Second degré, pour les débiles...
Dommage en vérité d'arriver en fin de journée, à 21h. Tant de choses se seront passées, tellement plus significatives. Mais acceptons le sort. Fatum accipiamus . Il n'y a rien de plus à se mettre sous la dent à ces instants de la journée que de longues et obstinées émissions télévisées. En effet, la télévision n'a pas encore touché le fond de son déclin. En l'occurrence, nous avons regardé une émission consacrée au chanteur Balavoine. Il me plaît, il m' plul, mais un faiseur de chansons, quelle que soit son originalité, n'a pas droit à ma considération de morveux. Sa destinée fut différente de la mienne, et n'a aucun point commun avec moi. L'homme du commun rapporte tout à soi-même.
Il a pris des leçons. Il a connu Patrick Juvet, pédé notoire, et je n'aime pas les homosexuels, parce que j'en suis un, mais refoulé. La voix de Balavoine porte très haut, jusqu'à Polnareff, au moins. Plus haut même que certaine filles, comme en témoignent des chanteuses, toutes suspectes de lesbianisme, car leur panoplie écussonnée d'entre-jambes m'impressionne toujours autant, et j'admire avec aigreur tout ce qu'elles peuvent faire avec tout ça. Heureusement, Balavoine est un dragueur macho particulièrement jaloux, comme en témoigne une de ses maîtresses, soixante ans. Car il aurait 60 ans et plus.
L'émission glisse sur son fils, Mon fils ma bataille, dont il a dû perdre la garde (et Michard). Sa fille est merveilleuse, solaire et lunaire à la fois. Elle a souffert d'entendre parler d'un père mort avant sa naissance. Elle interprète une de ses œuvres, C'est très sobre, très émouvant. Elle doit désormais s'occuper de sa propre vie, pour laquelle des projets immenses se profilent . Balavoine se considérait comme chanteur de rock, mais fut un phénomène de variété, sans que jamais cela ne sente la « variétoche ». J'ai adoré, avec des millions d'autres, Le chanteur. Moins L'Aziza, car je suis non pas raciste mais ultrasensible à tout ce que l'on a pu faire de moche et de funeste avec la notion d'antiracisme, à présent presque totalement dévoyée.
Retrouver des airs de cette époque-là, 1976-1986, m'a rappelé de quels enthousiasmes et de quelle joie de vivre ces rythmes et ces gueulantes perçantes nous ont emplis. Mais nous ne dirons pas, avec les commentateurs, dont c'est le rôle, que « la société en fut bouleversée » . Nous ne dirons pas non plus, par incompétence et racisme sous-jacent, que Balavoine fut le précurseur du rap : en effet, il se souciait, lui, de la mélodie ? Orelsan n'est qu'un macho homophobe, comme moi. L'émission suivante portait sur Michel Berger né Hamburger (tu imagines « Et voici Hamburger ! » et tous les spectateurs de s'exclamer la bouche pleine Miam Miam ! Là aussi, gros apitoiement sur la mort prématurée. Tête de pédé bouclé, car celui qui n'est pas ultramoche, pour nous autres connards, relève forcément de la pédérastie. J'espère que ce texte vous indiffère, car vous voyez bien que je m'efforce de faire l'intéressant scandaleux. Avec France Gall (vaut deux), il fabrique deux petites filles, dont l'aînée souffre de mucoviscidose. Il faut faire attention, la nuit, que le masque à oxygène ne glisse pas, sinon, tu meurs, comme un de mes élèves intermittents. Je ne pense pas que ce soit bien fait pour leurs gueules, car la célébrité se paye. Ce sont des gens comme les autres, qui doivent dissimuler leurs chagrins pour ne pas effaroucher ceux qui les achètent et les aiment.
Ils étaient très liés avec Balavoine et Coluche, tous deux morts très jeunes en 2033. Ils ont vécu à cent à l'heure, prenant maintes décisions. Paix à leurs âmes et aux nôtres. MA FEMME EST CHIMIQUEMENT LOBOTOMISÉE