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Tristan et Iseut



    Très intimidant chers leciteurs de vous entretenir d'un chef-d'oeuvre : Tristan et Iseut, dans la collection "Livre de poche - Gothiques". J'aimerais vous faire partager de l'enthousiasme, et j'ignore si j'y parviendrai. Cette oeuvre n'existe ici qu'en fragments, car c'est tout ce que l'on a pu retrouver du texte.  Vous trouverez la totalité de la légende en norrois, c'est-à-dire en vieux norvégien, traduite heureusement, et en intégralité, en fin de volume.
  Poutres et mezzanine.JPG  Tristan, neveu de son oncle, et seul héritier de ce dernier, doit lui chercher une fiancée au-delà des mers : ce sont les barons de l'oncle qui l'exigent, car le roi Marc, appelons-le par son nom, ferait ainsi un enfant, mâle de préférence, et Tristan, le favori, ne succéderait pas au souverain en place. Or, c'est là que les choses se compliquent, sur le bateau qui ramène la fiancée au roi Marc, Tristan et Iseut boivent du même philtre d'amour, et se sentent pris l'un  pour l'autre d'une irrésistible passion.
    Toute l'histoire de Béroul, qui en est l'auteur, ne consistera plus qu'en de multiples rebondissements, faits de séparations et de retrouvailles plus ou moins coupables, car enfin, ce neveu qui rejoint la femme de son oncle est à la fois parjure à son roi et incestueux. Mais il est beau, il est jeune, il est noble, et rien ne serait plus normal, selon les moeurs de l'époque, d'enlever cette femme et de se l'approprier au nez et à la barbe de toute l'aristocratie.

    Au lieu de cela, il remet la fiancée à son oncle, après en avoir usé, tout en se promettant de la conserver pour maîtresse. Voyez l'ambiguïté ! De soi-même, se mettre en contradiction, lui et son amante Iseut, avec la loi féodale, et avec la loi sacrée de l'Eglise. Problème insoluble, bien propre à nourrir les rebondissements, à fournir matière aux développements littéraires !
    Tristan et Iseut représente le schéma de toutes les histoires d'amour occidentales désormais : elle, lui et l'autre, qui fourniront à l'envi toutes les intrigues de nos tragédies classiques, de nos romans bons ou mauvais, de nos films chefs-d'oeuvre ou navets. C'est l'oeuvre fondamentale par excellence. Toutes les amours sont impossibles, ou interdites : il ne saurait en être autrement, ou c'est la fin de toute littérature : que resterait-il en effet à raconter, si un jour Madame Tristan demandait à son époux : "Passe-moi le sel" ?
    Il faut des obstacles aux amants, il faut des conflits. On dirait même, et Denis de Rougemont l'a démontré dans son livre  l'Amour et l'Occident, que le couple des amants s'ingénie à multiplier les obstacles ou les situations risquées, voire scabreuses, afin de prolonger un amour qui autrement s'effilocherait dans le bonheur. Ils sont sans cesse découverts et dénoncés par les barons, qui sont les méchants de l'histoire, mais en même temps les seuls véritablement loyaux, ah ! loyaux, puisqu'ils défendent l'honneur du roi, qui, sauf son respect, se fait planter les cornes.

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