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BAGATELLES DE LA MORT 57/68

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT L’ENFER ET LES ENFERS 88

 

 

 

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Où nous n’apprenons rien

Chez les Anciens, les Enfers, c'étaient les lieux inférieurs, Inferii, où se retrouvaient aussi bien les bons que les méchants. La privation de la vie terrestre était irrémédiable : on survivait comme des ombres et tous, même les meilleurs, regrettaient la vie sur terre. Achille aurait préféré devenir moutardier en ce monde que l'ombre de lui-même aux Enfers. Les plus belles âmes pouvaient toujours se consoler aux Champs-Élysées, « Séjour des Bienheureux », où ils conservaient eux aussi leur apparence terrestre, mais en devisant, sans fin, de philosophie - les paradis sont toujours difficiles à évoquer. En revanche, les supplices des Enfers, dans l’abîme sans fond où l'on souffre pour l'éternité, ont excité une imagination sans limite (le Tartare est le lieu où l'on torture (du verbe tordéré) ; il est aussi éloigné de la surface de la terre que la chute d'une enclume depuis le haut du ciel pendant toute une journée).

Progressivement, les Enfers antiques ne signifièrent plus que « le lieu des supplices », les Enfers Bienheureux se logeant désormais près de Dieu, in excelsis.

L'enfer, c'est le feu. Il existait à Jérusalem, y compris du temps de Jésus, un vallon où se brûlaient les ordures, les cadavres d'animaux et de criminels, la "géhenne" ; c'est peut-être de là qu'est venue l'image des flammes : "Et le diable […] fut jeté dans l’étang de glace et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète"- ce qui autorise aussi à figurer l’Enfer par la glace, ou bien le tourbillon d'un vent surnaturel, où tournoient sans fin la belle Hélène, Francesca da Rimini et leurs amants (chant V, Divine comédie de Dante )

L'Église s'est donc servi de l'Enfer ainsi conçu pour terroriser ses fidèles ; il ne semble pas que cela ait porté ses fruits, sauf pour les peureux, qui, de toute manière n'auraient jamais été assez hardis pour le mériter ; seuls les grands hommes, chez Platon, subissent des supplices. Mais l’Église a démocratisé tout cela : Stevenson rapporte qu'un brave homme, pour le convertir au catholicisme, tenta un jour de l'épouvanter par ses contorsions : « C'est ainsi, tout tordus ("rendez-vous compte ! pour l'éternité !") que nous serions maintenus dans une position parfaitement insupportable et douloureuse ! » Et Stevenson ne fit qu'en rire. L'enfer existe aussi pour les anglicans, juifs (le shéol, où gisent les ombres inconscientes), luthériens, musulmans.

Pour les bouddhistes, l'homme, créature limitée, ne saurait mériter un châtiment illimité. ...Les Gaulois ? ils n'avaient point d'enfer... C'est d'ailleurs ce que pensait Origène, grec, théologien, COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT L’ENFER ET LES ENFERS 89

 

 

 

 

condamné par l'Église en 553, longtemps après sa mort. L'enfer à proprement parler n'existerait

donc pas, car il est inimaginable que Dieu ait créé un endroit où l'on soit supplicié pour l'éternité. La Jeanne d'Arc de Péguy se voue aux flammes de l'enfer, mais c'est pour en tirer tous les autres. Mais s'il n'y avait pas, finalement, d'enfer, où faudrait-il donc que nous autres, affligés du sens commun, allions imaginer Adolf, ou plus modestement si l’on peut dire les assassins en série ? A moins que l'enfer ne soit tout simplement, comme le suggèrent certains, le Néant ? Tandis que nous, n'est-ce pas, qui n'avons rien ou si peu à nous reprocher, profiterions d'une forme de vie éternelle?

Sans oublier l'enfer selon Sartre : les autres, le regard des autres, la friction perpétuelle des autres, serait l'enfer, sur cette terre, car "nul mortel jamais ne fut heureux" ; l'autre vie serait une délivrance : l'homme ici-bas, tant qu'il se trouve livré aux passions destructrices, se ferait à lui-même son propre enfer. Quant à nous, la perspective de l'Enfer a de quoi nous réjouir : car Satan l'habite.

 

Séquence psittacisme

Le plus grand supplice de l'Enfer, c'est le sentiment d'abandon par Dieu, la déréliction. Même les anges se détournent de ce lieu : comme sur terre, où les gens heureux se détournent des malheureux, leur trouvant même tous les torts - « ils ont tout fait pour ». Les âmes damnées au sens propre sont rongées de remords, alors que la voie du Seigneur était sinon aisée à suivre, du moins bien balisée. Les maudits seraient donc ceux qui ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour se détourner de Bonne Voie, divine ou laïque, ce qui n’est-ce pas, ô existentialistes, est bien commode : y a qu’à.

 

Dans une illustration de mon enfance, personne ne put m'expliquer la présence, parmi le troupeau des damnés, d'un prêtre parfaitement individualisé, retourné vers Dieu et lui montrant le poing : Renan, lequel avait volontairement renoncé à la prêtrise, scandalisant toute sa famille. Mais s'il n'y avait que des volontaires, nul doute que l'enfer ne soit vide ; c'est là aussi une possibilité, à condition du moins de ne pas être un démon.

Jésus a parlé de l'Enfer : 15 fois. Or nous savons que le mot "enfer" est employé par les anciens traducteurs pour le Shéol, séjour des âmes, et la Géhenne, lieu du supplice des méchants, chez les Juifs, et l'Hadès des Grecs. Un retour aux textes originaux est indispensable. Les "apparitions d'âmes damnées", les exorcismes, prouvent l'existence des démons - assurément : il

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existe des forces négatives (trous noirs ?…) - d’où nous vient cette fascination pour des supplices de milliards d'années ? J'ai dû personnellement m'arracher à certaines vidéos tonitruantes. Il est effarant que des procédés d'envoûtements, un simple rythme de percussions, permettent de nous persuader, du moins de faire vaciller notre raison. Tant le cerveau reptilien est proche. Il est effrayant de se laisser ainsi inculquer un sentiment de terreur où nous aimerions, voluptueusement, nous plonger ; itinéraire sensoriel d'initiation, ma foi ! aussi valable que celui du raisonnement logique ?

Or, "le sommeil de la raison engendre des monstres" (Goya). Des textes également se montrent suggestifs et convaincants : « Si l'enfer n'existait pas, pourquoi donc le Christ serait-il mort pour nous sauver ? n'est-ce pas à la suite de cette mort que l'enfer est vide ? » ...N'aurions nous donc plus rien à craindre ? Craignons plutôt la faiblesse de notre raison et de nos nerfs. Craignons de tuer Polanski pour Rosemary's Baby en 1967, et, ne pouvant le faire, de nous rabattre sur sa femme enceinte de huit mois le 9 août 1969.

Car l'esprit est faible, et renferme lui-même, à longueur de vie, l’enfer.

 

ENFERS ANTIQUES

Superficialités :

À présent, nos sensibilités vulnérables ne croient plus en ces Mythologies révolues (de

quelles civilisations serons-nous, un beau jour, l'Antiquité ?...) Les Enfers, au pluriel, contiennent

les Prairies des Bienheureux, ou Champs Élysées : notre paradis, chez les Anciens, se trouve aux Enfers… On y trouve aussi un lieu de supplices, un gouffre de glace et de soufre. Les écarts de conduite y semblent d’ailleurs bien moins punis que les manquements à la majesté divine (avoir fait manger à Zeus des morceaux cuisinés de ses propres fils, comme le grand-père d'Atrée). Nul doute que L'Encyclopédie de la mort n'ait scrupuleusement recensé, classé par ordre alphabétique, chacun de ces suppliciés. Nous nous sommes toujours empressé d'y renvoyer tout lecteur ici égaré.

 

Psittacisme.

Tout est connu, maintes fois traité ; chacun peut obtenir sans peine ce qu’il cherche.

Les Enfers (en postulant que l'humain possède l'immortalité) sont généralement souterrains : ce sont les Inferi loci, ou "les lieux du dessous". Les Égyptiens l'appelaient l'Amenthès,

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qui semble bien une forme grecque. Les Grecs l'appellent l'Hadès, qui désigne également chez eux le Pluton latin ("le riche"... n'est-il pas le maître de tous les minerais, et de tous les morts, bien plus nombreux que les vivants ?) Parfois les Anciens situent les Enfers au-delà d'Océan, qui était conçu comme un fleuve circulaire, cernant toutes les terres. Nul ne s'est risqué là. Telle est la conception de l'Odyssée, alors que l'Iliade, contradictoirement, situe les Enfers profondément enfouis sous le sol. Leur principale entrée se trouve dans un petit bois de peupliers noirs, près de la mer.

Le héros de Virgile, quant à lui, y pénètre par le lac Averne ("le Sans-oiseaux"). Son chant VI de l'Énéide reprend pratiquement toutes les conceptions grecques : Thanatos, dieu de la mort, se tient près de la porte ; c'était le frère jumeau d'Hypnos, le sommeil ; les Grecs évitaient de prononcer son nom... Ensuite s'ouvre un vestibule souterrain, où des monstres apparaissent à Énée, ancêtre de tous les Romains. Les Enfers sont gardés par un chien tricéphale appelé Cerbère, et gouvernés par Pluton, d'où le chien de Disney, "Pluto". Voilà de quoi alimenter vos conversations. L'animal favori de Pluton/Hadès est le serpent. Le roi des Enfers enleva sa future épouse, Proserpine ou Perséphone, tandis qu'elle cueillait des fleurs à la surface de la terre ; cette fille de Démèter (déesse des moissons) passa ensuite six mois sur terre (la végétation forcit) et six mois sous terre (la végétation décline). Pluton/Hadès est représenté avec une lance à double pointe, Cerbère à ses pieds. Il est le seul à pouvoir le caresser. Mais il n'a pu empêcher Hercule d'aller le dénicher sous son siège, par la peau des cous, pour le montrer, la queue entre les jambes, à son commanditaire Eurysthée en surface... Trois juges président aux destinées des âmes devenues fantomatiques : survie heureuse aux Champs-Élysées (pour y baigner dans la lumière, même s'il fait nuit sur terre, et se divertir parmi les ombrages odorants et les fruits d'or) - ou bien, supplices éternels, inventés ultérieurement, dans le Tartare : en quelque sorte, l’enfer aux Enfers.

Ces trois juges s'appellent Minos, Rhadamanthe son frère, et le grand-père d'Achille, Éaque. Rhadamanthe et ce dernier instruisent l'affaire. En cas de litige, c'est Minos, ancien roi de Crète, qui tranche. Cette notion de jugement n'apparaît, elle aussi, que tardivement.

Le lieu des supplices ou Tartare est cerné par le Styx, qui bouillonne de toutes ses eaux noires. Son nom signifie "le Haineux". Quand un dieu jure "par le Styx", il ne peut se parjurer sous peine des pires châtiments : perdre sa voix au Conseil des dieux pour neuf ans, et s’en faire bannir

pour neuf autres. Les trois autres fleuves sont le Cocyte (= Lamentations), le (Pyri-) Phlégéthon (fleuve de feu, penser aux pamphlétaires) et l'Achéron, que franchit Charon (karon, par pitié,

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monsieur Busnel) sur sa barque. Plus tard fut ajouté le fleuve du Léthé, « l’Oubli », dont la source, aux Champs-Élysées, plonge l'âme en léthargie, ou plutôt dans l'oubli de sa vie antérieure, quand elle revient habiter, purifiée, un corps terrestre.

Il est enfin une curieuse circonstance où l'enfer et les Enfers semblent se concilier ; le Credo en effet précise que Jésus est « descendus aux Enfers » : il faut entendre, par cette traduction maladroite, qu'il est allé ouvrir la porte du monde souterrain, du Shéol hébraïque, où n'avait pas encore pénétré la lumière de Dieu. Le Christ est souvent représenté sortant de là, en tirant par la main Adam et Eve, suivis de tout le contingent des patriarches et prophètes, qui n'avaient pas encore reçu leur récompense, ainsi que des enfants non baptisés (nous parlerons alors des limbes). C’est alors le triomphe total du Christ sur les ténèbres de la mort.

 

ENFEU

Lieux communs

Tombeau encastré dans un mur. Notre vie s'écoule d'un vestibule à l'autre, d'un trou à l'autre. Le mot enfeu provient du verbe « enfouir », bien que le cercueil repose là-même où s'ouvre le portail de l'enfeu. Quoi de plus émouvant alors que l'immense, enfantine confiance qui place et creuse au flanc des églises ces tombeaux où le corps retrouve son ancien statut de fétuss. Car, blottis contre l’église maternelle, ils revivront dans l'éternité. Nous en trouvons à St-Merd-les-Oussines, dont il ne faut au grand jamais prononcer le « d », comme pour « saint Médard ». Ici dans cet alcôve de pierre nous nous endormirons et reposerons jusqu'au jugement.

 

Psittacisme

L'enfeu, de même que l'ensevelissement au pied de l'autel, n'était accessible qu'aux nobles. Il était surmonté d'une voûte romane ou ogivale, comme un porche de chapelle. Le fond de cette niche est plat. Mais il est encore possible d'en obtenir un, sous le régime de la concession communale de 300 à 5000€ selon la durée. L’ensemble des tombes où le cercueil est entreposé hermétiquement en hauteur est appelé « enfeu ». Cette coutume est plus répandue au sud de la France qu'au nord.

Autrefois un gisant, souvent, l'accompagnait, en ses plus beaux atours ou en armure.

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ENTERREMENT

 

 

 

Lieux communs

Les vrais enterrements viennent de commencer  chantait Brassens. Il aurait aimé cette collection de contraventions pour stationnement interdit effectuée sur le parvis d’Auvers-sur-Oise, jusque sur les fourgons funéraires. Quelle intelligente surprise pour les assistants qui ressortent des funérailles. Ma mère quant à elle fut privée de celles de sa mère, mais en revanche, par la volonté du veuf remarié, elle fut de toutes les autres : « Tu représenteras la famille » (qui a autre chose à faire). Un jour je suis allé à son propre enterrement. Le lendemain, retournant morbidement sur l'emplacement de son cercueil durant la cérémonie, parallépipède sur tréteaux, j'ai ressenti une présence, quasi palpable. Ne jamais généraliser.

Revenu à la maison avec mon père, je me suis soûlé au rhum blanc, ce qui est assez sévère ; pour l'enterrement du survivant six ans plus tard, je suis resté sobre. Il perdait la tête. Puis d'autres enterrement suivirent. Honorer celui-ci, faire plaisir à celle-là, sans toutefois céder à toutes les allusions. Plus vous avez d'amis en effet, plus vous êtes de corvée d'enterrement. Jusqu'à un par mois. Jusqu'à ne plus jamais revoir le jour, comme jadis les veuves siciliennes ensevelies de noir dès leur vivant. Peu de journal télévisé où l'on ne vous présente un cercueil, toujours la même boîte, gravissant ou descendant un perron d'église, et quand c'est un chanteur ou un écrivain, la foule applaudit. Je ne sais s’il est bien indiqué d'applaudir au passage d'un cercueil.

Si la scène se passe à Gaza, les Palestiniens font une manifestation de colère. Si la figuration joue mal, un cadavre tombe de son brancard, se relève, puis reprend sa place. Mes frères, faites attention. Ce qui trompe voyez-vous, c'est que l’Église fasse une bénédiction, puis laisse aller le cercueil, parfois, vers sa crémation. C'est en vérité très désorientant. Pour mon enterrement, je veux de la musique, un vrai récital, et les gens partiraient avant la fin. Je n'entendrais rien, mais je ne serais plus là non plus. Chacun de vous pourrait ainsi aligner des réflexions sans originalité, « de ces choses que tout le monde pourrait dire tous les jours ». Il ne pourrait parler que de lui, de sa famille, de ses amis. Ne pourrait que passer aux démarches suivantes : reprendre la vie.

Copié-collé

En latin, « enterrement » se dit « inhumatio » : « mise en terre ». Même pour un caveau, c'est tout de même un enterrement. D'autres religions jettent la terre sur le linceul lui-même ; les garçons juifs portent leur père, à même, dans son drap funèbre. Ils ressortent de là complètement

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ravagés, hagards et tétanisés. Tout propos sur l'enterrement comporte nécessairement une observation sur le manque d'hygiène de jadis, lorsque les morts, encombrant les abords de l'église, présentaient un danger sanitaire pour tous les pratiquants.

 

Miscellanées, ou « Mélanges »

À noter une prolifération de représentations graphiques ou cinématographiques ; l'enterrement étant lui-même, par ses rites, un tableau théâtral, il s'agirait donc de la représentation d'une représentation.

Nous adresserons un jour un véhément courrier de protestation aux Pompes Funèbres pour cet usage absurde et barbare consistant à introduire le cercueil les pieds devants. Ainsi, lorsque vous visitez votre défunt, vous avez sa tête, à l'envers, à vos pieds. Alors qu'il serait tellement plus sain de l'imaginer face à face, comme sur son lit de mort. Nous ne comprenons pas les motifs qui peuvent amener les Pompes Funèbres à généraliser cette pratique incongrue, choquant le bon sens et la douleur. Y aurait-il donc à cela des raisons financières ? Cela changerait tout. Nous renonçons à explorer les documents de la toile, car il semble que les décès dits « d'actualité » y prennent toute la place. Pour Édith Piaf, ce fut une orgie d'indécence, une véritable dévotion, dévoration, cannibalisme post mortem. Claude François eut aussi de grandioses funérailles. En revanche, les préparatifs pour Tino Rossi se sont avérés trop grandioses - assistance moins nombreuse que prévu, et Pierre Desproges ayant « repris deux fois des moules », ce qui fait trois, comme sur les ordonnances renouvelables.

L'enterrement de vie de garçon (ou de jeune fille, plus récemment) consiste à se soûler la gueule avant le mariage. Dans les cas graves (grave, la tombe) l'expédition se termine au bordel (entre filles, en vaste gouinerie).

 

 

 

 

 

 

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EPIDEMIE (« qui circule dans le peuple ») (pour les animaux non humains, on parlera d'« épizootie »)

Lieux communs

Cela n'existe plus. Nous avons tous en mémoire cette illustration de la Grande-Peste à Tournai, où chacun apporte sur l'épaule son minuscule cercueil : enfant ? cadavre amaigri ? Symbolique Médiévale. Rappelons-nous plus tard la peste de Milan, où l'on forniqua entre les tombes en habits de carnaval ; à Marseille, en 1721, la dernière peste historique où se dévoua Monseigneur Belzunce, qui n'est plus qu'une rue à Marseille, bientôt débaptisée ; de celle du choléra en 1832, d'où est venue l'expression « une peur bleue », de la couleur cyanosée des cadavres, ainsi que l'extraordinaire Hussard sur le toit de Giono. Ne craignons pas non plus de requalifier la trop fameuse grippe « espagnole » de 1919, née du grand nombre de cadavres décomposés à l'air libre, en peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom, pestis pulmonaris, peste pulmonaire – mais il ne fallait pas affoler le peuple, n'est-ce pas, qui se fût indigné.

Total : 30 millions de morts, plus que la guerre elle-même.

Bien d'autres avant nous se sont complaisamment penchés sur ces fléaux, leurs causes réelles ou divines (l'épidémie de sida ne fait plus recette, les derniers murmures de la théorie du complot (un virus échappé d'un centre de recherche afin de décimer les homosexuels surtout ceux d'origine portoricaine) s'étant profondément infiltrés sous les sables, rumeur que je m'emploie toujours à ressusciter ; il n'y a plus que les imbéciles pour y croire et j'en suis). L'itinéraire des véritables épidémies partait de l'Inde ou de la Chine par Marseille ou Gênes. Considérons avec dédain les mesures préventives qu'on y opposa (citons les quarantaines aux îles du Frioul face à Marseille, le blocus d'Oran chez Camus), les remèdes appliqués (le meilleur étant la fuite), jusqu'aux processions de flagellants qui imploraient le pardon.

Il reste toujours des survivants, car les hommes développent nécessairement des anticorps, et l'épidémie régresse. Vous savez tous désormais ce qu'il faut faire pour éviter de lire sur papier, car à présent, on ne lit plus, on se renseigne : il faut que « ça » serve à quelque chose, notre époque dégringole de la servitude à la servilité. C'est on ne peut plus simple : utilisez vos moteurs de recherche, et compilez. L'épidémie de la connerie est inenrayable - ébola ? Presque.

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L’heure du copié-collé

  1. L'épidémie est souvent, d'abord, constamment présente, auprès d’un certain taux de la population. On parlera d'une endémie. Si l'incidence augmente, entendez le nombre de cas au-delà d'un certain pourcentage, ce sera alors une épidémie. Pour la combattre, il faut tenir compte de la mutation de certains virus comme la grippe, qui d’une saison l’autre n’est

ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

  1. Le mot « épidémie » n'implique pas nécessairement contagion. Il est même question, jusque dans les milieux médicaux, d' « épidémie d'obésité », ou de suicides...

Mais ce qui nous menace, surtout en ce moment, c'est cette épidémie morale, qui propage dans les peuples la puissante folie des pensées collectives, le souffle de la guerre (Romain Rolland) – méfions-nous. En France, un « Réseau Sentinelle » vérifie régulièrement le taux de présence d'une maladie en fonction de la situation géographique. On appelle cela « le taux d'impédance ». S'il est outrepassé, une « alerte épidémie » (par l'INVS ou l'OMS) est mise en place (pour la grippe par exemple, 80 cas pour 100000 habitants , 0,8/00).

  1. Si une épidémie balaye plusieurs continents, on parle de « pandémie ».

voir aussi “épidémies historiques” - j'y renonce.

 

ÉPITAPHE

Conventions

Une fois pour toute : UNE épitaphe, du pluriel neutre d'epitaphium pris pour un féminin. Il existe des collections écrites d’épitaphe, tirées des monuments romains. « Peu de tombes d'apparat dans les cimetières ». Beaucoup de discours, des chapeaux de cardinaux, des abréviations à foison, en gothiques pressées l'une à l'autre, une déchiffrabilité plus que douteuse pour les déjoueurs d'énigmes. Épitaphes outrancières, surchargées de titulatures seigneuriales. De nos jours elles sont en quadrata, écriture des monuments funèbres. Le prix est très élevé, mieux vaut s'appeler Bif que Maximilien-François de La Rochefoucauld.

« Homme de lettres » m'aurait convenu, dans le dépouillement de sa fausse modestie (cette dalle de Quinsac (Cantal) a malheureusement disparu). Les pompes funèbres, excessivement vétilleuses, veillent pudibondement à la stricte convention. Rien qui fasse rire ou pleurer. Sauf COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT ÉPITAPHES 97

 

 

 

 

« Pourquoi à 20 ans ? » sur une tombe à Chantonnay (Vendée). Il n'y aurait pour moi, vu le prix, que le caveau de la belle-mère ; avec mon nom, mes dates : « 19 - », « 20 - ». De ce siècle-ci nous n’aurons pas vu pas la fin. Je courais les cimetières, surtout de campagne, appelant à voix haute prénoms et patronymes afin de revivifier toutes ces âmes pleines de terre. Je calculais les âges, montais des martingale : quand mourrais-je? Il est plus tard que tu ne penses. Pense à ta panse.

*

Que dire enfin de ces épitaphes ignobles mentionnant pour la femme le nom et jusqu'au prénom du mari, gommant pour l'éternité jusqu'à l'identité de l’épouse : « Madame Fernand Dupont »… «Bonne mère et chaste cuisinière » enfonce et piétinejusqu'à l'être même de ces appendices administratifs et municipaux : les épouses. Madame Gaston. Madame Henri. Good fuck good cooking. Bassesse des félicitations pour avoir bien fermé sa gueule, rué dans les brancards mais sans trop, s'être éteinte âgée pleine de graisse ou sac d’os. Trou qui s'ouvre, trou qui se ferme.

 

L’heure du copié-collé

Excitons, excitons les commanditaires. Achevons de ruiner leurs desseins mercantiles, semons nos références en instables pagailles. Travestissons nos flemmes en révoltes. Souvenons-nous avec Elie Wiesel qu’on ne se démène pas POUR le Nobel. Souvenons-nous tout seuls que ce n'est pas en confectionnant du beau style qu'on obtient la publication, mais que c'est en faisant du bruit avec sa gueule et ses pantinades, quoi qu'on ait pu écrire. L'homme de caractère a toujours du style. Malgré lui. C'est plus fort que lui. Nous détestions C. d'introduire au milieu de sa méditation nulle sur le Christ et la Vierge des propos sur la branlette : on cherchait Jésus, il nous refilait du clito – sauce.

Pourtant, ça a eu fonctionné (passé surcomposé)

Premier article de la Toile et je vous emmerde

...L'épitaphe est une « inscription funéraire ». Plus surprenant, « un signe donné de peuple à peuple pour établir et symboliser la paix ». Jamais entendu parler. L'article de base commence par des inscriptions célèbres : qu'avez-vous besoin de mes fioritures ? impossible ici d' « apprendre », comme on disait sous le fascisme, une « leçon » de macchabées.

*

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À présent, pour faire bruisser les pages, sans rougisser, il faut en finisser, et nous devons choisisser :

 

Ci-gît un fameux Cardinal

Qui fit plus de mal que de bien

Le bien qu'il fit, il le fit mal

Le mal qu'il fit, il le fit bien. De Richelieu, par Benserade (1612-1693)

Passant, ne fais ici de bruit

Garde bien que tu ne l'éveilles :

Car voici la première nuit

Que le pauvre Scarron sommeille. Par lui-même

Ci-gît Allais - sans retour. Par lui-même

Celle que j’aurais aimée : « Je me serai tout de même bien marré ».

Nous découvrons à la suite un site hilarant qui répertorie les morts les plus stupides ou les plus insolites. Les occurrences de la mort dans le champ sémantique sont si profuses que toutes les activités humaines peuvent s'y rattacher. « Vie », « Dieu », « Bite », sont dans le même cas. Transformons notre glossaire avec style. Un bonheur d'écriture de Balzac : la table des matières d’un livre inconnu. Encore faudrait-il qu'un résumé de la vie fût inscrit là, en latin (fasciste) de préférence.

*

” Je vous épargne la peine d'aller chercher celle-là. Nous en ignorons l’auteur : En regard du bordel que j’ai connu sur terre, soyez certain que si Dieu existe, je suis en train de lui botter le cul… Elle serait refusée : les popes funèbres ont de ces pudeurs de chaisière. Prenez aussi celle-là , au Père-Lachaise :

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A mon mari, mort après un an de mariage. - Sa femme reconnaissante.

Anonyme

Enfin libre, enfin libre, merci Dieu tout-puissant, je suis enfin libre. ” (Martin Luther King)

« Paul Claudel m'a toujours fait chier »

Ci-git Dupond,
Natif du cancer
et mort de même.

Celle de Wallace Wood est extraordinaire:

"Vous ne pourrez plus m'emmerder, bande de cons !" - auteur de BD, suicidé en 81.

X

“Moi d'abord, les autres après...”

« Belle-maman, vous êtes radieuse, aujourd'hui ! »

“T'as pensé à sortir les poubelles ?



EUPHÉMISMES ET GAFFES

Il est parti. Il a cassé sa pipe. Il n'enfilera plus son pantalon.Il est décédé (« DCD : ignoble) »S'il m'arrive de mourir un jour... » (Kundera !) (on ne sait jamais ! « Il » se dit d'un homme, ou d'une femme. « Elle » n'est employé que s'il s'agit d'une femme, avec des caractéristiques censées s'appliquer spécifiquement aux femmes. Les journaux télévisés ne parlent plus que de mort. Ils sont les plus grands pourvoyeurs de pompes funèbres. Et l'on s'étonne du mauvais moral de la France !

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT EUPHÉMISMES ET GAFFES 100







Ne dites plus : « Grand-mère est partie en voyage » , « Grand-père est dans un grand jardin ». Si vous prenez étourdiment des nouvelles d'un mort, ne comptez pas vous rattraper en enchaînant, l'air dégagé : « Euh… toujours mort ? » - variante poignante : «Est-ce que papa est encore mort ? » Si une vieille dame vous raconte longuement la mort de son fils, ne l’interrompez pas en pleine phrase : « ...et où avez-vous donc acheté ce charmant bracelet ? » De même, si votre mari s'effondre au milieu du repas, et quelles que soient vos croyances archaïques, n'allez pas vous empresser de dire à votre fille « Embrasse ton père pendant qu'il est encore chaud » (entendu en train, devant la fille en question...).

Je me suis brouillé avec un collègue pour lui avoir présenté mes condoléances : « Mais… ma mère n'est pas morte ! » Un mois plus tard, si. Mais ce n'est pas une raison. Mes collègues, se demandant si une autre mère était agonisante, déjà morte ou déjà enterrée (il s'agissait d’offrir, ou non, une gerbe) et n'osant consulter l'intéressé lui-même, l'un d'eux s'écria : « Eh bien, si elle est gravement malade, on n'a qu'à l'enterrer, comme ça, elle crèvera». Le plus grand tact est vivement recommandé.

J'ai cru très fin d'annoncer à ma (jeune) femme mon suicide en imitant l'accent corrézien : « On a retrouvé votre mari en plein cimetière avec une balle en plein cœur – eh, je blague ! pourquoi tu fais la gueule ? » « Pardon Madame, c'est bien vous qui étiez l'épouse de – mais pourquoi vous pleurez ? » . « Binet....Binet..." dit l'infirmière en compulsant son registre.
" Ah, non il est mort ce matin ! Vous êtes de la famille ? - Oui, c'était mon père connasse. »
(Les Bidochon, assujettis sociaux).

En revanche,si vous ne parvenez pas à vous loger pour cause de famille nombreuse, envoyez votre femme et vos huit enfants faire un tour dans un cimetière ; présentez-vous avec un seul mouflet. Et… vous en avez d’autres  ? - Oui, sept. Ils sont tous au cimetière, avec ma femme. Oh, pardon. Voici les clés.

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT EUPHÉMISMES ET GAFFES 101









En revanche, tous mes compliments à l'infirmier qui m’avait répondu : « Vous savez…, il y a des phénomènes naturels contre lesquels la médecine ne peut rien. » « Phénomènes naturels » : on ne saurait mieux dire. "On meurt quand on a fini de vivre. » La formule est de Françoise Dolto. Un enfant est parfaitement capable de comprendre cet aspect indissociable de la vie humaine.

Comment annoncer un décès  ?

  1. Ne jamais dire « il est parti pour un long voyage », car il attendra. Longtemps. Ni « il est au ciel », ou alors, préciser que ce n'est pas le ciel «pour de vrai ». De tels propos ne sont jamais en mesure de le « protéger ». Avoir préparé l'enfant par des visites à l'hôpital, si le décès traîne en longueur. Bien dire que ce n'est pas sa faute si le proche est mort, même si l'enfant pense ne pas l'avoir aimé suffisamment. Le sommeil, le travail scolaire peuvent se trouver fortement perturbés. Préciser qu'il est extrêmement rare qu'un enfant meure avant ses parents. Demander si l'enfant veut voir le corps, sans insister. Vous ne devez jamais non plus imposer votre aide à l'enfant.

Ne pas donner de détails pénibles mais le faire assister à l'enterrement, avec les autres. S'il s'agite, lui faire faire une petite promenade et le ramener auprès des autres. Et savoir que de toute façon, rien ne sera satisfaisant. Vous serez vous aussi bouleversés. Vous ne pourrez jamais « attendre le bon moment », où vous serez calmés : ce moment n'existe pas. Il faut que le cyclone passe. Ensuite vous saurez mieux parler ensemble de tous les bons souvenirs que vous aurez conservés de la personne disparue. Et même confier à l'enfant un objet par exemple ayant appartenu au défunt. Recommandons "Grand-père est mort" de Dominique de Saint-Mars, Editions Calligram, livre destiné aux enfants.



COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT EUTHANASIE 102

 

 

 

 

EUTHANASIE

LIEUX COMMUNS

La question est de savoir comment je veux mourir, moi, ici présent, car je me fous de la mort du grand nombre de ceux que je ne connais pas. La mort en plein sommeil ? serait un vol, une arnaque, un rapt. Violé par la Camarde.  De la mort subite et imprévue, délivrez-nous, Seigneur ». Avaler la potion bien douce ? à la fraise ou à l'abricot ? Ou le gaz. Pas mieux. On vous emmène donc dans une chambre banale. Vous voyez le lit, qui est le lit de mort de vingt personnes. Les meubles sont de 1960. JE NE VEUX PAS CREVER DANS UN HÔTEL MITEUX. Il se tient là l'infirmière, car c'est une femme, qui me donnerait la mort. Ni trop jolie, ni trop rêche.

Et je trouverais cela juste : la mort est un acte d'amour. Un léger bercement. Nous ne parlons pas de souffrances intolérables : mais du tétra soutenu par son plâtre ; du vieux qui s'essouffle sous son respirateur. La vraie euthanasie à vrai dire est la mort sans raison, sans espérance, évidente, parce que c'est le bout ; maladie lente ou lassitude ultime. Il faut qu'il n'y ait aucun autre argument, que soi-même.

 

Le copié-collé (que vouliez vous d'autre ? ne savez-vous donc pas que tous les sujets sont piéçà épuisés ?)

« Euthanasie égale « belle mort », bonnes adresses. Motifs. Rappels de la loi. « Voir Encyclopédie » ? Rappelons qu'il fut ignoble d'utiliser ce terme en lieu et place d' « élimination » pendant le Troisième Reich. En effet de nos jours encore, dès que l’on prononce le mot « euthanasie », les vertueux assimilent aussitôt, haineusement, cette éventualité aux traitements barbares des nazis. Euthanasie, État nazi.

L'émergence de cette nouvelle problématique, celle de l'euthanasie, a pour cause les progrès de la médecine, et le refus de l'acharnement thérapeutique ; la suspension desdits soins, ou de tous autres soins, serait déjà une réponse. La cessation d'alimentation, que l'on peut y apparenter, nous semble atrocement barbare. « Euthanasie passive » dit-on, sans autorisation d'un malade inconscient.

Chaque pays s'appuie sur une législation différente, n'évitant pas toujours un certain flou juridique (hypocrite?) Certaines affaires ont été portées à la connaissance du public, mais dans un

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT EUTHANASIE 103

 

 

 

 

contexte émotionnel souvent douteux : le non-lieu s'insinue peu à peu dans les mœurs juridiques...

« Mourir soulagé »… voilà qui nous appelle. Mourir de bonne humeur, seule ambition décente. Fermer les yeux en estimant sa tâche accomplie. Qu'il fasse beau, et que personne ne pleure. Le jugement dernier sera rendu par nous-mêmes et par nul autre : sur notre lit de mort. Apaisé ? Il est dans cette alliance de mots une terrible contradiction. Mais quels que soient les soins, raides et maladroits, le ou la malade reste seul avec sa mort, c'est moi et non point vous qui mourrez. Et même : si les soignants s'impliquent excessivement, ils deviennent inefficaces.

Fous. Ils écoutent dans la nuit confidente les derniers mots des morts sur leurs enfants, sur ce qu'il reste à faire encore à la fin de leur vie. Même l'étoile meurt un jour. On l'appelle naine blanche, puis noire. Pour nous autres poussière, il est parlé de sédation profonde, qui calme la douleur, jusqu'au point où le malade échappe à la vie. Même si l'infirmier tient à ignorer l'effet du remède. La loi française dite « Léonetti » permet donc un traitement anti-douleur «qui peut avoir pour effet secondaire d’abréger sa vie», mais non de provoquer la mort. Ô jésuites. Qui peut avoir !

méfiez-vous. Vous ne savez pas si vous serez conscient ou non. Entre les deux. Spécifiez bien, à l'avance et en pleine conscience, si vous souhaitez ou non être achevé, car c'est bien de cela qu'il s'agit.

Un peu de courage. Et si vous ne l'avez pas fait, sachez bien qu'il y aura toujours, quelques mesures médicales ou juridiques que l'on prenne, un pourcentage inévaluable d'euthanasies clandestines, et néanmoins conforme à l'humanité. Les suicides assistés provoqueraient d'ailleurs une augmentation des suicides non assistés, de même que la contraception n'a pas diminué le nombre des avortements. Ce qui démontre le caractère en partie illusoire d'une législation ; y aurait-il pour chacun la même coupe amère à boire, de quelque façon que ce soit ? La loi, du moins, garantit la qualité des soins, sans pouvoir tenir compte elle-même d'une grille de lecture qui par définition ne saurait s'appliquer à chacun.

C'est au cœur de primer la loi. Le cœur du médecin, celui du malade qui s'est remis entre ses mains. Maudissons toute considération économiste ; euthanasie, stade suprême du capitalisme, par Martinez, dénonce le conformisme consumériste – que de dépenses seraient ainsi épargnées !… en Orégon, un malade a reçu de son assurance un refus de chimiothérapie, mais avec proposition de remboursement s'il ne préférait pas, plutôt, se faire euthanasier. Moins cher, mon fils,

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT EUTHANASIE 104

 

 

 

 

moins cher. Un tel sujet, voyez-vous, ne devrait être discuté qu'entre personnes connaissant bien la douleur extrême et la mort, pour l'avoir vue et côtoyée de près (Marieke Vervoort, championne paralympique, ne trouve l'apaisement de ses douleurs qu'au sommet de l'effort ; un jour nous apprendrons qu'elle s'est suicidée, légalement, sous assistance médicale, en Belgique. Mais la loi belge autorisant la suspension des souffrances pour les mineur incurables fait dresser quelques cheveux sur les têtes au lecteur inattentif).

Une jeune femme de 24 ans s'est présentée pour « extrême lassitude de vivre ». Au dernier moment, elle a dit : Je ne peux pas le faire. La souffrance psychique n'est pas une raison suffisante. La souffrance psychique est une raison suffisante. Rayez la mention inutile. C'est très grave. Car (entre autres) plus personne ne croit en une survie personnelle. À tort peut-être. Comment ? La montagne,la galaxie, ne périraient pas, et moi, si vite et tout entier, je périrais ? Rappelons-nous que les souffrances ne sont pas réversibles sur d'autres, et ne diminuent nullement un séjour au Purgatoire – la souffrance ne sauve de rien, ne rachète rien. Nous sommes, à présent, des impies.

Suspendons les souffrances. Nous ne savons pas ce qu’il y a de l’autre côté. Ni même s’il existe un autre côté.

 

 

EXÉCUTIONS

Lieux communs

Ce n'est pas bien de tuer. Même l'assassin. À supposer que toute vie fût redevable d'une autre, il faudrait exécuter le bourreau du bourreau, et ainsi de suite. Cela tient exactement au sujet de la peine de mort. Bien du sang a coulé sous les ponts depuis l'ouverture et la clôture de ce débat. Comment nous concentrer sur tant de méthodes mortelles, tant d'amusements publics ? Car le bon peuple assistait à ces rouages et autres écartèlements avec un plaisir non dissimulé. Casanova put relever les jupes de rangées de spectatrices et fourrer ses doigts en pleine mouillure sans que jamais nulle ne s'avisât de s'en offusquer. Peut-être le droit de mettre au monde exposait-il certaines à jouir du spectacle de la mort.

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA RONDE DES EXÉCUTIONS 105









Comment traiter tout cela en si peu de lignes, alors qu'une encyclopédie suffirait à peine à chacune de ces modalités ?

  1. a) pendaison

Je me suis pendu à 7 ans, alors que mes parents emménageaient. Grimpé sur une table pliante, j'avais passé une ficelle autour de mon coup, lorsque la table se replia d'un coup. Au cri que je poussai, mon père galopa vers moi, me souleva et me délivra. « C'était parce que vous ne faisiez pas attention à moi. - C'est parce que nous sommes très occupés ». On ne peut pas tout faire. Ni gifle ni reproches, ni tendresse. J'ai reçu les soins nécessaires, et quinze jours durant j'ai porté fièrement ma croûte circulaire, dont je grattais quotidiennement quelques miettes. Réfugions-nous à présent dans le moteur de recherches, qui nous épargnera des mois de fréquentations de bibliothèques.

Le copié-collé

Le pendu met onze longues minutes à mourir. Il entend les trompettes de la mort : c’est la rétention du sang au niveau des oreilles. Le bourreau lui saute sur les épaules pour déclencher le craquement fatal des cervicales. Le supplicié bande et gicle au sol, faisant pousser la mandragore. Si une femme voulait épouser le condamné, il était gracié. Le mariage n'était pas pire que la pendaison. Ce sont les hommes que l'on pend, c'est aussi leur mode de suicide favori, surtout en prison. Cependant, les servantes infidèles sont pendues sur ordre d'Ulysse à son retour. Villon écrivit la Balade des pendus, puis fut exempté de châtiment, exilé Dieu sait où, certainement pas à Jérusalem, monsieur Jérusalmy.

Les nazis furent pendus après Nurin-bère et non pas « Nuran- », ignares ! ...c'eût été trop d'honneur de les fusiller. Les 15 pendus de Bagdad dont 9 juifs (27 janvier 1969) ont soulevé l’indignation, et renforcé mon inconditionnel soutien à l’État d'Israël. Saddam Hussein organisa cette exécution…

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA RONDE DES EXÉCUTIONS 106







(Parenthèse

- Que n’aurait pas fait Flaubert s'il avait connu internet ! mieux écrit ? plus écrit ? Il est mort à temps, car il fleurait déjà la décadence fin de siècle, mais sans en posséder la faculté : il est des temps où les Flaubert doivent laisser la place ; Goncourt, Joris-Karl Huysmans, parfaitement adaptés aux temps nouveaux.

Retour au sujet

Il existe deux sortes de pendaisons : le long drop, qui brise irrémédiablement les cervicales, d'où la perte de conscience et l'arrêt très rapide du cœur (cependant le corps, même après rupture du cou, peut se tordre de douleur pendant plusieurs minutes) et le principe de la corde courte , soit « haut et court, jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Plus douloureux, la pendaison nazie à pieds frôlants, bien plus lente et douloureuse, la mort survenant par asphyxie. Les braves Iraniens soulèvent le corps par une poulie, pour que ce soit bien lent.

Conseil aux familles

Un conseil : si vous découvrez l’un de vos proches pendu, à l'issue par exemple d'un dîner arrosé , au lieu de vous engueuler à ses pieds « tandis qu'il agonise » pour savoir de qui c'est la faute, pensez plutôt à le soulever, pendant (humour) qu'un autre délie ou coupe la corde : « Vous auriez pu le sauver ». Ce qu'une famille a le plus de douleur à entendre - attention ! ...bien maintenir la tête dans l'axe du corps.

  1. b) la fusillade, lieux communs

- Rappelons que d'après Camus (Albert, le Grand), la concentration des balles arrache littéralement le cœur, creusant un atroce trou sanguinolent et carbonisé. L'absence de douleur n'est pas garantie.

- Tout le monde sait qu'une des balles est à blanc : « Pas moi, l'autre !» Le condamné obtient rarement le droit de commander le feu. Il y faut un militaire, habitué à donner des ordres de façon forte et sèche. Autrement, c'est un tir perlé. Si le condamné porte un bandeau : ce n'est pas pour lui COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA RONDE DES EXÉCUTIONS 107









épargner la peur, mais pour éviter, au contraire ! qu’un humain exécutant ne croise le regard d'un humain exécuté (ne jamais fixer les yeux d’un homme qu’on brûle au lance-flammes ; jeter un os à terre au chien qu’on fusille, pour qu’il ne vous regarde pas).

Rappelons pour la nième fois que Dostoïevski subit un simulacre d'exécution avent d'être envoyé au bagne, lequel était bien moins inhumain que les camps, postérieurs, du Goulag

Enfin, parmi les bruits qui courent, la famille du fusillé chinois doit payer la balle qui a exécuté le condamné. Une seule, dans la nuque (exemple, Andreas Baader).

Copié-collé : « exécution par fusillade ».

  1. J'ignorais, par exemple, que les armes de poing possédaient une précision inférieure aux fusils. Le cœur est marqué d'une croix blanche.

En Italie fasciste, le condamné tourne le dos au peloton.

Les condamnés de Tien-an-Men ont été exécuté à la mitraillette et de dos.

Le site n° 2 mentionna des supplices très douloureux, (presque plus?) utilisés : le culleus, ou noyade dans un sac (de préférence avec un singe, un chien et un serpent) (pauvres bêtes!), le nourrissage coincé dans l’eau entre deux barques, bouffé du cul par la vermine ; le pneu enflammé autour du cou. L'injection létale est la méthode la plus utilisée aux États-Unis et se répand en Chine. La Civilisation est en marche.

Le site n° 3 revient sur les USA (West will win !)  - la fusillade, d'abord interdite, fut rétablie en 2015 dans l'Utah, et à la carte en Idaho. Il n'y a eu que trois exécutions de cette sorte depuis 1976, la dernière le 18 juin 2016 (Ronnie Lee Gardner) , après 25 ans d'attente. 38 États infligent encore la peine de mort sur 50. À noter que ceux qui s'indignent et bêlent contre les States se contrefoutent COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA RONDE DES EXÉCUTIONS 108









impérialement de ce qui peut se perpétrer en Iran ou en Chine (« ...oui, bien sûr, mais c'est pas pareil, vous comprenez ? - Non.)

Les n° 4/5 d'Amnistie internationale précise que nulle méthode n'est « humaine ». Surtout pas la lapidation pour adultère (les femmes sont sous un drap, qui devient rouge, rouge, rouge, puis leur tête est écrasée à coups de pelle) (érection). Pour la fusillade, il arrive de retrouver des cadavres vivants, si l'officier a négligé le « coup de grâce ». On s'obstine à viser le cœur, alors que toucher le crâne serait bien plus immédiat.

Le n° 6 parle des Ceausescu, le 7 d'une « exécution » entre bandes rivales, les deux cas relevant du grand banditisme.

Le n° 7 (l'écœurement me prend, et l'envie pour la première fois d'interrompre ce travail - atteignons toujours la page 100.) Il est question des fusillades en Chine ; pour n'importe quoi : fraude fiscale, vente de peau de panda, ou même, vol de vaches ! L'exécution a lieu en public, au stade, devant « la foule en délire ». J'apprends que la balle unique dans la nuc (et non pas « nuç ») permet de conserver les organes, pour des greffes. Quel déshonneur. Pour le greffé.

Non, je n'ai pas envie de visionner une « exécution réelle ».

  1. c) la décapitation, ou décollation

Lieux communs

Cela fait très mal. Je suis sûr que cela fait très mal. Les guillotinés faisaient « la grimace » ; grosses rigolades des sans-culottes : « Tu feras moins le mariolle tout à l'heure ! » C'est fou ce que la décapitation a de populaire. En Angleterre on décapitait les nobles sur le billot. Il fallait tendre les bras pour bien durcir le cou. De plus, on donnait une pièce d'or au bourreau pour qu'il coupe tout d'un coup. L'épée, en ces temps-là, était considérée comme moins pénible que la hache. Quelle noblesse d’âme. La guillotine enleva tout caractère privilégié à la décapitation : tout COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA RONDE DES EXÉCUTIONS 109









le monde fut logé à la même enseigne, celle de la Veuve. Ce fut un grand progrès de la démocratie. Les islamistes mettent en scène leurs exécutions et les diffusent. Même des enfants sont décapités. Même au couteau. Je hurle, ou je porte plainte ?

  1. d) la chaise électrique

D'abord un très haut voltage, 2000 V, puis 500, puis 250. Le condamné bondit sur son siège en dégueulant, parfois du sang. Qu'est-ce qui vous prend. Parfois le cadavre est toujours vivant. Dans Le Détective de Gordon Douglas, un père préfère voir son fils exécuté, parce que c'est viril, plutôt que de le voir pédé. La langue du supplicié se tord au-dessus de sa bouche. Une « atroce odeur de brûlé » (cliché) se propage. L'exécuté peut rester conscient. Le corps ne doit, ne devrait pas prendre feu. La première exécution, en 1890, tourne à la boucherie. Les témoins s'enfuient en hurlant. Qui rachètera les douleurs passées ; fonder un monastère, un ordre religieux ? Dans quel état deviendraient les moines d'un tel office...

  1. e) le garrot

Ce supplice a pour ancêtre l'étranglement au lacet. Vercingétorix le subit dans la prison souterraine du Tullianum. Le dernier garrotté d'Espagne le fut en 1974, il s'appelait Puig Antich. Les articles condamnant ce supplice parlent de barbarie d'État.

« À quoi peut bien penser le bourreau, quand il visse le collier fatal jusqu'au dernier craquement de vertèbres ? - Ben, il a une érection pas possible ». J'entends encore le gigantesque éclat de rire qui secoua tous les convives.

EXTRÊME-ONCTION

Lieux communs - « L'extrême onction n'a jamais tué personne » : assurément. Notre curé ajoutait que tel homme l'avait reçue trois et quatre fois, et que le Seigneur l'avait remis sur pied. Mais, ajoutaient d'autres personnes, cet homme avait tant de peur de la mort qu'il la faisait COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT L’EXTRÊME ONCTION 110









venir à lui rituellement, afin de la conjurer. Ma propre mère gisait sur son lit de mort, et le curé préposé à l'hosto marchait de long en large dans le couloir, priant, concentré. Il demanda d'un air cafard (le pauvre) si elle avait encore « toute sa conscience », car chez les catholiques, on meurt «hallal ». Interrogée à mi-voix par son fils, elle se mit à hurler « J'men fous ! » d'une voix rauque , ce qui précipita le corbeau en catastrophe dans l'escalier de descente.

Puisque nous en sommes aux anecdotes rigolotes, rappelons-nous cette atroce scène de La montagne magique où telle tuberculeuse de 15 ans hurle en se débattant JE NE VEUX PAS LE VOIR ENLEVEZ-LE NON NON JE VOUS EN SUPPLIE – ALLONS MADEMOISELLE UN PEU MOINS DE MANIÈRES. « J'ai vu des jeunes femmes » dit le docteur de La peste crier JAMAIS ! et retomber mortes dans l'instant. Soyons prière. Ne soyons que prière. Tel qui s'imagine, qui souhaite même s'entretenir avec un prêtre, en grande soutane, à l'instant suprême, sera le premier à le repousser parmi les imprécations. A quoi bon s'entretenir, au moment de mourir, afin d'apprendre ce qu'il aurait fallu vivre ?

Et ne vaut-il pas mieux se fier au pur et simple rituel, en fournissant soi-même les répons en latin ? ...L'onction des malades, par huiles saintes, peut se répéter jusqu'aux derniers instants. Souvenons-nous des onctions de Mme Bovary, sur tous ses organes, ses yeux qui avaient vu des bites, ses pieds qui avaient trotté aux rendez-vous galants – ne soyons que prières, et vivons. Dérisoires. Provisoires. Nous n'avons fait que changer de superstitions ; mais il n'y a plus qu'une seule onction pour toutes, en bonne langue de bois (de cercueil) : «  Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l'Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu'il vous sauve et vous relève “. Elle n'est donc pas réservée aux dernières extrémités, donc, n'ayez pas peur : si le prêtre vient, accueillez-le bien, vous n'allez pas mourir.

Il ne faut plus parler de mort à nos contemporains. Mais l' extr-onque » abolit tous le péchés. Mieux vaut toutefois être « en état de grâce », après confession et dernière communion : trois précautions valent mieux qu'une.

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT L’EXTRÊME ONCTION 111







L'extrême-onction se dit la nouenn en breton. Que ce nom est doux. Elle était au début réservée aux personnes gravement malades. Une sorte de magie à l'amazonienne, aussi efficace à peu près que les fumigations soufflées dans le nez par les nambikwara. Depuis Vatican II, on appelle ce rite l'« onction des malades ». Les sites assurément se sont multipliés comme autant d'helminthes sur un corps.

Que dit le prêtre numéro 2 ? Finalement, il ne mourut point. C'est d'Octave Mirbeau. La mort et ses terreurs considérées sur le plan cynique. Tout à fait autre chose que l'épouvantable mort des non-croyants, comme le médecin de Lourdes (Zola, 1894 – il restait à l'auteur 8 ans à vivre).

Numéro 3 : nous lisons des choses fort réjouissantes ; d'une part, que l'Église belge refusa quelque temps l'extrême-onction aux instituteurs laïques ainsi qu'à leurs parents d'élèves ; et que Pinochet, Auguste, la reçut, et n'en mourut pas moins. Passons au 4 : il faut pour franchir la porte lumineuse de Dieu se soumettre à trois rites successifs : une confession, garante de l'état de grâce. Encore faut-il après cela s'abstenir de mauvaises pensées, si l'on pense. Cela s'affermit par la communion, ou « viatique », provision de voyage pour le viator, le pèlerin de l'au-delà qui ne partirait pas sans son obole ou son hostie. Puis l'extrême onction, de nos jours sur le front et dans le creux des main.

Le Christ auquel je crois n'est que l'incarnation de toutes les souffrances humaines. C'est avec ces Christs « par milliers » que nous entrerons en communion, au moment d'être délivrés. Ce sont les gestes du Christ, ses impositions de mains, que nous imitons, si nous sommes prêtres. Et voyez-vous, le comble du raffinement miséricordieux est atteint, selon le catéchisme de saint Pie X, lorsque les péchés mortels que nous ne pourrions articuler à l'article de la mort nous sont cependant remis. C'est au moment de la mort, par le désespoir et la panique extrême où elle porte, que le Diable ou les pensées désespérées, commencent à vous assaillir. Le péché est de douter de soi, de Dieu. Que ces mauvaises dispositions, inhérentes à la nature humaine, soient effacées. Comme les structures de la religion demeurent dans les esprits… Tout est rite, et à lire ce qui suit je me retrouve transporté dans l'Ancien Monde  :

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA FAUCHEUSE 112









D : Quelle est la matière du sacrement de l'Extrême-Onction ?
R : La matière éloignée du sacrement de l'Extrême-Onction est l'huile d'olive, et la matière prochaine est l'onction que le prêtre fait avec cette huile sur le malade.
Ce sont de tels grandioses truismes qui nourrissaient les mourants des vieux temps.

N'attendons pas que le malade soit inconscient ou délirant. Ce sacrement donne la paix à ceux qui l'ont déjà. N'attendons pas, en vérité : le malade ne doit point mourir avant que tout le rituel n'ait été fait. Il doit non pas s'épouvanter mais reprendre espoir, car il est accompagné, dans son agonie, par l'agonie éternelle du Christ, et celle de tous les chrétiens, de tous les hommes qui meurent ou qui sont morts sur cette terre ; mais c'est l'état de grâce qui donne le salut, non la bénédiction des malades. Soyons apaisés. Et exspecto resurrectionem mortuorum - « et j'attends la résurrection des morts ». Qu’est-ce qui me prend de vous dire ça…

FAUCHEUSE

Une des amusantes allégories de la mort si joyeuse. En allemand, c'est moins rigolo, parce que la mort est un homme : un vieillard muni de la faux cependant, que l'on n'appelle plus die Sense mais die Hippe, une faux avec crochet pour bien tirer par le vêtement. Le faucheur, la faucheuse, ont le nez ou l ‘os nasal (le vomer, « le soc ») qui goutte. Elle rit pour mieux mordre. De quoi aurions-nous peur ? Il ne s'agit que d'une cadavérisation anonyme. Dès lors au contraire qu'un de vos proches ou de vos amoureux ou reuses se trouvent réduits à l'état (antérieur) de viande grouillante, nous avons envie de hurler tout en dégueulant, ce qui revient à des aspirations sinusoïdales.

Il est donc préférable, à tout point de vulve, d'éviter les vues traumatisantes. À présent, voyons les oracles : 1. Cela commence par six images, en rang d'oignon, et si l'on en veut plus, on clique juste en dessous. La courbe de la faux est toujours large, comme pour les élections : ratisser large. Ici au contraire, tous appelés, tous élus. Mieux que le bac. Et sous ce tranchant minéral si

COLLIGNON BAGATELLES DE LA MORT LA FAUCHEUSE 113









funestement aiguisé, une masse informe de vêtements, de linceuls artistement froissés, drapés,de charognes devinées, car c'est un mort (une morte) qui vient tout faucher.

Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.

J'ai une confiance absolue en ce que j'écris. Aucune faucheuse sur l'épaule - pour l'instant elle tourne les yeux.

Parfois je sens frémir le manche de la faux.

Sacré Renaud. Si un jour la Faucheuse vient me prendre la main,
pourvu qu’elle me conduise au bistrot des copains.
— (Renaud, extrait de la chanson Mon bistrot préféré). Toutes les syllabes de Renaud sont accentués, modelées, prises d’en bas, soigneusement grasseyées. Cela ne faisait plus aucun effet. Pauvre Renaud.

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