Ce qui nous joint
Si je dis délivrez-mo d'elle,ils me regardent tous et se mettent à rire. (“L'Avare”). L'Histoire, celle des autres, la nôtre,nous aligotésl'unàl'autre,nouspouvonsbien nousrejeterlafaute àl'infini(revenirsur
cemonde intérieurdeSylvieNerval).
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Nous avons tous deux subi les mêmes échecs ,les mêmes humiliations, les mêmesattentesdevantlesgrillescloses.(Exemple,dèslapremièreannéequenousavonsvécueensemble:cecriminelDirecteurdesBeaux-ArtsdeTours,l'incompétencecriminelledesarecommandationàSylvieNerval: “Vousallezvousennuyer:nosélèvesnedépassentpas17ans.” Elleenavait22.Cen'estqu'en1975,huitansplustard,qu'elleaétéadmiseàBordeaux,pardérogation.Criminel. Salopard. Sadique. Sous-merde.Toute uneviegâchée.Deux vies..Vous auriezfaitci,vousauriezfaitça:vousn'auriezr
rienfaitdutout
Cestmoi quiécris,c'estmoi quiinsulte.
Jamais nous ne nous sommes séparés. “Scier nos chaînes”, comme vous dites, c'eût été retrouver , de l'autre côté, tous ces paquets de mâles vulgaires au lit, de gonzesses inquisitrices et crampons, tous et toutes dépourvus du moindre vernis cérébral, de la moindre folie. Toutes et tous exclusifs, exigeant tout sans restriction, conformistes jusqu'à la moëlle comme tout révolutionnaire qui se respecte, ayant bien su depuis virer de bord. J'aimerais, j'aimerais encore à vingt-cinq ans de distance pouvoir péter la gueule de cet Egyptien qui s'est permis, le pignouf, de faire éclater Sylvie Nerval en sanglots en plein café, au vu et au su de tout le monde, avec supplications
J'ensouffreencorecommed'unaffrontpersonnel.Vousauriezfaitci,vousauriezfaitça.Vos gueules. C'estenraisondecettefidélité.quejen'aijamaispuévoluerBaudelairenonplusn'asuévoluer,cedontl'ablâméM.Sartre,ProfesseurdephilosophieauLycéeduHavre.Etcequenousremarquonsencore,SylvieNerval,chezlesAutres,lesConnards,c'estl'inimaginable,l'immondeetrépugnantecruautéaveclesquelsilsrompent,sedéchiquètentl'undel'autre,sanslamoindrenilaplusélémentairepitié,lamoindrenotiondelaplusminimehumanité,fût-cedusimplerespectdesoi-même.Aunomdel'illusoiregrandeuretbouffissureduDestinAmoureux,etdesamystiqueetignobleirresponsabilitéJe suis amoureux j'ai tous les droits ; jepiétine,jeconchie.Mortàl'aimé.Répudiationenpleinedéprime,risquedesuicideinclus;viragedemecsousprétextequ'ilatrouvésonpetitrythmedebaisequotidienne-veinarde!-etqu'ilse croit chez lui – etautres,etmaintsautres.
Onn'apasledroit,pas le droit defairedumal,pasledroitderompre.Tantd'atrocitésquiravalentl'humainauniveaudelacourtilièreoudelamantereligieuse.Jenevoulais,moi,confiermafemmequ'àdessuccesseurdûmentapprouvés,j'allaisdireéprouvésavantelle.Voilàcequ'estl'amour.Nepasfairesouffrir,nejamaisinfligerlapluslégèresouffrance.Tu ne tueras point. Tu ne mourras point. Plutôt millefoisnerompreavecrien,riendutout,traînantavecmoitousmespetitssacsdesaletés,pourassimiler,comprendreenfin,digérer,ruminer,incorporer.Revivresansfin.
Au rebours exact de ce que vont prêchi-prêchant tous ces ravaudeurs de morale à deux balles, “savoir tourner la page”, “dépasser son passé, autrement il vous saute à la gueule”, que j'ai entendus toute ma vie. Tous ces moralistes. Tous ces étouffoirs, avec leurs formules inapplicables. J'ai conservé, absorbé, stratifié, j'immobilise, j'étouffe le temps et ma vie, momifiant, pétrifiant tout vivant, tordant le cou aux lieux commun et autres petits ragoûts de bonheur précuit.Constance, renaissance, éternité.
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ToutmonemploidutempsserègleenfonctiondeSylvie.Qu'elleselève,jesuisdéjàdeboutdepuisuneheure.Deuxheuresc'estmieux.Jemesuisassisauxchiottes(jeneconservepastout).J'aientr'ouvertlesvolets,lu,regardédeuxminuteslachaînesuivantedetélévision,ouvertunpeupluslesvolets,mesuislavé.Faitchaufferlethé,ditlesquelquesmotsquiréveillentsansbrusquerie,ouvertengrand.Auparavant,j'auraijetél'œilsurl'Agendapourprendrenotedescorvées,projets,visitesetspectaclesdepuislongtempsprévues-sansquecelapuissememettreàl'abrid'exaspérantessurprises-jecoulemontempsautourdusiencommeunbrassurunetaille;horsdemoi,enrevanche,sipeuqu'elles'accordedevivresanstenircomptedemespropresobligations,passagesàl'antenne,cocktailsàvenir.Jenesaispourquoij'aimissilongtempsàvivreenfinheureuxàsescôtés,àmoinsquenemetransperceunjourl'épouvantableévidence(maisjelesaisdéjà)quel'onmettouteunevieàtransformerdesinconvénientsenavantages,destorturesendouceurs...J'aipensé,assurément,qu'ilétaithonteuxdeparaîtreamoureux,afindem'imaginerdisponibleàtouteslesdestinées,àtouteslesfemmesquipassent. J'aiditàSylvieNervalTu as modifié toute ma vie.
Mais qu'ai-je proposé d'autre ? Bordel, soûlographies, flippers ? Que pouvais-je vivre d'autre ? “On peut transformer sa propre vie, encore faut-il en avoir la volonté” : de telles assertions, fusssent-elles signées Alice Miller, me font hurler de rire.
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Direàprésentcombiennoussommesl'unetl'autreengagéssurlesvoiesdelamort. “Acetteheurequejesuisengagé” ditMontaigne “danslesavenuesdelavieillesse” aucommencementdesesEssais. Certainssententvenirlamortdeloin.
Commentaires
Eh oui ! ça existe, les mots qui collent, et j'ai bien la flemme de les décoller... Bonne lecture !