Proullaud296

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Amours entraves

 C'est par méfiance encore que je lance la fausse piste d'Emilia du Salvador, conquise à force de m'entendre parler sa langue : entre mis brazos  chantonné par elle en redescendant l'escalier - mais sobrement défilée sitôt qu'elle m'avait vu en compagnie de mon épouse. Lazare pourtant m'écoute avec intérêt, je prête aussi l'oreille à ses histoires, qu'il narre avec aisance, confiance et vulnérabilité, m'étalant naïvement son irrémédiable vulgarité : « les petites », dit-il.. Amour, émotions, nulle trace : cela ne se dit pas. Les femmes peuvent se montrer naïves ; vulgaires, jamais.

 

 

 

XNe va nulle part.JPG

 

 

 

Pour Hanouki et moi, Petit-Keller, toujours les sièges avant, dans son véhicule ou le mien, devant le tachymètre immobile, sous le pare-soleil de la vitre arrière. Je signale que la fosse à radio de bord est toujours occupée par d'affreux filins sans destination, formant le décor le plus abject : il représente des liens non effectués. De son côté, Hölderlin aussi aimait une femme mariée, en un temps où nul ne contestait les liens sacrés du mariage. Trois ou quatre fois l'an, le poète longeait une haie jardinière, non loin de sa bien-aimée, dans une certaine allée, au sein d'un certain buisson, entre les rameaux duquel Hölderlin glissait un billet enflammé ; sa bien-aimée, en promenade innocemment au bras de son époux, tandis que ce dernier tournait la tête, subtilisait alors la missive amoureuse ; et cela dura des années.

 

Comme on savait aimer alors. Comme on savait s'enferrer sur l'hameçon de l'impossible. Et tu voudrais toi, Hanouki, que je me hâte dans mes démarches, que j'accomplisse Dieu sait quels exploits ménagers, inspiré que je suis de telles infidélités livresques, nourries de la rareté même ! Tu as changé désormais, tu ris plus souvent. Tu montres ta force. En vérité, gémir ne te convenait pas.

 

 

 

X

 

 

 

Episodes ultimes : cette peluche à grosse tête, au front soucieux, les yeux en globes et la bouche pleurarde, déposée dans l'encoignure du magasin, fauchée à trente secondes près par deux femmes, une poussette, une petite fille : c'était pour toi, Hanouki - tu arrivais flanquée d'une petite grosse chiante confidente. Puis je t'ai apporté cinq gâteaux orientaux, en me courbant bien bas, lorsque tu trônais à ta caisse ; tu me réponds « Merci pour les gâteaux mais je te supplie de ne pas venir à mon travail. Je préfère encore que tu me téléphones, mais rarement. » Téléphoner ? où cela ? À ton travail, ou bien chez toi ? Nils a-t-il enfin retrouvé du travail ? Et ton fils, Gatien ? » Je voudrais seulement savoir si elle me lit. Parfois oui : car ses sentiments sont les mêmes que les miens, « comment se fait-il que la seule personne à qui tu puisses te confier soit éloignée à tout jamais ? » - « je n'ai pas le choix » répond-elle, sans doute le fait de me voir entraîne-t-il chez elle une extrême anxiété, que j'interprète en « culpabilité » ; tant elle se sera liée par des serments solennels ! tant Nils, amoureux malgré sa rustrerie, pressent les réactions de ma bien-aimée aux moindres nuances de son regard !

 

Et j'en révèle autant de mon côté. La reverrais-je à présent que tout sentirait le renfermé, le réchauffé. Seul le contact prolongé de nos corps réamorcerait l'amour, vain, sans autre projet - que la contemplation, et la fusion.

 

Commentaires

  • Quand j'avance tu recules comment veux-tu que j'articule.

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