Proullaud296

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der grüne Affe - Page 103

  • Mouloud

    (« MOULOUD ») (naissance du Prophète)

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    DATE
         Pas plus que pour le Christ, nous ne possédons de traces précises de la date de naissance de Mahomet. Il serait venu au monde le lundi 12 du troisième mois, Rabia al Awal, en 570, « année de l'éléphant ». Cette naissance n'est pas célébrée (sauf sans doute, jusqu'à l'avènement du vizir   Al-Malik al-Afdhal, ainsi que les anniversaires d'Ali et de Fatima (1095), dans  la dynastie fatimide), car elle ne serait pas conforme à l'enseignement du Coran.

    RESTRICTIONS 
         Il existe, disent certains religieux, deux catégories d'innovations : les nuisibles, et les tolérables. En 1207, au VIIe siècle de l'Hégire, le roi Irbil exprima le souhait que l'on se réjouît publiquement pour cette noble naissance.  Il n'y aurait donc pas à blâmer cette innovation, digne d'être nommée une bonne tradition (sounna haçanah). En Arabie séoudite, cette célébration n'est pas interdite par le ministère des affaires religieuses. Ce sont les salafistes qui mettent en relief l'interdiction formelle de célébrer ce jour-là : « Le Prophète a dit : « Ne me louez pas comme les chrétiens ont loué le fils de Marie. Je ne suis qu'un serviteur et dites plutôt « serviteur et messager de Dieu » ; ils assimileraient donc la célébration de l'anniversaire de Mahomet à une manifestation d'idolâtrie – ce à quoi se livreraient les chrétiens le jour de Noël. Cette fête, non plus que le Jour de l'an ou le carnaval, ne présente évidemment aucun caractère sacré pour le musulman.
         Rappelons que la stricte obédience islamique admettrait seulement deux fêtes : l'Aïd el Adha (Fête du sacrifice) et l'AId el Fitr (Fête de rupture du jeûne). Le Prophète n'a jamais fêté son anniversaire, non plus que ses compagnons. Tout musulman est tenu de suivre ce que le Prophète et ses compagnons faisaient, sans innover, ainsi le jeûne du ramadan et le sacrifice du mouton. Il est inutile, comme le suggère le démon (ce que disent les salafistes) de gaspiller son temps et son argent à de telles occasion : tous deux seraient mieux employés à faire l'aumône et à prier. « Les dépensiers sont les frères des diables et le Diable est vis-à-vis de son Seigneur un très grand négateur » (Allah Taâla, sur le verset 27/17). Que dire alors de ceux qui adressent des prières au Prophète en lui demandant d'exaucer tel ou tel vœu, comme le feraient les chrétiens avec leurs saints, ou bien pensent que Dieu créa le monde pour Mahomet. Mais d'autres musulmans ont RELIGIEUSES MUSULMANES                    119
    AL MAWLID (« MOULOUD »)



    rétorqué :  « Comment les «Salafi» peuvent-ils déclarer quelque chose de haram (interdit) alors que le plus strict de leurs savants, Ibn Taymiyya, permit de célébrer sous certaines conditions, et que ibn al-Jawzi et ibn Kathir encouragèrent chacun en rédigeant un livret intitulé Mawlid et composé de poèmes et de passages tirés de leur sira ? » Cette fête, en marge de la pratique religieuse, relèverait donc de la tradition populaire.

    COUTUMES
        Or, les mêmes coutumes se retrouvent pour cette fête : sacrifices de chameaux, de vaches, de moutons, festivités, cadeaux, consommation de pâtisseries et de confiseries – les petits enfants arborent leurs plus beaux costumes. En Algérie, grand repas à la tombée de la nuit, fusées, pétards.  Offrandes d'aumônes aussi bien sûr. En 2007, le sultan  Mohammed VI accorda sa grâce  à 710 personnes. Des soirées de danse et de poésie célèbrent la vie du Prophète et divers aspects de la vie religieuse musulmane. A Salé, en face de Rabat, se tient la veille une grande procession des cierges, et plusieurs soirées musicales sont organisées.  A Meknès, les Aïssaoua se rendent en pèlerinage sur la tombe de Cheïkh El Kamel, El Hadi Ben Aïssa,  « saint de la délivrance ».  Au Sénégal, c'est le Gamu, nom du mois de Muharram en ouolof : on ne travaille pas ce jour-là. Cette fête est célébrée d'un bout à l'autre du monde musulman, de l'Egypte à Singapour, en public aussi bien qu'en privé.
        Ni le jour de l'Hégire, ni celui du Voyage et de l'Ascension nocturne (voir infra)  ne sont cependant fêtés dans le cadre d'un rituel.

  • Cimetière et retour

    Du 4 rue du Poujeau jusqu'à
     rue Blanqui au Bouscat


    Prendre Rue Poujeau 0 m 0 min

    Feu.JPG

    2. Fin de zone piétonne : Continuer avec votre véhicule et continuer sur 113 m 0 m 0 min
    3. Prendre à gauche Rue Lavoisier et continuer sur 136 m 113 m 0 min
    4. Prendre à gauche Rue Stéhélin et continuer sur 14 m 249 m 1 min
    5. Prendre à droite Rue Dutour et continuer sur 107 m 263 m 1 min
    6. Prendre à gauche Rue Cérey et continuer sur 227 m 370 m 2 min
    7. Prendre à droite Rue Masson et continuer sur 309 m 597 m 3 min
    8. Prendre à gauche Avenue Saint-Amand et continuer sur 68 m 906 m 4 min
    9. Continuer tout droit Avenue de Verdun et continuer sur 286 m 974 m 5 min
    10. Prendre à droite Avenue de Strasbourg et continuer sur 96 m 1,3 km 6 min
    11. Prendre à gauche Rue Lamolinerie et continuer sur 144 m 1,4 km 7 min
    12. Continuer tout droit Rue Coiffard et continuer sur 178 m 1,5 km 8 min
    Le Bouscat
    13. Prendre à droite Avenue d'Eysines et continuer sur 101 m 1,7 km 8 min
    14. Prendre à gauche Rue Faidherbe et continuer sur 146 m 1,8 km 9 min
    15. Prendre à gauche Rue Roger Salengro et continuer sur 70 m 1,9 km 9 min
    16. Prendre à droite Avenue Léo Lagrange et continuer sur 170 m 2,0 km 10 min
    17. Prendre à gauche Rue Lamartine et continuer sur 195 m 2,2 km 10 min
    18. Au rond-point, prendre à droite Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny et continuer sur 94 m 2,4 km 11 min
    19. Au rond-point, continuer tout droit Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny et continuer sur 123 m 2,5 km 11 min
    20. Continuer tout droit Rue Paul Bert et continuer sur 280 m 2,6 km 12 min
    21. Au rond-point, continuer tout droit Avenue Léon Blum et continuer sur 54 m 2,9 km 13 min
    22. Au rond-point, continuer tout droit Rue Coudol et continuer sur 410 m 2,9 km 14 min
    23. Prendre à droite Avenue de Tivoli et continuer sur 76 m 3,3 km 16 min
    24. Zone piétonne : Stationner votre véhicule et continuer à pied 3,4 km 16 min
    25. Prendre à gauche Rue Blanqui et continuer sur 56 m


    4 Avenue Victoria 33700 MERIGNAC / CIMETIERE DU BOUSCAT 2 Rue Blanqui




    - environ 12 minutes
     
        1.    Prendre la direction estsur Avenue Victoriavers Rue Bel air    57 m      
        2.    Tourner à la 1re à gaucheet continuer sur Rue Bel air    0,2 km      
        3.    Tourner à la 1re à droiteet continuer sur Avenue Léon Blum    0,3 km      
        4.    Continuer sur Rue de Capeyron    94 m      
        5.    Prendre à gauchesur Rue Périnot    0,6 km      
        6.    Rue Périnottourne légèrement à gaucheet devient Rue Lagraveyre    0,3 km      
        7.    Prendre à droitesur Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny    1,2 km      
        8.    Prendre à gauchesur Avenue de Verdun    0,6 km      
        9.    Au rond-point, continuer tout droit sur Rue de Caudéran    0,3 km      
        10.    Prendre à droitesur Rue Constant    0,2 km      
        11.    Continuer sur Avenue Marius Marchandou    0,2 km      
        12.    Au rond-point, continuer tout droit sur Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny    0,1 km      
        13.    Tourner à gauchepour rester sur Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny    27 m      
        14.    Tourner légèrement à droitepour continuer sur Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny    91 m      
        15.    Continuer sur Rue Paul Bert    0,3 km      
        16.    Au rond-point, continuer tout droit sur Avenue Léon Blum    51 m      
        17.    Au rond-point, continuer tout droit sur Rue Coudol    0,2 km      
        18.    Prendre à droitesur Rue Bertrand Hauret    0,2 km      
        19.    Au rond-point, prendre la 3esortie sur Cours Louis Blanc    0,2 km      
        20.    Au rond-point, prendre la 3esortie sur Avenue de Tivoli    0,1 km      
        21.    Prendre à droite sur Rue de Verdun    0,4 km      
        22.    Prendre à gauche sur Rue Blanqui    0,2 km     



    CIMETIERE DU BOUSCAT 2 Rue Blanqui / 4 Avenue Victoria 33700 MERIGNAC

    6,3 km - environ 12 minutes
     
        1.    Prendre la direction ouestsur Rue Blanquivers Avenue de Tivoli    31 m      
        2.    Prendre à gauchesur Avenue de Tivoli    0,2 km      
        3.    Au rond-point, prendre la 2esortie et continuer sur Avenue de Tivoli    0,8 km      
        4.    Prendre à droitesur Boulevard Pierre 1er    0,4 km      
        5.    Continuer sur Boulevard Président Wilson    0,1 km      
        6.    Continuer sur Boulevard du Président Wilson    0,9 km      
        7.    Prendre à droitesur Rue Pasteur    0,9 km      
        8.    Au rond-point, prendre la 1resortie et continuer sur Rue Pasteur    1,9 km      
        9.    Continuer sur Rue Louis Pasteur    0,1 km      
        10.    Continuer sur Avenue de Montesquieu    0,5 km      
        11.    Prendre à droitesur Rue du Jard    45 m      
        12.    Tourner à la 1re à droiteet rester sur Rue du Jard
    Traverser le rond-point    0,3 km      
        13.    Prendre à droitesur Avenue Victoria    22 m     

  • L'Ingénu

        Il me faudra donc encore déposer mes excréments au pied  des grands textes, comme si bien l'exprime le Huron du conte. Mais ce n'est pas pour démolir Jean Racine, ou Fénelon : c'est pour développer Voltaire. On le revend ces temps-ci, pour cause d'attentats. L'Ingénu, étymologiquement, c'est «l'homme libre ». Dans le conte précité, c'est le Candide, celui qui s'instruit par la simple nature de son esprit délié. Le voici sorti de prison, par le sacrifice de Mlle de St-Yves, qu'il ne conçoit pas : il faut, dit-il en substance, que le pouvoir de la beauté soit bien grand à la cour. Mais elle s'est donnée avec horreur afin d'obtenir ce double élargissement, si l'on peut me permettre. Il est triple même, car le père Gordon, janséniste, et professeur du jeune prisonnier, s'est vu lui aussi grâcié.
        Cela n'est pas sans annoncer le Comte de Monte-Cristo et l'abbé Faria ; mais ce dernier fournit un trésor, et c'est, ici, le Huron qui offre à son compagnon de geôle un cadeau plus précieux : la liberté de penser. Et c'est ainsi que, par miracle, un Huron convertit un janséniste. Et chacun raconte ses aventures à table, au milieu d'une famille attendrie, tandis que la belle St.Yves ne sait plus où se mettre. « Hélas ! dit Gordon, il y a peut-être plus de cinq cents personnes vertueuses qui sont à présent dans les mêmes fers que mademoiselle de St. Yves a brisés ». Faudra-t-elle coucher cinq cents fois ? Nœud sartrien (Les mains sales), nœud cornélien – nœud de Lorenzaccio ! « Comparez les trois situations, vous avez quatre heures ».
        Nous n'avons pas trouvé d'exemple pour Corneille et n'employons le dérivé qu'à titre général. Nous avons fort apprécié l'appréciation de l'Ingénu, au passage, concernant Rodogune,qui laisse en effet les yeux secs. Ces enfermements sont bien propices aux confessions littéraires, et Voltaire s'y livre. À l'écoute de ces maux bastillaires, la belle St. Yves doit croupir dans sa honte, et nous autres, sottement, nous attendons : confessera-t-elle ce moyen de délivrance qu'elle a utilisé ? « ...leurs malheurs sont inconnus », poursuit le brave ecclésiastique. « On trouve assez de mains qui frappent sur la foule des malheureux, et rarement une secourable. » Belles paroles. Nous étions au temps de Louis XIV, et la Bastille fonctionnait à fond. « Cette réflexion si vraie augmentait sa sensibilité et sa reconnaissance : tout redoublait le triomphe de la  belle St. Yves ; on admirait la grandeur et la fermeté de son âme. » A sa plus grande confusion bien entendu.
      

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      Il semblera bien étonnant au misérable cacographe que je suis de voir l'auteur considérer que les mots augmentent la sensibilité de celui qui les prononce, par un effet de renforcement mutuel. Mais la chose n'est point fausse, et Voltaire le savait. Bien ingénue en vérité toute cette assemblée bretonne. « L'admiration était mêlée de ce respect qu'on sent malgré soi pour une personne qu'on croit avoir du crédit à la cour ». Bien plus que pour la bonne action. Voyez la belle perfidie. Honneur, pouvoir et vertu : ces trois choses ne devraient-elles pas marcher de conserve ? « Mais l'abbé de St. Yves disait quelquefois : « Comment ma sœur a-t-elle pu faire pour obtenir si tôt ce crédit ? »
        « On allait se mettre à table de très bonne heure. » L'expression « se mettre à table » avait-elle déjà ce sens à l'époque de Voltaire ? Les soupçons ne viennent que peu à peu. Mais bien des femmes aussi délivrèrent des prisonnniers pendant la Seconde Guerre modiale. Ou alors, très peu. La question tout de même se sera posée. « Il n'y a qu'à », disent les hommes, qui ne sont pas des femmes. « Voilà que la bonne amie de Versailles arrive, sans rien savoir de ce qui s'était passé ; elle était en carrosse à six chevaux, et on voit bien à qui appartenait l'équipage ». C'est elle apparemment qui a conseillé la jeune St. Yves. Nul doute qu'elle ne fasse commerce de ses charmes, non pas par putinerie, mais par ces seuls moyens laissés aux femmes trop souvent pour se soutenir en société.
        Il n'est pas sûr qu'elles se soient bien délivrées de ces servitudes. La nature ici et l'atavisme s'entremêlent de trop près. La femme est plus petite et plus faible que l'homme, il en est ainsi dans notre espèce. Leur égalité tient encore dans leur parure, et le respect que leur fierté peut inspirer. Je dis ma foi de bien exactes sottises. « Elle entre avec l'air imposant d'une personne de cour qui a de grandes affaires, salue très légèrement la compagnie, et tirant la belle St. Yves à l'écart : « Pourquoi vous faire tant attendre ? » - à la cour sans doute ? Où l'on obtient tant avec son cul ? Brave mère maquerelle ! Ô cruels tourments de la pureté ! « Suivez-moi : voilà vos diamants que vous aviez oubliés. » Elle ne put dire ces paroles si bas que l'Ingénu ne les entendît : il vit les diamants ; le frère fut interdit ; l'oncle et la tante n'éprouvèrent qu'une surprise de bonnes gens qui n'avaient jamais vu une telle magnificence ».
        Voltaire bavarde. Il y prend plaisir. Il n'omet rien de ce qui rend le conte bien vivant. Il n'y  a qu'en « Basse-Bretagne » qu'on croie ainsi en la vertu. L'Ingénu fera scandale, sur le dos de l'entremetteuse, la scène sera terrible, avec évanouissements et maints éclats de voix indignés. Puis tout se terminera bien – à moins que le Huron, écœuré, ne s'en retourne en Huronie, avec ou sans sa promise. « Le jeune homme, qui s'était formé par un an de réflexions, en fit malgré lui, et parut troublé un moment ». Ma foi, voici de la prose bien tournée, mon Excrétion n'y trouve rien à redire non plus qu'à dire, le Huron se forme par la tête, la fille par le cul, « son amante s'en aperçut ; une pâleur mortelle » - toujours mortelle, la pâleur - « se répandit sur son beau visage » mais il faut bien que le cliché soutienne l'expression, toujours parodique, « un frisson la saisit, elle se soutenait à peine. « Ah ! madame, dit-elle à la fatale amie, vous m'avez perdue ! vous me donnez la mort ! » - ô perte inestimable d'une telle langue, théâtralité du propos, du sujet, des jeux de scène : la sensibilité n'est pas loin : « Ces paroles percèrent le cœur de l'Ingénu ; mais il avait déjà appris à se posséder ; il ne les releva point, de peur d'inquiéter sa maîtresse devant son frère ; mais il pâlit comme elle. »

  • Vingt-quatre heures de la vie d'une femme

           Débarrassons-nous des indications graphiques : Vingt-quatre heures / de la vie / d'une femme, en rose tendre, Stefan Zweig, le nom de famille en rose soutenu ; en bas à gauche, en noir sévère, "Edition enrichie / Traduction / d'Alzir Hella", "faisant référence" car expressément choisie par l'auteur parfait francophone ; en bas à droite, le dispensable écusson ovale du Livre de Poche en belles polices blanches sur fond de gueules. Le tout sur fond gris de photo noir et blanc, et trois étages ou terrasses de murailles à 40% de la hauteur à gauche, butant sur une longue robe au premier plan. C'est une robe blanche antique en effet, aux longs drapés pendants recouvrant tout à fait la jambe éloignée, mais renforçant la saillie d'un genou immaculé.
        Comme il est peu vraisemblable que la jambe éloignée se présente avec une telle longueur sur une telle raideur, à moins de soupçonneur un écartement sensuel déplacé autant que déformé, il nous faut mieux observer, pour nous apercevoir que le pan de cette robe antique épouse l'arête supérieure d'un mur de pierre méditerranéenne, tandis que les deux jambes, en effet, sont croisées l'une sur l'autre. L'arête verticale, perpendiculaire et creusée à la gouge en partie supérieure de l'angle, parvient au milieu de la cuisse porteuse, dont la partie tournée vers nous dessine un triangle arrondi dans l'ombre. La photo semble soigneusement posée, comme on aimait à les faire à l'époque de la nouvelle qu'elle illustre : grande oblique à 45° par le mur couvert d'étoffe, les saillies alignées  de la hanche, de l'épaule, du front ; fluidité féminine et ferme du profil harmonieusement déhanché, marquage de la taille soulignée par un ceinturage en bande, seins de face en légère oblique, bras gauche présentant la pointe du coude et rajustant la chevelure à notre droite en mouvement croisé.
      Enseigne rochelaise.JPG  Toute une géométrie où nous pourrions relever l'harmonie des lignes, des creux et des saillies, ainsi de cet autre triangle arrondi formé par le bras d'appui sur le mur, le mur lui-même et la hanche effacée. Les doigts fermement crochés sur la pierre soutiennent le poids souple du corps, l'autre main rajustant les cheveux détache un petit doigt, le bijou d'un majeur, au-dessus d'unu bracelet cannelé. C'est un geste très noble, très soucieux d'harmonie, un visage lisse en contre-plongée aux yeux étirés dans l'ombre, nez, bouche et menton exactement dessinés, féminins et sans mièvrerie ; une jeune femme rêveuse et soucieuse en longue tunique blanche, exactement statue grecque n'était ce toupet de brushing trahissant les années 30.
        Ce geste représente ce que l'on se figurait à juste titre de la féminité aux temps où l'on pouvait encore se sentir séduisante dans la dignité, dans la majesté naturelle, dans l'abandon aristocratique. Il nous étonnerait beaucoup que l'artiste ait surpris ce geste au milieu d'une impitoyable mitraillade de clichés  parmi lesquels on choisit le plus impressionnant. Mais une telle attitude peut se retrouver dans le naturel de ces femmes riches et jeunes. La conscience de son propre charme s'efface dans une rêverie voluptueuse adressée aux rayons d'un soleil à peu près zénithal. C'est très savant, très chaste, très pur, très romantique, très féminin, très tendre sans mollesse, énergique par les doigts qui crochètent la pierre ; très exactement le modèle de femme que l'on pouvait proposer aux hommes qui rêvent d'un amour respectueux. Elle descendra de son faux piédestal, vous sourira, vous ouvrira les bras si vous avez suscité sa confiance, elle aimera sincèrement, vulnérable, éphémère, cliché vivant sur un cliché.
        C'est agaçant, irréaliste, idéalisé, ça change des mannequins de magazine, cela n'inspire dans un premier temps que la pureté, l'émotion, des choses que l'on n'éprouve plus – Où sont les femmes  - dont le pouvoir illusoire s'est écroulé sous les avalanches de démonstrations lucides, car il ne faut plus que les femmes soient dupes, il ne faut plus que les hommes soient dupes, il faut se regarder durement, peser le pour et le contre, non plus adorateurs, mais partenaires. Nulle nostalgie d'ailleurs. Voyez cependant ce qu'était une femme, photogénique et palpitante, témoignage de sensualités à jamais révolues.    

  • Nietzsche et autres inconnus

        1944.- Ce sont des révolutionnaires en chambre ou dans la rue, c'est la même chose ! La planète est un théâtre bien petit pour une révolution. Ils n'attendent que de passer d'une cage dans une autre et n'ont pas compris qie le lieu le plus vaste pour la révolution, c'est le cerveau !
        Là, pas de barricades, de petite guerre et d'agitation, mais le péril des profondeurs, le néant et les ténèbres de l'âme. Les vrais révolutionnaires sont dans les asiles psychiatriques. IL n'y a pas d'autre voie !

    La grosse tour floue.JPG


                Jocelyne SALOME
                « L'Editorial » du n° 38 de juin 1974 d' « Eurêka »

        1945. - Il ne faut jamais oublier que ce sont les adultes qui ont toujours su décrire, recréer le paradis perdu de l'enfance ; aucun enfant, si doué soit-il, ne pourrait concrétiser l'impalpable. Il faut les dures leçons de la vie pour sentir totalement et comprendre ce que fut ce miracle à jamais enfui, « l'enfance ».
                Jacques FEUILLY
        Danse et télévision  Article du n° 64 du 10 mai – 10 juin de « Les Saisons de la danse »

    Juin 1974

        1946.-  Mes œuvres sont si étroitement liées à ma propre formation spirituelle, et j'ai besoin de subir d'abord une si profonde rééducation intérieure qu'il ne faut pas espérer prochaine la publication de nouveaux ouvrages de moi.
                Nicolas GOGOL
                « Lettre à Pletniov » du 24-9  /  6-10 1843

        1947. -  Du désir de se perfectionner soi-même à celui d'en faire profiter les autres, du ton de la confession à celui du sermon, il n'y a qu'un pas.
                Gustave     AUCOUTURIER
                « Notice » sur Les Ames mortes de Gogol, éd. Folio



        1948. -  Der Uebermensch ist der Sinn der Erde. Euer Wille sage : derUebermensch sei der Sinn der Erde !
                    NIETZSCHE
        Also sprach Zarathustra  Ier Teil Zarathustra's Vorrede – 3 (« Prologue »)

        1949.  - Der schaffende Leib (= corps) schuf sich den Geist als eine Hand seines Willens.
                    id. ibid.
        Die Reden Zarathustras  - Von den Verächtern des Leibes

        .  - Von allem Geschriebenem (= de tout ce qu'on écrit) liebe ich nur das, was einer mit seinem Blute schreibt. Schreibe mit Blut : und du wirst erfahren (=découvriras),  dasz Blut Geist ist.
        Es ist licht leicht (= guère) möglich (= possible), fremdes Blut zu verstehen : ich hasse die lesenden Müsziggänger.
        Wer den Leser kennt, der tut nichts mehr für den Leser. Noch ein Jahrhundert Leser – und der Geist selber wird stinken.
        Dasz jederman lesen lernen darf, verdirbt auf die Dauer (= à  la longue) nicht allein das Schreiben, sondern auch das Denken.
        Einst war der Geist Gott, dann wurde er zum Menschen (= il s'est fait homme), und jetzt wird er gar noch Pöbel.
        Wer in Blut und Sprüchen (= proverbes) schreibt, der will nicht gelesen, sonderne auswendig gelernt werden. (= appris par cœur).
                id. ibid. Vom Lesen und Schreiben

        . -  Viel zu viele werden geboren : für die Ueberflüssigen ward der Staat erfunden !
                id. ibid. Vom neuen Götzen
        . - Staat nenne ich's, wo alle Gifttrinker (= intoxiqués) sind, Gute und Schlimme : Staat, wo alle sich selber verlieren (= se perdent), Gute und Schlimme : Staat, wo der langsame Selbstmord aller - « das Leben » heiszt.   id. ibid.

  • L'affaire Calas


        Notre ami Voltaire, à la faveur hélas du terrorisme islamique, se vend comme des petits pains, en particulier son Traité sur la tolérance, inclus justement dans ce volume Folio Classique intitulé L'affaire Calas, où l'on a regroupé tous les documents de la main de Voltaire concernant d'autres affaires également, l'affaire Sirven par exemple, mais essentiellement celle d'une famille protestante de Toulouse. Ville connue alors pour son attachement à la religion catholique, pour ne pas dire son fanatisme, car en plein XVIIIe siècle s'y déroulaient encore des fêtes en mémoire du massacre de la St-Barthélémy. Ville pourvue d'un Parlement, moins dangereux que celui de Paris, mais qui en l'occurrence, l'affaire Calas, jugea de façon particulièrement inique : un vieux père protestant de 62 ans, Voltaire dit 68 pour en rajouter, aurait pendu son fils entre deux battants de porte parce que ledit fils, Marc-Antoine, aurait voulu embrasser la foi catholique à la suite de son frère Louis, qui entretenait avec sa famille des rapports tendus.

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        Pendant un repas, Marc-Antoine s'est absenté, puis on l'a retrouvé dans une autre pièce, par terre, étranglé. Par qui ? Nous ne le savons pas encore aujourd'hui. Mais la famille Calas, chez qui le meurtre ou le suicide s'était produit, a jugé utile, pour éviter le scandale, de prétendre que l'on avait retrouvé Marc-Antoine pendu, et que le père l'avait dépendu, pour qu'on ne traine pas son cadavre dans la rue comme suicidé. De là à conclure qu'un père, un vieillard, ait eu la force d'accomplir un meurtre, c'est trop. Physiquement, il ne le pouvait pas. L'enquête fut menée en dépit du bon sens, les témoignages les plus saugrenus furent retenus (« j'ai vu s'enfuir en pleine nuit, en regardant par le trou de la serrure, deux ombres qui couraient », « j'ai entendu, de l'autre bout du quartier, le fils hurlant qu'on l'étranglait »).
        Les enquêteurs ont suivi la clameur publique, de ce peuple dont Voltaire a toujours stigmatisé non sans raison la sottise, et qui détestait les protestants. Et le père Calas fut roué publiquement, c'est-à-dire qu'on lui rompit les quatre membres en public, soit huit coups de barre, puis la poitrine. Et le pauvre homme criait son innocence. Puis on l'étrangla. Après coup, Voltaire, habitant de Ferney, entend parler de ce déni de justice. Au début, il prend cela en plaisantant : que ces fanatiques de tout bord se massacrent donc entre eux. Mais en, quinze jours, ce qui est une performance vu la lenteur de l'information à cette époque, il s'enflamme pour ce déni de justice.     C'est d'Alembert, et Damilaville « athée radical », qui le convainquent de se lancer dans la bataille de réhabilitation, car toute la famille est atteinte. Il ne rate pas l'occasion de s'attaquer aux Parlements, qui avaient pouvoir de justice, et en jugeaient si ignominieusement : la vie de Voltaire ne fut en effet qu'un vaste procès, un enchevêtrement de chicanes et de duels plumitifs ou juridiques, et cette affaire venait à point pour lui permettre de régler ses comptes avec une classe judiciaire souvent de mèche hélas avec le clergé, car l'Eglise et l'Etat s'entremêlaient, sous Louis XV. Cette affaire Calas montrait une injustice horrible, où les règles de la procédure n'avaient pas été respectées, où la veuve et les orphelins se voyaient écrasées sous le déshonneur et la privation de ressources, tout un drame : or Voltaire adorait le drame, il en composait de fort mauvais qu'il croyait fort bons, et l'affaire Calas lui fut un excellent moyen de prouver son art de la mise en scène.
        Cependant, sans cette mise en scène (et nos présentateurs le savent bien), il eût été impossible d'attirer l'attention des personnes d'influence qui pouvaient faire casser le jugement (trop  tard), et surtout, Voltaire mettait ses capacités naturelles au service de la justice, car il était sincère, convaincu, éloquent, réellement indigné. C'est par cette affaire Calas qu'il devint le précurseur de Victor Hugo et de Sartre, premier écrivain « engagé », qui risquait, lui, sa vie sur le bûcher. De nos jours, d'autres aussi risquent leur vie pour les dévoiements de la religion. Les premières lettres de Voltaire sont adressées aux personnes influentes, car le peuple ne lisait pas les journaux, qui parlaient très peu de tout ce qui ne concernait pas les réceptions à la cour du roi...
        Et il cria si fort et si efficacement que les pensions furent attribuées à nouveau à cette famille qui avait perdu tous moyens de subsistance, surtout après un séjour en prison pour une imaginaire complicité dans un meurtre qui n'en était pas un : en effet, allez pendre votre fils adulte entre les battants d'une porte à l'aide d'un billot qui retombe tout le temps ! Impossible. Sur cette affaire existe un téléfilm d'Alain Moreau, Claude Rich tenant le rôle de Voltaire. D'autres ouvrages vous en conteront les détails et les rebondissements avec toutes les émotions possibles. Abus des gens de loi, stupidité du bas peuple, crime de l'Eglise, passion de la justice, autant d'aiguillons pour l'énergique réfugié de Ferney.
        Ensuite, il intervint dans l'affaire Sirven, et d'autres, protégeant les meurtris de l'erreur judiciaire, mais à tout jamais auréolé de son immense réussite. Cependant, pour l'affaire du Chevalier de la Barre, il se remua moins : l'hydre criminelle, soutenue par les évêques, avait encore de beaux soubresauts de queue, et le jeune chevalier fut à son tour roué en place publique pour avoir chanté des paillardises sur le passage d'une procession. Nous avons eu, nous aussi, nos talibans, il n'y a pas si longtemps. C'est pourquoi nous ne voulons plus les revoir par chez nous. Cette fois-là, Voltaire a calé. Nous en aurions fait autant. Et nos fameux penseurs autoproclamés qui vitupèrent contre la Terreur feraient bien aussi de voir tous les bienfaits que nos ancêtres nous ont apportés grâce à la Révolution, grâce à Robespierre, parfaitement, et grâce à Voltaire, dont les accès de colère et de courage ont inspiré de profondes réformes judiciaires, en particulier l'abolition de la torture, et l'institution de la guillotine, plus humaine tout de même, relativement, que les dix coups de barre de fer à section carrée sur les membres des suppliciés. Voltaire tenait en piètre estime le bas peuple, il estimait nécessaires pour les gens les préceptes religieux en particulièrement chrétiens, mais à conditions qu'ils restassent chrétiens, c'est-à-dire respectueux de la dignité humaine et de la justice dans ce qu'elle a de plus noble. 
        Les lettres dont nous allons donner lecture se rapportent aux débuts de l'affaire : Voltaire, au lieu de se faire mal voir par des braillements, reste encore souriant et badin. Mais il faut en passer par là, et respecter les formes, si l'on veut que les juges respectent les procédures : « Cette tragédie », écrit-il au comte d'Argental, « me fait oublier toutes les autres, jusqu'aux miennes. Puisse celle qu'on joue en Allemagne  finir bientôt ! » (Allusion à la Guerre de Sept Ans, car Voltaire brillait aussi par son pacifisme ; reviens, Voltaire, ils sont devenus fous!)