Proullaud296

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Démocratie et impérialisme

 

Monstre perché.JPGEst-ce d'avoir invoqué Dieu, imprudemment, impudemment, qui m'a soudain privé de tout un texte précédent ? J'y parlais fort intelligemment du caractère exigu de la Guerre du Péloponnèse par Thucydide, du découragement né de récits minuscules, à l'échelle de l'actuel km², où les habitants d'une ville se déchirent entre factions, chacune d'entre elles résolue à faire appel à l'ennemi, celui du petit bourg d'à côté, plutpot que de composer avec ses intérêts de lasse. Je racontais sur un ton acerbe et vraiment épuisé tel de ces innombrables coups de main qui ne font ni vainqueurs ni vaincus, se soldant souvent par un massacre : des riches sur les pauvres, des pauvres sur les riches. Ainsi de cet ignoble massacre de Corcyre, où les assiégeants, démocrates paraît-il, avaient ôté les dalles du toit, pour massacrer d'en haut à coups de flèches les défenseurs à bout de souffle.

 

Nous avions évoque le discours d'Hermocratès, de Syracuse, qui alignait des banalités en faveur de la paix, et du renvoi chez eux des troupes athéniennes, fortement interventionistes : mais il est on ne peut plus difficile de défendre la paix face à des va-t-en-guerre ; or, par miracle, les stratèges athéniens, moyennant finance, s'étaient retirés. Ils furent blâmés à leur retour, car ils auraient pu, les pleutres ! s'emparer de toute la Sicile. Et nous en arrivions, l'année suivante, à l'intervention de Brasidas, Lacédémonien, contre Mégare, dont les Athéniens cherchaient à s'emparer : toutes les nuits, la porte de l'arsenal s'ouvrait, pour laisser passer sur un chariot de mise à eau le navire de patrouille.
Pendant que le navire passait, les battants ne pouvaient se refermer : les Athéniens et leurs alliés, traîtreusement, s'étaient faufilés par cette brèche et emparé des installations portuaires de Nisaia ! Et c'était alors que Brasidas, depuis la terre, était intervenu ; son principal objectif était d'entrer dans la ville de Mégare pour s'assurer de sa loyauté. Car dans cette guerre au microscope, tous les attaquants disposent de complices à l'intérieur de chaque forteresse. Il demanda donc aux Mégariens de lui ouvrir leurs portes, du côté de la terre, en annonçant qu'il avait bon espoir de ressaisir Nisaia, le port, séparé de la ville par des murailles. Il faut refoutre les athéniens civilisateur à la baille !

 

Mais (les auditeurs sont tout ouïe, à l'affût du moindre stratagème, comme nous devant nos écrans de football) les deux partis dans la ville éprouvaient, l'un comme l'autre, des inquiétude (ô combien de bons mots perdus pour l'éternité ! mais revenons de notre chagrin) : les uns craignaient que Brasidas, après avoir fait revenir les bannis, ne les fît expulser eux-mêmes ; car Brasidas est essentiellement du parti de Brasidas. Les Mégariens ont fait appel à lui, mais à condition qu'il se retire après son intervention : "Tu nous a bien rendu service, prends l'oseille et tire-toi." Brasidas sait parfaitement qu'il ne sert que d'instrument. Les autres, que la peur de se voir traiter ainsi d'amenât les démocrates à se jeter sur leurs adversaires, provoquant ainsi la ruine de Mégare. Il faut suivre : qui sont ces expulsés ? démocrates ou aristocrates ? En tout cas, on se fout sur la gueule : tuons les aristos, ce sera toujours ça de pris – au moment même où (la ville) était guettée par les Athéniens établis à proximité. Car les Athéniens étaient démocrates, mais auraient bien annexé la démocratie mégarienne.

 

Ils avaient raison, les Athéniens, puisqu'ils étaient démocrates ; donc, ils conquéraient tout ce qu'ils pouvaient, sûrs de leur bon droit et de leur excellence politique. Les démocrates mégariens, eux, préféraient établir la démocratie pour eux-mêmes, renvoyer Brasidas et envoyer les démocrates athéniens se faire voir chez les Grecs. On ne laissa donc pas entrer Brasidas, allié douteux, car, de part et d'autre, on estimait qu'il valait mieux se tenir tranquille et voir venir. Régler ça entre Mégariens, en quelque sorte. Pas bête ! Les deux partis prévoyaient une bataille entre les Athéniens et les troupes arrivées à la rescousse...

 

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