui montrer une pensée toute simple. Ce qui transforme volontiers, insensiblement, Michel de Montaigne en pépère bien modéré,  qui pense à peu près comme tout le monde de nos jours (quel précurseur ! mais quel rasoir !) en une époque où l'on se trucidait pour des raisons de chiisme ou de sunnisme, pardon de catholicisme ou de protestantisme.
        Et chacun de se dire : "Après tout, je fais comme Montaigne, je suis pacifiste, j'aime bien les femmes, je donne raison à tout le monde, je suis un brave homme qui ne ferait de mal à personne même à une mouche avec des gants de boxe, passons à Claire Servageant qui a failli être érotique à un "i" près... Montaigne, à part quelques exceptions, n'a jamais suscité en moi, le plouc, d'adhésion, d'émotion particulière. Nous savons que l'homme a bien chevauché, négociant avec le futur Henri IV, manquant de se faire tuer à cause de sa modération - car en ce temps-là, il fallait choisir son camp et vite, nous savons tout cela, qu'il cherche à se faire passer pour un jouisseur sans excès, pour un adepte du "carpe diem" ah merde encore du latin élitiste, alors qu'il fut sans doute extrêmement agité, habile, politicien, etc.
        Hélas, ce livre est trop touche à tout, comme celui dont il traite, mais Compagnon l'avait dit...

     

     

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  • Dom Juan, Figaro, Carmen

    J'emprunte ce titre à une conférence donnée en 2007 par l'éditeur de musique Boit, fascinant monologue om l'on entend ce piètre pédagogue tourner les pages et lire ce qu'il a soigneusement composé. Mais essayez de le trouver, cela s'appelle "La Trilogie de Séville" : en effet, sa voix comptée de vieil homme vous transporte dans un festival d'érudition accessible, par un hispanophone distingué, connaissant tout du théâtre andalou du XVIIe siècle, où les spectateurs lançaient des rats vivants sur scène, et des épigrammes salaces aux femmes du deuxième balcon, qui répliquaient sur le même ton. Si cela peut vous appâter, et je sais que ça le peut, c'est avec cet éditeur que j'ai appris l'homosexualité ainsi que la juiverie de Cervantès : cela n'est pas dans les livres scolaires. 

     

     

     

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  • Montesquieu, Essai sur le goût

        Montesquieu se trouve le plus représenté dans notre livre. Il fut tiré au sort un jour béni, car je possédais son œuvre complète chez la Pléiade. Et nous en sommes aux derniers écrits. L'éloge du  Maréchal de Berwick montre l'admiration de l'auteur pour ce fils de roi d'Angleterre, qui passa l'essentiel de sa vie à guerroyer, sous commandement français, et naturalisé français. Par sa mère Arabella il descendait des Churchill. Montesquieu ne s'attarde pas à blâmer la guerre, qui ne la blâmerait ? Mais il la juge nécessaire, si possible sans combattre : comme en Espagne, contre les Portugais. Le jugement juste de Montesquieu force l'admiration, à notre époque où toutes les raisons sont mêlées, si bien que l'on n'en distingue plus une bonne. 
        Les embrouilles venaient d'ailleurs, et les historiens connaissent les démêlés de Berwick avec le duc de Vendôme : il valait mieux flatter la cour que de remporter des succès. Ces embarras-là se résolvaient par la raison. Les nôtres, les modernes, ne se peuvent même plus résoudre par la ; - raison : il n'y a plus que des raisons. Montesquieu rend hommage au duc de Berwick : il aura dit-il approché l'un de ces hommes illustres décrits et vantés par Plutarque. Suivent des anecdotes plaisantes sur la cour de Nancy, un apologue sur les malheurs du philosophe Callisthène sous Alexandre (le titre en est Lysimaque), enfin, pour aujourd'hui, son Essai sur le goût, qui jouit d'une certaine estime auprès des montesquiolâtres.
        Nous craignons de ces considérations évidentes qu'il assénait déjà dans sa jeunesse, comme un retour à des sources fâcheuses. Mais c'est sans compter avec la pénétration du drôle vieillissant. La vérité, c'est ce qui m'arrange. Et nous le trouvons tous, « depuis qu'il y a des hommes ». Heureusement, notre pullulement nous sauve, et nous varions les expressions, faute d'approfondir les pensées : des choses utiles pour nous, nous disons qu'elle est bonne ; lorsque nous trouvons du plaisir à la voir, sans que nous y démêlions une utilité présente, nous l'appelons belle. Grimaudons : le beau ne sert à rien, et surtout pas à véhiculer une idéologie. Cependant, lorsqu'on veut trouver une chose laide, nous lui attribuons faussement, avec la meilleure foi du monde, une idéologie, puis nous affirmons la laideur avec fausseté.
        D'abord, nous faisons coïncider notre jugement et nos intérêts. Montesquieu tire cela des Anglais. Or, ces lignes étaient suivies, dans le texte de L'encyclopédie, par celles-ci, plus polémiques : Les anciens n'avoient pas bien démêlé ceci : ils regardaient comme des qualités positives toutes les qualités relatives de notre âme ; - absolues, dirions-nous. Issues des conceptions de Platon, venues des concepts en soi, du ciel des idées. Montesquieu utilisait le concept d'utilité, battu en brèche aussi de nos jours. Mais pour son époque, Montesquieu fut un esprit fort. Les stupides jésuites avaient vu clair et perspicacement : le positivisme, le relativisme, en vidant le ciel de ses idées, le vidaient aussi de la providence, et du Dieu catholique. Il nous plaît de lire ensuite : ce qui fait que ces dialogues ou Platon fait raisonner Sucrate, ces dialogues si admirés des anciens, sont aujourd'hui insoutenables, pare qu'ils sont fondés sur une philosophie fausse ; - faux, Platon ? Sacrilège philosophique, voire métaphysique ! Notre contemporain Michel Onfray, si discutable qu'il soit, se fût réjoui  d'un précédent si illustre. 
        Montesquieu n'est pas hédoniste, « adonné aux plaisirs » ; mais il l'est suffisamment pour bien comprendre ce mot et cette pratique : obtenir le plaisir raisonnablement, sans excès d'aucun ordre. Il fut voluptueux dans sa jeunesse. Mais il se rangea, épousa dame Lartigue, et pouvait reprendre Le mondain de Voltaire : Ah ! le bon temps que ce siècle de fer ! Et ppour enfoncer (justement) le clou, Montesquieu énumère : car tous ces raisonnements tirés sur le bon, le beau, le parfait, le sage, le fou, le dur, le mou, le sec,l'humide, traités comme des choses positives, entendez « en soi », ne signifient plus rien. Nous aimons beaucoup ce verbe tirés. C'est tout condamner d'un coup, dans le pêle-mêle des opposés. Bovin crénelage.JPG
        On appelle cela non pas l'hédonisme à proprement parler, mais son fondement, le sensualisme, dont John Locke est le précurseur, confirmé par Condillac en 1754. Faut-il pour autant brûler Platon ? ...Il existe après tout d'autres géométries qu'euclidienne. Pour notre part, nous estimons nécessaire que l'idéalisme oppose un frein à l'empirisme, au sensualisme, qui soumettrait les nations aux plus forts, à ceux qui jouiraient le mieux. Ce qui est faux, d'ailleurs. Montesquieu en tout cas, poursuivant son raisonnement, ajoute : Les sources du beau, du bon, de l'agréable, etc., sont donc dans nous-mêmes , et en chercher les raisons, c'est chercher les causes des plaisirs de notre âme. Le dernier mot n'est pas à prendre au sens catholique.
        Montesquieu ferraillant contre les mollusqueux jésuites prend toujours bien soin de réserver le fait religieux, et de dépeindre son ignorance théologique. Il valait mieux. Mais c'était comme si l'on prétendait que les lois physiques universelle ne s'appliquaient pas dans les Etats du Pape. Or, admettre l'empirisme, le sensualisme, c'est nier, ou du moins fortement remettre en doute, les avantages de l'au-delà, du transcendant : l'immortalité, l'éternel bonheur d'après la mort, le sentiment d'être quelque chose, d'appartenir à l'espèce élue, l'espèce humaine. Il me faudrait donc renoncer à tout ça. Nous abord dondon ce traité avec circonspection, d'une lèvre boudeuse, car il nous sera suggéré que mieux vaut profiter d'ici-bas que de supputer des jouissances au-delà, c'est-à-dire l'exact envers, sur ce point, du pari de Pascal.  Ce qui déplaît fortement à ceux qui se voient transportés dans l'Empyrée, contemplant le monde à côté de Balzac ou Newton. Examinons donc notre âme, étudions-là dans ses actions et dans ses passions, cherchons-là dans ses plaisirs ; c'est là où elle se manifeste davantage. C'est de la provocation, du moins de la malignité : rapprocher ces deux mots, âme et plaisirs, même pourvus d'acceptions différentes ! Mais qu'est-ce qu'un plaisir ? ...on ne peut fonder un langage, une communication, sans recourir peu ou prou à des idées, à des conceptions généralement admises.
        Autrement nous passerions notre temps à fouiller, à ciseler nos définitions, et nous n'en sortirions point, et le raisonnement se déliterait. Par exemple : celui dont le plaisir est de lire nous montre une âme éprise d'abstractions et d'idées. Ce qui redonne sa force à Platon. Car il est difficile d'interpréter le plaisir de lire aux seules lumières du sensualisme. Voire même le plaisir de penser, de raisonner. On ne met pas si facilement de côté la transcendance de l'homme, ou son désir de transcendance. Mais Montesquieu ne se dérobe pas : La poésie, la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique, la danse, les différentes sortes de jeux, enfin les ouvrages de la nature et de l'art peuvent lui donner du plaisir ; - même si les jeux inclinent un peu vers le vin et la viande, nous ne pouvons pas prétendre que le sensualisme amène à la vulgarité que lui reprocheraient nos bons Pères : mais les ouvrages de la nature établissent le lien entre l'homme qui pense et l'homme qui jouit.  
        Et l'art, en ce temps-là, se définit encore, pour la peinture, comme imitation de la nature – qu'en sera-t-il alors de la musique... Etc

     

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