CITATIONS
C O L L I G N O N
C I T A T I O N S
Le présent recueil contient les citations relevées par
BERNARD COLLIGNON
au cours de ses lectures , depuis
l'automne de l'année 1962 (2009 n.s.)
jusqu'à la fin de ses jours terrestres
1. Tout comme la femme cherche à être belle
pour plaire, l'homme cherche à être admirable. La
femme qu'il aime doit se prêter à ce jeu. Si
elle se montrait sceptique, si elle soulignait
chez son amant certaines faiblesses ou certaines
contradictions, elle serait aussi maladroite,
d'une clairvoyance aussi inutilement cruelle, que
l'homme qui signalerait à sa maîtresse des rides
ou un double menton.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.I ch.XIV p.152 "Le 6 octobre"
2. Vautel (NOCHER! N.D.L.E.) héritier de Har-
douin. Un de ces fameux représentants du bon
sens, qui sont chargés, de génération en généra-
tion, de maintenir l'homme moyen dans ses pensées
basses. Dans sa routine d'animal domestique. Dans
son scepticisme bedonnant. Un de ceux grâce à
qui le règne des malins continue.
id. ibid.
ch. XV p.160
3. -Mais dites, la femme, vous ne l'avez
pas revue, depuis?
- Non, non.
- Vous me l'affirmez?
- Je vous le jure.
- Ce serait très grave.
- Oh! c'est une bonne gosse. Elle ne me
vendrait pas.
- Quelle illusion! Vous êtes tous
pareils.
id. ibid.
ch. XIX p.230
4. "Eh bien non, tous ces pauvres corps de
vieilles femmes ne sont pas faits pour pareilles
épreuves. Cela ne signifie certainement pas que
le fracas et la destruction seraient plus juste-
ment réservés aux corps parfaits des hommes jeu-
nes, comme il semblait qu'il en dût être, autre-
fois, dans les autres guerres.
Georges DUHAMEL
"Lieu d'asile"
ch.XXIX
5. "Quel est mon but dans la vie? Tout est
là"
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.II ch.XV p.185
"Le crime de Quinette"
6. Je suis persuadé qu'à tout moment, il y
aurait un point, quelque part, où l'on pourrait
agir. Je vous répète que nous nous sommes laissés
abrutir par la philosophie de l'histoire. Le culte
de l'inévitable.
id. ibid.
T.II ch.XX p.222
7. Jamais rien de grand ne s'est fait sans
des audaces morales, des entorses aux principes,
qui auraient suffoqué les petits esprits.
id. ibid.
T.II, ch.XX p.236
8. Voilà le nœud de la question; la jointu-
re. Le point où l'homme d'action doit pouvoir
s'articuler sur le théoricien. Être orateur.
"(pour "(mater) une foule" et "attaquer l'ordre établi")
d'après Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.III ch.II p.30
"Les amours enfantines"
9. "Race humaine, race de comédiens. Un rôle
qui vous est échu par hasard, et qu'on joue jus-
qu'à la mort, par vanité, pour qu'il ne soit pas
dit qu'on vous en a fait démordre.
id.ibid.
p.31
10. Quand on veut obtenir des ouvriers, des
inférieurs en général, qu'ils fassent à peu près
ce qu'on leur demande, et aussi qu'ils vous con-
sidèrent, il ne faut pas regarder à quelques
sous.
id.ibid. T.IV "Eros de Paris"ch.I p.9
11.- Il revoit le jour de sa première communion. Journée d’affres et de tremblement ; puis de fatigue fiévreuse, de rancœur presque rancunière, après une semaine vécue à travers une nuée de scrupules, comme si l’on avançait nu dans des tourbillons de moustiques. La terreur constante de perdre le fameux état de grâce. Le matin même, sous le porche de l’église, ses yeux avaient rencontré par hasard une petite communiante. D’office il s’était soupçonné coupable de pensée impure. Il lui avait fallu aussitôt trouver un vicaire, le premier venu – sans prendre le temps de chercher son confesseur à lui – et s’accuser. Toute la cérémonie s’était déroulée sous la surveillance de ce terrorisme intérieur. Bonnes conditions pour goûter les abandons célèbres de l’Eucharistie.
« C’était entendu. J’exagérais un peu. Mais qui était le plus dans le vrai, moi, ou le fils du crémier sur la chaise d’à côté qui rigolait en douce ? Et plus tard – un ou deux ans plus tard,je ne sais plus – quand je suis tombé sur la phrase de l’Évangile : « Il n’y a qu’un péché qui ne sera pas pardonné : le péché contre l’Esprit. » Exactement une vrille atteignant en trois tours l’endroit de l’âme le plus atrocement central. Je n’oublierai jamais le bleu-ciel douceâtre de la couverture du livre, ce bleu-ciel menteur dans lequel un tonnerre venait d’éclater. »
Jusque-là, il avait eu la hantise du péché mortel et de la communion sacrilège. Pourtant l’absolution restait à sa portée. Mais maintenant, puisqu’il avait découvert le péché sans absolution, et par nature le plus immatériel, le moins palpable de tous, qui l’empêcherait de le commettre, ou de craindre de l’avoir commis ? La volonté n’y pouvait rien. L’enfant savait déjà, par une âcre expérience, que la volonté se divise contre elle-même. À la rigueur, quand c’est une action qui constitue le péché, la volonté peut se rassurer un peu en se convainquant que l’action n’a pas été faite. Mais quand le péché est une pensée, quand il est tout entier de la substance de la pensée, il devient inséparable d’elle ; il sort d’elle comme d’une poitrine ; il est mêlé à son moindre souffle.
« Désormais j’avais la damnation logée en moi. Je portais en même temps le gouffre et son vertige. Je revois cette impériale de tramway du dimanche. J’allais au Bois de Boulogne avec mes parents. Les gens du dimanche ne prenaient pas garde à ce pauvre petit enfant de treize ans qui, serrant les lèvres, portait l’abîme chrétien sur l’impériale ensoleillée. Leur abîme, pourtant ; même s’ils n’y pensaient plus ; celui de leur civilisation ; celui de leurs ancêtres. Facile de sourire. L’âme n’a pas d’âge. Moi,je le sais. Honte sur moi si plus tard, quand j’aurai quarante ans, soixante ans, je jette un regard d’ironie indulgente sur un visage de treize ans habité par une douleur inconnue. Et d’ailleurs, y avait-il niaiserie de ma part, méprise puérile ? Mais non. Encore une fois non. Quel était mon tort ? De prendre les choses trop au pied de la lettre ? Mais d’abord, en matière de religion, qui vous permet de ne pas prendre les choses au pied de la lettre ? De quel droit « en prendre et en laisser ? » Attitude de farceur, de tièdes, de candidats à l’incroyance. Je dis qu’un prétendu chrétien qui eût souri de moi n’eût été qu’un amateur. Le système étant donné, c’est moi qui avais raison. Pascal aussi avait porté l’abîme. Comme je me sentais le frère, le cadet tardif de tous ces torturés des grands siècles chrétiens ! Guirlandes de la damnation sur l’ogive des portails. Gargouilles. Torsion désespérée des cathédrales. Vocero de l’enfer. Le moyen âge, je sais ce que c’est. J’y ai vécu. Tous ceux qui ont admis la prédestination et qui se disaient : « Je suis du mauvais côté. » Même Pascal criant si fort « Je suis sauvé » parce qu’il claque de peur.
Jules ROMAINS
Les hommes de bonne volonté
11 bis . - « Quand je suis tombé sur les formidables imprécations de Lucrèce : Humana ante oculos… horribili super aspectu mortalibus instans… Pour d’autres, c’était un texte de version latine. Mais moi, je le vivais littéralement, son cri, vingt fois séculaire ! Ah ! Quelle sombre jeunesse préchrétienne il a dû avoir ! Car ça ne date pas du christianisme ; comme le
croyait ce polémiste simplificateur de Nietzsche ; le christianisme a simplement approfondi le vertige ; a élevé le supplice à la puissance infinie.
id. ibid.
11 ter. - Le principal : d’avoir atteint dès treize ans le sommet de la douleur humaine.
id. ibid.
11 quater. - Avoir eu de son avenir, de sa destinée, une vue elle, que non seulement la mort n’y apparaissait pas comme un malheur important, mais – arme la plus terrible inventée par la religion contre l’homme - que la mort y apparaissait comme un recours inutile. Un état où l’on se dit que se tuer de désespoir serait inopérant pour mettre fin au désespoir. Après ça, de quelle hauteur on arrive sur les incidents ordinaires de la vie !
id. ibid.
11 quinquies. - Les parents ou leurs amis qu’on entend gémir sur des pertes d’argent ! Petites misères touchantes de l’adulte.
7O. Le rationalisme parle comme si la
connaissance, automatiquement ou laborieusement,
allait toujours dans le sens d'un enrichissement
de l'être humain. C'est ce que l'on conteste.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
71. Les philosophes se (sont) ingéniés, en accord avec les savants, à vider le monde de la présence de l'homme.
id. ibid.
72. (Le rationalisme) a oublié que l'esprit onnaissant est un esprit existant, et qu'il est tel non pas en vertu de quelque logique immanente,
mais d'une décision personnelle et créatrice.
id. ibid.
73. L'existant...ne recherche pas LA
vérité, une vérité impersonnelle et différente à tous, mais SA vérité, une vérité qui réponde à ses aspirations, comble ses attentes, dénoue ses
problèmes.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
74. Ce n'est pas LA mort qui est un
problème philosophique mais QUE JE MEURE.
id. ibid.
75. Le sujet n'...est (cependant) pas
enfermé dans son je-je, mais affronté au monde
entier.
id. ibid.
76. On n'ose pas aviser le premier fou, le
fou noyé dans son rêve intérieur, mais le second,
le fou lucide et satisfait qui ne vit plus que
chose parmi les choses, on frémit aussi de le
regarder, "par crainte de découvrir qu'il n'a plus
de vrais yeux, mais des yeux de verre et des
cheveux de paillasson, bref, qu'il est un produit
artificiel".
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes" p. 19
+ citation de KIERKEGAARD
77. Il n'y a pas d' Être, il n'y a que des
existants.
id. ibid.
78. Soit un poinçonneur de métro, qui du
matin au soir perfore des tickets dans une vague
inconscience, ou un petit rentier qui somnole dans
son confort. Vies dont on éprouve le malaise de
penser qu'elles sont quasi-fonctionnalisées, dont
les ressources secrètes, les puissances
d'émerveillement tarissent peu à peu. A la limite,
vies sans mystère. Devant de telles inexistences,
une exigence incoercible vous saisit, le besoin
d'y découvrir un mystère, une secrète plénitude
d'être qui ne se réduise pas à un déroulement
d'états inconsistants.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
79. Un inexistant est un homme qui ne
s'embarrasse pas de questions.
id. ibid.
80. La philosophie ne commence pas par une
acquisition, mais par une conversion, comme la
religion.
id. ibid.
81. Il faut nous débarrasser du préjugé que
la volonté de rester en dehors de l'objet soit
toujours favorable à la connaissance.
id. ibid.
82. C'est par erreur qu'on a cru voir dans la
méthode existentialiste une logique du
sentiment...
L'existentialisme refuse simplement de laisser
aux catégories rationnelles le monopole de la
révélation du réel.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
83. Oui, j'en ai assez de porter toujours
mon âme, j'ai hâte de trouver ce pays où le
soleil tue toutes les questions. Ma demeure n'est
pas ici.
CAMUS
"Le Malentendu"
84. Oh ! je hais ce monde où nous sommes
RÉDUITS A DIEU !
id. ibid.
85. Priez votre dieu qu'il vous fasse
semblable à la pierre... c'est le seul vrai
bonheur.
CAMUS
"Le Malentendu"
86. Le sérieux existentiel est à la fois
engagement et dégagement, souci de présence et
d'insertion, et crainte de s'immobiliser dans les
positions acquises et dans les fidélités
enregistrées.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
p. 31
87. Une conception singulièrement
dramatique du destin de l'homme.
id. ibid.
88. Un nouveau mal du siècle.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
89. Vous voyez l'air de cette jeune femme,
son assurance, le regard joliment dédaigneux
qu'elle nous jette... cette affirmation... oh !
charmante ! du contentement de vivre et d'être ce
qu'elle est... ce refus de toute crainte... ?
Chaque fois maintenant que je suis en présence
d'une de ces images, pleine d'une gracieuse, à
peine agaçante royauté féminine, qui jadis me
séduisaient ou m'intimidaient sans plus, je pense
à tous les visages pareils à celui-là qui ont vu
s'aligner en face d'eux un peloton d'exécution,
dans un des pays que j'ai parcourus... moins que
cela... qui ont eu à pleurer en vain pour
attendrir le garde-chiourme d'un camp de
concentration... qui se sont figés d'épouvante à
l'entrée de policiers dans un vestibule, ou devant
une bande d'énergumènes qui hurlaient... Oui, …
tous les visages qui ont découvert en un dixième
de seconde que le sourire un peu dédaigneux, les
sourcils coquettement froncés, le regard de
princesse, cela ne servait à rien, absolument à
rien, que toute cette parade de défi,
²de hardiesse, d'invulnérabilité, de "je ne ferai
jamais que ce que je voudrai", et de "c'est vous
plutôt qui ferez ce que je voudrai pour ne pas me
déplaire", que tout cela était chose creuse,
coquille friable, prête à s'effondrer, convention
et comédie bonnes pour les temps où l'on joue à la
gentillesse. Le jour où les brutes mettent leurs
pattes sur la vie, le jour de la Kommandantur, de
la Tchéka et des mitrailleuses... quand on n'a
plus devant soi que la force terrible et nue... si
réelle que plus rien d'autre n'est réel... hein ?
qu'est-ce qu'il reste de ce joli jeu ? Oui, j'ai
envie de dire : "Pauvre petite ! " (Pas moi)
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXII, Les Travaux et les Jours" pp. 184-5
90. L'ON N'A PAS RAISON. L'ON SE DONNE
RAISON.
id. ibid.
T. XXIII "Naissance de la Bande" p. 161
91. Il ne s'arrêtait à aucune vision
particulière. C'était plutôt comme si des images
vives, marquées chacune d'un excès, eussent été
jetées dans la trémie de sa tête et brassées
ensuite par un vent violent. Il y avait des
visages de nègres, de grosses lèvres de nègres,
des seins et des croupes de négresses, des femmes
très parées, à cheveux courts, dansant avec
impudeur dans les bras de jeunes hommes minces, au
regard froid et sportif. Une ronde de corps nus,
tous noirs, tous blancs, ou alternés. Des caresses
qui soudain parcouraient ces rondes, les
ralentissaient, les couchaient à terre. Ou bien,
le long d'une rangée dansante et gracieuse comme
celle des Panath‚n‚es, de fines mains de jeunes
femmes, d'un geste pareil, saisissaient de jeunes
dieux ithyphalliques. Il y avait des cortŠges
d'hommes durs, des saluts du bras lev‚, des
matraques tombant sur de vilains cr^anes, sur des
dos vo^ut‚s et ch‚tifs ; des acclamations ; des
monuments o— l'on entrait par-dessus des grilles
renvers‚es ; des pelotons d'ex‚cution face … des
murs trŠs lumineux, et le bruit des salves ‚tait
couvert par celui des fanfares. Il y avait des
festins et des orgies dans des palais tout neufs
aux murs blancs, aux lignes nues, sortis du sol
comme un ascenseur qu'on appelle par un bouton.
Tout cela ‚tait fouett‚ de soleil ; travers‚ de
secousses rythmiques, … mi-chemin du spasme de
BERNARD COLLIGNON
CITATIONS 45
sexe et de la contraction de muscle d'athlète ; et
réveillé constamment par une saveur qui
ressemblait à celle du champagne nature glacé.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté‚"
T. XXIII "Naissance de la Bande" pp. 167 / 8
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
92. Les imbéciles ! ils paieront ça ; ils
paieront leur dédain pour tout ce qui est beauté,grandeur, noblesse de la vie... leur rêve de toute une humanité en savates, en gilet de laine,
en bretelles flasques, qui acceptera de vivre dans des cabanes à lapins, sur des ruelles de gadoue,
du moment qu'il n'y aura plus de patrons, plus de femmes trop bien habillées, qu'on en fichera le
moins possible, et qu'il sera assuré aux ex-damnés de la terre un minimum de six heures par jour pour
jouer à la belote ou pêcher à la ligne.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
id. ibid. T. XXIV
"Comparutions" p. 69
93. On nous dit qu'en suivant Hitler le
peuple allemand proteste contre des injustices
qu'il aurait subies, ou se prépare à assouvir un
besoin de revanche. Oui, sans doute. Mais il
acclame encore plus l'homme qui, par des
incantations délirantes, l'arrache à des années de
dépression nerveuse, qui, par des cérémonies
n‚o-barbares, lui prodigue les secousses,
l'‚bri‚t‚ ; qui, en lui faisant pers‚cuter les
Juifs,br^uler les bibliothŠques,lui procure, …
lui, peuple cultiv‚, le plus grand scandale
int‚rieur. Les Allemands savent qu'avec Hitler,
quoi qu'il arrive, ils ne s'ennuieront pas.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volont‚"
T. XXV - "Le Tapis Magique" p. 127
94. Pourquoi ce qui est d‚licieux … vivre
serait-il honteux … d‚crire ?
id. ibid. p. 199
96. Je me disais souvent que la carriŠre de
s‚ducteur de femmes devait ^etre trŠs difficile,
qu'il était donc un peu trop commode de la
m‚priser chez autrui, que les raisins étaient trop
verts, etc... Il en r‚sultait une admiration
involontaire, et assez aigre, pour ce type
d'hommes ; l'id‚e que dans leur genre ils
formaient une classe hautement dou‚e et
privil‚gi‚e. Et comme tous n'offrent point de dons
physiques ‚clatants, il fallait aller jusqu'à leur attribuer soit une sorcellerie, soit un
rayonnement vital d'une puissance myst‚rieuse,
bref des formes de sup‚riorit‚ que rien ne
remplace, qu'aucune ‚tude ne procure, et dont, si
l'on veut ^etre tout … fait sincŠre, l'on ne se
console point d'^etre priv‚.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volont‚"
T. XXVI - "Fran‡oise" pp. 55 / 6
96. ...il est immoral de faire les choses
loyalement, et il est moral de les faire
hypocritement.
id. ibid. p. 226
97. Ce qu'on annonce de mauvais est presque
toujours vrai.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXVII "Le 7 Octobre" p. 296xxx 62 10 30 XXX
98. "...il n'y a pas ici de procès à faire.
Louis n'est point un accusé, vous n'êtes point
des juges ; vous êtes, vous ne pouvez être que
des hommes d'Etat et les représentants de la
nation. Vous n'avez pas une sentence à rendre pour
ou contre un homme, mais une mesure de salut
public à rendre, un acte de providence nationale à
exercer."
ROBESPIERRE
Procès de Louis XVI
99. "Qu'est-ce qu'un ridicule que personne
n'aper‡oit ?
STENDHAL
"La Chartreuse de Parme"
ch. VI p. 102
BERNARD COLLIGNON
CITATIONS 49
100. "Qu'importe ton sein maigre, ^o mon
objet aim‚ ?
On est plus prŠs du coeur quand la
poitrine est plate
Et je vois, comme un merle en sa cage
enferm‚,
L'Amour entre tes os r^evant sur une
patte.
Louis BOUILHET
101. Le temps qu'on passe … rire est le
mieux employ‚.
Sadi CARNOT
102. L'oiseau cache son nid, nous cachons
nos amours.
Victor HUGO
"Les Contemplations"
"Autrefois" - "L'^ame en fleur"
BERNARD COLLIGNON
CITATIONS 50
103. Aimez-vous ! C'est le mois o— les
fraises sont m^ures.
Victor HUGO
"Les Contemplations"
"Autrefois" - "L'^ame en fleur" nø 26
104. "Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une mauvaise pens‚e. C'est d'avoir une
pens‚e toute faite. Il y a quelque chose de pire
que d'avoir une mauvaise ^ame. C'est d'avoir une
^ame toute faite. Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une ^ame m^eme perverse. C'est d'avoir une
^ame habitu‚e."
PEGUY
105. Le plagiat est la base de toutes les
litt‚ratures, except‚ de la premiŠre, qui
d'ailleurs est inconnue.
GIRAUDOUX
"Siegfried" Acte I
BERNARD COLLIGNON
CITATIONS 51
106. Il n'y a de joie de la jeunesse que
pour les parents. C'est trŠs tragique au contraire
d'^etre jeune.
GIRAUDOUX
"Tessa II" - 4Š tableau sc. 1
107. L'erreur des ‚ducateurs et des parents
est de parler trop souvent aux enfants un langage
stupide.
Nous Deux ? nø ?
108. Vous croyez … la possession, alors
qu'en amour il n'y a que la pr‚sence.
GIRAUDOUX
"Cantique des Cantiques" sc. 8
109. Depuis que je t'aime, ma solitude
commence … deux pas de toi.
id.
"Ondine" I 9 XXX 62 11 27 XXX
BERNARD COLLIGNON
CITATIONS 52
110. "Je t'aime, Lia. Je ferai ce que tu
veux.
- Ce que je veux ! ce que je veux !
c'est encore un beau ma^itre que je me donne l… !"
GIRAUDOUX
"Sodome et Gomorrhe" Acte I
111. LIA - Tu as mis sur ta vie pour ne pas
me la donner, quand pourtant ton amour soufflait …
la d‚tacher, le plomb de ton travail.
JEAN - Tu crois en toi ? Tu crois
encore … cette femme que les hommes ont faite de
toutes piŠces ? Tu crois … ces d‚fauts et … ces
vertus qu'ils t'ont pass‚s au cou et qui ne sont
pas plus toi que ton collier.
LIA - Et l'homme, lui, garde toute
ces cocardes qu'il s'est attach‚es lui-m^eme ? Il
est bon. Il est courageux. Il est fidŠle.
id. ibid.
112. AuprŠs du p‚trole, un cadavre n'a
jamais senti.
id. "La Folle de Chaillot" Acte I
BERNARD COLLIGNON
CITATIONS 53
113. L'amour est le d‚sir d'^etre aim‚.
GIRAUDOUX
"La Folle de Chaillot" Acte II
114. Que penserait celui que j'attends s'il
savait que j'ai dit je t'aime … ceux qui m'ont
tenue avant lui dans leurs bras.
id. ibid. Acte I
115. Mon cher sourd-muet, taisez-vous. Vous
nous cassez les yeux.
id. ibid. Acte II
116. O vous tous, que torture l'id‚e que
votre femme a un amant, imaginez qu'elle n'est
plus votre femme, faites qu'elle ne soit plus
votre femme et le bonheur vous reviendra... C'est
simple, et personne n'y pense.
id. "Sodome et Gomorrhe"
197. Oh ! La route est amère
Depuis que l'autre Dieu nous attelle à à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en
toi que je crois.
RIMBAUD
"Soleil et Chair"
198. Nous ne sommes pas au monde. La vraie
vie est absente.
id.
199. Difficultés du rapport chrétien
d'homme à femme...
Y. BONNEFOY
"Rimbaud par lui-même"
200. Cette vie d'illusions, de cruels
renouveaux, cet ENFER.
id. ibid.
201. Qui n'a pas été vraiment aimé, ne peut
se résigner à mourir.
Y. BONNEFOY
"Rimbaud par lui-m^eme"
202. Toute conscience de soi, d‚couvrant …
l'homme son impuissance, l'oblige au m‚pris de
soi.
id. ibid.
203. (La sexualit‚), qui aurait pu ^etre le
rythme même de la participation au réel, ici,
sous le signe de l'interdit, elle ne produit plus
que le VICE.
id. ibid.
204. Déployez votre esprit, mais ne servez pas
d'amusement aux autres ; car sachez bien que, si
votre supériorité froisse un homme médiocre, il se
taira, puis dira de vous : "Il est très amusant!"
terme de m&pris.
BALZAC
"Le Lys dans la Vallée"
2O5. Les slips "Kangourou" sont à la portée
de toutes les bourses...
X...
206. Le doute travaille en ce moment la
France. Après avoir perdu le gouvernement
politique du monde, le catholicisme en perd le
gouvernement moral. Rome Catholique mettra
toutefois autant de temps … tomber qu'en a mis
Rome panth‚iste. Quelle forme rev^etira le
sentiment religieux ? Quelle en sera l'expression
nouvelle ? La r‚ponse est un secret de l'avenir.
BALZAC
Pr‚face au "Livre Mystique"
207. ..."Mat‚rialit‚ de la pens‚e, et son
‚nergie magn‚tique... (Les) id‚es ont une vie
propre par elles-m^emes... Elles vivent aussi en
dehors... Le fluide nerveux qui se d‚gage du
cerveau, et qu'on appelle vulgairement la volont‚,
est une force dont le m‚canisme n'est pas encore
connu, ni le potentiel ‚valu‚, ni l'utilisation
appliqu‚e... La t‚l‚pathie, la clairevue, le
somnambulisme... ; les extases..., sont des
ph‚nomŠnes produits par une projection de fluide.
C'est ainsi que s'expliquent les miracles par
attouchement ou … distance, op‚r‚s par J‚sus et
par ses ap^otres. En d‚terminant les rapports
qualitatifs et quantitatifs de la pens‚e avec la
volont‚, les physiologues arriveront … des
r‚sultats de plus en plus surprenants. Ils
trouveront les moyens d'explorer la zone subtile
de la pens‚e et du sentiment. Les hommes exerc‚s
en viendront … communiquer d'esprit … esprit ; …
voir, … lire dans les cerveaux sans recourir aux
sens charnels."
Ph. BERTHAULT
"Balzac"
XXX 63 9 9 XXX
208. Les hommes n'admettent guŠre,
peut-^etre avec raison, la vertu des femmes
ind‚pendantes.
MAUPASSANT
"Notre Coeur" p. 15
209. Rien n' (est) plus difficile que de
rendre heureux un homme qui se sent fautif.
BALZAC
"Le Lys dans la Vall‚e"
210. Il ne suffit pas d'^etre un homme, il
faut ^etre un systŠme.
id.
211. Cr‚er, toujours cr‚er ! Dieu n'a cr‚‚
que pendant six jours !
idem
212. Hoc est vivere bis,
vita posse priore frui.
MARTIAL
"Epigrammes"
X, XXIII, 7
213. La haine n'est pas le contraire de
l'amour, c'est son autre visage.
P. HERIAT
214. L'homme est un bouffon qui danse sur
un pr‚cipice.
BALZAC
215. Qu'a faict l'action genitale aux
hommes, si naturelle, si necessaire et si juste,
pour n'en oser parler sans vergongne, ... ? Nous
pronon‡ons hardiment : tuer, desrober, trahir ; et
cela, nous n'oserions qu'entre les dents ?
MONTAIGNE
"Essais" L. III ch. X
216. Comme le coeur d‚borde de pouvoir
consoler l'innocent … qui l'on a fait du mal !
LAUTREAMONT - Ier chant de "Maldoror"
217. Abstineas avidas, Mors, modo, nigra,
manus.
TIBULLE
I, 3
218. A mesure qu'on a plus d'esprit, on
trouve qu'il y a plus d'hommes originaux. Les gens
du commun ne trouvent point de diff‚rence entre
les hommes.
PASCAL
Pr‚face aux "Pens‚es"
219. L'homme compte passer les trois-quarts
de sa vie … souffrir pour se reposer le 4Š quart ;
et, le plus souvent, il crŠve de misŠre sans plus
savoir o— il en est de son plan !
Lettre de RIMBAUD
6 - 1 - 1886
220. Ton esprit est tellement malade que tu
ne t'en aper‡ois, et que tu crois ^etre dans ton
naturel, chaque fois qu'il sort de ta bouche des
paroles insens‚es, quoique pleines d'une infernale
grandeur.
LAUTREAMONT
Ier chant de "Maldoror"
221. Les analyses d'hommes homosexuels
montrent toujours qu'ils ont peur des organes
g‚nitaux f‚minins, ...instruments de castration
capables de mordre ou de d‚chirer le p‚nis.
(les h‚t‚rosexuels aussi, disait idem ibidem)
Dr A. BERG
"Les problŠmes de l'homosexualit‚", 2Š partie
222. Le m‚rite d'un roman n'est pas dans
l'intrigue.
Abb‚ BERTHAULT
"Balzac"
223. Sentir des élans de tendresse, des
palpitements d'amour, mais ne jamais savoir si on
les ressent avec vous !
ZOLA
Lettre, … 20 ans environ
224. Lorsque je jette un regard …
l'horizon, je me vois seul ; rien ne m'attache …
la vie, ni haine, ni amour. Je me demande avec
angoisse si je n'ai pas de coeur, si le ciel m'a
fait mis‚rable,si je ne suis qu'un tas de boue
incapable de briller.
id.
Lettre … Braille
225. Je me battrais vraiment, si j'en
valais la peine.
ZOLA
226. Une peur de lui-même insurmontable le
paralyse. Il n'agit pas, dans la crainte de
l'‚chec. Il manque de hardiesse et de courage ; il
pr‚fŠre la r^everie qui lui donne, … bon compte,
et sans risque, une ‚bauche de ce qu'il
d‚sire...... C'est un vieux gar‡on, un pŠre
tranquille, un ennemi de toute complication... Il
renonce (… modifier ses habitudes) par une sorte
de paresse m^el‚e
d'appr‚hension..............................
Il a la hantise du ridicule, la constante
inqui‚tude de ce que l'on pense de lui.
CASTELNAU
"Zola"
227. On retrouve son ‚tonnante obstination,
sa merveilleuse foi dans sa destin‚e. Il pose
orgueilleusement sa devise : "Tout ou rien", et,
durant sa vie entiŠre, sans lassitude apparente,
sans rel^ache, il s'‚lŠvera sans cesse, visant
toujours plus haut.
id. ibid.
228. Il y a là quelque chose de sublime …
trouver. Quoi, je l'ignore encore. Je sens
confus‚ment qu'une grande figure s'agite dans
l'ombre, mais je ne puis saisir ses traits.
ZOLA
229. Il n'y a point d'homme condamnable,
qui, au milieu de tout le mal qu'il a pu faire,
n'ait encore fait beaucoup de bien.
id.
"L'Argent"
230. La conduite de Dieu, qui dispose
toutes choses avec douceur, est de mettre la
religion dans l'esprit par les raisons, et dans le
coeur par la gr^ace. Mais de la vouloir mettre
dans l'esprit et dans le coeur par la force et par
les menaces, ce n'est pas y mettre la religion,
mais la terreur.
PASCAL
Pens‚e 9
Ed. Chevalier
88
231. Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ?
PASCAL
Pensée 84
‚d. Chevalier.
232. Il est bien plus ais‚ d'accuser l'un
sexe, que d'excuser l'autre.
MONTAIGNE
"Essais" L. III ch. V fin
233. L'homme est ainsi fait, qu'… force de
lui dire qu'il est un sot, il le croit ; et …
force de se le dire … soi-m^eme, on se le fait
croire.
PASCAL
Pens‚e 102
234. Tout arrive et rien n'arrive. Autant
rester les bras crois‚s.
ZOLA "Au Bonheur des Dames"
235. Les Thébains avaient le r‚giment des
amants : beau r‚giment ! quelques-uns l'ont pris
pour un r‚giment de sodomites ; ils se trompent ;
c'est prendre l'accessoire pour le principal.
VOLTAIRE
"Dictionnaire philosophique"
"Amiti‚"
236. (l'Amour)... "c'est l'‚toffe de la
nature que l'imagination a brod‚e."
id. ibid.
"Amour"
237. La nature de l'homme est tout naturel:
"omne animal".
PASCAL
p. 121 Chevalier
238. Etait-ce donc si b^ete, l'amour ?
Quoi! Ce gar‡on qui avait tout un bonheur sous la
main, et qui g^atait sa vie, et qui adorait une
gueuse comme un saint-sacrement !
ZOLA
"Au Bonheur des Dames" ch. V