So für mich hin...
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IMPUDENCES (124)
A ma mère "Est-ce que tu veux une demi-livre de bifteck sans enlever les os ?" - ma main sur la gueule. Alcmène jeune fille répondait en serrant les dents, à reculons comme un bête rétive : "Eh ben alors... Eh ben... - Dis que j'en ai menti ? dis voire que j'en ai menti ?" Un Dragon ne ment pas.
Notes
(124) Il est très malaisé de déterminer ce qui a bien pu suggérer à l'auteur telle succession de chapitre plutôt que telle autre. Ici, deux séquences brèves, destinées à montrer comment à cette époque un homme se faisait respecter de sa femme, et de sa fille.
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ORACLES DECLAMES (125)
"Nous disions donc, Mathéos" - prononcez "matéheausse" - que le bruit de la mer-d'empêchait les poissons de dormir" - Alcmène se demanda quelle avait bien pu être cette fameuse "Théôs" - j'imaginais quelque solide bellâtre entourant de son bras les frêles épaules d'une poupée en costume régional, contemplant la mer pour la première fois... ou plutôt un nommé "Mathéos" - de quel opéra-comique tenait-il ces formules - quel Parisien connu dans les tranchées (...)
Note
(125) Reprise, donc, des paroles immortelles que ma mère a cru bon de me transmettre (et elle avait raison).
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ORACLES CHANTES scato crescendo
Il chantait : « Au bain Marie j'ai vu tes charmes
« Au bain Marie j'ai vu ton cul » (« bain-marie, hihi !)
Il chantait "Dégueule de tout ce que tu voudras
"Dans les sentiers remplis de mè-è-è-rd- (feignant de se reprendre) - ...leuh... ("de merles", ah ah !)
Il chantait « J'avais mis ma main dans la...
reprenant « J'avais mis ma main dans la... eh merde, je n'sais plus ! » Mimer avec les mots la glissade dans la merde. Ou bien, au dernier moment, l'éviter, second degré paysan.
Il chantait « Ah c'que c'est beau d'chier dans l'eau
« On voit sa merd' qui nâ-âge
« Si j'avais su qu'c'était si beau
« J'aurais fait davantâ-âge.
Virgile on vous dit. (126)
Note
(126) Il semble que cette fois, les notes en fin de §§ s'avèrent moins nécessaires.
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DES FEMMES
Un homme exprimait-il des idées tant soit peu favorables à l'émancipation féminine, Dragon grommelait :
-
Tout ça, c'est des opinions de pédé...
Aux femmes du lavoir : « Vous lavez toujours ?" ("votre pucelage")(du verbe « avoir », évidemment). Elles répondaient "vieux cochon", "vieux machtagouine !" (127)
A une qui courait, l'interrompant dans sa course :
- C'est la fête au Paradis ?
- Pourquoi ?
-
Parce que les seins dansent !
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ETYMOLOGIE, tenant lieu de la note 127 :
Je demande à ma mère, qui l'emploie sans malice, la signification du mot « machtagouine », qu'elle trouve très pittoresque, sans pouvoir le rattacher de près ou de loin à quelque particularité linguistique lotharingienne que ce soit. Gaston Dragon l'employait pour désigner plus vieux que lui : « Vieux machtagouine » ! Ce n'est qu'à cinquante ans passés que sa fille en comprend l'étymologie de ce mot : il désigne les vieux impuissants incapables de faire jouir leurs femmes autrement que par une pratique bucco-génitale réservée (croyait-on) aux (« Mâche ta ») - gouines.
. C'est moi également qui apprend à l'innocente Alcmène, consultant les prescriptions d'un remède combattant le "prurit vulvo-anal", la différence entre "vagin" et "vulve" : ma mère ignorait ce dernier mot. Quant à Gaston-Dragon, il avait rebaptisé le village natal de ma mère : de « Vavincourt », dans la Meuse, (127) il fit "Vagin-Court".
Note
(127) En Allemand, « die Möse » signifie « le sexe féminin ». Trop fun.