Les ordinateurs et les rois
Sans ordinateur je suis un infirme.
Deux acteurs se frappaient dans les paumes, l'un, puis l'autre. A la fin, le plus décidé recevait une piqûre de drogue, et disait : "Je ne sens plus mes mains." Son allant s'était aboli. Ou bien le poison gagnerait le bras, puis le cœur. Le public avait applaudi, Anna, pas tellement, car ces deux acteurs souffraient d'une grande laideur. Je me suis retiré sur la haute chaise des Précieuses, pour lire Minicelli-Animato : Nerofumo. Tordu sur le siège, afin que nul ne pensât que je posasse. Il y avait autour de nous des filles de vingt ans, toutes en vivacité. J'aurai vécu ainsi, au sein des émotions : des jeunes femmes tout autour de moi.
Je ne les savais pas aussi peu mystérieuses. Tâche de ne pas me rater : pensent-elles cela dans les rues ? Ici, les femmes, comme les destinées, restent cependant floues. Je trouve merveilleux à mon âge avancé de me trouver encore avec des femmes. J'en remballe une. J'arrose l'autre. Et plus question de chercher leur plaisir. L'amour n'est plus une gymnastique. Il me faudra dormir. Sa voix suffit à m'émouvoir. Je suis amoureux, et me reste-t-il aussi peu à vivre ? Le test électronique me donne mort le 1er décembre 57 : je ne veux manipuler personne, juste t'éclaircir la tête. Je pense à ce monsieur de Wolinski, baissant la tête au dernier moment par réflexe, tandis que la femme derrière lui se mange le coup en pleine poire.
Projet : lire Celan, édition bilingue. Anna ignore Celan, j'en ignore bien de l'autre. D'innombrables écrivains de l'ombre. Ce seraient des mots sans suite, et des viols de petits garçons dans les pissotières : moi par mon père et le curé. Parce que je l'aurais souhaité. Odeurs de cul. Répugnances. Chambres de Guignicourt où tout sentait le décès. Comme l'amante du Spoutnik : tout écrire. "Rabelais ne sait pas s'arrêter." Mais qu'est-ce que Rabelais, s'il s'arrête ? Borner Proust, le châtrer ? Soit une page de symboles mathématiques : il y a des ânes pour en passer des examens. Rabelais, de même : réservé aux initiés. L'âne est initié chez Lucien.
57 03 03
T R O I S R O I S
Thème
Errances et vicissitudes de la politique humaine.
Thèse
L'étouffement que c'est d'avoir un roi et d'être roi.
Style
Familier et effaré. Anticliché.
Pays
Côte étroite et riche, plateau immense et sans frontières
Progression
Urbain XIX = Louis-Philippe
Alain XI = Napoléon III
Valentin = nouveau nom de Napoléon III
De la côte vers les plateaux, vers le rêve, vers la catastrophe du "Désert des Tartares".
I Situation en 1830 VI Les expéditions
a) Le pays d'Egypte et du Mexique
b) son passé
c) Sa position dans le monde
en 1831
II Urbain XIX et la petitesse VII L'invasion de la
prospère côte par la métèquerie
a) circonstances - barricades et comporte-
de sa venue au trône ments délirants
(cf. Claude après Caligula)
b) équitation burlesque
pour en imposer
c) Descente sur la Côte par
la pente de Clermont-Ferrand
III Prospérité économique VIII Valentin Zéro et
cf. Alejo Carpentier l'exploitation des
"Symphonie Baroque" hauts plateaux
On a réussi à persuader le monde
entier de la nécessité de tout ça :
a) Tonneaux de vin (cf. cuves Listrac)
b) Chiens et perroquets
c) Echiquiers, jeux de dames et
de lettres.
IV Les absurdités : gaspillages IX La Fuite au désert
a) déniche un bordel et s'y love
b) indispose, en ne buvant que de l'eau
c) tombe amoureux, ce con, et meurt
de sapropre plénitude.
V Alain XI et la Recherche, X Un Roi à la Raspail,
vers la Politique extérieure commande des
- le Prince Sombre Etrangers volontaires
vers les Plateaux
illimités de la déraison.
Commentaires
Lisez "L'amante du Spoutnik" de Murakami. Chef-d'oeuvre.