Proullaud296

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Antoine Tounens

 

Les premières navigations d'Antoine auront pour véhicule les rapides de la Dordogne à bord des gabarres ou bateaux de rivière d'antan, et dans les tempêtes cap-hornaises ce sont les paroles des gabastons qu'il retrouvera pour défier la vague montagneuse. P. 94 :

 

"Ces deux pays n'ont aucun droit sur elles, ni par les armes, ni par traité, ni même par le sens de l'Histoire. Cette terre est habitée par des tribus d'Indiens qui abominent Argentins et Chiliens. Mais elles sont divisées, courageuses mais sauvages, en proie à l'anarchie et incapables de mettre en valeur ces contrées qui pourraient nourrir vingt à trente millions d'habitants alors qu'elles n'en portent pas le centième".Chemin étroit.JPG

 

Tel est le discours tenu par Antoine de Tounens face à quelque auditeur officiel et sceptique, un projet parfaitement réalisable, théorisé sur table, thésaurisé dans un tableau ardent, plaquable croit-il sans délai sur une réalité rebelle et glissante – mais après tout, que furent Alexandre et Napoléon ? Seulement voilà : nous sommes dans un monde rassis, "pobre carnaval", où tout a trouvé sa place comme au fond d'un sac, et l'on ne remue plus ces sacs de bureaucrates et d'autorités comme on faisait naguère encore avec un sabre. Tout est extraordinairement raisonnable, raisonné, prévu dans ce plan d'Antoine de Thounens, tout y respire en plus l'échevèlement dont cette époque déjà ne veut plus, sans parler de Saddam Husseïn ni de Khadafi. Nous nous méfions des grandes causes – ne trouvez-vous pas qu'ici le commentateur exagère, mélange les ambitieux et les purs, les hypocrites et les rêveurs sublimes ?

 

Qui dira à combien de calculs et de mesquineries les empires d'Alexandre et de Rome ont dû leur prestige ? Sans doute, à se priver de boue sustentatrice, l'or s'effondre – que voilà des abîmes...

 

P. 141 : "Nous nous serrâmes la main gravement. C'était un homme de la vieille Europe qui ne pratiquait pas le grotesque abrasso. Nous prîmes rendez-vous pour une autre charge, le lendemain. "

 

Sur sa route, Antoine rencontre des héros de sa trempe, grandioses petits garçons qui formeront une fois morts son ministère et les teneurs de cordons de poële de son rêve...

 

 

 

/ Lectures des pp. 189, 235, 282 :

 

"Une autre ville sortit de terre à une demi-lieue plsu au sud. Sur une caserne neuve flottait le drapeau chilien abhorré. Moi régnant, il n'y flotterait pas longtemps."

 

"...M. Leitton et son épouse me comblèrent d'attentions. J'aurais dû me méfier."

 

"...Je suis bien content que tu sois là.

 

Et le petit Antoine, avec la franchise de son âge :

 

" - Pourquoi n'es-tu pas mort là-bas ?

 

" - Je me le suis reproché chaque jour que j'ai vécu."

 

 

 

Puissent les lecteurs, nombreux, attentifs, exaltés, s'apitoyer sur le sort d'Antoine de Tounens, Roi de Patagonie, avec le même respect dû aux grandes têtes tombées, aux espoirs engloutis de chacun de nous, aux Mozarts assassinés, enlisés, englairés, couverts des crachats de la raison, que nous sommes tous.

 

Reconnaissons-nous tous, et saluons en ce héros la permanence de la flamme que nous porterons tous jsuqu'au coup de la mort, nous autres, éternels éphèbes, qui n'avons jamais renoncé à être les rois indétrônables de notre Patagonie...

 

Les commentaires sont fermés.