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Spire versus Renaud Camus

    Une fois n'est pas coutume : le compte-rendu qui sera fait aujourd'hui portera sur un ouvrage que je n'ai plus entre les mains, ayant dû le rendre, et vous n'en ouïrez hélas aucun extrait. Il s'agit de "L'Obsession des origines" de Spire, officiant à France-Culture, et désireux de s'opposer à Renaud Camus. Encore lui, direz-vous en parlant de ce dernier. Certes. Il introduit dans sa première version de "Campagne de France" ou Journal de 94 un antisémitisdme sournois en même temps qu'avoué, dans une démarche vicieuse que M. Spire nous dévoile avec bonheur.

CI-DESSOUS MICHEL SIMON SUR STORE, A LA CIOTAT
   

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Ce sont tout d'abord dans ce livre, "L'Obsession des origines", des pages magnifiquement écrites et sincères sur l'enfance de cet homme, la découverte de sa judéité, les questionnements qu'elle a induits en sa personne. Nosu retrouvons cela dans maints récits de jeunesse, et pourvu que le style et la hauteur d'esprit en imprègnent les pages, le lecteur demeurera captivé par ces relations toujours à la fois vaguement les mêmes et si humainement individualisées.
    L'ouvrage cependant diffère des simples constatations chronologiques et se dirige rapidement vers son but : dévoiler disais-je, une fois de plus, car les portes ouvertes possèdent les plus solides chambranles, ce que cachent les discours bien-pensants et cauteleux de l'antisémitisme comme-il-faut. Première contre-vérité de Renaud Camus, "les" Juifs. Le pluriel lui-même est une absurdité.

    Il y a 1 Juif plus 1 Juif plus 1 Juif. Cela n'autorise jamais le pluriel. Il est impossible de déterminer "ce que pensent les juifs", "comment votent les juifs", "quel est le niveau de culture des juifs". Ils constituent, comme les Belges, les femmes, les Auvergnats ou les coiffeurs, une communauté qui n'a de communaujté que par le nom. "Les" juifs donc, puisque pluriel il y a, se déchirent entre eux aussi bien que les autres, voyez ce qui se passe en ce moment en Israël, voyez la multiplicité des points de vue qui les font s'affronter à travers le monde au sujet des affaires du Proche-Orient par exemple.
    Il est donc particulièrement absurde et dangereux d'affirmer que "les" Juifs ne seraient pas aptes à assimiler aussi bien la culture française que les paysans d'Auvergne ou du Velay, purs Gaulois. Nous nageons là en pleine faribole. La culture française a précisément cette caractéristique de fédérer toutes les ethnies, toutes les origines, juive, marocaine, écossaise, polonaise, dès l'instant où l'individu s'est appliqué à étudier, à aimer - car on s'applique à aimer - les écrivains, les peintres et les musiciens de la France.
    Cette capacité de fédérer les intelligences s'applique d'ailleurs aussi bien à la culture grecque contemporaine, mongole ou serbe. C'est l'intelligence, c'est l'ouverture qui priment, et non pas telle conception étroite de quelque nationalisme que ce soit. Nous sommes nos parents et grands-parents et arrière grands-parents, soit, mais nous pourrions peut-être avoir fait quelques progrès depuis Barrès, et je citerais ici volontiers Stefan Zweig :
"Toujours la nature, conformément à sa tâche mystique qui est de préserver l'élan créateur, donne à l'enfant aversion et mépris pour les goûts paternels. Elle ne veut pas un héritage commode et indolent, une simple transmission et répétition d'une génération à l'autre : toujours elle établit d'abord un contraste entre les gens de même nature et ce n'est qu'après un pénible et fécond détour qu'elle permet aux descendants d'entrer dans la voie des aïeux".

(certes ; après Zweig, je me tais ; mais j'aime mieux Renaud Camus que Spire ; parce qu'avec Renaud Camus, on peut parler ; tandis que ses adversaires ont raison, ils ont raison, ils ont raison, point barre, et tu fermes ta gueule et gnagnagnère, sinon tu es un facho ; qu'on ferme sa gueule après Zweig, d'accord, total respect ; mais après Spire, non : je cause. Même avec Renaud Camus). 

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