Proullaud296

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ma vie, qui n'intéresse personne


2045 07 25

   

Aurillac ouatique.JPG

Il était donc onze heures hier matin quand je fis je ne sais plus quoi. Les jours se mêlent dans ma tête pendant ces vacances de fauché. Ce que je sais est que : Roberte et sa femme sont venues avec une femme nommée Françoise Buzancy, maman d'un petit garçon de cinq ans mais j'ai l'impression désormais que toutes les femmes sont gouines, spécialement dans l'entourage de Roberte, et il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte.
    La preuve en est qu'elle a proposé à Séraphine de coucher avec elle si je dois venir à Nicoville pour voir Mauviette. Or moi je ne tiens pas du tout à voir Mauviette, ni à voir qui que ce soit d'ailleurs. Je suis déjà allé à Nicoville au début du mois et cela me suffit. Bref les trois femmes sont restées à table dehors sur le ciment rénové, et nous avons parlé à cinq de façon point trop désagréable.
    Il est exact qu'il faut un homme pour empêcher que la conversation ne devienne languissante, et pleine de conventions. Du moins un homme comme moi, que la modestie n'a pas encore étouffé. Je me passionne quand je parle, faisant fi des convenances. Ainsi, j'ai précisé combien je trouvais incompétent le personnel de la bibliothèque de Bordeaux, incapable de me fournir le tome IV d'une littérature française, et me serinant contre toute vraisemblance qu' "on n'avait pas encore acheté les autres tomes".
    Armelle a pu faire voir ses sculptures, sans en vendre une seule, mais Roberte a pris commande d'un vase à têtes humaines bleu, si Rachel voulait se fatiguer à le refaire. On ne sait jamais : elle peut s'y mettre. Après cela, une longue après-midi de cet horrible été chaud. Une sieste vaseuse, je suppose ? Voici : il y eut non pas un soir et un matin, mais un repas léger et une piscine.
    Deux fois que nous allons à la piscine cet été. Arielle ne me fait pas trop honte grâce à son maillot une pièce qui ne dégage pas les bourrelets sur le côté. De toute façon nous avons vu là-bas des femmes au moins aussi grosses, dont une qui entourait ses jambes de sa serviette, ses membres inférieurs étaient véritablement torsadés de graisse. A côte de moi il y avait une fille bien grasse aussi, à ce que j'ai vu quand elle s'est levée pour aller dans l'eau.
    Et puis, si on commence à se moquer les uns des autres, ça devient intenable. Il paraît que des enfants de cinq ans m'ont considéré comme un étrange et énorme mammifère marin... Nous mangeons beaucoup moins en ce moment. Le travail va son train-train avec son manque d'espoir habituel, depuis le début juin que j'ai demandé au procureur de m'autoriser à publier, je n'ai toujours pas de réponse.
    Nous avons dû nous traîner ainsi jusqu'au repas, à moins, ce qui est toujours possible - confusion des jours dans cette guimauve ! - eh oui ! ce n'est pas hier, mais avant-hier que Paul est venu nous kärchériser la cour en ciment! Nous avons écouté les informations, où il est beaucoup question des affaiires de dopage du Tour de France. Les coureurs sont des cons : au lieu de s'insurger contre les médecins qui les gavent de drogues, ils s'insurgent contre les media qui les harcèlent avec la vérité !
    En revenant de mon émission, je gueulais au volant, très fort pour qu'on entende par la fenêtre ouverte :
    - Bien fait pour leur tronche ! Tout le monde à l'eau minérale !
    Mentionnans donc, puisque nous en sommes là, que mon émission sur Rabindranath Tagore fut maladroite au dernier degré. Je devais commenter le recueil intitulé "le Vagabond". Je ne connaissais rien d'autre de ce poète-écrivain. Et ma foi je trouve cela gentillet, sans plus. J'aurais pu ajouter que j'étais particulièrement ignare en ce qui concernait la tradition littéraire indienne.
    Peut-être par exemple le cadeau de cerises au bien-aimé de la part d'une toute jeune fille revêt une importance mystique, symbolique de je ne sais trop quoi. Là où je voyais des scènes à l'eau de rose, peut-être y avait-il tout un code que je ne pouvais déchiffrer. Quant à ma nouvelle, "l'Accidenté", comme disait Lazare, ce n'est pas ce que j'ai écrit de mieux. En tout cas je n'ai pu rien enregistrer.
    Qu'il ne reste rien de cela, tant mieux. Après les informations du soir, je me suis lancé dans le tri enfin des cassettes. Il en reste peu, car la provision ne s'en renouvelle presque pas. Je classe ensemble les miennes et celles d'Arielle, bien qu'il soit légitime qu'elle veuille avoir aussi les siennes indépendamment.
    Eh bien il s'en trouve une bonne proportion lui appartenant et qu'elle croit disparues, comme les danses de chez Lanza del Vasto, quand elle pouvait encore tenir debout. Il paraît que c'est là qu'elle m'a trompé. Est-ce que cela remonte vraiment à quinze ans ? Je ne me souviens plus de cela. J'ai parfois, de plus en plus souvent à vrai dire l'impression que mon activité favorite est non pas d'écrire mais de classer, de ranger comme avant une agonie, mes livres, mes disques, mes cassettes, pour remettre désespérément un peu d'ordre dans la vie qui est désordre. Je vois enfin  le bout de cet interminable classement de cassettes audio. J'en ai fait jusqu'à onze heures moins le quart, pendant qu'Arielle s'escrimait sur une sculpture intéressante, car elle pourrait s'apparenter aux "Causeuses" de C. Claudel, pompées d'ailleurs sur les Etrusques, ou les Chinois.
    Et puis il a fallu se coucher, car il y a deux moments particulièrement pénibles dans une journée, qui sont le lever et le coucher. Même à supposer qu'on fasse l'amour (il n'est prévu par moi que ce soir), il reste encore toute une nuit interminable et gluante dans un lit défait par les remuements dus à la chaleur. Hier le chat n'avait pas voulu regagner le bercail.
    Mais nous avions laissé entrouverts les volets. Il s'y est glissé d'un bond à l'obscurité, nous avons entendu son collier garni d'un grelot, et à deux heures du matin j'ai contourné la fenêtre par l'extérieur et je l'ai enfermé, débarrassé de son collier, puis je suis allé m'asseoir dans mon fauteuil à branlette. Comme le porno n'était pas encore commencé, je me suis attelé à des lettres d'Hölderlin, pleines de déférence et de culture.
    Ensuite j'ai été récompensé par "les Mémoires d'un pervers", qui se passent dans l'Italie de la Belle Epoque, avec une scène extraordinaire de lesbianisme en costumes d'époque, où les actrices véritablement y mettaient tout leur enthousiasme, et on ne me fera pas croire qu'il était uniquement   professionnel...

Les commentaires sont fermés.