Proullaud296

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Sortir de soi

(16 octobre 2020 ?)

Certains personnages de Dostoïevski griffonnent, ou rédigent posément, quelques phrases insignifiantes, qu'ils font lire à leur femme, et confient ensuite à la postérité dans de grands cartons verts d'administration. Se repaissant de pipes et de rêves.

Pendant que d'autres volent dans les plumes de la littérature, eux passent leur vie à se créer une méthode, sélectionnent leurs thèmes, un par page, comme des grains par sachets, composent des fiches ; s'enquièrent de tel point, lisent tel ouvrage primordial - lisent surtout, ce qui dispense d'écrire - poussent même le scrupule jusqu'à indiquer la musique particulière, l'atmosphère qu'ils désirent autour d'eux pour telle ou telle écriture. Départ d'Ajaccio  B.JPG

Tantôt une méthode, tantôt l'autre. Ils s'obstinent longtemps, surtout s'ils la sentent inadaptée.

La pipe se fume, et l'inspiration ne se hausse guère au-dessus du talent. Et de peaufiner leurs thèses.

 

Pendant ce temps, des gigolos nouent d'innombrables connaissances. Les miens habitent loin de Paris. Ils ne paraissent pas. Ils écrivent à longueur d'heures, qu'ils ont glanées au travers de leurs besognes. Ils écrivent qu'ils ont envie d'écrire, qu'ils ne savent pas écrire. Proust, Du Bellay - furent des seigneurs.

Une deuxième pipe succède à la première. L'esprit demeure vide. L'auteur retourne à ses briques. Il vit une époque noire, chargée d'oubli futur. Il sait qu'en période de décadence, les auteurs perdent le souffle : l'épopée, le roman-fleuve, se perdent...

Et voici le moment crucial : sortir de soi. C'est un courant d'air, que je supporte mal.

 

X

 

Es war einmal un schizophrène. Il ne voulait jamais quitter son oeuf. Il voulait écrire sans effort - au fil de la plume. Il s'indignait qu'on vînt le lui reprocher :

- Comment écrire sans souffrir ?

...comment dresser son flûtiau parmi ces puissants arrachements de trombones ?

Surgit soudain quelque révolutionnaire, ignorant tout de Proust et de Gide, et qui le fusilla pour tiédeur.

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