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Vous n'avez rien à transmettre

J'ai lu ça, sur le blog "Veilleurs de Blois". L'auteur peut se contacter à veilleurs.blois@orange.fr. FAITES PASSER;

Il s’est produit, dans nos sociétés occidentales, un phénomène unique, une rupture inédite : une génération s’est refusée à transmettre à la suivante ce qu’elle avait à lui donner, l’ensemble du savoir, des repères, de l’expérience humaine immémoriale qui constituait son héritage. Il y a là une ligne de conduite délibérée, jusqu’à l’explicite : j’étais loin d’imaginer, en commençant à enseigner, l’impératif essentiel qui allait structurer ma formation de jeune professeur. « Vous n’avez rien à transmettre » : ces mots, prononcés à plusieurs reprises par un inspecteur général qui nous accueillait dans le métier le jour de notre première rentrée, avaient quelque chose de si étonnant, qu’ils ont marqué ma mémoire. (…)


Nous voulons toujours éduquer mais nous ne voulons plus transmettre. La faillite de ce projet éclaire la crise contemporaine d’une lumière neuve : les enseignants ne sont pas subitement devenus médiocres, les parents n’ont pas massivement oublié leur responsabilité. On leur a simplement confié une mission impossible, impensable. La société leur a demandé d’éduquer mais en laissant l’enfant libre, vierge de toute trace d’autorité, délivré de tout le poids d’une culture antérieure à son individualité. Nous voulons absolument éduquer les jeunes, au respect, à la tolérance, à la citoyenneté… Mais cela ne suppose pas de transmettre, croit-on. Il suffit de créer, pour se rassurer, le cadre flottant d’un ensemble de valeurs qu’on répète consensuelles en espérant qu’elles le deviennent ; puis l’enfant devra se lancer tout seul à la recherche de son savoir, de ses décisions morales et de son destin. (…)

La jeunesse est pauvre aujourd’hui de tout ce qu’on ne lui a pas transmis, de toute la richesse de cette culture que, pour une très large part, elle ne comprend plus. Désemparée, déséquilibrée, elle revient bien souvent au dernier mode d’expression qui reste toujours disponible  pour celui qui n’a plus de mots pour parler : la violence. Inarticulée, incompréhensible, dépourvue de sens, cette violence marque ceux qui n’ont pas la chance de fréquenter la culture par un autre moyen que par l’école. Dans les familles les plus fragiles, les quartiers les plus défavorisés, la violence devient un moyen d’expression, quand la langue est un lieu hostile. Voilà le résultat de notre propre projet. Nous voulions dénoncer les héritages ; nous avons fait des déshérités.

 

Commentaires

Magnifique. Je copie en vous mentionnant.

Commentaires

  • Nous n'avons rien à transmettre... et pour cause, nous sommes devenus à peu près interchangeables.

    Ce que je fais n'importe qui d'autre pourrait le faire après un petit stage.

    Après, il ne faudrait pas non plus idéaliser la culture, quel que soit le sens qu'on donne à ce terme.

    La culture (la vie intellectuelle) n'empêche pas la violence, elle la canalise, lui imprime certaines formes mais elle-même peut provenir d'une certaine violence.

    Connaissez-vous le petit essai (parfois discutable) de George Steiner : Dans le Château de Barbe-Bleue ?

  • Non, mais j'aime bien Georges Steiner. Il nous rappelle que les nazis de haut rang étaient d'une grande culture...

  • C'est ce que j'avais dit un jour à un syndicaliste franc-maçon...

    Et ?

    Je ne fais plus partie de ce syndicat.

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