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Cimetières animaliers

 

 

 

Les animaux ont droit à tout notre respect. On ne jette pas son chien ni son chat n'importe où. Il est à noter que les vaches ou les éléphants n'ont point droit dans nos contrées à des rites funéraires (les éléphants se retrouvent dans les lieux où leurs capacités, diminuées par l'âge, ne leur permettent pas de survivre ; c'est pourquoi on les retrouve morts à peu près dans les mêmes endroits, car ils se sont d'eux-mêmes exclus du groupe). Les crocodiles et les chats bénéficiaient des mêmes rites d'embauMEments, monsieur Soulages. De nos jours, les dates de naissance et de mort, dans les cimetières de chats et de chiens, sont très proches : ils meurent avec notre enfance. "Je te ferai le temps d'un chien ou d'un chat", disait un vieil amant à sa maîtresse : Cavanna, Reggiani ? un Rital en tout cas ("comment peut-il encor lui plaire").

 

Le cimetière d'animaux doit être excellemment entretenus. En effet, ils n'ont pas mérité la mort. Nous, si. A quelque âge que ce soit, car nous sommes maudits par le péché originel. Même l'enfant mort eût été capable, un jour ou l'autre, des pires forfaits ; les animaux, eux, même les crocrodiles, sont innocents. Ils n'ont rien fait. Ils sont l'expression la plus directe de l'étincelle vitale universelle. ; ce n'est donc pas la mort de l'enfant qui est un scandale, au sens métaphysique du texte, mais bien celle de l'animal. De même n'avons-nous pas le droit de blâmer les immenses sommes prodiguées par certains pour les tombes de leurs bêtes bien-aimées. Car nous ignorons la profondeur du lien qui unissait le maître à sa bête. Nous ne devons pas nous moquer des mémères à chienchiens. Les rires provoqués par la douleur de la concierge dans Rhinocéros d'Ionesco ("Mon chat ! mon chat !") sont une infamie.

 

En effet les animaux, sauf pour se manger, ne se tuent pas d'espèce à espèce. On a vu des chattes adopter des petits chiens, et se lier de camaraderie avec des vaches ; un hippopotame et une tortue faire bon ménage. Un chien tirer son congénère écrasé de la route, en le prenant de ses deux pattes avant, marchant sur ses deux pattes arrière à travers l'autoroute en dépit du danger. Un autre envoyer de l'eau de flaque, à grands coups de museau, sur les corps palpitant d'agonie de ses frères les poissons à même le quai ? Les animaux valent mieux que les hommes. Ma femme me trahit. Mon chien ne me trahira pas. Pourquoi dans ce cas le deuil de l'animal dure-t-il si peu longtemps, quelle que soit la vivacité de la douleur que l'on éprouve sur le moment ?

 

La palette du peintre.JPGS'agit-il d'une solidarité d'espèce, impliquant malgré tout, par l'instinct humain que nous voyons à l'œuvre, un sentiment de supériorité? qu'elle nous soit ou non accordée par la Bible, ce qui ne règle rien. Jamais jen'ai pardonné à mes parents le meurtre de mon chien, fusillé loin de moi pour avoir boulotté des poules. Le plus célèbre cimetière d'animaux de compagnie est celui d'Asnières, à l'origine "Cimetière pour aux chiens", sans en exclure les chats et autres animaux de compagnie. Il aurait été le premier cimetière pour animaux créé dans le monde occidental, en 1899, dans une "île des Ravageurs" désormais soudée au rivage. La ville d'Asnières, après en avoir inscrit le site au patrimoine artistique national, en assure la gestion depuis février 1997. Au 4, Pont de Clichy, son seuil est gardé, depuis 1900, par le saint-bernard Barry. Rintintin y possède, lui aussi, sa tombe. On grouve aussi dans ce cimetière, entre autres, des tombes d'oiseaux et de lapins. Mais aussi des chats, bien vivants, pensionnaires de leur propre maison où les employés assurent leur confort en ce bas-monde !

 

D'autres cimetières animaliers se trouvent en province : à Villars (Loire), La Roche sur Yon, Garnat-sur-Engièvre (Allier). Celui de Villepinte, en région parisienne, est également dédié "A tous ceux que nous avons aimés et qui nous ont quittés". Le "cimetière d'animaux d'agrément" de Cagnes-sur-Mer attire également notre attention. Nous ne saurions les citer tous : par exemple, le Cimetière Fidèles compagnons à 83500 LA SEYNE SUR MER Il existe désormais non seulement des assurances obsèques pour animaux, et des instituts d'incinération, mais aussi, sur internet, un "cimetière virtuel", où chacun, gratuitement, peut rassembler les photos de son animal familier, car notre époque est extraordinaire.

 

Commentaires

  • Quand on aime Flaubert, on aime les animaux... Paraclet ou Perroquet, ça se ressemble. ;--)

    C'est vrai : le péché originel ne concerne que nous. Mais je ne suis pas aussi sûr que vous que les animaux ne s'entre-tuent que pour manger...

    Les animaux ne sont pas exactement innocents, pas dans le sens de la pureté en tout cas. Ils vivent en deçà du bien et du mal. C'est différent, je crois.

    Il s'agit d'un sujet qui m'intéresse aussi. La philosophe Elisabeth de Fontenay lui a consacré un ouvrage de référence, assez ardu, néanmoins.

    Par ailleurs, outre Flaubert, on trouve des pages terribles sur la souffrance animale chez Zola (La joie de vivre), chez les Goncourt (Manette Salomon) et chez Bloy dans le Désespéré, si mes souvenirs sont exacts.

  • En deçà du bien et du mal, excellente formule.

  • A ne pas confondre avec : par-delà le rien et le sale.

    Et l'extrait de Darkwood, vous avez écouté ? Vous en pensez quoi ?

  • Je vous le remets, pour être sûr.

    https://www.youtube.com/watch?v=kf1WIEEJqIk

    Et celui-ci aussi est terrible :

    https://www.youtube.com/watch?v=4MhQlggx4lM

    Je me souviens avoir écouté ça pendant une nuit d'orage. Un vrai Wallon n'a pas froid aux orbites...

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