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Le nouvel an juif

COUTUMES

Le tachlik : ce mot signifie “tu jetteras” (...”tes péchés dans la profondeur de la mer”, Michée, 7, 19). Symboliquement, l'après-midi du premier jour de Roch Hachana, les fidèles retournent leurs poches et jettent dans une eau courante les déchets, miettes et poussières qui s'y sont accumulés, en signe de purification des péchés de l'année ! Les femmes ne sont pas tenues à cette obligation, et doivent se tenir séparées des hommes pendant qu'ils accomplissent ce rite...Certains secouent leur mouchoir, ou jettent une pierre dans l'eau, ou bien y crachent (en Tunisie), ou bien y sautent (au Kurdistan). Si Roch Hachana tombe un chabbat, ces coutumes s'observent le deuxième jour – et certains rabbins rejettent de telles superstitions...

Les autres coutumes se manifestent en général dans le cadre familial, et varient comme nous l'avons vu d'une région à l'autre. Tout le monde s'habille de blanc. Même la nappe qui recouvre le lutrin de la Torah est blanche.

 

REJOUISSANCES ET CADEAUX Au ras des Sanguinaires P.JPG

Toute fête est l'occasion de somptueux repas : nappe blanche, les petits plats dans les grands, les fleurs ! Le benjamin dépose sur la table les mets de l'espérance : grains de riz, feuilles de menthe et fleurs de lavande. Le repas n'utilisera pas de sel, mais proposera uniquement des plats à base de fruits, de miel, de sucre. Ajoutez à cela le pain brioché, le vin doux ; les fruits du grenadier, du palmier-dattier ; certains, rapportant le nom de tous ces aliments à des passages de l'Ecriture, peuvent ainsi affirmer qu'ils “mangent le Livre” ! On apporte ensuite la tête (roch) d'agneau, ou, à défaut, de poisson, offerte au chef de famille en lui souhaitant de rester “à la tête”, et non “à la queue”...

Se consomme ensuite, avec un minimum de sel tout de même, le potage aux sept légumes, rappel de la bénédiction du pays d'Israël, qui produit le froment et l'orge, le raisin, la figue et la grenade (cette dernière contiendrait 613 graines, nombre de nos mérites ! ...ou des obligations appelées “mitzvoth”, qui sont autant de mérites...) - enfin l'olive et le miel.

Et au dessert, on croque des pommes trempées dans du miel en se souhaitant “une année douce comme la pomme trempée dans le miel”. Certaines communautés confectionnent des boules de pain sur lesquelles on a gravé par exemple une échelle, symbole de l'ascension de l'âme vers Dieu.

Dans certaines communautés sépharades, on observe un jeûne le troisième jour.

 

SIGNIFICATION DE ROCH HACHANA

Deux métaphores peuvent être employées : celle de la plante, dont Roch Hachana est la graine : l'année à venir se rapportera à cette graine ; ou celle, plus moderniste – du “programme” d'ordinateur, qui se déroulera comme il a été programmé !

Mais c'est aussi Yom Tarona, “le jour de la clameur (du chofar)”, ou “Kissé” (“le Trône”, où Dieu s'installe ce jour-là” ( "Notre Dieu et Dieu de nos pères, règne sur le monde entier dans Ta gloire, et préside au monde dans Ta chèreté, et révèle dans la gloire ta puissance sur toutes les créatures terrestres, et il sera connu à toute œuvre que Tu l'as œuvrée , et toute créature comprendra que Tu es son créateur, et chacun dira en son âme, Hachem est Dieu d'Israël, Roi, et Son règne surpasse tout [autre] règne.") - voire, disent les rabbins, “Yom Hadin”, le Jour du jugement” : “A Roch Hachana tous les habitants de la terre passent devant Lui comme le troupeau du berger, ainsi qu'il est dit : “Celui qui a façonné ensemble leur cœur, distingue tous leurs actes.” Et c'est en fonction des actes de l'année qui vient de s'écouler que Dieu ordonnera les évènements pour celle qui vient.”

“Nous voulons relater la puissance de cette journée : elle est redoutable. En elle, Ta royauté s'élèvera et Ton trône sera fondé sur la justice. En vérité Tu es le juge et Tu as souvenir des choses tombées dans l'oubli. […] Pareil aux moutons dénombrés par leurs bergers, les hommes et leurs actes sont scrutés par toi ; Tu fixes le délai pour chaque être vivant et Tu décides de son sort. A Roch Hachana, Tu l'inscris et à Kippour tu apposes ton sceau : combien quitteront ce monde et combien y entreront. Qui vivra et qui mourra, qui à la fin de ses jours, qui prématurément, qui par le feu, qui par l'eau, qui par la guerre, qui par l'épidémie. […] Qui sera élevé et qui sera abaissé. Qui sera tourmenté. Qui sera fortuné et qui sera indigent. Mais le retour : téchouva, la prière : téfila, et la justice : tsédaka, peuvent faire revenir Dieu sur sa décision.”

La téfila (prière) n'implique pas de supplication, mais exprime le “rattachement” à Dieu, par un mouvement de bas en haut. La tsédaka est aussi “charité”, sans trace de condescendance ; une attitude de “droiture”

Il inscrit dans le livre de vie , en effet, ceux qui se sont distingués par leur mérite, et dans le livre de mort ceux qui ont effroyablement péché. Or, la plupart des hommes n'étant ni bons ni mauvais, il est besoin d'attendre huit jours, jusqu'au Yom Kippour (“Jour du pardon”) pour connaître le verdict du Père Suprême. Il ne resterait qu'à trembler et prier en ces “jours terribles”, tout en comptant bien, malgré tout, sur la miséricorde infinie de Dieu. Roch Hachana est l'occasion de “faire téchouva” (“retour sur soi”), où l'on réfléchit lucidement, sans culpabilité, sur le sens de sa vie, de ses relations avec autrui et avec Dieu. Observons que la récompense ou la punition ne s'attribuent que pour la durée d'une année. Bien entendu, au jour de sa mort, chacun recevra sa sentence définitive.

 

LE CHOFAR

Il s'agit d'une corne de bélier. Si Roch Hachana tombe un chabbat, on ne souffle pas dans le chofar. On distingue la teki'ah ( תקיעה, sonnerie longue et ininterrompue), les shbarim (שברים, “brisés”, trois petits sons brefs, la terou'a (תרועה, clameur), série de sept sonneries rapides. C'est, à l'exception des percussions, l'instrument le plus ancien encore en usage : une sonnerie grêle, rauque et râpeuse, nullement triomphale, mais renvoyant, par son caractère archaïque et rudimentaire, à l'origine même des Temps... Certains commentateurs sont même allés jusqu'à le rapprocher des plaintes de la femme en travail ou des premiers cris douloureux du nouveau-né : comme si en vérité surgissait du néant, s'accouchait, le monde entier.

C'est un langage d'avant le langage, celui du cœur lorsqu'il est encore pur, celui qui vous rapproche le plus de la voix informulée de Dieu : voix céleste, “pur vagissement de l'âme” ; rappel de l'origine en même temps que de la fin, cycle inéluctable ici ramassé en un seul instant. A cette interprétation métaphysique se joint le sens plus accessible de la considération morale : de même qu'Israël sonnait le chofar pour entrer en campagne militaire, de même il s'agit pour chaque croyant d'entrer en guerre contre son mauvais penchant, le “yetser hara”. C'est bien sûr la période des “bonnes résolutions”, du ressourcement, de la “table rase”, où l'on reprend en main son intériorité : nous devons changer notre mode de vie, et, partant, le monde. Le son du chofar nous éveille à l'existence, mais aussi nous réveille, car nous avions négligé de lutter : examinons notre conscience, remettons-nous en question au plus profond de nous-mêmes, revenons à notre nature première ! Car le son du chofar, ayant retenti le jour de la création du monde, sonnera aussi le réveil de tous les morts au jour du Jugement dernier.

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