Dom Juan, Figaro, Carmen
J'emprunte ce titre à une conférence donnée en 2007 par l'éditeur de musique Boit, fascinant monologue om l'on entend ce piètre pédagogue tourner les pages et lire ce qu'il a soigneusement composé. Mais essayez de le trouver, cela s'appelle "La Trilogie de Séville" : en effet, sa voix comptée de vieil homme vous transporte dans un festival d'érudition accessible, par un hispanophone distingué, connaissant tout du théâtre andalou du XVIIe siècle, où les spectateurs lançaient des rats vivants sur scène, et des épigrammes salaces aux femmes du deuxième balcon, qui répliquaient sur le même ton. Si cela peut vous appâter, et je sais que ça le peut, c'est avec cet éditeur que j'ai appris l'homosexualité ainsi que la juiverie de Cervantès : cela n'est pas dans les livres scolaires.
Et le cours magistral qu'il délivre à l'ancienne en Sorbonne je crois finit par fasciner, par son autorité, sa gravité non exempte d'humour universitaire, de distinction aussi, de la sûreté du professeur qui connaît sa matière et finit par vous laisser sur votre faim. Il faut l'entendre manier la référence, et clouer Montherlant dont une "très mauvaise pièce" porte le même nom que celle de Tirso de Molina. J'aimerais infliger une telle leçon à des adultes distingués, moi-même en costume-cravate, et planer modestement. Ce sont de tels conférenciers qui maintiennent le renom de l'enseignement véritable, et je voudrais conclure noblement par une belle formule définitive. C'est que je suis encombré de moi-même, alors que le remarquable vieil homme ne se soucie que de transmettre le plus haut de son savoir et de la science littéraire.