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Chessex, c'est sexe

 

Jacques Cheyssex, comme son nom l'indique, va nous parler de sexe. L'auteur de “L'Ogre” nous a pondu “Morgane madrigal”, et à franchement parler, le second cité ne me donne pas l'envie d'aller voir le premier, car, ainsi que disait Mahler, dont vous entendez actuellement la Deuxième Symphonie, “je n'ai jamais vu un marronnier porter des oranges”. De sexe donc, et pas de n'importe lequel, du sexe de la femme. Qu'iil me soit permis ici de demander aux petits pudibonds vicieux qui se permettent de téléphoner au chef de tourner le bouton, de passer à autre chose.

CI-DESSUS : "AVEC SES CHEVEUX", dessin d'Anne Jalevski voir son site

Avec ses cheveux.JPG

 

Au lieu d'écouter d'une oreille en disant toutes les cinq minutes “Mon Dieu que c'est obscène, mon Dieu que c'est obscène”. Merci ! Car le livre de Chessex, Jacques, est obscène. Au lieu de désigner crûment le sexe féminent sous l'un de ses 465 noms (le sexe masculin n'est pas en reste), au lieu d'appeler un chat un chat (et ce n'est que le début, l'auteur ne s'en privera pas non plus, d'ailleurs ce chat-là n'a rien à voir avec l'animal mais bien plutôt avec le chas d'une aiguille qu'il rappelle par sa forme et toc), Jacques Chessex tourne autour du pot et commet un madrigal, qui est, comme chacun sait, une “petite pièce en vers exprimant un epensée fine, tendre ou galante”, un “compliment d'une galanterie affectée”.

 

Pour être fin et affecté, ce l'est, cela s'en vante, cela fend les poils en quatre, et cela ne décrit rien. Il existait des blasons du corps féminin, des poèmes sur les seins, les hanches, les pieds, pourquoi pas le sexe, en effet, c'est même là, soyons francs, l'objet principal de notre désir. O.K. ? Jacques Chessex ne décrit rien, il y a d'excellents ouvrages médicaux pour cela, il existe aussi toute une littérature pornographique. Jacques Chessex a choisi la voie la plus difficile, celle de l'érotisme, qui consiste à suggérer, voire très précisément, sans montrer. Or s'il est vrai comme dit l'autre que “la pornographie, c'est l'érotisme de l'autre”, pour moi, l'érotisme est plus obscène car plus hypocrite que la pornographie.

 

Mais des dégoûts et des couilleurs... Bref, Jacques Chessex fera assaut de métaphores, où reviendront osuvent vous vous en doutez les couleurs rouge et noir. Le sexe féminin sera comparé à tout ce qui peut s'ouvrir et se fermer, se lubrifier et s'assécher. Pas question d'odeurs, curieux manque. Sera comparé à tout ce qui est doux et rêche, lisse ou velu, animal, etc..., registre insondable – précisément. Viendront se greffer, se tresser à cela l'inévitable adoration de la femme pour son sexe et le plaisir solitaire surtout à deux entre femmes, et en avant pour la femme froide, aimant se faire adorer, la cravache à la main au besoin, en Suisse de surcroît (car tout ce monde baise en Suisse au double sens du terme). Cette domination s'adresse au moustachu et donc caressant aux bons endroits Jacques Chessex ou du moins son personnage, car peu m'importe vraiment le caractère autobiographique ou non de l'ouvrage. L'homme dominé est fier de l'être, et se perd de la langue, des lèvres, des dents et de tout le visage dans cet abîme en surface, dans ce labyrinthe aux innombrables replis qu'est le sexe de la femme. Et Monsieur broute, étouffe et fantasme. A qui cela n'est-il pas arrivé. L'ennui est qu'il ne fantasme pas comme son lecteur. Enfin pas forcément.

 

Or rien n'agace plus un pervers (pour autant qu'il s'agisse là d'une perversion) que d'en trouver un autre n'étant pas tout à fait dans le même registre. Comme disait un pédé, moi je ne me fais pas taper dessus ; comme disait un pédé qui se faisait taper dessus, moi je ne drague pas les petits garçons ; comme disait un pédé qui draguait les petits garçons, moi je ne fais pas les bouchées à la reine. Le normal, c'est moi, le pervers, c'est l'autre. C'est pourquoi dans l'ouvrage de Jacques Chessex, je ne puis supporter l'éternel contentement de soi distillet savamment par ce vieux minet boulottant son ronron sans état d'âme.

 

Monsieur est heureux et nous l'assène, Monsieur est perpétuellement sur le point d'éprouver les sensations les plus ineffables et reste au bord du plaisir pour s'augmenter le plaisir, Monsieur s'admire et veut nous faire pâmer devant des personnages de maîtresses parfaitement froids, conformes (comme tous les phantasmes, figés). Pas l'ombre d'un sentiment ne passe dans ce catalogue d'attitudes, de clichés super-usé. Il faut qu'un fantasme corresponde à une statue, à de l'automatisme. Mais quoi, aucune mauvaise conscience, aucune titillation ni inquiétude. Ou alors, on présente ces choses-là comme autant de jouissances.

 

Il y a toujours quelque part l'imminence d'un paroxysme. Pendant ce temps, Chessex, horloger bernois du langage, s'écoute parler, se regarde écrire, et, passez-moi l'expression et les petits fours, nous emmerde prodigieusement. Un madrigal, c'est court. Là, il y en a 217 pages. On les compte. On les effeuille. Et maintenant, se dit-on, que va-t-il ne pas se passer. Tous les clichés surabondent dans cet envers de Nouvelle Héloïse. M. Chessex, parlez-nous de cul et de con, vos marivaudages obscènes sont tombés chez moi sur un mauvais terrain, très infé-cond.

 

 

 

/ Lecture de la p. 47 /

 

 

 

...où l'on voit que Chessex ne manque pas de références, tâchant de raccrocher ses tristes béatitudes constipées au roman courtois ; mais le roman courtois débouchait sur le mystique. Le sexe de la femme, excusez-moi Mesdames, ne débouche ici que sur lui-même, ce qui est un peu court. Et rien sur la maternité : mon commentaire ne prête-t-il pas à rire par son décalage, là, quelque part ? C'est pourtant un cliché de choix, non ? Là d'où sortent les enfants ! Non : il n'a pas été utilisé. Juste l'érotique ; juste la titillation ; et, génial ! Pas un mot du clitoris. Il faut le faire, non?

 

Bref, j'accuse ce monsieur de m'avoir chipé un sujet et de l'avoir salopé, puisqu'il l'a traité autrement que je n'aurais fait. Mais poursuivons (de Marseille ) -

 

 

 

/ Lecture de la p. 94 /

 

 

 

Ici, l'auteur se contorsionne et veut faire le précieux, le distingué. Il ne réussit qu'à esquisser les entrechats balourds d'un garçon de café qui n'aurait pas lâché son plateau, d'un humilié qui veut faire le distingué sans réussir à autre chose qu'à tortiller du cul de façon disgracieuse. Il vous manque la grâce, Monsieur Chessex. Votre élégance, recherchée si visiblement ! ...n'est que pédanterie plouqueuse. Poursuivons encore :

 

 

 

/ Lecture de la p. 141 /

 

 

 

Crispant, non ? Surtout de la façon que je le lis. L'art de parler pour ne rien dire. On termine sur une lucidité, sur le néant de l'érotisme, pour faire plaisir au méchant petit puritain qui sommeille en moi, et qui fus frustré ? Ah que si j'avais à écrire sur le sexe de la femme, ah que j'aurais écrit vraiment d'autres choses, et qui n'auraient pas plu à Chessex, mais après tout peut-être que ces entortillis chessexiens plaisent aux femmes... Mardi prochain, Bernard de France, puis Julien Green, puis Bernard Frank, puis Slaughter, puis Balzac, deux fois, puis de science, etc., etc. “Morgane Madrigal”, de Claude Chessex.

Pour se reporter aux pages mentionnées, voyez votre exemplaire personnel. Moi, j'ai balancé le mien.

 

Commentaires

  • Et voilà Chessex rhabillé pour l'hiver...

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