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Elucubrations de Tillinac

 

Le plus beau est pour la fin : « De Gaulle parlait de l'honneur et de la grandeur de la France, jamais du bonheur des Français et presque jamais de leur fric. L'économie ne s'en portait pas plus mal et le romantisme de cet aventurier nous aura bercé d'une rêverie fastueuse. » C'est bien là le drame. Non solum pane. L'homme ne vit pas seulement de pain. Il lui faut du rêve, de l'idéal, du fastueux. Du fumigène. Si vous réduisez la politique à des histoires de statistiques du chômage et de l'argent qui manque dans le porte-monnaie (il en manquera toujours, vous trouverez même des grands patrons qui se plaindront de se faire accabler d'impôts), si vous pensez qu'il faut réduire le nombre de chômeurs et l'inégalité sociale, vous n'allez pas nécessairement nous emballer.

 

Mais si vous vous contentez de secouer votre crinière de Villepin en sortant de grands discours de distribution des prix (sans prix), vous n'allez pas enthousiasmer grand monde non plus. Ou alors, d'autres. Ou pis encore, le cochon de votant, le cochon de payant, sera séduit à la fois par l'un et par l'autre, sera rebuté par l'un et par l'autre. Pas de pognon sans idéal, car la vie est courte et aussi banale, mais pas d'idéaux ni de drapeaux sans pognon. Un peu de tout. C'est pourquoi certains s'enfoncent dans les conjectures économiques plus chiantes qu'une oraison funèbre de Bossuet, tandis que d'autres nous font miroiter des exaltations patriotiques dangereuses et bien commodes pour nous faire oublier la misère : « Vive l'Empereur ! » criaient les grognards avant de retomber morts dans la neige (ah non, Napoléon était déjà rentré à Paris ; putain de légende...) De Gaulle donc, ce grand romantique aventurier, plus les mesures sociales de Charles ?

 

Cela nous semble bien approximatif. Renseignez-vous, monsieur Tillinac. Et vous, monsieur Hollande, faites-nous rêver. Euh-hheuh... « Tel s'honore » nous dit l'auteur des Considérations inactuelles « d'avoir adhéré à un parti il y a vingt ans et d'être toujours encarté un demi-siècle plus tard » (« Rimbaud n'était pas encarté », nous dit-il plus haut ; certes, mais il a fini marchand d'armes cherchant à se marier dans les Ardennes). « Moi, clame-t-il, » ce militant, « je suis fidèle à mes idées, à ma famille politique. » Eriger ainsi en vertu » (on a les érection qu'on peut) « nécrose et servitude fait froid dans le dos. Churchill a changé quatre fois de parti, et autant de fois de circonscription, sans que sa conscience y trouve à redire. » Après le général, Winston Churchill, son plus fidèle soutient et son plus fervent engueuleur. Notre salon.JPG

 

Cependant, renseignez-vous encore : le parti communiste, n'aurait-il pas fait plusieurs grands écarts, depuis le pacte Germano-Soviétique, et le « bilan globalement positif » ? N'aurait-il pas comme des tiraillements dans le périnée (ou des tirailleurs dans les Pyrénées?) ...Les gaullistes, pourrait-on savoir ce qu'ils ont conservé des théories ou de l'attitude du Général De Gaulle ? L'affairisme faisait-il partie des ambitions de notre président d'alors ? Lui-même n'y a pas trempé, c'est tout à son honneur, mais ses fameux « compagnons » ? Pour eux, comme pour les affairistes socialistes d'ailleurs, « l'économie ne » se porte « pas plus mal », c'est certain. A moins, ce qui se pourrait bien, que l'affairisme ne soit dans les gênes de l'humanité, ou du moins l'ambition personnelle.

 

Mais pour quitter ces parages philosophiques de comptoir, constatons qu'il n'est pas nécessaire de changer de parti pour cautionner des convictions totalement opposées, selon les âges et les circonstances. Ainsi parlait Casanova : « Connais toutes les femmes, tu n'en connaîtras aucune », je manque d'expérience pour le contredire, mais « connais une seule femme, et tu les connaîtras toutes », et là, nous sommes bien d'accord. L'homme de droite ne fait pas de politique, mais il sent d'où vient le vent et réalise ses ambitions personnelles, son ego, pourquoi pas, mais alors, ce n'était pas la peine de piétiner les Occidentaux contemporains qui paraît-il ne pensent plus qu'à exalter leur ego égoïste en méprisant tiens donc les traditions.

 

Il est vrai que Baudelaire a revendiqué le droit de l'homme suivant : celui de se contredire. Alors, un peu de poésie, ça ne fera pas de mal : après tout, c'est un homme, ce Tillinac, il divague, lui aussi. « Palais de l'Elysée. Bureau du Président. Il regarde distraitement le décor qu'encadre une fenêtre. Ciel bleu, miroitement du soleil sur la mare aux canards du parc. Un merle vole d'arbre en arbre, comme s'il cherchait une issue. Soudain, il passe d'une tirée d'ailes derrière le mur de l'allée de Marigny. Si j'étais locataire de ce bureau, la tentation d'imiter cet oiseau me tarauderait au bout de peu de jours, et je me plais à imaginer une évasion rocambolesque, la nuit, déguisé en flic, » (c'est mieux qu'en Arabe), « avec épilogue au zinc d'un de ces bars chers à Blondin. Remettez-nous ça ! » Hélas, les bistrots, ceux qui restent, vont bientôt fermer à neuf heures et tout le dimanche.

 

Beaucoup de choses justes, mais heureusement, beaucoup de choses fausses, une humanité, un bariolage, un changement d'avis en cours de route de la part de votre serviteur, qui espère vous avoir confirmé dans vos convictions : à savoir que tout vacille, qu'on n'est pas sorti de la verge, et qu'on peut lire Tillinac et ses Considérations inactuelles, crayon en main.

 

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