Grandeurs et avanies d'un professeur décadent
Je me souviens aussi de cet ambassadeur tout frais nommé qui estimait tout à fait légitime, normal, que les parents voulussent contrôler l'enseignement assigné à leurs enfants...
Laissez-les donc chez vous. Ensuite, faites donc jouer vos brillantes relations pour leur trouver un emploi... Que tout cela semble lointain, insignifiant ! M. Sansonnet de Beulac n'est pas intervenu contre moi : sa fille lui a dit « Ah non, écoute, pour une fois qu'il y a un prof qui nous fait marrer, tu vas lui foutre la paix ». Sa gueule ensuite quand il me revoit aux réunions du P.S.... D'autres viennent protester parce que j'ai dit queleur fils avait pissé sur la porte, à peine virés ; je dis à MmeNochame, principale : « Ecoutez, je n'ai pas vu sortir la pisse de... » - elle m'interrompt avec écœurement – mais, au moins, elle mecroit.
Mme Gerond m'enjoint avec une profonde et sincère émotion de ne plus mettre en cause dans mes propos le corps des jeunes filles, je lui prendre la main pour calmer ses tremblements. Son mari reste assis à côté d'elle. Sa fille a fait le pari de ne plus se frotter - elle le confiait à l'oreille de ses camarades – pour redevenir une petite fée très pure, et me sauver ! ...de quoi ? A Lyon,la mère vient me regarder sous le nez, stupéfaite que nous puissions nous rencontrer en d'autres lieux qu'en ce collège... Mme Passouvant se plaint que je n'aime pas sa fille (évidemment : dans les devoirs elle parle comme sa grand-mère, des hommes dont il faut se méfier, et autres vérités stupides...) Elle n'a pas voulu rapporter les copies de sa petite-fille, parce que, devant elle, je les lui aurais violemment transformées...
Mon leitmotiv : « Ça arrive, mais pas souvent ».
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Une abrutie vient se plaindre parce que « selon [moi] » Demis Roussos a perdu six kilos, en se faisant circoncire... j'aurais dû dire : « détartrer »... Il y a vraiment des parents qui n'ont que ça à foutre. Mme Diablet, furieuse que je révèle à sa fille des choses «qui devancent son programme d'éducation sexuelle ». Silence pesant de ma part, voire féroce ; la mère finalement se fait les demandes et les réponses (je n'ai pas dit un mot !) et repart en furie contre sa fille « insolente » qui s'est fait engueuler à la maison ! ...je ne suis pas conscient de mes grimaces, c'est tout. Quant au cousin, il m'avait sorti « qu'est-ce que vous voulez que j'en aie à foutre de vos passés simples, moi tout ce que je demande c'est de conduire des camions. » - A quoi ça sert d'apprendre à lire, M'sieur, me sortait un autre, puisqu'il y a des bandes dessinées ? »....
C'étaient nos dernières impressions sur les pauvres petits jeunes que les méchants profs empêchent de travailler.
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Le père Colas me demande d'arrêter mon cinéma : lui aussi est dans l'enseignement. Mais je continue mes postures de cuistre... Quand c'est un autre enseignant qui consulte pour les difficultés de son enfant, qu'est-ce que je peux bien lui dire ?... “Comment puis-je améliorer l'orthographe de mon fils ? - Si vous n'y arrivez pas vous-même, cher confrère... » Ankara, encore : Buhar Beyqui se marre parce que je gueule contre son fils, excellent élève, pour l'avoir confondu avec Buhran, complètement farfelu, devenu par la suite militant gay paraît-il... Plus je gueule, plus le père se fend la gueule. L'avocat Müzisvenme convainc de ne pas faire redoubler sa fille malgré son 5 de moyenne, parce qu'elle est pourrie par sa mère, et que c'est lui à présent, Müzisven Efendi, qui aura la garde de sa fille...
L'année suivante, elle passe à onze... Elle se fait baiser par un type qui la méprise : elle est « comme une planche » (kaleup ghibi...)