Vous avez dit euthanasie ? Editions du Bord de l'Eau
"Si les personnes âgées utilisent largement leur liberté, en ne consultant pas, en n'appliquant qu'une partie des traitements ou en changeant de médecin quand le traitement ne leur convient pas, pour le patient dément, le contrat est biaisé dès le départ". Soit. Souvent la médecine essaye de tuer les moustiques à coups de marteau sur la gueule du patient. Si je mets le doigt dans l'engrenage, les toubibs me broieront jusqu'à l'os, et je mourrai dans les règles (cf. telle connaissance qui s'est fait radiothéraper la gorge au point de la transformer en carton-pâte, pour avoir suivi les conseils de son équipe soignante) ; Le malade imaginaire de Molière a repris de sa pertinence à notre époque.
C'est à nous de nous débrouiller de nos arthroses ou douleurs stomacales. Mais si nous devenons faible d'esprit ? Si toute notre science s'effrite au cours des années ou des mois, et que nous redevenions d'abord des ignorants, comment allons-nous réagir ? Déjà je ne suis plus certains textes, et disserter autrement que par à-coups me devient impossible et pesant. Comprendra-t-on alors que je désire poursuivre ma vie animale ou nourrissonnière ? "Il n'y a que très rarement, à l'origine de l'acte médical, un mouvement actif de demande venant du patient dément vers lemédecin". Ou alors, avant qu'il ne sombre. Mais une fois sombré, rot. Mais alors, qui demande ? Et demande quoi ? "Supprimez en douceur ce tas de viande inutile et qui coûte bon, à sa famille, à sa clinique, à l'Etat" – le grand mot est lâché. Un jour on voudra se débarrasser de moi. "Le plus souvent, il est amené en consultation ou en hospitalisation par ses proches." Bon, il n'en est qu'à cette étape-là. Il est encore loin de l'élimination physique. Et souvent il a résisté à cette visite médicale...