Proullaud296

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Plotin, enfin achevé...

 

La chaire est faible.JPGNous aimerions tous le pouvoir – et si c'était là une de ces fameuses "étincelles de Dieu" qu'il a laissée dans nos petits crânes d'argile ? - pouvoir militaire, ou psychologique, ou charmeur. A quels moments donc, à l'intérieur de nous, passons-nous, à propos de nous, de la pensée magique (je suis tel que je suis) à la pensée dialectique, à la pensée responsable ? ("je suis – au moins - en partie ce que je veux être" ?) "Les actions entreprises pour éviter de souffrir ont la peur pour origine" -peur de quoi ? De la souffrance – ou de la responsabilité. Peur non seulement de la souffrance, mais celle du courant d'air, de l'espace, du risque de se tromper - "tandis que celles qui sont entreprises pour posséder plus ont la convoitise pour origine." Ce sont là des traits communs à tous les hommes. Niveau Bac D, chez l'auteur de ces lignes... "Enfin celles qui sont entreprises pour des raisons d'utilité, puisqu'elles cherchent manifestement à combler un manque qui frappe notre nature, ont leur point de départ dans cette force de la nature qui nous impose de nous soucier de nous en nous maintenant en vie." Car Dieu ou la force créatrice si vous préférez désire, logiquement, que nous subsistions, que nous mangions, que nous ayons chaud.

 

 

Bref, pouvons-nous prendre conscience des liens que nous entretenons avec le Grand Un, le Grand Tout, le Grand Manitou, et les les utiliser, les détourner à notre profit ? Ici, par la magie, car nous n'en sommes pas encore au stade scientifique ? Nous nous apercevons que Plotin accorde à l'un et à l'autre, conformément à son esprit subdiviseur (un schéma serait nécessaire, et je comprendrais). Une partie des beaux actes sera donc de nécessité, une autre de volonté : "Si l'on accomplit les actions que l'on dit "belles", parce qu'elles sont nécessaires" (correspondant à la beauté de l'univers captée par nous), "en tenant" et en nous rappelant bien "que la beauté réelle est autre chose" (que les actions), si nous agissons bien afin de nous rapprocher du Dieu), alors, "on échappe à la magie".

 

La magie ne peut nous convaincre, non plus qu'un autre, de nous livrer aux belles actions. Nous sommes assez intelligents et responsables pour cela. Nous serions en contact avec un système de raisonnement à la fois hors de nous, et en nous. Plus tard, Plotin nous entretient de la nature de la lumière et du son, car la philosophie antique englobe aussi les phénomènes naturels que l'homme ne parvenait pas à expliquer. Le grand inconvénient de Plotin pour nous consiste à couper les cheveux en quatre. Il lui faut à tout prix des intermédiaires entre les éléments cette fois-ci naturels, plus des intermédiaires entre ces intermédiaires, et d'autres encore. Comme en médecine, en somme. Plotin pourrait laisser penser qu'il suffit de raisonner pour que tout ce qui est simple devienne inextricable.

 

Reconnaissons toutefois à Plotin le mérite d'avoir su distinguer la lumière, instantanée, indivisible (selon ce qu'on en pouvait savoir à l'époque) du son, qui a besoin de l'atmosphère pour se propager. Mais nous le retrouvons en flagrand délit de vouloir à toute force une fois de plus faire entrer dans un cadre préétabli ce qui s'y refuse : il prend donc un corps "qui se trouve à l'extérieur du ciel" (celui des idées sans doute), et qu' "il soit une partie de ce vivant qu'est notre monde" – car le monde, sachez-le, est un grand corps vivant. Et de même que notre main est un tout, mais faisant partie d'un autre tout qui l'englobe, à savoir le corps, et lui obéissant en tant que partie, cet objet que nous voyons, extérieur au ciel et bien réel, n'agira qu'en tant que partie du tout : "car si [ce] corps [en question (un tabouret, une chlamyde)] en était une partie, il pourrait sans doute être objet de sensation" – le monde entier sentirait donc notre regard par l'intermédiaire de ce tabouret, de cette chlamyde.

 

Mais le disciple interlocuteur pense relancer le débat, car débat, dialogue, il doit y avoir, nous sommes chez un continuateur, un glosateur de Platon : "Et si, sans en être partie, c'était pourtant un corps coloré et pourvu des autres qualités que possèdent les corps ici-bas, un corps de même espèce que l'organe de la vue ?" Donc ce tabouret, cette chlamyde, seraient pourvus de couleurs, mais en même temps serait une espèce d'œil, par lequel l'univers nous verrait en train de voir ce tabouret, laissons la chlamyde ? N'ayez crainte, ô pourceaux : le Maître, en toute sincérité, en toute honnêteté, va vous répondre : "Non, même en ce cas il n'y aurait pas vision, si notre hypothèse est correcte." Vision par l'univers, ou vision par l'homme ? Vision par l'homme, évidemment. Donc, l'objet serait de la même nature que notre œil, comme détaché de notre tête, en avant-garde, et nous ressentirions une analogie entre notre organe réel et l'objet, et, par conséquent, nous verrions ? Plotin reprend : "A moins que quelqu'un ne tente par là de détruire notre hypothèse, en faisant valoir qu'il est absurde d'admettre qu'un œil n'arrive pas à voir une couleur qui pourtant est bien là et d'admettre que les autres sens, alors même que leurs objets sont là, n'exercent pas leur activité en relation avec ses objets". Plotin reformule donc ainsi, très utilement, ses théories : que sans lumière, par exemple, notre œil ne saurait pas distinguer les couleurs ; les poissons des grandes profondeurs, parfaitement obscures, possèdent malgré tout des couleurs. De même, dans le vide, nous ne saurions rien entendre.

 

"Mais d'où vient que cette hypothèse paraît absurde ?Il faut l'expliquer". Mesdames et Messieurs, il va le faire. "Il est vrai, n'est-ce pas, qu'ici-bas nous accomplissons ces actions et subissions ces affections, parce que nous nous trouvons dans un seul et même vivant, auquel nous appartenons." Nos sommes donc les mains, par exemple, d'un immense corps. Nous en serions les yeux aussi bien. Et les mains, les yeux, sont capables de toucher ou de voir d'autres parties de notre corps ; de même, nous pouvons toucher ou voir d'autres objets du monde, qui est une expansion de notre propre corps. Tout cela, d'une certaine manièe disons analogique, non dépourvue de poésie, peut se comprendre. "Il faut donc chercher s'il y a d'autres raisons pour expliquer la chose". Mais soudain, et souvent, je perds pied. "Or, s'il y a assez de preuves, la démonstration est prête". Assurément, cher Maître. Sans aucun doute les avez-vous exposées plus tôt, et bien à fond. Peut-être aurez-vos l'obligeance de les reprendre. "Sinon, il faut d'autres preuves." Certes. Vous allez pas à pas, je comprends. Il est vrai que cette méthode du pas à pas conduit à des multiplications foisonnantes. "Il est bien clair qu'un vivant est en sympathie avec lui-même". Mon corps, oui, parfaitement. Mais vous avez dit que l'univers est un grand corps, comme le mien. C'est déjà plus difficile à admettre, à moins de recourir au panthéisme, ou à l'effet papillon. Mais admettons encore. "Et si l'univers est un vivant, cela suffit à montrer que ses parties sont aussi en sympathie entre elles, puisqu'elles appartiennent à un seul et même vivant" Oui, à condition que l'univers présente une unité - mais supposons que quelqu'un dise qu'il y a sympathie en raison de la similitude qu'entretiennent ces parties ?" Continuité, ou discontinuité ? À suivre (surtout pas...)

 

Commentaires

  • Magie magie, une nouvelle façon de dîner...

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